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Le chasseur de fantĂ´mes

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Le chasseur de fantĂ´mes

© Rose P. Katell (tous droits réservés)

Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes de l’article L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Le miroir du vestibule renvoya une image satisfaisante à Théodore Martin, qui s’autorisa un sourire ravi. Rien ne le mettait de meilleure humeur que l’instant escompté où il recevait le fameux coup de téléphone, celui qui ne manquait jamais d’arriver lorsqu’on avait besoin de ses services.

Il jubilait ; mĂŞme les plus sceptiques finissaient par l’appeler tant sa notoriĂ©tĂ© grandissait dans les environs, une notoriĂ©tĂ© qu’il entretenait grâce Ă  de nombreux prospectus.

Il se recoiffa Ă  l’aide de sa main, puis se pencha afin d’ouvrir le tiroir du meuble installĂ© sous la psychĂ©. Il y attrapa une paire de lunettes rondes aux verres Ă©meraude et la glissa sur son nez. Sa vue Ă©tait excellente, cependant l’excentricitĂ© de l’accessoire augmentait sa crĂ©dibilitĂ©. Ă€ croire qu’exercer un mĂ©tier « dingue » nĂ©cessitait une allure qui le hurlait… mais qu’importe ! si un look loufoque lui permettait de gagner la confiance de ses clients, il Ă©tait prĂŞt Ă  sacrifier son style.

Ses baskets chaussées, il enfila la redingote qu’il avait dénichée en brocante, puis empoigna sa valise brune sans se soucier des fils et câbles qui en débordaient. L’heure était venue de se diriger sur le lieu de sa nouvelle tâche, où il se devinait très attendu – les personnes qui mandaient sa présence étaient impatientes de le voir s’activer.

ThĂ©odore referma sa porte d’entrĂ©e derrière lui et s’éloigna de son logis d’un pas calme et mesurĂ©. L’habitation du couple Simon-Leroy se situait dans son quartier, aussi avait-il choisi de s’y rendre Ă  pied ; il ne doutait pas que plusieurs regards indiscrets le surprendraient en train de dĂ©ambuler dans les rues, chuchotant Ă  son passage, et toute publicitĂ© Ă©tait bonne Ă  prendre – les rumeurs sur sa profession, fussent-elles vraies ou fausses, contribuaient grandement Ă  son petit commerce.

D’un œil distrait, il observa les alentours. Le ciel était dégagé, le soleil réchauffait les visages des quelques promeneurs et égayait les ruelles d’ordinaire monotones. Il aurait souhaité un temps plus nébuleux, car bénéficier d’un coup de pouce de la météo lui apportait un aspect théâtral qu’il affectionnait beaucoup. Néanmoins, il ne se plaignit pas : la caresse de l’astre diurne était plaisante et sa balade le détendait.

Lorsque Théodore songea à la liasse de billets que son intervention allait lui rapporter, sa quiétude se transforma en une excitation qu’il eut du mal à contenir.

Il adorait sa vie !

La demeure des Simon-Leroy lui apparut. Il s’agissait d’une vieille bicoque autrefois fastueuse, le genre de maison que les familles habitaient de génération en génération – le genre de maison qu’il préférait.

ThĂ©odore approcha et s’engagea dans l’allĂ©e pavĂ©e. Les occupants se tenaient sur le seuil. Osaient-ils encore pĂ©nĂ©trer chez eux ? Rien n’était moins sĂ»r. Leurs traits exprimaient un mĂ©lange d’angoisse fĂ©brile et d’espoir.

Il les salua d’un signe du menton et se rĂ©jouit des Ĺ“illades qu’il intercepta sur ses vĂŞtements, du jugement rapide dont il Ă©tait la victime. Son entrĂ©e en scène avait produit son effet, ses gagne-pains du moment Ă©taient intimidĂ©s. Le reste serait un jeu d’enfant !

— Théodore Martin, se présenta-t-il. C’est moi qui ai répondu à votre coup de fil.

— Nous savons qui vous êtes. Nous vous avons déjà aperçu en de rares occasions.

Il hocha la tĂŞte.

— Je me nomme Julien, ajouta l’homme. Excusez-moi, je suis si nerveux que j’en oublie la politesse.

Sa femme enchaîna :

— Moi, c’est Esther. Vous ĂŞtes vraiment capable de rĂ©gler notre problème ?

Théodore serra la main qu’elle lui tendait et s’amusa de son timbre angoissé.

— Je tenterai mon possible, je vous le promets.

Elle acquiesça, puis s’appuya contre son époux.

— Au départ, je n’étais pas d’accord pour faire appel à vous, confia ce dernier. Esther le voulait, mais pas moi. Je n’accordais pas de crédit à… tout ça.

— Vous n’êtes pas le seul.

— Pourtant les choses ont empiré. Je suis obligé d’admettre que les événements qui nous arrivent sont réels, de convenir que nous avons besoin d’aide.

Théodore opina derechef. Ensuite, d’un air sérieux, il assura :

— Il n’y a pas de honte à l’avouer. Reconnaître qu’on est hanté est le premier pas vers la délivrance.

— Vous…

Julien s’interrompit. D’un geste, il l’encouragea à se confier.

— Vous avez toujours Ă©tĂ© un chasseur de fantĂ´mes ?

Il sourit.

— Non, pas du tout. Quand j’ai réalisé que j’étais en mesure d’apercevoir les esprits, j’ai d’abord essayé de les fuir.

— Pourquoi avez-vous changĂ© d’avis ?

Il haussa les épaules.

— On n’échappe pas à sa nature. Lorsque je l’ai saisi, j’ai décidé de construire ma vie autour de ma faculté.

— Merci de vous être déplacé, intervint Esther.

— C’est mon boulot.

— Vous paie-t-on maintenant ou après ?

— Après. Le salaire n’est versé qu’en cas de réussite.

ThĂ©odore contint un rictus avec peine. Prononcer cette phrase Ă©tait si facile lorsque le succès Ă©tait assurĂ© ! Aujourd’hui comme lors de ses prĂ©cĂ©dentes missions, il Ă©tait convaincu d’empocher une belle somme…

— Faut-il agir d’une façon ou d’une autre ? l’interrogea Julien.

— Mieux vaut que vous restiez en dehors des lieux durant l’intervention. Les manifestations sont souvent violentes, je ne désire pas que vous preniez de risques.

— Et vous ?

— J’ai l’habitude et je suis équipé afin de parer à toute éventualité, dit-il en désignant son étrange valise. Permettez-moi de travailler au calme, et la suite se passera sans anicroche. Un emménagement ne devrait pas être la source de tels désagréments. Je chasserai l’être qui vous harcèle, je ne m’arrêterai pas avant d’avoir atteint mon but.

Le couple le remercia, puis se déclara prêt à s’éloigner de leur logis pendant qu’il s’y activait. Enchanté, Théodore leur affirma qu’il patienterait dans l’allée jusqu’à leur retour. Il estima son temps de travail à deux heures, puis les observa partir avec une moue rassurante.

Il s’enivra ensuite de leur confiance, se félicita de l’avoir gagnée si vite et pénétra dans la demeure ouverte à son intention. Sans s’accorder le loisir de contempler son environnement, il chercha le salon ainsi qu’un endroit où s’asseoir.

Le canapé se révéla d’un tel confort que l’envie de s’y allonger le tenailla. Cependant, il s’y refusa et laissa son regard dériver sur la pièce. Malgré lui, un sifflement admirateur lui échappa – les jeunes mariés n’avaient visiblement aucun souci financier.

Un rictus traversa ses lèvres : s’il avait su, il aurait demandĂ© un salaire plus Ă©levĂ© ! Sa rĂ©flexion lui arracha un lĂ©ger rire, qu’il dissimula. Il avait beau ĂŞtre certain d’être seul dans la maison, il prĂ©fĂ©rait ne pas relâcher son attention.

Sans quitter le sofa, Théodore patienta et énuméra les secondes, qui se changèrent en minutes. Par instants, il jetait un coup d’œil derrière lui ou au plafond. Ses doigts pianotaient sur l’accoudoir avec insistance.

Au bout d’un moment, il souffla :

— Tu comptes me rejoindre quand ? Passer les deux prochaines heures Ă  scruter les murs ne me tente pas.

— Ah ! Je me demandais quand tu allais m’appeler !

Théodore n’eut pas à pivoter pour comprendre que son associé se tenait dans son dos, apparu aussi vite qu’un éclair.

— Comme si tu avais besoin que je t’appelle, grommela-t-il entre ses dents.

— Si on ne peut plus s’amuser…

Le fantôme du meilleur ami de son arrière arrière arrière-grand-père contourna le divan et se plaça en face de lui. Il l’interrogea ensuite d’un ton goguenard :

— Alors, j’ai Ă©tĂ© convaincant ?

Théodore leva ses deux pouces en l’air.

— Pas qu’un peu. Ils sont terrorisĂ©s ! Les pauvres n’ont mĂŞme pas cherchĂ© Ă  nĂ©gocier le prix que je leur ai fait – je pense qu’ils auraient Ă©tĂ© prĂŞts Ă  payer le double afin de se dĂ©barrasser de toi ! Dès que je t’aurai « exorcisĂ© » d’ici, ils parleront de moi Ă  leurs amis et ne tariront pas d’éloges Ă  mon sujet. Tu t’es surpassĂ©, Basile. J’ai l’impression que tu t’amĂ©liores au fur et Ă  mesure…

— Ă€ chaque fois, je me marre un peu plus ! Tu as eu raison de cibler les amoureux pour nos affaires. Ils Ă©taient si sceptiques les premiers jours ; les voir craquer petit Ă  petit, c’était… jouissif !

Théodore leva les yeux au ciel.

— Content de constater que notre arrangement te procure de la joie.

Amusé par son commentaire, Basile se tapa la cuisse avec force.

— Des dĂ©cennies Ă  hanter les tiens contre ma volontĂ©, Ă  subir leur mĂ©pris… Bien sĂ»r que ma nouvelle existence Ă  tes cĂ´tĂ©s me plaĂ®t ! DĂ©jĂ  bambin, je sentais que tu serais diffĂ©rent de tes ancĂŞtres. Toi, tu n’as jamais eu peur de moi.

ThĂ©odore retint un soupir. Une arnaque accomplie et hop ! Basile lui rĂ©pĂ©tait ces propos. Ă€ croire qu’il ne se remettait toujours pas d’avoir quittĂ© la routine dans laquelle sa femme et le vieux Martin l’avaient plongé…

— Difficile d’être effrayé par un être qu’on côtoie au quotidien, nota-t-il.

— Ah ! Ça n’a pas empĂŞchĂ© les autres membres de ta famille de me craindre et d’essayer de se dĂ©barrasser de moi.

Il grimaça.

— Disons qu’ils n’ont pas plus souhaité que toi ta présence dans leur vie…

Basile haussa les épaules.

— J’en ai conscience. Ce traître d’Aloïs m’a assassiné et méritait que je le tourmente. Ses enfants, eux, étaient innocents. Je ne m’explique pas pourquoi ma sorcière d’épouse les a maudits avec lui… Une erreur de jugement, je suppose. Elle ignorait probablement qu’elle me condamnait à l’errance en agissant de la sorte… Bah, j’ai eu le temps de lui en vouloir, c’est du passé maintenant.

Théodore hocha la tête.

— Je n’aimais pas effrayer ton foyer, enchaîna le fantôme, je me dissimulais sans arrêt. Ce n’était pas évident, mais ça m’évitait les crises de larmes, les prières, les visites des différents prêtres, et cetera.

— Je me souviens de ton don Ă  « cache-cache », lui rĂ©pondit-il, acceptant de se plonger une fois encore dans un passĂ© si souvent remuĂ©. J’avais du mal Ă  te dĂ©nicher.

— Tu Ă©tais si tĂŞtu ! L’unique Martin a recherchĂ© ma compagnie.

— Avoue que tu ne le regrettes pas.

Basile ricana.

— SĂ»r ! Feue ta mère a failli s’arracher les cheveux Ă  nous regarder traĂ®ner ensemble durant ton adolescence, mais avoir quelqu’un avec qui discuter après tant d’annĂ©es… pfiou, quel soulagement ! Tu me traitais dĂ©jĂ  en Ă©gal Ă  l’époque, toutefois je n’aurais pas envisagĂ© que tu me demanderais d’être ton associĂ© dans le futur, ni que tu choisirais un travail si incongru ! Remarque que je ne m’en plains pas. Depuis que je t’aide, je ne souffre plus d’ennui.

— Nous profitons chacun Ă  notre manière de notre « malĂ©diction ».

Bien que Théodore ne l’aurait pas admis à voix haute pour tout l’or du monde, contempler son ami si guilleret lui faisait plaisir. Basile avait droit à un peu de bonheur, et qu’il l’obtienne en lui permettant de s’enrichir constituait un plus appréciable.

— On doit attendre longtemps avant de rentrer ?

— J’ai donné un délai de deux heures aux Simon-Leroy, expliqua-t-il.

— Tu as amenĂ© de quoi s’occuper ?

Avec un regard espiègle, il attrapa sa valise, puis l’ouvrit. Loin des appareils que ses clients imaginaient à cause des fils factices, celle-ci contenait un paquet de chips ainsi qu’un jeu d’échecs que Basile affectionnait. Il le sortit et l’installa sur la table basse.

— Même si je serai le seul à en profiter, le vainqueur nous cuisine un festin à notre retour afin de fêter notre succès, déclara-t-il.

Basil battit des mains.

— PrĂ©pare-toi Ă  te mettre aux fourneaux, mon cher ThĂ©o !


Texte publié par Rose P. Katell, 19 mai 2018
© tous droits réservés.
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