Émerveillé, Yaël admire l’objet posé sur sa paume : un cadeau du véritable Père Noël.

Il a toujours souhaité le rencontrer, et voilà que son vÅ“u se réalise de la manière la plus incongrue qui soit ; le bonhomme en rouge sautille. Là. Dans son jardin. Aucun doute, il s’agit du seul, de l’unique : son costume rouge chatoie de magie, ses yeux bleus scintillent de bonté. Bon, il n’a pas de barbe, mais cette boule à neige renfermant deux personnages identiques au garçonnet et son idole prouve qu’il s’agit du vrai !

Souriant, il relève les yeux ; le fabuleux bonhomme a disparu. L’enfant ronchonne, contrarié : il ne l’a pas remercié.

Alors il s’installe à son bureau, arrache une page de cahier, puis tire de sa boîte de crayons de couleur le rouge et le vert. Il fouille ensuite dans sa trousse à la recherche du joli stylo à encre doré offert par sa grande sœur pour son entrée au CP.

Enfin, il pose la mine rouge sur le papier recyclé.

Cher

Il s’applique, langue tirée, sourcils froncés.

Papa

Si la maîtresse le voyait, elle serait fière de lui ! Les courbes de ses lettres frisent la perfection, jamais encore Yaël n’a réussi une telle prouesse !

Noël !

Encore tremblant de son exploit, l’enfant admire sa feuille. Trois mots écrits sans l’aide de personne. Trois mots qu’il ne connaissait pas. Oubliant aussitôt son idée de lettre, il s’empare du papier, puis se rue dans la cuisine :

– Papa ! Maman ! Je sais écrire !