L'homme est assis, dos contre la courbe irrĂ©guliĂšre et dure d'un rocher, barbe enfouie dans son col, yeux plongĂ©s dans sa lecture. Tout au fond de la cavitĂ© froide qui le cerne, seul le flambeau brillant d'une lampe Ă pĂ©trole, posĂ©e entre lui et lâautre homme, l'aide Ă discerner l'encre sur le vieux papier. Souvent, il a des espĂšces de mouvements de fatigue, mus par l'Ă©pais ouvrage qui ankylose ses bras. Sans plus remuer que nĂ©cessaire il se redresse, remet correctement le col du cuir noir qui le protĂšge du froid, et se replonge dans ses pages, poussant seulement un profond soupir.
L'autre ne dit rien, mais son corps parle pour lui, en mouvements secs et nerveux. Depuis leur arrivĂ©e, il n'a pas cessĂ© d'enlacer ses propres bras, de se gratter les coudes ou de se pincer l'arĂȘte du nez, pour calmer quelque idĂ©e fixe qui lui trotte dans l'esprit. Ce faisant, il regardait lâhomme en noir, qui ne lui rendait pas davantage ses mimiques que ses rĂ©guliers coups dâĆil.
Finalement, il se dĂ©cide Ă tendre le bras vers une boĂźte de conserve remplie de quelques haricots en pĂąte froide, qu'il n'a pas songĂ© Ă refermer depuis leur dernier repas. Il en examine briĂšvement le fond avant de la tendre Ă celui qui lit. Lâhomme en noir perçoit ce geste dans son champ de vision, se contente de froncer les sourcils.
- Vous avez faim, Rem ? demande lâhomme qui tend la boĂźte.
Rem ne rĂ©pond pas. Il pose le bouquin â lueur d'espoir â fouille Ă sa ceinture et en tire un petit revolver. Lâautre frĂ©mit un instant, mais Rem se contente d'ouvrir le magasin de l'arme d'un geste sec et d'y observer les balles, comme s'il les comptait. Il remet la recharge oĂč elle Ă©tait, range lâarme et reprend son livre. Ăa lui a pris Ă peine quelques secondes, pendant lesquelles il ne lui a pas prĂȘtĂ© la moindre attention.
Alors quâil fait mine de se replonger dans le bouquin, toute sa concentration est portĂ©e sur ce qu'il peut percevoir de l'autre homme sans le regarder. Rem attend quâil renonce, pose la boĂźte et se remette Ă ses petites divagations, mais de ce qu'il saisit, la tension persiste. Il n'a en rĂ©alitĂ© pas plus comptĂ© les balles que lu, depuis tout ce temps. Mais l'autre homme n'est pas censĂ© le savoir, ni avoir la patience d'attendre qu'il rĂ©ponde. Chaque soir, c'est la mĂȘme chose, le mĂȘme jeu stupide, le mĂȘme genre de questions dont il devrait Ă prĂ©sent savoir anticiper les rĂ©ponses.
Mais chaque soir, qu'il en soit conscient ou non, l'autre homme arrive au bout de sa patience. Alors Rem choisit d'abréger ses propres souffrances, et laisse à sa destination un sourire ostensiblement forcé traverser son visage, avant d'y couper par un
- Non, merci.
cinglant, et de reprendre sa lecture. Il entend seulement âAhâŠâ, suivi du bruit grave du mĂ©tal raclant la surface de la roche lorsque la boĂźte y est reposĂ©e. Syllabe perdue, mĂȘme pas gĂȘnĂ©e, comme s'il ne s'y attendait pas, comme si la mĂȘme chose n'arrivait pas Ă chaque fois.
Rem sâefforce de se taire, de ne pas penser Ă ce quâil vient de se passer et dâĂ©viter de sâattarder sur toutes les remarques qui le traversent. Une constellations de rĂ©pliques basses qui nâauraient pour consĂ©quence que de le soulager briĂšvement avant de relancer la machine des embarras et des Ă©changes interminables.
Comme toujours, lâautre homme brille par sa discrĂ©tion. Lâalchimie parfaite de sa voix douce et prĂ©cautionneuse, de son empathie dĂ©fĂ©rente et de la contraction de ses Ă©paules parle dâelle-mĂȘme. Avant, il devait ĂȘtre quelquâun de bien, de serviable. Caissier, professeur, rĂ©ceptionniste, ce genre de mĂ©tiers qui forcent le contact, et dont on garde la trace sur soi, mĂȘme longtemps aprĂšs quâon ait cessĂ© de les pratiquer.
Ou peut-ĂȘtre que le calme est seulement dans son tempĂ©rament. Peut-ĂȘtre quâil a trouvĂ© sa tendresse ailleurs que dans son mĂ©tier. Il paraĂźt encore jeune pour ĂȘtre pĂšre, mais qui sait ? Peut-ĂȘtre quâil a eu une famille, quelque part, avant tout ça, des gens auxquels il aurait tenu. En fait, les seules traces concrĂštes de ce que lâautre homme pouvait ĂȘtre se trouvent Ă deux endroits. Sa saharienne, un machin verdĂątre quâil sâobstine Ă porter, sans raison particuliĂšre. Rem a dĂ©couvert trois gĂ©lules blanches dans les poches de cet habit, le jour oĂč ils se sont rencontrĂ©s. Il a vite reconnu leur marque, mais en trouver ensuite fut laborieux. Lâautre homme prend ce traitement tous les soirs, sans se poser de questions, suivant ses recommandations.
Le second endroit, câest sa chemise, celle des Caves, encrassĂ©e par diverses traces, notamment Ă la poitrine, et quâil se refuse Ă changer. Rem sait pourquoi ; câest lĂ que son nom Ă©tait inscrit, avant quâelle reçoive toutes ces salissures. De sorte quâil nâen reste que les deux premiĂšres lettres, IS. Et faute de mieux, âIsâ est encore la meilleure appellation que Rem lui ait trouvĂ©e.
Mais voilĂ que Rem se surprend encore Ă avoir parcouru une page entiĂšre de sa Bible sans en lire un seul mot. Il la referme violemment, agacĂ©, faisant sursauter Is. Le cri que ce dernier laisse Ă©chapper se rĂ©percute longuement contre les murs froids de la caverne. Un geste hĂątif suffit Ă le faire taire ; Is reste Ă©garĂ©, les yeux fixĂ©s sur le livre que lâautre vient de poser Ă cĂŽtĂ©.
- Quoi, tâas vraiment eu peur ? grogne Rem.
Is secoue la tĂȘte et baisse les yeux. Il reprend rapidement sa pantomime en y ajoutant des murmures dĂ©sarticulĂ©s. Il nây a rien Ă jauger que la mĂȘme carcasse repliĂ©e sur elle-mĂȘme quâil se trimballe depuis plus dâun an, pourtant Rem, mĂ» par un vieux rĂ©flexe, ne sâempĂȘche pas de lâexaminer.
Autrefois, lorsquâils venaient tout juste de se rencontrer, Rem pensait gagner au change Ă le garder Ă ses cĂŽtĂ©s. Is ne payait pas de mine, Ă premiĂšre vue, mais il savait se servir dâarmes, suivre des ordres, se taire et rester Ă sa place. La seule contrepartie Ă©tait les mĂ©dicaments desquels il dĂ©pendait, et la maladie qui allait avec.
Difficile de bien situer son trouble, mais sa psychologie instable se caractĂ©rise par des comportements violents, un stress post-traumatique bien plus aigu que ce que Rem a pu observer pendant les annĂ©es de guerre, et des hallucinations. Le tout doublĂ© dâune amnĂ©sie ne lui laissant en tout et pour tout que ses souvenirs suivant les derniers bombardements.
Rien de bien méchant, en somme. Rien en tout cas que Rem ne puisse tourner en sa faveur. Mais dans les mois qui ont suivi, il a souvent remis son jugement en cause.
Une respiration hĂątive coupe ses rĂ©flexions. Is tĂątonne pour saisir son masque Ă gaz. Une fois posĂ© sur son visage, il prend une longue inspiration, qui ne paraĂźt pas lâapaiser pour autant. La forme des laniĂšres rend plus menu son crĂąne dĂ©jĂ petit, en aplatissant ses cheveux noirs et gras. Rem intervient :
- GĂąche pas les filtres. On peut respirer, ici, on sâest pas Ă©loignĂ©s de la surface pour ça.
Il ne semble pas lâavoir entendu. Rem sâapprĂȘte Ă insister quand Is sâexĂ©cute, enlevant les laniĂšres pour le reposer. Son souffle sâest rĂ©gulĂ©, mais sa poitrine continue de se soulever avec force.
- Jâarrive pas Ă respirer⊠grogne-t-il.
Rem ne dit rien. Combien de fois lâa-t-il cru atteint dâune maladie, de fiĂšvres, quand la seule source de son mal se tassait dans son crĂąne ? Il nây a pas grand chose Ă faire dans ces moments-lĂ . Attendre que la crise passe, aussi violente soit-elle, et ne pas laisser lâempathie ou lâaffection prendre le pas et pousser Ă intervenir. Pour ça, pas de soucis Ă se faire.
- Rem, on devrait partir, ajoute Is aprĂšs un temps.
Lâignorer, aussi. Pas la tĂąche la plus facile.
- On devrait partir, rĂ©pĂšte Is plus fort, comme sâil ne lâavait pas entendu.
- Bon, merde, tu veux quoi, lĂ ?!
- P-partir.
- Mais on peut pas, partir ! grommelle le docteur, prenant garde Ă ne pas hausser la voix.
- Vous vous souvenez, les Caves ? On devrait partir, comme... comme on est partis, parce que... on a rien Ă faire lĂ , on doit sâen aller.
- On sâen ira demain, on nâa pas dâautre abri pour la nuit.
- Non, on, on peut pas partir demain. Faut y aller tout de suite.
- Eh, commence pas Ă me les briser. Je te dis quâonâŠ
- ON DOIT PARTIR MAINTENANT !
Le hurlement résonne.
Rem se jette sur Is. La claque part toute seule, et alors quâIs sâen remet, sonnĂ©, Rem le bĂąillonne de force, la colĂšre perçant dans ses chuchotements prĂ©cipitĂ©s :
- Mais tais-toi, putain ! On est dans un cul-de-sac, tu veux vraiment quâon nous entende ici ??
Is secoue la tĂȘte, blĂȘme. Rem frĂ©mit : son regard le fusille. Sa peau est moite, brĂ»lante sous ses mains qui l'empĂȘchent de crier de nouveau. Dans la confusion, cĆur battant trop vite, Rem interprĂšte les signes, et rĂ©alise lentement. Is nâa pas encore pris son mĂ©doc. Il cherche devant lui - la hache appuyĂ©e au mur, le carnet Ă terre, sa gibeciĂšre, hors de portĂ©e. Il sâefforce de respirer doucement, et regarde lâhomme quâil immobilise :
- Ok, alors maintenant, tu te calmes.
Il sâassure de le sentir acquiescer avant de le redresser sans mĂ©nagement.
Le regard dâIs file autour de lui, sâimmobilise. Il Ă©carquille les yeux et se dĂ©gage d'une secousse de la poigne qui le retient. Il se prĂ©cipite en arriĂšre et, en un instant, Rem le voit avec stupĂ©faction aux cĂŽtĂ©s de la hache dont il s'empare. Alors que les yeux d'Is semblent fixer le sol, Rem saisit l'occasion pour dĂ©gainer, reculant de quelques pas, son arme tremblant entre ses doigts et pointant lâautre homme armĂ©. Il baisse le cran de sĂ»retĂ©, a un mouvement de panique quand Is le dĂ©passe, l'Ă©cartant d'un geste ferme. Rem fait volte-face pour le garder en vue.
C'est Ă ce moment quâil comprend ce quâil se passe.
Ce sont des chats. Ce quâil en reste. Ils ont dĂ» sâinfiltrer en silence dans le refuge, tandis quâils nây prĂȘtaient pas attention. Ce sont des vagues de poils sales et arrachĂ©s laissant transparaĂźtre la chair abĂźmĂ©e sur tous leurs membres. Rem recule prĂ©cipitamment quand lâun dâeux sort ses griffes et lĂšve la patte, trop prĂšs. Leurs feulements crissent, leurs faces ridĂ©es au-dessus des babines retroussĂ©es laissant apercevoir leurs crocs. Les plus effrayants sont ceux qui toussent soudainement comme on crache, en Ă©quilibre sur leurs pattes frĂ©missantes. Ils sont affamĂ©s, et leurs yeux ne se dĂ©tachent pas dâIs, de Rem, de la boĂźte de conserve inachevĂ©e.
Il a Ă peine le temps de finir ces considĂ©rations qu'Is, d'un mouvement dĂ©cidĂ©, abat sa hache sur la tĂȘte de l'un d'eux. Le crĂąne s'incline en Ă©clatant sous le coup. Rem les compte rapidement, lâarme au poing. Il dĂ©teste dĂ©jĂ ce quâil sâapprĂȘte Ă faire, mais le cri qui les a alertĂ© et leur nombre ne le font pas douter plus longtemps ; et malgrĂ© le bruit de lâarme, Ă peine assourdi par le silencieux qui y est fixĂ©, il tire. Son cĆur bat trop vite ; les cris d'Is rĂ©sonnant dans son crĂąne n'y sont pas Ă©trangers. La peur encore prĂ©sente dĂ©vie son premier coup de feu et le fait jurer. Le second est mieux ajustĂ©, il atteint le ventre dâune des bĂȘtes. Is, armĂ© de sa vieille hache, entre dans son champ de vision. Rem hĂ©site : lâhomme lui tourne le dos. Rem serre les dents, vise un des chats, le touche Ă lâĆil. La bĂȘte poursuit sa course quelques secondes encore, jusquâĂ ce que sa tĂȘte dĂ©sĂ©quilibrĂ©e frappe le mur. Le craquement qui sâensuit fait frĂ©mir les deux hommes. Les autres chats ne tardent pas Ă dĂ©taler.
Is halĂšte, fixe les corps avec dĂ©goĂ»t. Rem saisit sa gibeciĂšre dâun revers de bras, la fouille prĂ©cipitamment et en tire une petite bouteille ambrĂ©e, quâil glisse dans la poche de son manteau. Il relĂšve briĂšvement le regard sur Is :
- Lùche ça, ordonne-t-il.
Is observe un instant la lame de la hache, Ă©garĂ©, avant de sâexĂ©cuter. Ils ramassent leurs masques en silence et les enfilent. Is fronce les sourcils tandis que Rem range leur affaires Ă la hĂąte :
- Eh, marmonne-t-il, sa voix parvenant dĂ©sarticulĂ©e Ă travers le filtre, vous avez quand mĂȘme pas cru que jâallais vous attaquer ?
Rem lui fait signe de se taire, hisse la gibeciĂšre sur son Ă©paule et ramasse lâarme. Il fait signe vers les cadavres des bĂȘtes, dont les pattes sâĂ©cartent et les yeux entrouverts brillent Ă©trangement :
- Ramasse-mâen un.
Is frĂ©mit, se penche pour sâexĂ©cuter. Son nez se fronce, sous le masque, quand ses bras ramĂšnent Ă lui le corps dâune des bĂȘtes. Rem hoche la tĂȘte, approbateur, avant de se mettre en route, lâautre homme sur les talons.
Il fait nuit, dans le bois, quand ils sortent. Rem a Ă©teint la lanterne, qui pend mollement au bout de son bras. Il avance difficilement sous sa charge, veillant Ă fouler avec prudence le sol accidentĂ©. Les chats fuyant ont dĂ» sâenfoncer plus loin, et malgrĂ© le vacarme, aucune bĂȘte ne traĂźne Ă lâentrĂ©e de la caverne. Sans doute inquiĂ©tĂ©es par le bruit de lâarme Ă feu.
Les arbres qui les cernent empiĂštent encore sur leur vision difficile, les faisant cibles parfaite de nâimporte quel errant voulant les dĂ©lester de ce quâils possĂšdent. Rem a pris soin de pallier cette Ă©ventualitĂ©, vĂ©rifiant prĂ©cautionneusement les alentours avec Is, avant de sây aventurer et de trouver la caverne. Le bois se situe Ă portĂ©e dâun hameau quâils nâont encore Ă©valuĂ© que de loin, se dĂ©cidant Ă avancer progressivement ; a priori, nulle trace dâactivitĂ© humaine dans cette zone, pas de fantassin errant. Seulement des bĂȘtes sauvages dont lâaffaire est vite faite, du moment quâils ne commettent pas dâimprudence. Ă cette derniĂšre pensĂ©e, Rem ne peut retenir sa fureur. Contre lui-mĂȘme aussi bien que contre Is ; Ă peu de choses prĂšs, sâil ne sâĂ©tait pas repris, sâil nâavait pas aperçu la menace ou si les bĂȘtes Ă©taient venues de nuit, ils auraient Ă©tĂ© dans de sales draps.
Is le suit en silence, sans poser de questions.
- On descend, dit soudain Rem.
Plus pour lui-mĂȘme que pour lâinformer ; dâailleurs, Is ne rĂ©agit pas.
- On prend une des premiĂšres maisons du village qui viennent, continue Rem sans se prĂ©occuper de son silence, on vĂ©rifie quâelle est vide et quâil y a pas de risque. Sâil y en a, on se fait pas repĂ©rer, on se taille.
- Oui.
- Et si on en trouve pas, on fait demi-tour. On retourne Ă la CitĂ©, sâil le faut.
- Câest Ă plusieurs kilomĂštres, geint Is.
- Ăa tâapprendra Ă la fermer.
Rem nâest pas plus ravi que lui Ă la perspective de devoir refaire tout ce chemin Ă pieds. La distance nâest pas infranchissable ni vraiment parsemĂ©e de tracas, mais lâidĂ©e de devoir la faire de nuit aprĂšs avoir touchĂ© du doigt la possibilitĂ© dâĂȘtre tranquilles, et avec Is sur les bras⊠Rem sâarrĂȘte dâailleurs pour poser la lampe, fouillant sa poche Ă la hĂąte.
- Tu prends ça tout de suite, dit-il en sortant la bouteille ambrée.
Il devine au relĂąchement des Ă©paules dâIs que ça ne lui plaĂźt pas.
- Tout de suite, insiste Rem.
- Vous savez bien ce que ça me fait. On devrait attendre dâĂȘtre en bas, je⊠jâvousâŠ
Le reste se perd en marmonnements. Rem lui fait un geste brusque pour lui rappeler de hausser le ton :
- On se dĂ©pĂȘche et je le prends aprĂšs. Promis, je dis rien.
Rem fronce le nez mais sâempare de la lampe et se met en route sans se prĂ©occuper de savoir si Is le suit.

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