Je ne comprends absolument pas ce qu'il m'arrive... ce cĆur dessinĂ© sur le papier sonne un peu comme une dĂ©claration mais comment ElĂ©anore l'a-t-elle prit ? Elle arrive Ă me faire tout oublier. J'arrive presque Ă m'imaginer un dĂ©cor tout Ă fait diffĂ©rent. Manger face Ă face avec elle me donne l'impression d'ĂȘtre Ă mon tout premier rencard. Si seulement cette vitre n'existait pas... et pourtant, c'est sĂ»rement elle qui me permet d'ĂȘtre en totale confiance. J'ai tellement peur de la dĂ©cevoir, de ne pas ĂȘtre Ă son goĂ»t dans la rĂ©alitĂ©. Ce mur invisible reste une sĂ©curitĂ© et pour ĂȘtre franc, je ne suis pas encore tout Ă fait prĂȘt Ă m'en sĂ©parer. Entendre sa voix, pouvoir la toucher me ferait sĂ»rement perdre mes moyens. Je ne pense que je n'arriverai mĂȘme plus Ă la regarder et je ne pourrai m'empĂȘcher d'ĂȘtre maladroit.
Lorsque nos mains se superposent et que mĂȘme notre corps est en mode silencieux, je me rappelle ce que Stoller m'a demandĂ©... Il est sĂ»rement en train de m'observer, attendant patiemment que j'exĂ©cute ses ordres. Cette pensĂ©e rompt cet instant magique que je partage avec ElĂ©anore. Je me dĂ©tourne d'elle pour rĂ©flĂ©chir le plus rapidement possible Ă l'abri de son regard. J'ai pu, avant de me retourner, observer son regard incomprĂ©hensif. Si je ne me dĂ©pĂȘche pas, qui sait ce qui pourrait lui arriver ?
Je me dĂ©cide alors Ă lui faire face Ă nouveau. Ses deux mains n'ont pas quitter la vitre et ses yeux mon visage. MalgrĂ© que j'essaie de ne pas le montrer, elle semble percevoir mon inquiĂ©tude et me souffle un « Ăa va ? ». J'acquiesce avec un lĂ©ger sourire puis j'expire trĂšs profondĂ©ment. Une seule idĂ©e me vient alors Ă l'esprit.
ConcentrĂ©,j'essaie d'entamer le mĂȘme processus qui avait prĂ©cĂ©dĂ© mon kidnapping. Les picotements me viennent, les Ă©tincelles apparaissent. Stoller ne me croit pas capable de rĂ©aliser ce que ElĂ©anore a fait, je vais lui prouver le contraire. Lorsque j'ouvre les yeux, je dĂ©couvre ElĂ©anore paniquĂ©e. Elle semble me supplier d'arrĂȘter. Je l'ignore et ferme Ă nouveau mes paupiĂšres.
Je ressens l'Ă©nergie en moi et c'est tout Ă fait fascinant. Des fils Ă©lectriques semblables Ă ceux qu'ElĂ©anore a crĂ©e se forment entre mes doigts. Au fond de moi, je pense pouvoir mieux rĂ©sister Ă la douleur mais j'ai tout de mĂȘme un peu peur de ce qu'il pourrait se passer. J'essaie alors de les moduler, ignorant toujours les grands gestes d'ElĂ©anore qui frappe de toutes ses forces sur la vitre.
Aucune douleur ne se fait ressentir mais plus j'essaie de former quelques choses avec les fils Ă©lectriques, plus je me sens Ă©puisĂ©. Je n'y arrive pas et mes efforts pompent mon Ă©nergie. Je rassemble alors toutes mes forces pour essayer tant bien que mal de former un cĆur.Je sens des goĂ»tes de sueur perler sur mon front et je grimace tant la tĂąche est difficile. Lorsque j'arrive Ă former un semblant de mon objectif, je relĂšve la tĂȘte vers ElĂ©anore qui a arrĂȘtĂ© tout mouvement. Une larme coule sur sa joue. Je tombe Ă genoux, vidĂ© de toute Ă©nergie. Il m'est impossible de me relever.
Eléanore s'accroupie à mon niveau et je peux lire sur ses lÚvres un « pourquoi ? ». Tout ce que j'arrive à lui répondre est « Je suis désolé ». Lorsque je vois son regard triste et ses yeux mouillés par les larmes, j'espÚre de toutes mes forces que cela n'aura pas servit à rien.

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