Je me sens ridicule. J'ai voulu faire preuve d'héroïsme en défendant Eléanore puis en la portant à bout de bras tel un guerrier affrontant n'importe quel danger. J'ai ensuite voulu l'apaiser, lui montrer que je pouvais porter de l'attention. Tout s'est passé tellement vite et j'ai fait tout cela par instinct. Puis, j'ai croisé son regard. C'était foutu... C'est exactement ce que je craignais. L'ancien moi, celui qui ne se sentait pas à l'aise en présence du regard d'autrui, est de retour. Impossible de planter mes yeux dans les siens plus de quelques secondes. Et encore... Lorsque je me suis éloigné, son beau sourire avait laissé place à un sourcil froncé. L'ai-je déçu ? Le silence s'est installé et je ne sais absolument pas comment le briser.
-Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? finit-elle par me demander. Tu savais que cela allait te blesser aprÚs ce qu'il m'étais arrivé.
-C'est... compliqué...
Le silence. Dos à elle, je me sens soudain paralysé, le cerveau mis sur pause. Je ne sais absolument pas quoi faire. Bon sang Alex, reprends toi !
-Alexandre ?
Eléanore a besoin de toi, fais quelque chose.
-Alexandre ?
Comment sortir d'ici ? Il est peut-ĂȘtre trop tard... Stoller est sĂ»rement dĂ©jĂ revenu Ă lui et a mis ses sbires Ă notre recherche. Je ferme les yeux, essayant de trouver l'idĂ©e la moins suicidaire. Or, je suis sorti de mes pensĂ©es lorsqu'une main se pose sur mon Ă©paule. Je sursaute.
-Alexandre, tu es sûre que ça va ?
Je décide de me retourner pour faire face à mon interlocutrice. Ses petits yeux caramels me sondent et respirent l'inquiétude. Je dois me reprendre.
-Oui, ne t'en fais pas, j'essaie juste de trouver une solution... Tu devrais te rasseoir.
-Non, je vais bien.
Je ne l'Ă©coute pas et l'attire Ă nouveau vers le fond de la piĂšce puis vers le sol. Bien que je sois tout prĂȘt d'elle, je continue Ă prendre soin de ne pas croiser son regard.
-Alexandre ?
-Oui ?
-Tu savais... enfin je veux dire, tu te doutais que tu avais des pouvoirs ?
-Non. A vrai dire, je ne m'étais jamais posé la question.
Elle sourit. Elle semble fatiguĂ©e. Elle pose sa tĂȘte contre le mur puis ferme les yeux.
-Ăa fait bizarre d'ĂȘtre lĂ , avec toi.
Je ne rĂ©ponds pas. Je ne sais pas quoi rĂ©pondre. Je la scrute du coin de l'Ćil. Ses yeux, toujours clos, me mettent plus en confiance.
-Tu n'étais que celui qui était de l'autre cÎté de la vitre, que je ne pouvais ni entendre...
-Ni toucher.
Les mots sont sortis tout seul. Je me suis moi-mĂȘme surpris. ElĂ©anore ouvre ses yeux pour les planter dans les miens. Elle a rĂ©ussi Ă m'emprisonner Ă nouveau. Nous sommes hypnotisĂ©s par le regard de l'autre.
Soudain, nous sommes interrompu par des bruits provenant de l'extérieur. Des pas. Eléanore manque de crier lorsque les pas semblent se rapprocher. Machinalement, je mets l'une de mes mains sur ma bouche et lui fait signe de ne faire aucun bruit.
Les pas s'éloignent, nous sommes soulagés. Or, nous sursautons à nouveau lorsque un coup sur la porte se fait entendre. La poignée bouge,quelqu'un essaie de l'ouvrir. J'attrape alors le premier objet que je trouve pour me défendre. Un balai.
La porte finit par s'ouvrir doucement. Eléanore, cachée derriÚre moi, me tient le bras fermement. Elle finit par desserrer son étreinte lorsqu'elle aperçoit le visage qui apparaßt.
-Docteur Sinclair !
-Venez vite, nous n'avons pas beaucoup de temps, il vous cherche.
Elle nous fait signe de la suivre. Je baisse mon arme de fortune, hésitant. Eléanore me devance pour se rapprocher d'elle. Elle se retourne vers moi, voyant que je ne la suies pas.
-Qu'est-ce que tu fais ?
-Tu lui fais confiance ?
-Est-ce qu'on a vraiment le choix ?
ElĂ©anore n'a pas tort. Nous n'avons pas vraiment de solution. Et Sinclair al'air d'ĂȘtre sincĂšre bien que je me mĂ©fie. Elle me tend la main et je ne mets pas longtemps Ă la prendre.
Nous suivons le Docteur Sinclair dans les couloirs. Eléanore, toujours derriÚre moi, me tient la main. Nous manquons à plusieurs reprises de croiser des infirmiers. A les entendre, je comprends vite que Stoller leur a ordonné de nous chercher.
Nous descendons je ne sais combien d'escaliers jusqu'Ă arriver Ă l'ultime sous sol qui semble ĂȘtre un parking. Sinclair s'arrĂȘte net et nous fait signe de se coller contre le mur. Je reconnais alors l'un des hommes qui m'avaient cagoulĂ© pour le compte de mon Docteur fou. Il est au tĂ©lĂ©phone.
-Entendu Monsieur. Faites moi confiance, ils ne s'enfuiront pas en voiture.
Sinclair grimace. Ce n'est pas bon signe. Elle se rapproche de nous pour chuchoter.
-Ma voiture est de l'autre cÎté, la Jeep Wagonnier, je peux faire diversion. Vous avez votre permis ?
Eléanore nous regardons. J'en déduis alors sa réponse. Aucun de nous deux ne sait conduire. Sinclair le comprend et soupir.
-Bon, prenez mes clés. DÚs que je serai en train de lui parler, courrez vous y cacher et attendez moi.
ElĂ©anore n'a pas l'air rassurĂ© alors j'hoche la tĂȘte pour elle. C'est donc avec crainte que nous regardons le Docteur s'Ă©loigner.

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