Elsa ouvre les yeux, se sent submergée par l’angoisse.

Que lui est-il arrivé ? Sa tête la fait souffrir, tout son corps se crispe tandis qu’elle se redresse.

Où est-elle ? s’interroge-t-elle tandis qu’elle détaille avec intérêt l’exigüe cellule dans laquelle on l’a enfermée.

Ses souvenirs sont flous. Ne reste dans sa mémoire que des images confuses. Elle revoit les gardes du palais forcer la porte de son palace de glace. Elle se souvient du prince Hans conduisant cette armée. Lui revient la terreur que lui avaient inspirée les lames et les arbalètes. Ses pouvoirs se décuplant, s’opposant à ses assaillants. Puis le son mat d’une stalactite que l’on brise. Le lustre en fleurs de glace qui fend l’air en cliquetant qu’elle voit fondre sur elle. Anna qui choit devant elle.

Anna !

Vivement, Elsa quitte sa couchette, se précipite vers la porte. Des chaînes la retiennent dans un cliquetis moqueur. Éberluée, comprenant peu à peu dans quelle terrible situation elle se trouve, elle baisse les yeux sur ses mains. Plus de satin, ni de soie. À la place, on lui fait porter de lourds gants de plomb.

Découragée, Elsa se laisse choir contre le bois du panneau. Un étau douloureux lui écrase le cœur.

—Ça y est, revoilà la tristesse… Je n’ai que ce que je mérite…

Elle sent ses yeux la piquer, se laisse aller aux sanglots qui secouent sa poitrine. Des larmes gelées roulent sur ses joues.

—J’ai rejeté la seule amie que je n’ai jamais eue… j’ai gelé son cœur…

Quelle idiote. Elle avait déjà blessé Anna quand elles étaient petites, lui laissant une mèche blanche dans les cheveux comme une cicatrice, un témoin de son crime. À présent, quel prix allait-elle payer pour cette nouvelle offense ? Quelle cicatrice allait-elle laisser cette fois ? Laisserait-elle par ailleurs qu’une simple cicatrice ?

À cette réflexion, Elsa sent sa poitrine se glacer.

—J’aurai seulement voulu être là pour elle, il y a longtemps…

Des larmes coulent sur son nez, tombent en flocons sur le sol. Sa bouche tremble en une grimace douloureuse.

—La vie est trop courte…, laisse-t-elle échapper d’une voix tremblante.

Puis les ténèbres, de nouveau.