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Les Mémoires d'Ecarlate

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volume 1, Chapitre 4 « Des Hommes de Principe » volume 1, Chapitre 4

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Et voici celui pour qui sonne le glas. Pardon, celui par qui sonne le glas. Sourire affable et mielleux, ses paroles sont autant de friandises venimeuses, qu’ils distribuent à qui mieux mieux. Le voici qui entre majestueux, sa couronne au firmament. Derrière, tenant la traîne, les lèvres droites et les yeux pénétrants, celui qui tient la cloche ; parcelle misérable que lui ont généreusement octroyée ses maîtres. Pour un peu, ils marcheraient main dans la main et diraient, proclameraient : Regardez-nous ! Nous qui dirigeons l’escorte du navire amiral, celle sans qui ce dernier se trouverait privé de sa boussole. Rassurez-vous bonnes gens, nous tenons la barre à quatre mains. Mais il se préfère en retrait, roquet qu’il est, car qu’on lui tire un peu la laisse et aussitôt il se tait. Enfin ! Rendez-lui sa liberté ! crieront certains. Faites donc ! répliqueront d’autres. Et voyez avec quelle faconde, il saura vous répondre.

L’un s’assoit, fier, admirable ; autour de lui, des yeux, des dizaines, avides et pour certains, vides. Ils sont tous lĂ  pour l’entendre, boire ses paroles, se suspendre Ă  ses lèvres purpurines, ourlĂ©es de ces poils drus et virils. Entre ses mains, il tient non pas le Graal, mais une mĂ©moire, partielle et secrète. Ă€ cĂ´tĂ© de lui, ceux que d’aucuns appelleraient le fĂ©lon ou le traĂ®tre. De son maĂ®tre, il en a l’allure et la posture. De son ancienne affection, il en a gardĂ©, ce qu’il appelle la dĂ©rision, d’autres diront l’humiliation, lorsque ses mots les effleurent pour mieux labourer leurs chairs intĂ©rieures. Car il en faut pour supporter les heurts et les haut-le-cĹ“ur, lorsque le bateau, ivre de la houle et de la foule, roule dans les eaux sombres du marigot du mensonge et du faux-semblant. Mais, n’est-ce pas lĂ  ce qu’ils tentent d’effacer de leurs visages, pour mieux les faire semblables et affables ? L’on ne se joue point de vous ! s’écrient-ils en chĹ“ur, la bouche en cĹ“ur. Ceux qui diront le contraire ne rĂ©pandent que billevesĂ©es et calembredaines. Voyons ! Nous sommes vos oreilles et vos yeux, humbles rouages, dont les coups pleuvent sur les visages. Ah ! qu’ils sont attendrissants avec leurs doux mots et leurs exquises manières, qui vous comblent de caresses, dissimulant des lames traĂ®tresses. Regardez nos mains ! Elles sont vierges de tout malin, se murmurent-ils pour sĂ©duire la foule. Car voici que vient, avec cors et sabots, l’aigrelette Ă  la voix de crĂ©celle, qui s’en vient geindre, pour recueillir au creux de ses mains, un peu de ces regards, dont elle manque tant. Indigente Ă©goĂŻste, qui, de ses griffes, monopolise la trame du temps, frappant de mutisme quiconque la supplicie. Les paroles s’entrechoquent, les mots s’écorchent, rĂ©pandant une encre noire et grasse sur la table.

Autour, la foule s’écarte, indifférente, méprisante, tournant le dos à l’indigente, pour mieux scruter les sombres horizons. Hélas, devant s’agitent deux pantins fantoches qui, ravis de l’esquive, ravivent les feux d’un bien pâle espoir. Mais le doute est là. L’on écoute, l’on scrute et l’on lâche. Tout d’abord ruisseau ou petit cours d’eau, qu’ils esquivent, fluides et agiles. Mais le courant s’agite, grandit, forcit et, malgré tout, l’anguille s’enfuit, délivrant ses mots candices et factices. Ils les veulent de miel, mais ils ne sont que fiels, qui ne font qu’attiser la fureur du dragon qui sommeille et dont ils craignent l’éveil. Alors, l’on appâte, l’on promet, l’on professe, l’on confesse. Rien n’y fait, chacun brandit sa fourche et, sous les coups, boute le masque urbain et amène. Brisé, martelé, piétiné, pilonné, les masques sont tombés, révélant ignominie. Vaincue, la gargouille se replie, dévide la bobine ; une partie, car le fil, fragile, casse, tiré par trop de mains. Elle souffle et se retire penaude. Les autres se congratulent, gorges chaudes.

Mais ils ne sont pas seuls. Eux n’ont fait que repousser le châtiment. Ailleurs, la hache du bourreau s’abat, froide, sur le carrelage, faisant rouler les têtes. Pourtant, le bourreau pleure. Acte d’attrition, acte de contrition. À elles aussi, il leur avait servi de jolis mots, sa lame sous le menton mignon. Signe et je ne te ferai aucun mal. Oh ! Comme il les avait bercées, câlinées, allant jusqu’à leur baiser les pieds. Lui non plus, n’a-t-il pas eu un temps, l’éclat de métal sur la tempe ; lui qui a sacrifié tant et tant, le voici qui exécute les brebis galeuses, armé de son verbe puissant. Entre puissants, l’on se comprend. Lui qui fraye, conduisant ce magnifique vaisseau qui fend la ligne d’horizon, parmi les signifiants. Autour de lui ne reste qu’une seule escorte, dont la vue, à elle seule, est un blasphème, une verrue au flanc de son fier bâtiment. Que l’on tranche et réduise à néant. Danser bonnes gens, car viendra le temps où vous serez réduits à néant. Mais il a déjà fort à faire. Alors, il délègue, distribuant caresses et promesses à ceux qui s’abaissent, tranchant ceux qui la relèvent.

Et le paon s’en revient, plus fier encore qu’Artaban. Que n’a-t-il au moins reçu deux fois, sinon trois, ses atermoiements, ses compliments pesants et ronflants, gravant, indĂ©lĂ©bile, dans son cĹ“ur d’ineffables fĂ©licitĂ©s, qui, dĂ©jĂ  dĂ©mesurĂ©, se gonfle d’orgueil. Mais le crapaud retient la leçon et se dĂ©gonfle, lançant acrimonieux ses bons mots, qui sont autant d’agression Ă  l’égard de ses victimes dĂ©jĂ  entre les mains des bourreaux. Il se sent puissant, investit, non plus seulement du verbe, mais du souffle de son dieu tutĂ©laire et crĂ©pusculaire. Un jour, il dĂ©passera le maĂ®tre. De cela, il en est fier. Seulement, le moment est au recueillement. Il se doit de ramener au bercail ses brebis Ă©garĂ©es, car il sent leur hostilitĂ©. Une fois le masque est tombĂ©. Cela ne doit pas se reproduire. Ainsi se pare-t-il, car il sait que ce ne sont pas les plus nuisibles. Et puis n’a-t-il pas son Cheval de Troie ? Alors quand vient l’heure, il bat le rappel. Certains rechignent. Mais, sardoniques, ils se disent, ainsi donc nous ferons Ă©clater notre dĂ©tresse. Alors, pèlerins d’airains rĂ©voltĂ©s ou moutons aux yeux vides, ils s’en viennent. Mais pour quoi faire ? Tendre le cou et passer sous le tranchant de la lame du bourreau, ou alors mordre la main qui, Ă  temps, se tend.

Combien de clans ? Un, deux, trois ? Chaque camp compte ses pions. Ce ne sont plus des femmes et des hommes, mais des maĂ®tres et des serfs, qui paraissent refuser de courber l’échine. Seulement, les règles sont pipĂ©es, les rĂ©sultats sont dĂ©jĂ  jouĂ©s, l’on n’attend que l’acquiescement. Il se murmure des concessions. Mais Ă  quoi bon ? Le peuple ne tient plus le bâton. Il ne reste plus que les mots et certains se font surprendre. Ils sont deux, masques affables, masques semblables, ou du moins le veulent-ils faire croire, car depuis longtemps ils ne sont que façades. Et pourtant, il en est sur qui la magie opère, obĂ©rant, Ă©touffant ces infimes et infâmes foyers contestants. Mais d’autres, ils sont trois ce jour-lĂ , nonobstant les sourires affables, ne disent pas ce que l’on attend. Au contraire, ils sont droits, l’un s’emportant, soufflant, tempĂŞtant, Ă©ructant, les autres plus calmes. Mais ce n’est lĂ  qu’apparence, car lorsque le mot tombe, il est implacable, ne souffrant aucune contestation, mĂŞme lorsque le loup, au masque de sire, louvoie, se tortille pour se frayer un chemin derrière ce qui apparaĂ®t comme un pilier d’airain. Alors de nouveau, il attaque. Mais celui qui devait ĂŞtre Ă  Troie le repousse, campe sur son non. Et de nouveau, la gargouille recule. Mais ce n’est que pour mieux avancer sur d’autres fronts, tout en sapant les fonds. Duperies, tromperies, il en est le maĂ®tre. Mensonges et trahisons l’entourent, ils sont ses atours, qu’il dissimule sous un manteau de velours. Ă€ cĂ´tĂ© de lui, son second, aimable, le laisse dire. Il se donne le titre d’arbitre, s’appropriant les idĂ©es et les pensĂ©es, les remarques et les marques, car il en a besoin s’il veut briller demain et brandir son Ă©tendard, en proclamant Ă  la face de tous qu’il est le plus grand. DuplicitĂ© pourrait ĂŞtre son nom, vĂ©nalitĂ© serait son prĂ©nom. Girouette lorsque le vent souffle, il nage sur les crĂŞtes, toujours Ă  l’affĂ»t du moindre geste, scrutant l’horizon pour frapper ceux qui ne sont que des pions. Jamais il ne l’avoue, mais il les dresse les uns contre les autres, pour mieux cacher la misère de ce qu’il propose. Le Diable en voudrait-il, qu’il en ferait une rĂ©surrection, car le Diable a une Ă©thique, pas lui. Il a un ordre prophĂ©tique et il n’hĂ©sitera pas Ă  sacrifier le veau gras pour contenter l’infâme, qui, lorsqu’il sera repu, se dĂ©vorera lui-mĂŞme faute de proie.


Texte publié par Diogene, 19 aoĂ»t 2020
© tous droits réservés.
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