La salle se voulait tout à la fois belle et fonctionnelle. Non ! Rectification ! Elle se devait d’être sensuelle, conceptuelle et fonctionnelle. Elle se devait d’être la rectitude et la positive attitude même, comme l’on disait il y a plusieurs lustres. En fait, cette salle n’était rien d’autre que le mariage somptuaire des contraires, alors même qu’ils se voulaient complémentaires. Que de superlatifs, ô combien rébarbatifs, se rendait-il compte, à présent qu’il en faisait partie. Il n'osait penser le mot poncif, car cela aurait été trop subversif. Au moins, il oubliait les mots impératif, injonctif, décisif, processif, productif, constructif, germinatif, mélioratif, positif, réactif nutritif. Il n’avait qu’un regret, qu’il n’exista pas le mot innovatif. Néanmoins, comme il avait plaisir à en utiliser d’autres, mis à l’index pour cause de négativisme. Quelle joie, ou plutôt quelle estocade ce fut lorsqu’il découvrit la définition du mot roboratif. D’ailleurs, il ajouta plus tard laudatif, laxatif, rétif, répulsif, vomitif, excessif. Avec tous ces roulements, il pensait à sa propre condition de hamster dans une cage sociale, où il n’avait que pour seule distraction une roue de Deming. Il y avait quelque chose d’excrétoire dans ce mot, roboratif, ainsi que dans les autres, qu’il avait découverts par la suite. C’était si convulsif ! Il hésitait à employer le terme jouissif, tant il avait été vidé de sa substance, pour mieux être enflé d’un ego maladif. L’on l’avait qualifié d’excessif dès le premier jour. Voilà qui était fort malhonnête, lui qui avait été, jusqu’à ce trop fameux jour, un expansif rompu.

Du jour au lendemain, encore que ce fut un poil exagéré, il était devenu rétif. Il ne manifestait plus rien. Ses gestes n’étaient plus aussi vifs. Son esprit devenait lascif et poussif. Pour ceux qui le côtoyaient alors, il était devenu un objet obscène. Un jour pour rire, il prit un laxatif et lâcha son comble dans la salle comble d’une réunion à son comble. Dire que les visages furent expressifs étaient en dessous de toute réalité. D’attractif et inspiratif, il était devenu répulsif et vomitif. De son point de vue, il n’était qu’exhibitionniste.

Inexpressif, il l’était en ce second jour. Tout à fait de circonstance, étant donné que pour pallier son manque de retenue, l’on lui avait administré un sédatif. Mais il s’en fichait bien, car il savait ce qui l’attendait : au premier jour était l’accusation, au second jour était la machination et au troisième jour la démolition. C’était le leitmotiv de la justice, pratique et expéditif.

Pour une justice réactive ! clamaient des marionnettes sans tête.

Un slogan pour lessive aurait-il dit, quand bien même, personne n’aurait compris son trait. Enfin, tout cela était encore vrai avant qu’il ne la perde, la tête.