Assis sur le rivage, l’enfant tenait entre ses doigts une perle d’ocre et de ténèbres, dans laquelle se reflétaient les couleurs de la lune dans la mer. Quand il l’avait découverte, elle était couverte de rêves et de poussières, faite de rêves et de matière. De la matière, il en avait façonné un homme, avec une barbe folle qui filait jusqu’en bas de ses jambes. Des rêves et de la poussière, il en avait fait une femme, paré de mystères et de ténèbres, le visage dissimulé par une longue traîne. Un jour, ils s’étaient découverts. Alors l’homme avait capturé le ciel et la femme avait capturé la mer. Ensemble, ils façonnèrent la terre. Puis la femme se retira dans le ciel, tandis que l’homme jetait sa ligne dans la mer, dans le but inavoué et secret d’en ramener les mystères, ceux qu’elle avait laissé s’échapper lorsqu’elle lui avait fait ses adieux, avant de s’envoler vers les cieux. Lorsque l’un émergeait, il soupirait ; il soupirait et se souvenait, puis il contemplait le ciel. Alors, dans le secret de sa tanière, elle entrouvrait une porte sur la terre et souriait, tandis que de ses mains s’échappait un autre mystère. Sur terre, l’homme faisait semblant de rien, un sourire en coin, et ouvrait le mystère et la remerciait, car il savait que chaque fois qu’il en découvrirait, ce serait un peu plus d’elle qu’il se rapprocherait.