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Madame Violette

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Madame Violette

© Rose P. Katell (tous droits réservés)

Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes de l’article L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Le premier rĂ©flexe de Manon, dès l’enceinte du bar dans lequel elle travaillait franchie, fut d’extirper son tĂ©lĂ©phone portable de son sac et de vĂ©rifier si elle avait de nouveaux messages. Prise de court par des heures supplĂ©mentaires imprĂ©vues, pressĂ©e par le gĂ©rant qui ne souffrait aucun retard de commandes, elle avait Ă  peine pu envoyer un texto Ă  la jeune baby-sitter de Nasiha pour la prĂ©venir de l’ajustement de son horaire ; entre les « allez, plus vite, la table untel attend ses verres ! » du patron et les remarques grivoises des clients, voire leurs mains baladeuses, elle n’avait mĂŞme pas eu l’occasion de regarder si elle avait reçu une rĂ©ponse. Un soupir lui Ă©chappa tandis qu’elle marchait. L’attente avait Ă©tĂ© si longue… Ne pas savoir si son SMS avait Ă©tĂ© vu s’était apparentĂ© Ă  de la torture ! Heureusement, une notification s’affichait sur l’écran. Le soulagement l’envahit ; avec son pouce, elle cliqua sur l’icĂ´ne en forme d’enveloppe.

Son soulagement disparut…

Incrédule, Manon lut une deuxième fois les mots d’Alessia.

« Ou pas jsuis pas a ton servisse ! tu mpaie meme pas… revien, moi jme bars »

Son cĹ“ur manqua un battement. Était-elle bien Ă©veillĂ©e ? N’était-ce pas plutĂ´t un cauchemar ? L’adolescente Ă©tait… partie ? Elle avait laissĂ© sa fille, seule, dans leur maison ? Sa petite fille de cinq ans !?

Un cri de rage et d’angoisse mĂŞlĂ©es jaillit de sa gorge. Manon se mit Ă  courir sans avoir le temps d’y songer, par pur instinct. L’envie d’étriper Alessia ne la lâchait pas – elle se visualisait en train de l’étrangler. Nasiha Ă©tait-elle en sĂ©curitĂ© ? Était-elle effrayĂ©e ? Cherchait-elle Ă  sortir ? Et que lui avait annoncĂ© Alessia ? Sa respiration devint sifflante, son palpitant cogna l’intĂ©rieur de sa poitrine avec frĂ©nĂ©sie. S’il Ă©tait arrivĂ© le moindre malheur Ă  Nasiha, elle ne pardonnerait jamais sa fuite Ă  Alessia. Tout comme elle ne se pardonnerait pas de lui avoir accordĂ© sa confiance !

Manon força sur ses jambes et augmenta sa cadence. Il lui semblait qu’elle n’avançait pas ! Bon sang… Quelle baby-sitter digne de ce nom s’en allait de la sorte alors qu’elle avait une fillette Ă  surveiller ? La logique aurait voulu que celle-ci l’incendie Ă  son retour pour son retard ou qu’elle lui rĂ©clame une compensation. Oh ! Qui avait-elle acceptĂ©e chez elle ? Dire qu’Alessia lui avait paru gentille quand elles s’étaient rencontrĂ©es. Manon se donnerait des gifles.

Sa rue lui apparut. Elle attrapa ses clefs sans cesser sa course, atteignit sa porte d’entrée à bout de souffle. Elle ouvrit le battant et se rua dans le corridor, avant de pénétrer dans le salon éclairé.

Apercevoir Nasiha saine et sauve, occupée à jouer avec sa peluche dinosaure dans leur canapé, lui arracha des larmes de joie. Manon la rejoignit en deux enjambées, tomba à côté d’elle, puis la serra dans ses bras avec l’énergie du désespoir.

— Maman ? s’étonna Nasiha.

Elle caressa ses boucles brunes et balbutia :

— Je suis dĂ©solĂ©e, mon bĂ©bĂ©. Je suis dĂ©solĂ©e. On cherchera une meilleure baby-sitter, d’accord ? Alessia ne mettra plus les pieds ici.

— Hein ?

Ă€ contrecĹ“ur, Manon s’écarta ; la bouche pincĂ©e, les jambes faibles et tremblantes malgrĂ© sa position assise, elle plaça ses paumes sur les joues de Nasiha et l’observa sous toutes les coutures.

— Tu n’as manquĂ© de rien ? Tu te sens bien ?

Nasiha hocha la tĂŞte, lui adressa un sourire. Les paupières de Manon papillonnèrent – elle aurait pu croire que le dĂ©part d’Alessia n’avait constituĂ© qu’un jeu, Ă  ses yeux d’enfant. Elle tâcha de maĂ®triser son angoisse ; visiblement, Nasiha n’avait mĂŞme pas eu peur.

— Tu patientes lĂ  depuis longtemps ? demanda-t-elle d’une voix plus calme.

Nasiha haussa les épaules.

— Ça va.

Manon ne résista pas au besoin de lui embrasser le front.

— Je te demande pardon. Je te promets que je serais rentrée plus tôt si j’avais lu le message d’Alessia. Je…

— C’est pas grave maman, murmura Nasiha avec sérénité. J’étais pas seule : Madame Violette était avec moi.

Manon contint aussitĂ´t un rire nerveux devant cette rĂ©ponse. Sa fille Ă©tait exceptionnelle ! Qui, sinon elle, transformerait un angoissant abandon par un moment en compagnie de son amie imaginaire ?

Elle lutta contre de nouvelles larmes, soulagée. Si à cause de banales inquiétudes maternelles, elle n’était d’ordinaire pas enchantée par la présence de Madame Violette dans leur vie, elle bénissait aujourd’hui son existence dans l’esprit de Nasiha.

Ses lèvres s’étirèrent.

— Ah ! Ouf. Et qu’avez-vous mijotĂ©, toutes les deux ? Vous n’avez pas organisĂ© de fĂŞte sans moi, j’espère ?

— Noooon, gloussa Nasiha. On a soigné Dinou.

Manon détailla la peluche, feignit l’angoisse.

— Oh non, il Ă©tait blessĂ© ?

— Il s’est mordu. Il a attrapĂ© sa queue et l’a croquĂ©e !

— Le pauvre…, compatit-elle.

Elle attendit une poignée de secondes, puis ajouta d’un air sérieux :

— Tu penses que ça achèverait sa guĂ©rison si je prĂ©parais un chocolat chaud pour vous deux ?

Les pupilles de Nasiha s’illuminèrent.

— Bonne idĂ©e ! Mme Violette, elle a dit pareil.

— Ooh, Mme Violette est sensée.

Nasiha opina. Et pendant qu’elle-même se relevait avec fébrilité et s’éloignait vers la cuisine, elle déclara :

— C’est un peu ma maman, elle aussi. Elle fait plein de trucs que tu fais.

Les muscles de Manon se crispèrent malgrĂ© elle. Tandis qu’elle attrapait une tasse Reine des neiges dans un placard, ses prĂ©occupations ordinaires revinrent la hanter, chassant Alessia de son esprit… La venue de Madame Violette dans le quotidien de Nasiha Ă©tait-elle normale, anodine ? N’était-elle pas la manifestation de sa propre irrĂ©gularitĂ© dans celle-ci ? Le rĂ©sultat de ses – trop – nombreuses heures de travail ?

Manon dĂ©glutit. Elle y rĂ©flĂ©chissait souvent, surtout parce que Nasiha s’était choisi une amie imaginaire adulte au lieu d’une de son âge… Son cĹ“ur se serra dans sa poitrine. Nasiha considĂ©rait-elle rĂ©ellement Mme Violette comme une deuxième mère ? L’avait-elle appelĂ©e ainsi parce qu’elle avait Ă©tĂ© l’unique « personne » Ă  ses cĂ´tĂ©s suite au dĂ©part d’Alessia, ou parce que son inconscient lui insinuait que sa vraie mère n’était pas assez douĂ©e dans son rĂ´le ?

Manon se saisit de la poudre de cacao et se mordilla l’intĂ©rieur de la joue. Elle reconnaissait qu’elle tenait des horaires impossibles, qui ne lui offraient que peu de temps pour dorloter Nasiha en dehors de ses heures d’école. Mais avait-elle le choix ? Sa paie Ă©tait maigre, le loyer Ă©levĂ©, et elle n’avait pas envie de regarder sa fille grandir ailleurs tant la maison Ă©tait bien situĂ©e et propice Ă  son Ă©panouissement.

Ses sourcils se froncèrent. Peut-être avait-elle simplement besoin d’être moins cachottière avec Nasiha et de partager avec elle ce pour quoi elle trimait autant… Après tout, Nasiha comprenait de plus en plus de choses.

Manon se tourna vers le frigidaire, prĂŞte Ă  en extraire une brique de lait, quand son pied glissa sur un objet posĂ© au sol ; avec un couinement surpris, elle se rattrapa au plan de travail. Le souffle court, plus par peur que par mal, elle pencha la tĂŞte vers ce qui avait failli provoquer une rencontre fracassante entre le carrelage et elle : une figurine en plastique Ă  l’effigie de Lady Bug.

Une grimace tordit ses traits. Nasiha était une fillette facile. Elle lui avait enseigné tôt qu’il était important de remettre ses jouets à leur place lorsqu’elle n’en avait plus l’utilité, et elle s’y était toujours pliée de bonne grâce, sans passer par la case caprice. Hélas, ces dernières semaines, ce genre d’incidents survenait régulièrement. Nasiha rangeait ses trésors… sauf un qui finissait par traîner là où elle avait toutes les chances de marcher.

Manon se pencha, ramassa Marinette. Elle la contempla. Était-ce aussi une façon pour Nasiha de manifester son dĂ©saccord avec son rythme actuel ?

L’idée lui eut à peine traversé l’esprit que l’image d’une seringue remplie, tentante et sournoise, s’y matérialisa. Ses préoccupations lui paraissaient si simples autrefois, lorsqu’elle les noyait dans la mixture magique de son fournisseur…

Manon se morigĂ©na. Elle n’était plus cette femme-lĂ  !

Au mĂŞme moment, une porte claqua. Son front se plissa. Nasiha avait-elle oubliĂ© son chocolat ?


Texte publié par Rose P. Katell, 18 novembre 2020
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