Pourquoi vous inscrire ?
Madame Violette

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/entete.php on line 42
icone Fiche icone Fils de discussion
Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/entete.php on line 48
icone Lecture icone 7 commentaires 7

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/page-principale.php on line 13

Warning: Undefined variable $age_membre in /home/werewot/lc/histoires/page-principale.php on line 16

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/lecture.php on line 11
«
»
tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/navigation.php on line 48

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/lecture.php on line 31

Manon ferma l’ouverture de son sac Ă  dos, puis inspira. Tout Ă©tait prĂŞt… Il n’était plus question de reculer. D’un pas rapide, elle progressa jusqu’à la chambre de Nasiha ; hĂ©las, ses pieds se changèrent en plomb dès qu’elle en atteignit l’huis.

Un soupir lui Ă©chappa. Qu’attendait-elle ? Son hĂ©sitation Ă©tait ridicule ! Elle avait pris la meilleure dĂ©cision, c’était indĂ©niable. Le mensonge qu’elle avait servi Ă  son patron et Ă  l’institutrice de Nasiha ne serait pas dĂ©celĂ© : lĂ  oĂą elle avait l’intention d’aller, personne ne les identifierait.

Manon inspira derechef et franchit l’encadrement. Ensuite, guidĂ©e par la lueur filtrant entre les lanières des stores bleus de sa fille, elle s’approcha du matelas oĂą Nasiha dormait encore ; recroquevillĂ©e sous sa couette, pouce en bouche, celle-ci arborait une expression dĂ©tendue, une expression qui laissait penser qu’elle se trouvait au milieu d’un joli rĂŞve.

Attendrie, Manon se pencha au-dessus d’elle, avant de lui caresser la joue – un geste qu’elle répéta jusqu’à apercevoir ses petites paupières brunes papillonner.

— Mon bĂ©bĂ© ? Il faut te rĂ©veiller, on va bientĂ´t partir.

Deux pupilles noisette s’ancrèrent dans les siennes et Manon fut aussitĂ´t soulagĂ©e de n’y noter aucune graine de la rĂ©bellion qui les animait depuis plusieurs jours ; depuis que Nasiha avait qualifiĂ© Madame Violette de deuxième mère, en vĂ©rité…

Un sourire gagna ses lèvres. Oui, Nasiha ne l’observait aujourd’hui qu’avec l’air groggy des enfants tirés trop tôt du lit.

— École ? grommela Nasiha. DĂ©jĂ  ?

Les commissures de Manon s’étirent davantage.

— Eh non. Je nous ai organisé… une expĂ©dition surprise !

— Une surprise ? rĂ©pĂ©ta Nasiha, la voix plus vive.

— Oui. Ce sera notre secret Ă  toutes les deux, d’accord ?

En réponse, Manon obtint un vigoureux hochement de tête.

— On expĂ©ditionne oĂą, maman ?

Le verbe utilisé lui déclencha un rire amusé – Nasiha s’exprimait souvent avec une telle aisance qu’elle en oubliait qu’elle n’avait que cinq ans.

— Là où tu as eu très envie de partir en vacances après avoir visionné La petite sirène, murmura-t-elle.

— Ă€ Atlantica !?

— Hmm, marmonna-t-elle. Un peu moins loin, je l’avoue.

Tandis qu’elle se redressait en position assise, Nasiha la dévisagea avec attention.

— Ă€ la plage, alors ?

Manon confirma d’un geste, arrachant un cri de joie à son bébé :

— On va Ă  la mer !

— Une première pour toi, se réjouit-elle. La route est longue, par contre. Tu devrais prendre un jouet, il t’accompagnera dans le train.

— Dinou !

Manon approuva le choix effectué, ravie que Madame Violette n’ait pas été évoquée… Oh, Nasiha avait besoin d’elle afin de grandir et de s’épanouir. Cependant, sa présence dans leur quotidien lui devenait insupportable. Être sans cesse comparée à elle, presque en concurrence dans son rôle de mère, la meurtrissait de plus en plus.

Manon contint de justesse une grimace ; s’entendre dire par Nasiha que Madame Violette ne travaillait pas pour passer du temps avec elle, qu’elle connaissait mieux les jeux et dessins animĂ©s sortis qu’elle-mĂŞme, ou que ce n’était pas la peine d’appeler la nouvelle baby-sitter puisqu’elle Ă©tait lĂ , lui pesait chaque journĂ©e un peu plus sur le cĹ“ur.

— Habille-toi vite, d’accord ? Je t’attends en bas avec un bon petit-dĂ©jeuner. On se mettra en route dès qu’on l’aura pris.

Ni une ni deux, Nasiha s’extirpa de ses couettes et se précipita sur les tiroirs de sa commande. Manon se dirigea vers le couloir, puis ajouta :

— N’oublie pas de prévoir un gilet. Il risque d’y avoir du vent.

SitĂ´t que le train ralentit Ă  l’approche de leur station, Manon tourna le buste vers Nasiha, incertaine quant Ă  la façon de procĂ©der pour rentrer chez elles. Sa fille dormait si paisiblement, sa peluche dinosaure serrĂ©e sur son cĹ“ur, qu’elle hĂ©sitait Ă  la rĂ©veiller et Ă  lui imposer les menus kilomètres qui les sĂ©paraient de leur domicile… Parviendrait-elle toutefois Ă  la porter jusque-lĂ  avec un genou Ă©corchĂ© ?

Manon se leva de son siège et décida d’essayer – elle pourrait éveiller Nasiha en chemin si l’effort devenait trop dur. Elle attrapa son sac à dos, le plaça sur son buste plutôt que derrière elle et, avec des gestes précautionneux, elle cala Nasiha contre ses omoplates. Lorsque les portes du wagon s’ouvrirent, elle était prête à entamer les dix à quinze minutes de marche qui l’attendaient.

Bientôt, Manon sourit. La douleur dans son genou était présente, elle n’adoptait pas non plus son maintien habituel, mais tout ça ne surpassait son plaisir de savoir Nasiha heureuse, comblée par leur excursion à la côte.

Manon visualisait encore l’éclat Ă©merveillĂ© de ses yeux face Ă  la beautĂ© des vagues qui lĂ©chaient le sable… Elle entendait son rire lorsqu’elles avaient immergĂ© leurs orteils dans l’eau et la joie dans ses mots pendant qu’elles s’appliquaient Ă  dĂ©nicher les plus jolis coquillages. Et il y avait mieux : Nasiha n’avait pas Ă©voquĂ© ou songĂ© Ă  Madame Violette. Pas une fois ! Un exploit qui la rendait fière et signifiait que les choses rentraient dans l’ordre, comme elle l’avait dĂ©sirĂ©.

Tandis que les rues défilaient au rythme de ses pas, Manon était légère. S’il n’y avait eu sa bête chute pour la blesser au genou, elle ne doutait pas que leur excursion se serait révélée parfaite.

Le souvenir de l’accident lui arracha une Ă©bauche de grimace. Le courant avait Ă©tĂ© si faible et son avancĂ©e dans l’eau si minime… Elle se sentait ridicule ! Il avait suffi qu’elle ait l’impression qu’on lui agrippait la cheville d’une main pour qu’elle perde ses moyens. Certes, sur le moment, elle aurait vraiment jurĂ© percevoir des doigts gelĂ©s sur sa jambe, mais elle n’ignorait pas que la mer Ă©tait pleine d’algues, des vĂ©gĂ©taux qui s’enroulaient autour de tout ce qu’ils touchaient. Tout en atteignant son parvis, Manon soupira ; les adultes Ă©taient parfois de gros bĂ©bĂ©s Ă©galement.

Elle agrippa ses clefs avec de fortes contorsions, s’engouffra chez elle. LĂ , elle se dandina sur place jusqu’à ce que son sac glisse au sol sans qu’elle ait Ă  bouger Nasiha. Ses lèvres s’étirèrent. Mission retour de la plage rĂ©ussie !

D’une dĂ©marche claudicante, Manon monta Ă  l’étage oĂą, après avoir dĂ©posĂ© sa fille sur le lit dĂ©fait de sa chambre, elle entreprit de la dĂ©shabiller et de lui enfiler un pyjama. Nasiha n’ouvrit pas un Ĺ“il, pas mĂŞme quand elle la borda, et Manon l’observa d’une expression tendre tout du long ; la voir si paisible, plongĂ©e dans la bĂ©atitude de leur voyage, lui rĂ©chauffait le cĹ“ur Ă  un point qu’elle n’était pas capable de dĂ©crire.

Un souffle serein se glissa entre ses dents. Peu importait dorénavant qu’elle ait dû prétendre être malade à son patron ou mentir à l’institutrice. Nasiha avait besoin de partager du temps avec elle, de continuer à développer leur complicité.

Oh ! Une journĂ©e isolĂ©e suffisait-elle ? Nasiha mĂ©ritait plus de sa part. Plus que ses efforts afin de conserver leur foyer. Plus que l’argent qu’elle mettait de cĂ´tĂ© pour ses frais de scolaritĂ© et sa garde-robe. Plus qu’un instant dĂ©robĂ©.

Manon se mordilla la langue. Lui serait-il permis de reproduire leur bulle loin du monde sans ĂŞtre attrapĂ©e par l’école ou son travail ?

— Madame Violette dit que c’est une mauvaise idée…

Elle sursauta, avant de dĂ©visager Nasiha avec incrĂ©dulitĂ©. Celle-ci n’avait pas bougé… La respiration rĂ©gulière, les traits dĂ©tendus, elle demeurait captive des bras de MorphĂ©e. GlacĂ©, le cĹ“ur de Manon s’accĂ©lĂ©ra. Avait-elle bien entendu ? Nasiha venait-elle de lui rĂ©pondre dans son sommeil ? De lui rĂ©pondre alors qu’elle n’avait rien formulĂ© Ă  voix haute ?

Elle dĂ©glutit. Que… ?

Manon secoua soudain la tĂŞte ; elle serra les poings jusqu’à ce que la douleur dans ses paumes oblige la peur Ă  s’éclipser. Non, non, non. Que lui prenait-il de paniquer de la sorte ? Nasiha rĂŞvait, voilĂ  tout ! Elle Ă©tait dans son monde, en compagnie de son amie imaginaire – qu’elle avait jusque-lĂ  dĂ©laissĂ© –, et avait parlĂ© dans la rĂ©alitĂ©. Oui, elle ne s’adressait pas Ă  elle, mais Ă  un personnage onirique.

… N’est-ce pas ?


Texte publié par Rose P. Katell, 25 novembre 2020
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/navigation.php on line 48
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
3335 histoires publiées
1461 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Xavier
LeConteur.fr 2013-2025 © Tous droits réservés