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Le cri des héllebores

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tome 1, Chapitre 52 « Le Mort-Vivant » tome 1, Chapitre 52

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Toute énergie quitta le corps de Cole en une vague de fourmillements. Cette solution, tant espérée, réduite à néant. Il cessa les tremblements involontaires de ses mains en les plaçant contre sa bouche. Dawn allait bien la veille au soir. Il ne pouvait que se rendre à l’évidence : il portait la maladie, quelle qu’elle fut. C’était de sa faute. A lui seul. Dawnie irait au mieux de sa forme si elle ne l’avait jamais rencontré. Monroe toute entière vivrait en rythme avec le train-train quotidien. Cole était le grain de sable dans la machine. Celui qui n’aurait pas dû exister. Le poison. La maladie. Celui qui avait, par ses choix, condamné tout le monde. Sauf Nours.

Il fronça les sourcils. Une donnée continuait à lui échapper. Son bourreau se tenait devant les consoles de sécurité. Il observait Dawnie. Le temps idéal pour le confronter. Jedefray détenait la clé du mystère et il était temps pour lui de la révéler.

Cole préféra rester assis. Plus facile de contenir les aigreurs d’estomac. Il replaça les pièces du puzzle dans sa tête. L’accident, son enterrement, sa résurrection…

— Comment t’as su que j’étais malade ? demanda-il conscient que la manière dont il allait poser chaque question désormais lui vaudrait des révélations inacceptables.

Jedefray avait passé un point de non-retour quand Cole avait rouvert les yeux. Quand l’un d’eux était resté dans l’autre monde. Dawnie avait raison : son oeil révulsé rappelait à Jedefray son rôle dans la mort de Cole. C’était donc par-là qu’avaient commencé les non-dits, les fuites et les tabous.

Un rictus de dégoût se forma sur les lèvres de Jedefray :

— Vraiment, Cole ? On va revenir sur ce sujet ? Ta mère est morte.

Il avait craché ces derniers mots, mais Cole ressentit son envie, viscérale, de le frapper plutôt que de lui répéter cette vérité. Malgré ses poings serrés, Cole répliqua, d’un ton qui se voulait calme :

— Je l’ai pas tuée.

Un coup d’oeil vers Sven et Cole expliqua, non sans une pointe d’amertume :

— C’était un accident.

Jedefray renâcla. Il se détourna et se dirigea vers sa machine à expressos :

— Il va me falloir un café supplémentaire pour l’avaler, celle-là !

Tandis que l’appareil vrillait les tympans au son du moteur, il reprit :

— Ce n’est pas tant sa mort en elle-même qui m’a mis la puce à l’oreille, mon chéri. Je suis encore capable de diagnostiquer un traumatisme crânien quand j’en vois un, je te remercie. Non, c’est ce qui s’est passé avant, qui interpelle.

Il agrippa sa tasse, perdu dans ses pensées, puis montra Dawn du doigt, de l’autre côté de la vitre :

— Tu vois cette jeune fille ? Ta mère était dans le même état quelques minutes avant sa mort. Bien sûr, j’ai fait des prélèvements avant de l’enterrer et j’en ai conclu qu’elle avait attrapé la rage.

— La rage ? s’écria Nours, stupéfait.

— Tu crois que l’gamin a la rage ? Et tu me l’as jamais dit ? s’insurgea Sven.

— Je te l’ai dit. Tu m’as répondu, je cite : “Pas possible, on contracte pas la rage en si peu de temps, tu te plantes”. Depuis, je garde mes conclusions pour moi.

— Vous êtes une blague de mauvais goût, tous les deux, les rabroua Calvin qui n’avait jamais été témoin d’aussi près d’une relation aussi toxique.

Cole fronça les sourcils. Il replaça ce que Dawnie lui avait expliqué quelques heures auparavant :

— La colère, c’est une émotion. Pas une maladie.

Jedefray leva les yeux au plafond et se tint contre le plan de travail à côté de lui.

— Bon sang, ce que tu me fatigues…

Voyant que le scientifique ne se donnerait pas la peine d’une définition, Calvin expliqua :

— On parle pas de cette rage-là, Cole. On parle d’une maladie virale. En général, c’est les animaux qui attrapent ça et la refile aux humains. C’est rare, par chez nous, ceci dit.

Jedefray crut le moment idéal pour imiter un bruit de tambour avec ses doigts et s’exclamer:

— Plus maintenant ! Notre patient zéro a quitté son nid et le virus a proliféré un peu partout. Quelle joie…

Cole lui lança un regard noir. C’était bien de la colère, sourde, profonde et violente, qui remontait le long de ses entrailles. Il voyait les veines saillir le long du cou dénudé de Jedefray. Sa transpiration puait l’arrogance. Il voulait lui enfoncer le bras dans le gosier. Lui faire ravaler son sarcasme. Ou lui arracher la tête et se peindre le visage de son sang juste après.

— C’est trop rapide, indiqua Nours. La période d’incubation d’un tel virus est de sept jours, pas trois heures !

Un sourire franc illumina les traits tirés de Jedefray :

— Enfin quelqu’un avec qui communiquer normalement.

Sven grogna, visé par cette attaque passive-aggressive. Le scientifique reprit :

— Ce n’est pas une rage disons… classique, à laquelle nous avons affaire ici. Sinon, il y a longtemps que Cole bâtifolerait dans Monroe sans tuer personne sur son passage.

Cole se redressa d’un geste vif :

— J’ai tué personne !

— La rage, ça finit par tuer, mon chéri. Où en étais-je ? Ah oui, une nouvelle forme virale.

Cole retomba lourdement sur son siège.

— Quand mon petit garçon est décédé, je n’avais plus qu’une obsession : utiliser cette intelligence que j’avais développé toutes ces années. On m’avait toujours dit que j’étais le meilleur. Que j’irai loin. Que mon cerveau aurait la capacité de cesser des guerres et changer le monde ! Alors, soit. Si j’étais aussi intelligent que mentionné, alors j’étais le seul capable de défier la mort.

Cole pencha la tête sur le côté, dubitatif. Jedefray croyait vraiment à son raisonnement ? C’était juste pour “ça” qu’on l’avait ramené à la vie ? Stimuler l’ego surdimensionné de ce fou à lier ? C’était quoi le but ? Prouver aux autres qu’ils avaient raison à son sujet ? Se prouver lui-même qu’il était en effet le plus intelligent du monde ? Cole avait donc été son cobaye dès la première heure. Il s’était servi de lui sans raison valable. Ce n’était pas pour “son fils” qu’il avait joué les apprentis sorciers, c’était pour lui. Rien que pour lui. Sans se soucier du sort du garçon et des dommages collatéraux qu’une telle situation pouvait engendrer. Lambda grogna.

— Et comment ça se concrétise, ça ? Défier la mort ? demanda Calvin tout aussi perplexe.

— En deux mots, hein, le gronda Sven, commence pas à nous pourrir avec tes grands mots à la con.

Jedefray plissa les yeux. Il réfléchissait et Cole pouvait imaginer le flot de ses pensées. Il voyait toujours ses veines saillantes. Plus encore, maintenant. Le réseau se dessinait sur son visage. Les autres ne semblaient pas perturbés. Peut-être un effet de la lumière chiche des lieux.

— Manipulation génétique, choisit Jedefray.

Cole secoua sa jambe, frénétique. Seul moyen pour contenir la colère — la rage ? — qui bourdonnait à ses oreilles et dans sa tête.

— C’t’à-dire ?

— Y connais-tu seulement quelque chose à la génétique, mon chéri ?

— Nan, mais tu vas m’apprendre ça comme si j’avais trois ans.

Le scientifique claqua la langue.

— J’ai horreur de vulgariser ce pourquoi je suis expert. Mais soit. J’imagine que tu ne me laisses pas le choix. Et que tu ne te contenteras pas de me faire confiance.

Cole lança un regard complice à Sven qui s’écria :

— Bingo ! T’as tout compris, frangin.

La relation entre Cole et Sven souleva un rictus au scientifique.

— Tu es mort clinique, Cole, il n’y avait aucun doute là-dessus. C’est sur la base de cette constatation que j’ai cherché une solution. Il fallait, à la fois, leurrer ton corps pour qu’il soit persuadé d’être vivant, qu’il soit capable d’accumuler de l’énergie et, surtout, que les lésions dûent à ton accident et à ta mort disparaissent.

Cole fit un effort de concentration, mais il se sentait déjà perdu dans l’exposé de Jedefray. Ce n’était que le début. Il s’accrocha :

— Plusieurs qualités définissent le vivant : le mouvement, la respiration, la sensation, le fait de grandir, la reproduction, la nutrition ou même l'extraction d'éléments organiques que le corps ne peut pas exploiter.

Le Mort-Vivant lança une oeillade à Sven qui avait déjà complètement décroché. Nours, les bras croisés, écoutait religieusement. Lambda bailla, aux pieds de son maître. Il relevait les oreilles par intermittence sans que son maître ne comprenne pourquoi. Il devait entendre des bruits particuliers. Les canins avaient cette particularité, après tout.

— Toi, étant décédé, tu n’avais plus rien de toutes ces qualités.

Cole esquissa un sourire, heureux d’avoir compris l’intégralité de la phrase. Jedefray posa sa tasse vide, il ouvrit un tiroir duquel il extirpa un petit tableau Velleda et un crayon. Il dessina ce qui ressemblait à la statuette exposée sur son bureau, à la maison.

—C’est l’A.D.N ! reconnut Cole. Hein, Sven ?

Celui-ci acquiesça, mais le scientifique pouffa de rire :

— Non, sûrement pas. C’est une séquence de l’ADN. Enfin, grossièrement représentée. Pour tout te dire, on séquence l’ADN, aussi appelé acide désoxyribonucléique, pour déterminer l’ordre d’enchaînement des nucléotides pour un fragment d’ADN donné.

Devant les airs dépassés et la mauvaise foi de Jedefray, Calvin tenta de vulgariser selon un souvenir de ses cours universitaires :

— Cole, tu vois ta peau ? C’est une structure hétérogène sur laquelle on retrouve des cellules. Je vais pas te les briser avec les différents types de cellules, retiens juste ça.

Cole passa les doigts sur le dos de sa main dans l’espoir d’apercevoir ces fameuses cellules. Il fronça les sourcils : est-ce qu’il avait toujours eu des veinules vertes aussi criardes à cet endroit ?

— Ces cellules … cherche pas, dis ! Elles sont invisibles à l'œil nu… Elles ont un noyau et dans ce noyau, tu trouves les chromosomes. Tu comprends ?

— Jusque là… Peau… Noyau… chromosomes.

Jedefray sourit. Il planta ses grands yeux marrons sur ceux de son frère :

— Tu vois ? C’est pas si difficile à percuter.

— Juste… ta gueule, en fait ! le rabroua Sven.

Jedefray s’amusa de la réaction de son frère qui grimaça, mal-à-l’aise. Calvin reprit son exposé sans s’émouvoir du sketch de Tic et Tac :

— Ton patrimoine génétique est porté par les chromosomes. Et l’ADN, qui porte nos chromosomes, se compose des gènes. Les gènes, c’est ce qui fait que… Cole Coldman… est Cole Coldman. Un gène, c’est une information spécifique qui va coder une protéine unique.

La migraine s’installa chez Cole, ses méninges chahutèrent pour garder le fil sans trop y parvenir. Il avait faim, mais voulait vomir. Il avait les nerfs, mais voulait se focaliser sur les explications qu’on lui lançait. Il était inquiet et, petit à petit, ses pensées se tournaient vers Dawn, malade à crever derrière la vitre qui donnait sur son ancienne chambre.

— La séquence d’ADN a une forme en double-hélice, reprit Jedefray qui tapota sur son ardoise Velleda pour capter le reste d’attention du blond. Ce n’est pas son nom, mais on la surnomme comme ça, pour faire simple. Entre les deux, tu trouveras les pairs de base. L’adénine (A) , la thymine (T), la cytosine (C) et la guanine (G).

Il ajouta les lettres mentionnées sur son dessin. Désormais subjugué par ses explications, il en oublia Cole, Lambda, Sven et Calvin. Ses propos devinrent plus rapides, plus complexes. La respiration haletante, il remarqua avoir perdue son assemblée lorsqu’il releva les yeux. Il transpirait. Le scientifique se racla la gorge avant de conclure, de manière plus simpliste :

— La succession de ces bases azotées forment l’information génétique. En gros, tout ce qui fait que tu es toi. Or, quand tu es décédé, mon pauvre amour, j’ai découvert des lésions apparues au niveau de l’ADN. Particulièrement au niveau du cerveau, puisque c’est là où tu as été touché.

Calvin sursauta, comme piqué par courant électrique. Il n’avait pas oublié la note, dans son bureau :

— Les lésions… ont un rapport avec le vieillissement… tu penses que l’ADN a un rapport avec la mort ?

Jedefray haussa un sourcil face au tutoiement de l’opportun. Quel rustre, celui-ci ! Il décida néanmoins d’y faire abstraction. Pas la peine de l’énerver pour le moment. Son fils était à la maison. Il ne fallait plus qu’il en sorte.

— Mieux que ça. Il a un rapport à la fois avec la mort, mais aussi avec la vie. Je devais recréer la vie. Il fallait juste que je répare ces lésions. Avec quelques pulsions électriques, la machine repartait, mais il me fallait un moyen pour ton corps de… se nourrir ! Sans quoi tu repartirais aussitôt dans l’au-delà.

Cole frissonna. Il s’attendit au pire. D’une voix blanche, il rétorqua :

— Putain, mais qu’est-ce-que tu m’as fait ? Comment t’as pu réparer les lésions d’un machin infiniment p’tit ?

Un sourire immense apparut sur le visage de Jedefray. Une lueur de joie intense dans les yeux.

— Je suis si heureux que tu me poses cette question ! Viens avec moi, je vais te montrer.

Il lui tendit la main. Cole sentit autre chose gronder au fond de lui. Ce n’était plus la colère. C’était la détermination.


Texte publié par Albane F. Richet, 28 novembre 2025
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