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Le cri des héllebores

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tome 1, Chapitre 54 « A la place de Jedefray » tome 1, Chapitre 54

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— Non,ça… ça ne fonctionne pas comme ça, murmura Jedefray pour lui-même tandis qu’il analysait la main de Calvin en la retournant dans tous les sens.

— Y semblerait qu’t’aies tort quelque part dans l’équation, Coldman, gronda le miraculé.

Jedefray rejeta la paluche, piqué au vif. Comment cet énergumène osait-il remettre en doute ses compétences. Son sang ne fit qu’un tour. Il n’en fallait pas plus pour découvrir la véritable nature de celui dont on avait toujours chanté les éloges :

— Jamais ! Vous ne savez pas de quoi vous parlez, Debroe ! Une licence de biologie ne fait pas de vous le plus compétent de cette pièce ! Non, non, je n’ai pas tort. Je sais comment gérer cette maladie. Ce n’est pas la plante, le problème. Ce n’est pas…

Il secoua la tête en tout sens, tituba de part et d’autres de sa chambre jusqu’à revenir dans la pièce de contrôle où les moniteurs avec leur bruit lourd de moteurs en action surveillaient toujours Dawn. Il se vautra dans son fauteuil, fit quelques clics sur l’ordinateur et l’imprimante émit son bruit caractéristique de papier avalé. Cole, Sven, Calvin et Lambda marchèrent dans ses pas et attendirent qu’il daigne enfin leur expliquer ses actions.

— Ce qui se passe à Monroe, ce qui se passe dans la chambre de Cole actuellement…

Il haletait. L’imprimante n’allait pas assez vite pour lui.

— … n’est pas lié à ta résurrection. Elle est liée au réveil du virus de la rage auparavant contenu dans ton ADN. Une fois modifié, le virus s’est… “débloqué”.

— C’est possible, ça ? demanda Sven.

— C’est plus compliqué que ça, mais… Allez, admettons, dit Calvin en l’encourageant à poursuivre.

Le scientifique ne se fit pas prier. Une fois la feuille sortie, il déclara :

— Les tests que j’ai effectué sur les Pan Panicus vont tous dans le même sens…

— Les quoi ? demanda Sven.

— Les singes, rappela Cole entre ses dents.

Il avait ressenti quelque chose de bizarre quand il avait dépassé la porte où ces pauvres animaux étaient maintenus en cage. Un vide. Un manque. Quelque chose d’inexplicable. D’angoissant.

— Ona des singes ? s’inquiéta Sven en fronçant les sourcils.

— Rah, mais tais-toi cinq minutes ! cria son frère, excédé. Donc, mes recherches. J’ai administré aux singes, si c’est plus clair pour vous, le virus de la rage afin de voir comment les soigner et, à postériori, soigner Cole.

Lambda grogna. Cole frissonna, il appréhendait la réponse à sa question :

— Tu les as rendu malade… exprès ?! Mais t’es complètement taré. Plus que je ne l’imaginais, en fait.

Jedefray, agacé, sautillait sur place :

— Il n’empêche que la méthode Milwhaukee est la seule qui ait fait ses preuves.

Devant les airs insistants, il consentit Ă  expliquer, en de termes simples :

— J’endors le sujet. Je le plonge dans le coma. Le virus est moins agressif. Plus lent. Le système immunitaire a le temps de le combattre. Il en vient à bout et je réveille le patient.

Sven, dans un excès de colère, envoya valser une pile de dossiers :

— Genre, c’est tout ?! C’est juste ça que t’étais pas foutu de nous expliquer ? Le gamin a cru que tu voulais le tuer, putain ! C’est pour ça qu’il s’est barré !

Jedefray hocha la tête, conscient d’un léger manque de discernement :

— Il n’est pas trop tard. C’est 50-50, ceci dit. Je suis prêt à utiliser cette méthode sur la fille pour m’assurer qu’elle a un taux de réussite identique ou supérieur chez l’être humain.

Cole l’attrapa par le col de sa blouse :

— Tu parles pas d’elle comme d’un cobaye.

— Regarde-là, Cole ! s’insurgea Jedefray qui amena le jeune homme à la vitre.

Dawn s’était allongée dans le canapé. Les yeux dans le vide. Elle tremblait. Elle suffoquait.

— Elle va mourir. C’est une question d’heure. Peut-être de minute. C’est maintenant où jamais.

Jedefray prit une profonde inspiration avant d’ajouter :

— Je ne lui ferais rien sans ton autorisation. Je te laisse y réfléchir.

Cole se retrouvait dans la situation qui l’effrayait. C’était à lui de prendre la décision. Comme Jedefray pour lui, quinze ans plus tôt. C’était Cole, désormais, qui se trouvait de l’autre côté de la vitre. Avec les mêmes dilemmes. Les mêmes attentes. Les mêmes besoins.


Texte publié par Albane F. Richet, 30 novembre 2025
© tous droits réservés.
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