— Ça va, grande ? demanda Sven quand Dawn vint trouver refuge dans les bras de son prince après ce sommeil qui lui avait paru durer mille ans.
Elle parvint à expulser un “mieux” enroué, les yeux encore dans le vague, une profonde lassitude dans ses gestes. Elle voulut prendre l’air.
— J’vous accompagne, déclara Calvin qui passa la porte le premier.
Cole et Dawn marchèrent dans ses pas. Sven allait suivre le mouvement quand Lambda s’assit devant la sortie qui se referma dans son dos.
— Beh ! Laisse-moi passer, le toutou !
La surprise marqua les traits de Sven qui cacha autant que possible la pointe de frayeur contre ses côtes. L’homme se cala sur le bras du canapé et, bras croisés, demanda :
— Pourquoi tu me laisses pas sortir ? J’t’ai toujours sorti, moi !
Lambda resta impassible. Sven avait souvent remarqué la capacité de l’animal à le comprendre. Ou, du moins, faire semblant. Il était intelligent. Sûrement plus que la moyenne. Faut dire que c’était pas n’importe quel chien, qu’il avait offert à son neveu. Enfin, son fils, quoique le mot refusait d’entrer dans son crâne. C’était bizarre. C’était pas acté par le reste de la famille. Encore moins le garçon en question. Et puis, ça lui allait bien, d’être tonton Sven. Quand même, fallait bien avouer qu’il y était attaché plus que de raison, à ce gamin là.
Il avait espéré que la vue du Colley débloque la mémoire de Cole. Lui rappelle des souvenirs du soir tragique où on l’avait percuté. Juste parce qu’il avait suivi le “beau chien”. Il était si jeune, à l’époque, cet animal. Maintenant, c’était un p’tit vieux, mais avec toujours l’esprit fougueux du chiot qu’il avait été.
— C’est Jedefray qui t’a ramené à la vie, tu sais ? Il allait pas commencer par le gamin… Il a fait des tests sur animaux avant. J’y suis pour rien. Je crois.
Il ne savait plus. Il savait qu’il avait un rôle à jouer dans tout ce merdier, mais il avait toujours essuyé les plâtres plus qu’autre chose. L’idée fusa, tout à coup :
— Mais donc… Ça veut dire que t’es à moitié plante, toi aussi ?
Il s’attendait presque à une réponse du chien. Celui-ci resta coi. Quoique… Ce mouvement de patte… C’était pour lui indiquer qu’il avait raison ? Les mots de Cole lui revinrent : “Nours, si on a cette… connexion bizarre entre nous, c’est parce qu’on a cette capacité à communiquer comme les plantes”. P’tin, c’était chaud !
— Tu entends les pensées de ton maître alors ? Un truc comme ça ?
Lambda secoua la queue. Sven se sentit moins stupide, tout à coup. Un éclair de lucidité le traversa alors. Les vingt-quatre heures malade à crever lorsqu’on l’avait confiné après son vaccin contre la rage. Ses discussions avec Lambda. Cette impression constante d’être fusionnel de Cole tout en étant victime du scientifique. Sven et Jedefray avaient tout deux été malades à un moment donné, peu de temps après le réveil de Cole. Pas longtemps. Assez pour faire porter le chapeau au vaccin.
— Je suis… comme vous ?
Il sursauta quand Lambda hocha la tête. Le Colley se déplaça. Sven avait compris. Il pouvait sortir. Dans le couloir, il ressentit une profonde mélancolie. Puis, un soulagement certain. Ce n’était pas ses émotions. Ça venait de la pièce de contrôle. Ou d’un peu plus loin. Jedefray devait faire la paix avec lui-même. Le rejoindre ? Retrouver Cole ? Auparavant, il n’aurait jamais su prendre la décision. Cette fois, il prit à droite et se promit de mettre son manteau avant d’arriver sur le parking. Les températures étaient encore fraîches, en cette saison.

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