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Le tableau

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Le tableau

© Rose P. Katell (tous droits réservés)

Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes de l’article L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Plus que visible, l’église du village se tient enfin en face d’elle.

Un soupir soulagĂ© Ă©chappe Ă  Maeva ; elle n’a croisĂ© personne et les rares curieux qui l’ont aperçue en train de dĂ©ambuler dans la rue Ă  travers l’une ou l’autre fenĂŞtre ne sont pas en mesure de l’identifier, merci la noirceur de la nuit ! Si la mauvaise idĂ©e de se rĂ©veiller et d’ouvrir la porte de sa chambre ne vient pas Ă  sa mère durant les prochaines heures, sa petite escapade ne sera jamais dĂ©couverte. Comme les prĂ©cĂ©dentes.

EngoncĂ©e dans son manteau pour se protĂ©ger du froid de fĂ©vrier, Maeva esquisse un sourire impatient, puis se dirige sur la droite de l’édifice religieux, vers son cimetière et, surtout, vers le banc derrière lequel elle a pris l’habitude de s’accroupir – parfait poste d’observation la laissant Ă  l’abri des indiscrets. Elle s’y installe le plus confortablement possible, dĂ©lie ses muscles tendus par l’idĂ©e d’être attrapĂ©e Ă  faire le mur. Une moue satisfaite se plaque ensuite sur son visage d’adolescente, il ne lui reste plus qu’à attendre et Ă  tout oublier le temps du « tableau » qu’elle chĂ©rit depuis maintenant plusieurs mois, pour lequel elle se risque Ă  mettre le nez dehors si tard. Son espoir – elle aime l’appeler ainsi. Sa bouffĂ©e d’ondes positives dans un monde oĂą le pessimisme et le fatalisme sont monnaie courante.

Tandis qu’elle souffle dans ses mains afin de désengourdir ses doigts, son regard se pose déjà sur l’une des nombreuses tombes du lieu, dont elle connaît le nom gravé sur la pierre par cœur.

Octavie Lebrun.

C’est pour bientôt, Maeva le devine – ça survient toujours à la même heure. L’envie d’attraper son portable et de le déverrouiller la tenaille, impétueuse, mais la peur de manquer le début du spectacle, plus forte, l’en empêche.

Et sa patience paie. L’air autour de la sĂ©pulture miroite, forme une masse brumeuse. Son cĹ“ur se rĂ©chauffe aussitĂ´t Ă  l’idĂ©e de ce qu’il va advenir ; contrairement Ă  la première fois oĂą elle a Ă©tĂ© tĂ©moin du phĂ©nomène, nulle crainte ne l’habite.

Ladite masse s’affine, devient silhouette. Alors que la tempĂ©rature baisse d’un ou deux degrĂ©s dans tout le pĂ©rimètre, elle gagne l’apparence d’une jeune femme d’une Ă©poque rĂ©volue… ÉthĂ©rĂ©e, presque translucide, celle-ci possède une beautĂ© qui lui est propre et qui subjugue Maeva. Oh, son physique est quelconque, voire commun ; nĂ©anmoins, son maintien altier et ses traits submergĂ©s par la vive Ă©motion de l’espĂ©rance la rendent remarquable. Divine. Un sentiment encore renforcĂ© par sa robe, dĂ©licate crĂ©ation aujourd’hui dĂ©modĂ©e. Maeva retient sa respiration par automatisme : elle l’imagine capable de la chasser.

Avec lenteur, Octavie dĂ©taille son « corps » et l’emplacement rĂ©el de ce dernier ; son expression donne l’impression qu’elle est aussi Ă©tonnĂ©e que reconnaissante de s’être matĂ©rialisĂ©e une nuit de plus. Après quoi, ses yeux se portent vers l’entrĂ©e du terrain consacrĂ©, y traquent quelque chose qui n’y est pas, puis s’imprègnent d’une mĂ©lancolie si grande qu’elle envahit jusqu’à sa posture.

Immobile malgrĂ© les protestations de ses cuisses, Maeva se gorge de ses Ă©motions – depuis qu’elle a dĂ©couvert la suite du « tableau », elles ont acquis une signification particulière et elle les estime pour leur puretĂ©, leur noblesse.

Un battement de cils, et Octavie marche vers le chemin de pierraille menant à l’église d’une démarche fébrile, implorante. Maeva attend qu’elle pénètre à l’intérieur pour se relever, progresse vers une fenêtre étroite mais longue. Là, elle continue de l’espionner.

Octavie avance dans l’allĂ©e centrale, l’attention rivĂ©e sur l’imposante croix visible dans le fond ; elle ne s’arrĂŞte qu’à hauteur des premiers bancs. Un frisson d’excitation Ă©branle Maeva devant l’imminence de « son espoir » pendant qu’elle s’assoit, joint ses paumes et entame une prière les paupières closes. Lire sur ses lèvres est faisable, pourtant l’adolescence ne s’y emploie pas, car la supplique est ancrĂ©e en elle.

Les secondes s’écoulent, se transforment en minutes de plus en plus longues. Le froid se montre mordant et arrache des frémissements à son corps. Cependant, la possibilité de rentrer se réchauffer ne l’effleure pas. Elle sait qu’elle ne sera pas déçue, que l’évènement auquel Octavie aspire se produira derechef. Et elle ne désire que ça.

Miracle ! Le moment arrive. Octavie penche sa tĂŞte en avant et se redresse sur ses jambes, prĂŞte Ă  rejoindre l’extĂ©rieur. Le rythme cardiaque de Maeva s’accĂ©lère. Furtive telle une ombre, elle se dĂ©place jusqu’à ĂŞtre en mesure de distinguer le parvis de l’édifice sans ĂŞtre visible elle-mĂŞme ; un large sourire Ă©tire ses lèvres en avisant la brume qui se manifeste dĂ©jĂ  sur les marches du perron. Il est lĂ , amenĂ© sur place par les vĹ“ux d’Octavie.

Lorsque cette dernière franchit les portes, la brume est devenue homme, un profil longiligne et harmonieux. Maeva n’a pas le temps de prendre une inspiration qu’ils fondent dans les bras l’un de l’autre, Ă©mus aux larmes. Leur Ă©treinte est si intense ! Elle en a des papillons dans le ventre et ses muscles se relâchent d’un coup, comme si plus aucun poids ne pesait sur ses Ă©paules, comme si plus rien ne l’atteignait. La communion prĂ©sente entre ce couple est indĂ©finissable ; elle transpire la complicitĂ©, la joie, la sincĂ©ritĂ©.

À voir ces deux êtres que même la mort n’a réussi à séparer, qui se retrouvent malgré le fait d’être enterré à part, toutes ses convictions pessimistes, offertes par la vie qui l’entoure au quotidien, s’évanouissent, remplacées par l’unique certitude qui importe.

Oui, l’amour véritable existe. Oui, il peut être beau, grand, sans drame ou face cachée.

Plus que tout, Maeva peut continuer à croire en lui, à l’espérer.


Texte publié par Rose P. Katell, 19 mars 2022
© tous droits réservés.
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