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Le taxidermiste

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tome 1, Chapitre 10 tome 1, Chapitre 10

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Non loin de la mairie se trouvait une pizzeria. Ils dĂ©cidèrent d’y aller pour se restaurer et faire le point sur le dossier. Ils s’installèrent en terrasse, pour profiter du soleil. Sarah sortit le dossier de son attachĂ©-case, et le posa sur la table. Il contenait les rĂ©sultats d’analyse du laboratoire, les fiches de disparition et la photo qu’ils avaient faite Ă  partir des images de vidĂ©osurveillance. Ils devaient remettre les informations dans l’ordre, Ă  la manière d’un puzzle. Le docteur Enrickson leur avait dit que les ossements pouvaient correspondre aux deux premières victimes, ce qui voulait dire que, soit la troisième victime Ă©tait toujours vivante, soit qu’il ne s’était pas encore dĂ©barrassĂ© de ses restes. Ă€ ce stade de l’enquĂŞte, ils n’avaient qu’une certitude : il recherchait un homme. La première disparition remontait Ă  huit jours et la dernière Ă  quatre jours. Les restes avaient Ă©tĂ© trouvĂ©s la veille par le chien d’un promeneur, ce qui signifiait que le tueur s’en Ă©tait dĂ©barrassĂ© quelques jours auparavant, voire mĂŞme la veille de la tornade, Ă©tant donnĂ© qu’il se promenait dans le parc tous les jours et qu’il ne les avait pas trouvĂ©s avant. On pouvait donc supposer qu’il avait tuĂ© deux femmes en moins de quatre jours, soit une femme tous les deux jours. S’il Ă©tait aussi prolifique, il se pouvait mĂŞme que la quatrième disparue soit dĂ©jĂ  morte, et qu’il ait une nouvelle victime en vue. « Ce couvre-feu n’était peut-ĂŞtre pas une mauvaise chose après tout », se dit Sarah. Elle l’imaginait mal traquer et kidnapper sa proie en plein jour. Surtout que les images de vidĂ©osurveillance laissaient supposer qu’il chassait de nuit. Elle regarda la photo et frissonna.

— On va devoir retourner faire du porte-Ă -porte, tu crois ? demanda soudain Thomas.

— Aucune idée. Mais il faut montrer cette photo à un maximum de personnes. On pourrait demander aux chaînes locales et aux journaux de la diffuser, par exemple.

— Bonne idée. Faisons aussi circuler les photos des disparues. Maintenant que tout le monde sait qu’il y a un tueur en liberté… J’irai au Wichita Eagle tout à l’heure et tu n’auras qu’à te rendre au Kake.

— Ça veut dire quoi Kake ?

— C’est comme ça qu’ils appellent leur station de télévision locale. Ils diffusent sur le canal 10.

— Et tu le sais, parce que ? lui demanda-t-elle, suspicieuse.

— Parce que je n’arrivais pas à dormir la nuit dernière et qu’en zappant, je suis tombé sur cette chaîne. Il diffusait un reportage sur les tueurs en série, justement.

— Qu’est-ce que tu crois qu’il fait des corps avant de les dissoudre ? demanda-t-elle, songeuse. S’il voulait juste les tuer, il ne prendrait pas la peine de les kidnapper. Il les tuerait simplement. J’ai du mal Ă  cerner son profil.

— Tu as demandĂ© aux profilers qui bossent pour le dĂ©partement ? Ils doivent avoir l’habitude des tordus, eux.

— J’y ai songé, mais je n’ai pas encore eu le temps de les contacter. Je dois aussi prendre rendez-vous avec le docteur Caitlin.

— La psychologue ? demanda-t-il, inquiet. C’est encore tes cauchemars ?

— C’est plus que des cauchemars, je le sens. C’est lié à mon enfance. Et quand j’en parle à ma mère, elle se ferme comme une huître.

— Je serais toi, je me dépêcherais de savoir ce qui cloche. Il ne faudrait pas que l’enquête en pâtisse.

— T’inquiètes, j’ai aussi envie que toi de coincer ce fumier.

***

Joseph décida qu’il était temps d’avoir une discussion avec sa captive. Il n’avait jamais eu de relation aussi longue avec une femme. En général, il la kidnappait, il la tuait dans la foulée, puis la rendait immortelle. Depuis quatre jours qu’elle était là, il ne lui avait parlé pour ainsi dire, qu’une seule fois, lorsqu’elle s’était réveillée dans la cage. Il avait peur pour son image. Il ne voulait pas qu’elle le trouve grossier, lui qui aimait tellement les jolies femmes. Il prépara quelques sandwichs, puis monta les lui apporter. Il frappa à la porte et cette fois, attendit qu’elle réponde. Elle lui dit d’entrer, ce qu’il fit et posa son plateau devant elle. Il prit une chaise dans le couloir et alla s’installer dans un coin de la chambre pour pouvoir discuter pendant qu’elle déjeunait.

— Bon appĂ©tit ! commença-t-il. Voyant qu’elle ne rĂ©pondait pas, il continua. Nous sommes partis du mauvais pied, toi et moi. Je peux te tutoyer maintenant, n’est-ce pas ? J’ai conscience que tu as dĂ» avoir un choc en voyant ce que je faisais dans mon atelier.

Elle leva la tĂŞte pour le regarder rapidement, puis retourna Ă  son sandwich.

— Mon père a fait la mĂŞme tĂŞte quand il a dĂ©couvert les expĂ©riences que je menais dans la cabane. Et il a très mal rĂ©agi. J’ai commencĂ© avec mon chien, mais ça n’a pas marchĂ©. Tu vois, tout ce qui m’intĂ©ressait, c’était de garder, de conserver un souvenir de lui. Et puis, au fur et Ă  mesure de mes expĂ©riences, je suis tombĂ© dans la fascination. Comment un animal mort pouvait avoir l’air aussi vivant ? Lors de ma visite dans un musĂ©e d’histoire naturelle, j’étais allĂ© voir la « galerie des animaux disparus ». Il y avait des spĂ©cimens rares, qui n’existaient plus, mais qui Ă©taient naturalisĂ©s Ă  la perfection. Je me suis dit que c’était une bonne façon de devenir immortel. Plus vivant dĂ©sormais, plus vraiment mort, situĂ© dans un entre-deux Ă  la fois mouvant et immobile. Bref, je m’égare. Donc, je te disais que mon père n’avait pas très bien rĂ©agi lorsqu’il avait dĂ©couvert mon travail. C’était un mercredi après-midi, il faisait beau. Mon père a dĂ©cidĂ© de faire un peu de jardinage, alors qu’il ne le faisait jamais, et en creusant dans le parterre pour y planter des fleurs, il est tombĂ© sur mes sujets, ou ce qu’il en restait. Il a commencĂ© Ă  crier mon nom. Moi, j’étais dans la cabane, mais j’étais tellement concentrĂ©, que je ne l’ai pas entendu. Il savait que c’était lĂ  que je passais mes après-midi, et c’est donc tout naturellement qu’il a dĂ©boulĂ© sans crier gare. La porte s’est ouverte avec fracas, je me suis retournĂ©, et j’ai vu son regard. Il avait le teint pâle, les yeux grands ouverts, et il a commencĂ© Ă  trembler. Il est restĂ© comme ça quelques minutes, dans un silence pesant, puis il a mis sa main devant la bouche, et il est sorti vomir dehors. Moi, j’étais lĂ , debout, Ă  attendre qu’il revienne. En regardant autour de moi, j’ai compris pourquoi il avait rĂ©agi de cette manière. Tu vois, je ne m’en rendais plus compte parce que j’avais l’habitude, mais pour un novice, ça avait quelque chose d’effrayant. Les crĂ©atures que j’avais rĂ©ussi Ă  naturaliser Ă©taient clouĂ©es sur le mur, le sol Ă©tait recouvert Ă  la fois de sang sĂ©chĂ© et encore humide. Les gens ne se rendent pas compte Ă  quel point c’est difficile de nettoyer de telles taches, dit-il avec un air dĂ©tachĂ©. Un animal Ă©corchĂ© se tenait devant moi, sur la table, sanguinolent, ses chairs reposant dans un seau posĂ© Ă  cĂ´tĂ© de lui. J’avais les mains recouvertes de sang et je ne te parle mĂŞme pas de l’odeur. Dans un coin de la pièce, j’avais amĂ©nagĂ© deux grands bacs : un pour le bain de tannage et un pour celui de rinçage. Enfin, pendu sur un fil, il y avait des peaux qui sĂ©chaient, laissant tomber quelques gouttes d’eau mĂŞlĂ©e de sang. Une vraie boucherie en somme, continua-t-il, fier de lui.

Il la regarda finir de manger, déçu qu’elle n’ait pas réagi à sa plaisanterie. Sentant son regard sur elle, elle leva de nouveau la tête. Si elle ne voulait pas d’ennuis, il fallait qu’elle fasse au moins semblant de s’intéresser à son histoire.

— Et donc, commença-t-elle d’un air faussement enthousiaste. Qu’est-ce qui s’est passĂ© ? Votre père est revenu ?

— Oui, il est revenu, dit-il d’un air las. Et il Ă©tait très fâchĂ©. Son air de dĂ©goĂ»t Ă©tait passĂ© et il Ă©tait maintenant rouge de colère. Il m’a empoignĂ© par le bras, m’a fait sortir de la cabane, et m’a poussĂ© contre le mur. Il m’a mis une gifle, que j’ai senti passer. « Qu’est-ce que c’est que ça ? » qu’il a commencĂ© Ă  crier. « T’es un grand malade, il faut te faire soigner ! Je veux que tu me dĂ©barrasses de tout ce bordel avant que ta mère ne rentre. » Je le regardai sans vraiment le voir. En fait, dans ma tĂŞte, je m’imaginais qu’il n’était pas lĂ , non, qu’il n’était plus lĂ . J’avais enfin trouvĂ© une passion, une raison d’être et lui, il voulait me l’enlever ? Il a continuĂ© Ă  hurler : « je vais appeler le docteur Henderson, il saura quoi faire de toi. Tu es bon Ă  ĂŞtre enfermĂ©. Tu es une honte pour la famille. Et ces pauvres animaux, comment tu as pu leur faire ça ? ». J’étais terrifiĂ©. Mon père allait le dire Ă  tout le monde, j’allai ĂŞtre la risĂ©e de la ville, le bizarre, la curiositĂ©. Et puis, une idĂ©e m’est venue. Mon père gesticulait dans le jardin, faisait de grands gestes, mais ne faisait plus attention Ă  moi. Il Ă©tait parti dans un grand monologue et semblait ne plus pouvoir s’arrĂŞter. J’ai essayĂ© d’en placer une, de lui expliquer que ce n’était pas si terrible, que les animaux Ă©taient morts avant que je les trouve, que ce n’était qu’une expĂ©rience d’enfant. Mais il ne m’écoutait pas. Alors, j’ai voulu le faire taire. Pour qu’il m’écoute, tu vois. Pour lui faire comprendre que j’avais trouvĂ© ma voie, dit-il avant de faire une pause.

À présent, elle était tout ouïe. Elle ne manquait pas une miette de son récit sordide, retenant même sa respiration.

— Il y avait une grosse pierre qui traĂ®nait près de ma cabane. Elle Ă©tait lĂ , toute proche. Il suffisait que je me baisse pour la saisir. Ça aurait Ă©tĂ© tellement facile. J’aurais pu en finir ce jour-lĂ . Mais il m’avait Ă©nervĂ©. Son ton de reproche, son regard de dĂ©goĂ»t posĂ© sur moi. Pour lui, je n’étais qu’un monstre, un ĂŞtre dĂ©nuĂ© de sentiments. Et j’avais envie qu’il paye pour ça. Oh oui, j’en avais très envie. J’ai donc reportĂ© mon attention sur lui. Il ne monologuait plus. Il m’a regardĂ© une dernière fois, ajouta « commence Ă  ranger, je ne veux plus rien voir dans une heure » et s’est dirigĂ© vers la maison. J’entendais ma petite sĹ“ur qui pleurait. SĂ»rement ses hurlements qui l’avaient rĂ©veillĂ©. Tout le voisinage avait entendu. Et pour cette humiliation, il allait souffrir. Dieu m’en fut tĂ©moin ce jour-lĂ , il n’allait pas s’en sortir aussi facilement. Il avait rĂ©veillĂ© quelque chose en moi. Quelque chose que je ne soupçonnais mĂŞme pas. Quelque chose de mauvais.

Un frisson la parcourut. L’homme qu’elle avait devant elle était dangereux. Il valait mieux faire profil bas, le temps qu’il baisse sa garde. Il se leva, laissant son récit en suspens. Il ramassa le plateau, lui sourit et sortit. Il retourna dans son atelier pour continuer son travail.

***

Le Wichita Eagle se trouvait sur Douglas Avenue, non loin du Vagabond Cafe. En ce début d’après-midi, il régnait une certaine effervescence au journal. Les journalistes s’affairaient devant leur ordinateur pour écrire les articles qui paraîtraient le lendemain. Thomas se dirigea vers l’accueil et demanda à voir un responsable. La secrétaire l’appela dans son interphone et celui-ci vint à sa rencontre. Thomas lui expliqua ce qu’il attendait de lui et l’homme accepta sans rechigner.

— Vous savez, c’est un peu grâce à nous que Dennis Rader a été arrêté. Il ne faisait plus parler de lui depuis 1979. Mais sans savoir pourquoi, peut-être le manque de notoriété, il nous a envoyé une lettre en 2005, où il revendiquait un nouveau meurtre, celui d’une jeune femme tuée en 1986. L’ADN contenu sur la lettre a permis à la police de l’arrêter. Peut-être qu’une photo de lui dans le journal incitera votre tueur à sortir de l’ombre.

— C’est ce que nous espérons aussi. Merci. Je vous laisse. J’ai une enquête à mener.

— Oui, et moi, j’ai des photos à imprimer en première page.

Il sortit du journal et retourna à l’hôtel, le temps que Sarah revienne du Kake.

***

La chaîne d’information Kake News se trouvait au premier étage d’un immeuble composé de plusieurs bureaux. Arrivée à l’accueil, Sarah expliqua sa requête à la secrétaire, qui lui dit d’aller voir le directeur de la chaîne. Celui-ci se trouvait probablement à la machine à café, comme tous les jours à cette heure-là. Après avoir demandé son chemin, elle trouva non sans mal l’endroit où il se trouvait.

— Bonjour. Sarah Miller, KBI. J’enquête sur les meurtres qui ont eu lieu il y a quelques jours. Ceux dont on a retrouvé les ossements.

— Ah oui, triste histoire. Comme si un tueur en sĂ©rie ne suffisait pas. Je ne sais pas ce qu’ils ont tous avec notre ville. Ed Morton, directeur en chef de la chaĂ®ne, lui dit-il en lui serrant la main. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?

— J’aimerais que vous diffusiez la photo du tueur. Enfin, on n’a pas son visage, que son allure. Mais peut-être que quelqu’un reconnaîtra son accoutrement, lui expliqua-t-elle en lui montrant la photo.

— Oui, peut-ĂŞtre. En tout cas, Ă  moi il ne me dit rien, rĂ©pondit-il après l’avoir longuement regardĂ©e. Je ferais passer sa photo dans l’émission du matin « Bonjour Kansas ». C’est une heure de grande Ă©coute.

— Merci. J’espère qu’on pourra le coincer rapidement, lui dit-elle avant de tourner les talons pour partir.

— Oui, moi aussi.

Elle quitta l’immeuble et regarda sa montre. Il était quinze heures. Elle rentra à l’hôtel.


Texte publié par AmĂ©lie B, 20 fĂ©vrier 2023
© tous droits réservés.
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