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Les Échos Oubliés

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tome 1, Chapitre 27 « Lirennia » tome 1, Chapitre 27

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Je n'avais pas dormi la veille et avait enchaîné ma nuit de service sans ressentir une seule fois la fatigue. Alors que je patientai devant la porte grande ouverte du wagon du personnel, une petite demi-heure après notre arrivée en gare de Lirennia, j'étais plus en forme que jamais. Tout du moins, physiquement ; mentalement, c'était un capharnaüm. Dans ma tête, des dizaines de scénarios différents se tissaient afin de me montrer l'inévitable sans jamais me laisser une once d'espoir. Le départ de Lena était imminent et même s'il nous restait quelques heures, voire quelques jours ensemble, le temps des négociations avec la famille impériale — sa famille — je ne pouvais m'empêcher de penser déjà à l'après.

À l'absence.

Je remis mon col pour la trentième fois au moins et baissai les yeux, de nouveau, sur ma montre. À peine vingt minutes avant l'arrêt total du Voyageur des Horizons au terminus de son périple à travers le monde, Lena m'avait envoyé un message, m'indiquant qu'une réponse du palais impérial lui avait été envoyée. Elle avait une entrevue avec l'impératrice, désireuse de la voir au plus vite, sur les coups de 10h30. Elle avait tant insisté pour que je ne l'assiste pas dans ses discussions avec les dirigeants d'Ignisoria que je n'avais pu cacher ma surprise lorsqu'elle m'avait demandé de venir avec elle à Lirennia. Incapable de refuser de passer plus de temps en sa compagnie, j'étais prêt bien trop en avance, tapant du pied devant la porte, le cœur battant d'angoisse.

— Assieds-toi et détends-toi, tu me stresses.

Dans mon dos, Ingrid était installée dans le canapé, prête à sortir également. Je suivis son conseil, mais ma jambe ne semblait pas prête à se calmer. Elle tressautait sans cesse, sans que je puisse la restreindre, et ne m'aidait pas à apaiser mon inquiétude. Je poussai un soupir en faisant reposer mon dos contre le dossier confortable du fauteuil et mon regard balaya le plafond. J'analysai les boiseries pour calmer mon mental et remarquai qu'à certains endroits, surtout autour des spots lumineux, le vernis commençait à cloquer.

— Vous êtes déjà prêts ?

Je sursautai quand Lena passa la porte du wagon et me levai d'un bond pour l'accueillir. Mon sourire devait paraître bien fade, car elle s'enquit aussitôt de mon état et je la rassurai d'un simple : « t'en fais pas pour moi » qui ne la convainquit pas.

— C'est quoi le programme ? demanda Ingrid en se levant à son tour.

— Nous avons une bonne heure devant nous avant mon rendez-vous avec l'impératrice et j'ai absolument besoin d'une nouvelle tenue.

— Une nouvelle tenue ?

Elle écarta les pans de son grand manteau pour me montrer ses vêtements. Pour moi, ils étaient tout ce qu'il y avait de plus classique et neutre. Si cela ne me choqua pas qu'elle rencontre l'impératrice ainsi, ce ne fut pas le cas d'Ingrid qui approuva la demande de Lena.

— Il te faut quelque chose d'un peu plus habillé. Un chemisier, au moins.

— J'ai aussi lu, pendant mes recherches, qu'il me faudrait porter du bleu ciel. Pas de bleu roi, qui est la couleur de la famille impériale. Ni de doré, plutôt de l'argenté.

Ingrid acquiesça et me dépassa pour ouvrir la porte du wagon. Dehors, l'odeur de la pluie hivernale imprégnait le quai. Je sortis à la suite de mes deux amies et les entendit parler entre elles des meilleures matières textiles sur le marché. Un sourire aux lèvres, je songeai qu'au début du voyage, Lena et Ingrid ne s'entendaient pas. J'étais heureux et rassuré que ce ne fut plus le cas.

La gare de Lirennia avait beau être grande, elle était loin d'être la plus belle sur le trajet du Voyageur des Horizons. Première gare au monde après la Tempête Planétaire, elle avait été construite à partir de plans anciens. Elle avait un certain charme, c'était indéniable, et s'inspirait des architectures qui mêlaient la pierre blanche aux structures métalliques imposantes. Nous accédions au hall depuis les quais par de grandes voûtes taillées dans le calcaire. La galerie était lumineuse, même sous la pluie : le toit en bois était divisé en deux parties et, en son centre, de la tôle transparente laissait passer la lumière du jour. Des dizaines de boutiques s'étalaient de chaque côté de l'allée qui nous permettait de quitter la gare et je voyais les yeux de Lena les regarder, une par une. Je me penchai alors vers elle :

— Je te déconseille de faire des achats ici, les prix sont exorbitants.

Elle acquiesça, parut déçue, mais poursuivit sa route, suivant Ingrid de près, elle qui semblait savoir exactement où aller. Dans la rue, le bruit m'assaillit aussitôt. Ici, il y avait foule, sans doute parce que l'arrive du tram était imminente.

— Nous prendrons le prochain, annonça Ingrid en regardant l'heure à laquelle le prochain en question devait arriver.

Je n'étais pas mécontent de cette décision quand des dizaines de passants s'engouffrèrent dans les wagons, serrés les uns entre les autres. Quand, cinq minutes plus tard, le suivant ouvrit ses portes, nous avions tout l'espace nécessaire pour respirer librement. Ingrid passa son badge de la compagnie à la borne et j'en fis de même, deux fois — une pour Lena et une pour moi. L'avantage de travailler pour En Avant Terre, propriétaire de l'ensemble du réseau de transports d'Ignisoria, était de pouvoir utiliser les moyens mis à disposition à moindre coût.

— Nous nous arrêtons à l'arrêt Palais, indiqua Ingrid en montrant du doigt l'itinéraire imprimé au-dessus de la porte. Je connais un coin où tu pourras faire les boutiques sans te ruiner.

Lena la remercia. Nous avions une quinzaine de minutes de trajet et j'en profitai pour observer la ville à travers la fenêtre. Je n'avais jamais été fan de Lirennia, sans doute, car j'y avais vécu une partie de mon adolescence comme serveur dans un café, proche de la gare. J'alternai entre mes études d'agent d'accueil et ce job épuisant, cachant la vérité à ma grand-mère. Je retins une grimace en songeant qu'elle n'avait jamais su que l'argent qu'elle m'avait donné pour mes études avait rapidement été lapidé dans des achats impulsifs. Des vêtements, des meubles, des livres... J'avais été forcé de trouver rapidement un petit boulot à côté si je voulais être diplômé et travailler pour En Avant Terre.

Le tramway passa devant l'Institut qui m'avait accueilli pendant trois ans. Encouragé par ma grand-mère qui souhaitait me voir intégrer le train qui avait embelli sa fin de carrière, j'avais été fier d'y recevoir mon diplôme, obtenu haut la main à force d'acharnement, de travail et de nuits blanches. J'avais rendu fière Alsya Skolov, première cuisinière de renom du Voyageur des Horizons. Mes parents, eux, m'avaient félicité à demi-mots. Mais je ne leur en voulais pas — je ne leur en voulais plus. Ils avaient fait de leur mieux, je crois.

L'arrêt Palais signa la fin de mon retour dans le passé et nous sortions dans la rue balayée par un vent glacial. Ingrid observa autour d'elle et quand le tram repartit, elle nous fit traverser les voies en direction du palais impérial, à seulement quelques dizaines de mètres de là. Le bas du visage enfoui dans mon écharpe, les mains dans les poches, je la suivis à pas vifs aux côtés d'une Lena tout aussi frigorifiée que moi. Ingrid ne lui laissa à peine le temps d'observer le lieu de son futur rendez-vous avec l'impératrice. Derrière les hautes grilles en fer forgé, l'édifice aux plusieurs milliers de fenêtres surplombait une place sur laquelle trônait une fontaine immense. Cette dernière représentait le premier empereur, Anthony Roosevelt. Sa famille n'était pas restée longtemps au pouvoir, le peuple ayant préféré les Brekkenbridge juste après un scandale d'adultère d'un des petits-fils du fondateur d'Ignisoria.

Ingrid menait d'une marche rapide notre ascension dans une jolie ruelle dans laquelle quelques passants bravaient le froid pour se réfugier dans des petites boutiques intimistes. Tout au bout, au carrefour avec une des artères principales de Lirennia, elle nous montra une devanture fleurie et s'il n'y avait pas un mannequin dans la vitrine, j'aurais pu croire que nous entrions chez un fleuriste. Ingrid poussa la porte, invitant Lena à entrer, et je leur emboîtai le pas. La lumière tamisée et une odeur d'encens rendait l'atmosphère chargée, et mes sens furent rapidement saturés. Je m'assis sur un banc, près de l'unique cabine d'essayage, et captai les voix de Lena et d'Ingrid dans les quelques rayons, rythmées par leurs pas et le crissement des cintres sur les portants.

Lena essaya deux tenues différentes sur les conseils de la contrôleuse et de la vendeuse : un pantalon ample blanc cassé surmonté d'un chemisier bleu ciel ou des collants semi-transparents sous une jupe plissée noire avec un pull en laine d'une teinte légèrement plus claire que le chemisier. Quand elle apparut devant moi dans le second ensemble, je fus incapable de lui dire celui que je préférais. Elle était belle en toutes circonstances.

Ingrid et la vendeuse se mirent d'accord sur la première et Lena la compléta avec un bracelet, un collier, des boucles d'oreille et deux bagues argentées. Tandis qu'elle terminait de ranger ses affaires dans son sac à dos, je me glissai discrètement vers la caisse pour payer une partie de ses achats. Quand vint son tour, elle m'adressa un regard noir, mais mon sourire le transforma en reconnaissance. Elle compléta l'addition et nous sortirons, tous les trois, dans la rue.

— Il nous reste dix minutes avant l'entrevue, indiqua Ingrid. Nous devrions nous annoncer au palais.

— C'est donc ici que nos chemins se séparent. Pour l'instant.

Lena m'adressa un sourire sincère, mais emprunt d'une pointe d'angoisse. Le moment fatidique, celui qu'elle attendait depuis des jours, arrivait enfin et je me sentais incapable de la rassurer. Alors, plutôt que de lui offrir un beau discours, je m'approchai d'elle.

— Je peux ? murmurai-je.

Elle acquiesça. Je dégageai son front et y déposai un baiser. Mes lèvres chaudes sur sa peau froide me fit frissonner. Le point rougis entre ses yeux disparaissait déjà quand je me dégageai. Ma main glissa sur son épaule, puis le long de son bras jusqu'à caresser ses doigts. Je déglutis, l'appréhension me coupant le souffle, et finit simplement par chuchoter :

— Envoie-moi un message dès que tu es sortie.

— Promis.

Elle rompit le contact, ses doigts s'échappant des miens lentement. Elle rejoignit Ingrid, restée légèrement à l'écart dans la rue, et marcha vers le palais sans se retourner. Ma collègue, elle, m'offrit simplement un hochement de tête, m'assurant qu'elle couvrait les arrières de Lena. Je les vis disparaître à l'angle d'une rue et poussa un soupir bruyant, de la vapeur blanche d'échappant de mes lèvres. Par réflexe, je sortis mon terminal et hésita à envoyer tout ce que je n'avais pas réussi à dire à Lena avant ce moment charnière dans sa vie. Mais je me retins et fit demi-tour. Les yeux vers le ciel, je ne songeai plus qu'à une chose.

Qu'elle accomplisse son destin, et celui dicté par les Échos, serait évidemment formidable. Mais, un peu égoïstement, j'espérais aussi qu'elle ne se perdrait pas en chemin. Qu'elle demeurerait elle-même, quoi qu'il advienne pendant cet entretien impérial.

Que Vanya Brekkenbridge n'efface pas Analena Volyr, cette femme dont j'étais tombée éperdument amoureux.


Texte publié par Elodye H. Fredwell, 7 décembre 2025
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