Pourquoi vous inscrire ?
Les Échos Oubliés

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/entete.php on line 42
icone Fiche icone Fils de discussion
Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/entete.php on line 48
icone Lecture icone 0 commentaire 0

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/page-principale.php on line 13

Warning: Undefined variable $age_membre in /home/werewot/lc/histoires/page-principale.php on line 16

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/lecture.php on line 11
«
»
tome 1, Chapitre 29 « Le choix de la princesse » tome 1, Chapitre 29

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/navigation.php on line 48

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/lecture.php on line 31

Je ne pouvais m'enlever de l'esprit que ce plan était voué à l'échec.

Une intuition. Une peur. Penser au pire pour ne pas souffrir du meilleur.

Car, si l'entrevue avec l'impératrice se déroulait sans encombres, cela signifierait sans aucun doute que Lena deviendrait princesse. Officiellement. Les robes, les bals, la couronne, les responsabilités ainsi que les alliances entre familles et tout ce qui allait avec.

Le meilleur pour Lena serait, finalement, le pire pour moi. Et je n'arrivais pas à éprouver un tant soit peu de bonheur à l'idée qu'elle s'éloigne. L'évidence était pourtant devant mes yeux, terrible, cruelle, vicieuse.

Les princesses n'épousaient pas les contrôleurs de train.

Tandis que je remontais une rue étroite et déserte de Lirennia, je me flagellais mentalement. Comment ne pourrais-je être heureux pour elle ? Son plan avait toujours été de rencontrer sa famille et que cette dernière fut la famille impériale ne changeait rien. Enfin, elle savait qui elle était et elle disposait de toutes les réponses aux questions qu'elle se posait depuis son enfance. C'était égoïste, d'un égoïsme maladif, de ne pas souhaiter que ses rêves se réalisent.

Ma tête et mon cœur, encore une fois, étaient loin d'être d'accord entre eux.

Les mains enfoncées dans les poches, je traversais la ville d'un pas las, un poids dans la poitrine. Mes doigts tenaient fermement mon terminal de communication dans l'attente d'une vibration, du moindre message de la part de Lena. Mais rien ne venait. Mes pas me guidèrent presque instinctivement devant mon ancienne école, l'Institut Supérieur Curtil, nommée ainsi en hommage à son fondateur. J'avais aimé mes années en ce lieu, mais devait avouer que mes seuls souvenirs étaient ceux concernant les cours, les révisions et les examens. Je n'avais pas eu le temps de lier des relations avec des camarades, travaillant sans relâche pour rendre ma famille fière.

Je m'en éloignai et repris ma route, longeant la ligne de tramway, le visage fouetté par le vent froid et perfide qui s'engouffrait dans les rues de la capitale. Je repassai devant le restaurant dans lequel j'avais travaillé les soirs et les week-ends sans croiser un seul visage familier, puis devant les locaux qui avaient abrité l'entreprise de ma famille pendant des dizaines d'années. Je détestais cet endroit et ce qu'il représentait et l'avait évité une grande partie de mes études pour que les souvenirs ne me brûlent pas.

Mais aujourd'hui, c'était comme si tout mon passé me revenait, glaçant l'ensemble de mes organes et de mes os. La solitude de l'enfance, des parents absents, la peur de la pauvreté après la prospérité. L'entreprise luxuriante et florissante de mode lancée par mon arrière-grand-père, Müller, n'existait plus, victime d'une escroquerie de laquelle elle n'avait jamais pu se relever, menant mes parents à la faillite.

Je poussais un soupir et changeais de direction pour ne plus apercevoir cet immeuble. C'était pour ces raisons que je n'avais, finalement, que peu d'affinités avec mes parents. C'était ma grand-mère qui m'avait élevé. C'était donc naturel que, dès que j'en ai eu l'âge, j'adopte son nom, Skolov, avec fierté et honneur.

De retour à la gare, je réfléchis à la meilleure façon d'occuper mes prochaines journées en attendant des nouvelles de Lena et d'Ingrid. Mais aucune idée ne me permettait de me réjouir ou même d'oublier, un instant, la situation. J'entrai dans le wagon du personnel. L'odeur de citron et de lavande me prit au nez et je compris que le ménage avait déjà été fait, de fond en comble, à peine les passagers descendus. Pendant les escales, ma vie oscillait entre ma cabine au sein du Voyageur des Horizons et les appartements d'Asha ou de Mateo. Je n'avais pas de chez moi. Plus vraiment, depuis que ma grand-mère était partie.

Personne ne m'attendait.

Lorsque j'entrai dans ma cabine, je me mis à douter de mes propres envies. Quand le train avait quitté la gare d'Ætheria, à peine deux semaines plus tôt, j'étais certain qu'une fois à Lirennia, je ferais mes bagages pour toujours. J'étais prêt à trouver un logement, un autre travail, à me poser, voire rencontrer quelqu'un. Et, bien sûr, la seule personne dont je tombais amoureux était celle avec qui je ne pouvais être. Je m'assis sur le rebord du lit et me laissai tomber sur le matelas en poussant un profond soupir.

Une princesse. J'étais amoureux d'une princesse.

C'était le pire scénario que je pouvais imaginer.

L'on frappa à la porte et mes pensées s'évanouirent aussitôt. Quand je vis mon meilleur ami dans l'encadrement, un sourire égaya mon visage. Un sourire faux, qui ne trompait personne, mais que je voulais réel. Voir Mateo me rassurait.

— Je t'ai vu revenir du centre-ville. Je me disais que tu aurais bien besoin d'une bonne bouffe.

J'acquiesçai en me redressant.

— Au Pooka ?

— Évidemment !

Cette fois, le sourire qui étirait mes lèvres était franc. Je suivis mon ami dans le couloir, puis sur le quai, affrontant de nouveau cette météo hivernale bien rude en cette fin d'année. Le Pooka était un tout petit restaurant, perdu dans une ruelle de Lirennia, mais qui avait une réputation qui le précédait. À tout moment, la gérante, une femme qui me rappelait beaucoup ma grand-mère, nous annonçait qu'elle n'avait plus de place — même si cela n'arrivait jamais, elle avait pris l'habitude de nous réserver une table dès que Le Voyageur des Horizons entrait en gare. Pendant le trajet à pied, nous n'ouvrions la bouche que pour échanger des banalités. « Oh, ils ont fini les travaux du café » ou « bordel, il fait froid » ainsi que « je ne me souvenais pas de ce commerce, il n'était pas là la dernière fois ? ». Cela ne me dérangeait pas, je savais que nos conversations seraient plus riches une fois attablés, devant un bon repas chaud. Car, oui, c'était une réalité, il faisait froid. Très froid.

Nous entrions dans le restaurant et redécouvrions avec joie l'ambiance rustique qui nous avait comblé déjà la première fois. Avec un esprit de vieille auberge, ses meubles en bois et ses lustres aux ampoules jaunes, le Pooka était un lieu convivial et accueillant dans lequel je me sentais à l'aise. Ce n'était pas chez moi, mais cela me rappelait les soirées d'hiver au coin du feu chez ma grand-mère. L'odeur des casseroles qui s'échappaient de la cuisine y était sans doute pour beaucoup.

— Mati, Niko ! Vous en avez mis du temps !

Je ne pus retenir un rire quand la gérante, Sophie, une femme d'une cinquantaine d'années qui en faisait vingt de moins, s'approcha de nous. Elle nous disait toujours que le secret d'une jeunesse éternelle, c'était la nourriture de qualité, la marche digestive et, surtout, l'amour. Elle travaillait avec sa femme, cheffe cuisinière, et n'avait jamais semblé aussi heureuse depuis qu'elles s'étaient dit « oui ».

— Qu'est-ce que vous sert ? Y'a du bÅ“uf mariné ou du risotto de gambas en plat du jour.

— Bœuf pour moi ! s'exclama Mateo.

Je choisis le risotto et Sophie nous installa à notre table habituelle. Quand je baissais les yeux sur ma montre, je compris pourquoi personne n'était encore arrivé et me réjouis que nous soyons les premiers clients. Un peu de calme avant la tempête me ferait sans doute du bien. Sophie nous apporta elle-même l'apéritif, son célèbre pain aux épices grillé à tremper dans une sauce rouge, aux poivrons et aux tomates, puis deux coupes.

— Je n'ai pas oublié que vous ne buviez pas d'alcool, dit-elle en me regardant d'un air amusé. C'est un mousseux sans alcool, ne t'en fais pas.

Je la remerciai et levai mon verre vers mon meilleur ami. Il piocha dans la corbeille des petits pains grillés et le vit me jeter des coups d'œils répétitifs, comme attendant quelque chose de ma part.

— Crache le morceau, exigeai-je alors.

— T'as pas de nouvelles d'Ingrid et d'Analena ?

Je sortis mon terminal de ma poche et découvris avec surprise qu'une enveloppe s'animait sur mon écran. Je ne perdis pas une seconde et l'ouvris, découvrant les mots de Lena. Mon cœur se mit à battre plus fort et je craignis que Mateo ne l'entende.

— L'entrevue avec l'impératrice s'est très bien passée, murmurai-je.

— Et ça ne te réjouis pas ?

Je levai les yeux et feintant un sourire, mais Mateo secoua aussitôt la tête.

— Tu me la feras pas à moi. Qu'est-ce qui te tracasse ?

— Rien, rien.

— C'est parce que c'est officiellement une princesse maintenant, c'est ça ?

Je contractai la mâchoire. Je détestai qu'il lise en moi si facilement. J'approuvai d'un hochement de tête.

— Écoute, rien n'est fait encore, et pour ce que je connais d'Analena, elle n'a pas l'air du genre princier. Elle a une famille qui l'attend à Terraüris, aussi, ne l'oublie pas. Pour moi, elle ne sera princesse que de titre, mais elle ne se pliera pas aux obligations qui l'accompagnent.

— Comment tu peux en être sûr ? Et puis, elle n'aura peut-être pas le choix.

— Tu l'as dis, « peut-être » qu'elle n'aura pas le choix. Mais si elle l'a, tu crois qu'elle choisira quoi ? Sincèrement.

J'allais répondre, mais j'en fus incapable. Les mots restèrent bloqués dans ma gorge tandis que les propositions se déchaînèrent dans mon esprit. Elle pourrait avoir envie d'une nouvelle vie, d'une vie de luxe et de paillettes. Mais cela voudrait aussi dire qu'elle perdrait l'indépendance qu'elle avait acquis jusqu'ici. Je ne pouvais savoir si je pensais tout ceci parce que c'était mon souhait ou parce que c'était la nature de Lena.

— Elle te dit quoi d'autre dans son message ? me coupa Mateo.

Je reportai mon attention sur l'écran et lus la suite.

— L'impératrice leur offre l'hôtel et tous les repas en attendant l'entretien avec l'empereur. Elle n'a pas encore de date, mais apparemment, l'impératrice lui a promis qu'elle ferait tout ce qui est dans son pouvoir pour que son mari la voit cette semaine.

— C'est plutôt positif. Hôtel et repas offerts, c'est royal.

— Impérial, plutôt.

Mateo rit et but une gorgée de son mousseux. Je ne lui révélai pas les derniers mots de Lena, les lisant et les relisant sans relâche en cherchant quoi lui répondre.

« Dès que tout ça se termine, ça te dit de revenir avec moi à Ætheria ? Je dois retourner voir ma famille. »

Mon coeur bondit dans ma poitrine et je lui envoyai ma réponse positive avec une certaine appréhension.

Elle me proposait de rentrer avec elle.

Rentrer. Elle n'avait donc pas l'intention de rester au palais.

Je reposai mon terminal et attrapai mon verre de mousseux. Mon avenir s'éclairait. Il était là, tout tracé désormais.

Et, il était entre les mains de Lena.


Texte publié par Elodye H. Fredwell, 7 décembre 2025
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 29 « Le choix de la princesse » tome 1, Chapitre 29

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/navigation.php on line 48
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
3335 histoires publiées
1461 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Xavier
LeConteur.fr 2013-2025 © Tous droits réservés