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- Two Lives, One Fate -

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tome 1, Prologue « Au travail ! » tome 1, Prologue

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Petite précision pour ce premier chapitre dans le but de simplifier sa compréhension : les pointillés signifient le changement de point de vue d'un personnage à un autre.

C'est tout, bonne lecture !


“Check ça, elle semble pleine aux as.”

“Meh, je sais pas trop, ça manque un peu de... Comment dire ?...”

La Ville LumiĂšre vivait comme une fourmiliĂšre de fonctionnaires Ă  dix-sept heures. Les rues de Paris sont l'un des rares endroits oĂč pauvretĂ© et richesse se mĂ©langent sans trop le savoir. Ou alors tout le monde le sait trop bien mais personne n'ose le dire, de peur d'ĂȘtre puni par les autres qui ont peur d'ĂȘtre punis par les autres.

“Oh la ramĂšne pas ! Tu prends quel cĂŽtĂ© ?”

“Je prends face.”

C'Ă©tait l'un de ces jours oĂč Malo et moi avions dĂ©cidĂ© de travailler un peu, histoire de ne pas mourir de faim avant la fin de la semaine. Nous passions quelques heures Ă  chercher les rues bondĂ©es, lors des horaires propices, afin de nous dissimuler dans la foule pour passer Ă  l'action. Et l'action, c'Ă©tait devenu une raison de vivre.

“Encore ?! C'est la troisiùme fois aujourd'hui que tu perds avec face !”

“Tu sais ce qu'on dit, la roue tourne va tourner.”

Nous avions grandi au milieu des HLM, de la pauvreté et du désespoir, forcés à nous battre depuis le plus jeune ùge pour ne serait-ce que défendre nos vies. Parfois dans les rues, il y avait des chiens morts, des descentes de police, des passages à tabac, des trafics en tout genre. Les collÚges et lycées n'avaient pas vraiment leur place chez nous, car ils déclaraient pouvoir nous offrir un avenir alors que nous étions condamnés à nous battre entre nous.

“C'est pas tes rĂ©fĂ©rences de merde qui vont ramener le pactole !”

“Lance cette piùce, tu veux !”

On venait rĂ©guliĂšrement dĂ©rober les personnes qui semblaient riches. Rien d'autre qu'un juste retour des choses. Je vois pas comment ces gens pourraient ĂȘtre plus civilisĂ©s que nous alors qu'ils ignorent dĂ©libĂ©rĂ©ment les SDF qui n'ont littĂ©ralement rien pour vivre, alors que certaines familles obĂ©issent aux caprices de leurs enfants pour leur offrir des parfums, des tablettes, des vĂȘtements hors de prix juste pour se sentir exister. Donc on se sert chez eux, vu qu'ils auront encore de la marge Ă  l'avenir.

“Face ! La roue a tournĂ© !”

“Eh ben, elle se sera fait attendre cette face
”

“Laisse moi profiter de ma victoire." Prenant une grande inspiration "Ok c'est bon !

“Tu cĂ©lĂ©breras lorsque t'auras le pactole en main, bouge !”

“Ça va, ça va, j'y vais !”

C'Ă©tait enfin mon heure de gloire. La cible Ă©tait une adulte ĂągĂ©e d'une trentaine d'annĂ©es, trop maquillĂ©e pour ne pas avoir de problĂšme dans sa vie, et trop chĂšre vĂȘtue pour ne pas avoir piochĂ© une ou deux fois dans le compte en banque de ses parents. L'avantage avec ces profils, c'est qu'ils ne cherchent jamais Ă  retrouver les objets perdus, ils en rachĂštent d'autres et oublient. Malo me suivait afin de m'aider en cas de pĂ©pin, et aussi pour ne pas perdre de temps entre deux emprunts longue durĂ©e.

C'est un monde Ă  l'opposĂ© du nĂŽtre oĂč tout se joue sur les apparences et l'influence. Vos droits dĂ©pendent beaucoup de vos ennemis et de votre statut. Un jour vous avez une entreprise et puis, lors d'un apĂ©ro dinatoire auquel vous avez Ă©tĂ© forcĂ© de venir par l'un de vos actionnaires, vous avez dit une phrase qui a Ă©tĂ© reformulĂ©e, grossie et rĂ©pĂ©tĂ©e Ă  l'un des piliers de l'Ă©conomie, car cette sale balance considĂšre que vous ne mĂ©ritez ni votre succĂšs, ni votre femme. Le lendemain, vous faites partie des SDF que vous ignoriez la veille.

Chez nous, peu importe votre statut, vous avez des amis. Votre situation dépendra en grande partie de vos couilles et du calibre de l'arme à l'arriÚre de la voiture.

“Tu sais comment elle s'appelle ?”

“Je sais pas... NoĂ©mie ?”

“Non, Victoire. Tu sais pourquoi ? Parce que j'ai gagnĂ© !”

“Bosse au lieu de raconter tes conneries.”

Il ne restait que quelques mĂštres avant d'ĂȘtre Ă  portĂ©e du sac de la gosse de riche, surnommĂ©e Victoire. À mon habitude avec les cibles faciles, je visais le milieu gauche de la poche centrale, lĂ  oĂč se trouve rĂ©guliĂšrement le porte-monnaie. Une fois la trajectoire anticipĂ©e, je n'avais plus qu'Ă  accĂ©lĂ©rer lĂ©gĂšrement pour atteindre le sac de ma victime. Pendant que ma main faisait son travail, je n'avais pu m'empĂȘcher de m'intĂ©resser aux couches de maquillage. Pour vous dire, j'avais dĂ©jĂ  travaillĂ© sur des chantiers d'immeubles, mais lĂ  c'Ă©tait un autre niveau. Elle avait dĂ» faire appel Ă  un grossiste pour de telles quantitĂ©s. Quelques secondes plus tard, j'avais dĂ©jĂ  fondu ma silhouette dans la riviĂšre d'Ăąmes qui nous entouraient.

Malo m'avait rejoint dans une rue adjacente afin de découvrir le pactole.

“Alors, elle Ă©tait chargĂ©e la NoĂ©mie ?”

“Alors de une, c’était Victoire. Et de deux, oui, elle avait plus de poudre sur la gueule que ce que les cracks du quartier pouvaient s’envoyer dans le nez.”

“Les pauvres
 Allez, ouvre !”

“Eh doucement, tu veux ? Il y a peut-ĂȘtre une bombe au gloss Ă  l'intĂ©rieur.”

“J'm'en fous, ouvre ! Au pire, on fera la une des journaux.”

Ma main se glissa dans ma poche de sweat pour attraper la trousse que j’avais facilement dĂ©robĂ©e Ă  ma Victoire, en prenant bien le temps pour faire baver Malo, puis je la mis sur la paume de la main pour la lui prĂ©senter.

“À vous l’honneur, trùs cher.”

“J’espùre que ça vaudra trùs cher.”

N’ayant pas l’envie de poursuivre dans mon Ă©lan, il ouvrit la fermeture Ă©clair comme un chirurgien en stage sous pression qui doit utiliser les notions d’un chapitre qu’il avait mis de cĂŽtĂ© pendant ses Ă©tudes.

“Oh la vache !”

“Eh, parle autrement de Victoire !”

Il en sortit, d’une brutalitĂ© sans prĂ©cĂ©dent, une superbe bague ainsi qu’une paire de bracelets, probablement en or. Sur son visage se lisait l’excitation du chasseur face Ă  sa rĂ©compense mĂ©ritĂ©e.

“Evan, je dois admettre que pour le coup tu nous as sorti un sacrĂ© coup de maĂźtre. Rien qu'avec ça on va probablement pouvoir se la couler douce pour une semaine ou deux.”

“Ouais je sais, c'est dur d'ĂȘtre aussi douĂ© parfois
”

“HĂ© ho, commence pas Ă  frimer non plus hein.”

Une tape dans le dos et nous avions dĂ©jĂ  disparu de la zone, en quĂȘte d'une autre source de revenu.

********************************************************

J’observais les ruelles aux alentours. La nuit n’était pas encore tombĂ©e, mais le temps commençait dĂ©jĂ  Ă  se rafraĂźchir. Quelques lumiĂšres Ă©taient allumĂ©es chez quelques habitations, Ă©clairant Ă  peine les recoins sombres dans lesquels je dĂ©ambulais depuis bien deux bonnes heures.

AprĂšs m'ĂȘtre rĂ©chauffĂ© un peu les mains, je rĂ©ajustais tranquillement mes gants, puis pris l’angle vers ma destination.

J’arrivais finalement Ă  l’endroit oĂč mes cibles avaient Ă©tĂ© localisĂ©es durant les derniĂšres vingt-quatre heures. Il s’agissait d’un bĂątiment grossier, Ă  la devanture dĂ©colorĂ©e et aux fenĂȘtres brisĂ©es dans leur majoritĂ©. Une vraie planque de criminels en cavale. Je fis dans ma tĂȘte un bref rĂ©capitulatif des profils que je devais Ă©liminer.

Les deux premiers Ă©taient des jumeaux, Diego et Camila Garcia. Relativement jeunes, pas plus de vingt-cinq ans, mais farouchement motivĂ©s Ă  gagner leur vie par tous les moyens, et ce dĂšs le plus jeune Ăąge. Vu leur position actuelle dans le monde du crime, il semblait que cela leur avait rĂ©ussi. Leur fougue et leur tendance Ă  se salir les mains sans aucune hĂ©sitation faisaient d’eux des criminels en herbe prometteurs, des criminels qu’il fallait mettre hors d’état de nuire, histoire de mettre un point final Ă  leur montĂ©e fulgurante.

Mais la menace qu’ils reprĂ©sentaient restait minime comparĂ©e Ă  celle de celui qui Ă©tait avec eux en ce moment mĂȘme : Martis Kane.

ÂgĂ© de trente et un an, ancien militaire d’élite, il avait Ă©tĂ© impliquĂ© dans de nombreuses histoires trĂšs louches. Auteur d’une dizaine de meurtres prĂ©mĂ©ditĂ©s, participant actif Ă  des trafics en tous genres, contrebande de poisons, de gaz de combat et d’armes chimiques, assassinats rĂ©munĂ©rĂ©s
 Bref, Martis n’avait pas le profil typique d’un enfant de chƓur.

J’observais le bĂątiment une fois de plus, et vis que des lumiĂšres Ă©taient allumĂ©es Ă  l’étage. Ils devaient probablement se trouver lĂ , et sĂ»rement accompagnĂ©s de leurs sous-fifres.

Je sortais mon arme, un Glock 17 lĂ©gĂšrement amĂ©liorĂ©, et m'introduisis par la porte de derriĂšre. Personne. Je me dĂ©plaçais furtivement de piĂšce en piĂšce, avant d’arriver Ă  la conclusion que personne ne se trouvait au rez-de-chaussĂ©e. Étonnant. Ils devaient ĂȘtre vraiment confiants pour ne pas faire garder cette partie du bĂątiment. Je lĂąchai un petit sourire, apprĂ©ciant le fait que mes cibles me facilitaient ainsi la tĂąche Ă  cause de leur petit Ă©go.

Je montais les escaliers en pierre avec la mĂȘme discrĂ©tion, Ă©coutant attentivement le moindre bruit afin de voir s’il y avait du mouvement. En m’approchant d’un couloir, j’entendis des bruits de pas venant de deux directions diffĂ©rentes. Je les associais rapidement Ă  deux larbins faisant une ronde. Attendant quelques secondes que l’un des deux s’approche de l’angle oĂč j’étais, je rangeais mon arme. Mes poings me suffiraient amplement.

Le moment vint oĂč il passa Ă  mon niveau. Il n’eut pas le temps de rĂ©agir ou de dire quoi que ce soit, car ma main gauche vint frapper sa nuque avec une prĂ©cision chirurgicale, aprĂšs quoi il perdit connaissance immĂ©diatement. J’accompagnais sa chute afin d’éviter tout bruit suspect, puis entendis les pas du second larbin qui s'approchait. Je me dĂ©plaçai alors vers l’angle de l’autre cĂŽtĂ© du couloir, et le cueillis immĂ©diatement avec un crochet dans la mĂąchoire. J’avais fini la phase d’infiltration, maintenant j’allais enfin pouvoir m’amuser.

Je soignai mon entrĂ©e en ouvrant la porte brutalement d’un coup de pied. Tout le monde dans la grande salle fut surpris, et les quelques gardes qui Ă©taient prĂ©sents furent tous descendus d’un tir prĂ©cis entre les deux yeux avant mĂȘme qu’une balle n’ait Ă©tĂ© tirĂ©e sur moi.

"À terre !"

Je vis Martis et les jumeaux me regarder comme s’ils avaient vu un fantĂŽme. Leurs expressions choquĂ©es me firent presque ricaner tant elles Ă©taient clichĂ©es.

"Lewis !?"

Martis fut le premier Ă  rĂ©agir, prenant son flingue et tirant deux coups. J’avais anticipĂ© son action en faisant une ruĂ©e sur le cĂŽtĂ© et ouvrit le feu sur Diego qui n’avait pas eu le temps de se mettre Ă  l'abri. Celui-ci s’effondra par terre, se tenant la jambe en hurlant.

"Frérot, nan !"

Comme on pouvait s’y attendre, sa sƓur se prĂ©cipita vers lui. Cela faisait deux menaces en moins, pour le moment.

"Martis, descends ce taré ! Il mérite de crever comme une pourriture de
"

"Fais quelque chose au lieu de chouiner, sale conne ! beugla-t-il."

Mon attention se retourna immĂ©diatement sur Martis qui n’en dĂ©mordait pas. Il tira Ă  nouveau plusieurs fois, et une balle frĂŽla mon bras pendant que j'exĂ©cutais une roulade avant, me protĂ©geant derriĂšre le canapĂ©.

"Sors de ta cachette, Lewis ! Viens te battre comme un homme."

Je pris un vase à portée de bras, posé sur une table basse, et le lançai pour faire une diversion rapide. Martis tomba dans le piÚge et tira instinctivement dessus. Pendant cette trÚs courte période, je me levai, tirai avec précision et touchai son arme, le désarmant.

"Tu touches pas à mon p’tit frùre !"

AprĂšs cela je frappai Camila d’un coup de pied en pleine poitrine, qui s’était rapprochĂ©e dans une tentative vaine de me poignarder. Elle tomba au sol en lĂąchant un cri, tentant de reprendre son souffle. Je me retournai alors et vit que ce lĂąche de Martis avait dĂ©cidĂ© de prendre la fuite, car je l’entrevis quitter la piĂšce pendant une fraction de seconde.

‘Viens te battre comme un homme’, tu parles


Je dĂ©cidai de le laisser partir. Je connaissais trĂšs bien l’endroit oĂč il allait se terrer, j’irai donc le dĂ©loger plus tard. J’avais des cibles Ă  rentabiliser.Je me retournai pour faire face aux deux jumeaux, au sol et respirant lourdement. Notre petit jeu les avait manifestement Ă©puisĂ©s. Tant mieux, ça me facilitera les choses.

"Le nom du commanditaire."

"
Quoi ?"

Je claquais sĂšchement la joue droite de Diego, ne voulant pas perdre plus de temps.

"Je ne répéterai pas."

"O-On n’en sait rien ! rĂ©pondit Camila"

Une deuxiĂšme claque siffla.

"J’vous jure, on n’en sait absolument rien, on suivait juste les directives de Kane !

Oui, Camila dit la vérité ! "

Je les analysais. À mon grand regret ils semblaient dire la vĂ©ritĂ©. Je tentais malgrĂ© tout un coup de pression. Je repris mon Glock et le pointa sur le front de la sƓur.

"Je vous conseille de coopérer, et rapidement."

Camila explosa en sanglots. Bien, c’était idĂ©al pour faire craquer son frĂšre.

"On vous assure, on vous dit la vérité ! hurla-t-il paniqué, se tenant toujours la jambe."

Faisant semblant de presser sur la dĂ©tente, le pur dĂ©sespoir dans ses yeux me fit comprendre qu’il ne savait effectivement rien. Je baissai mon arme. Quelle poisse. Je commençais Ă  me diriger vers la sortie lorsque je me rappelai ma mission : les Ă©liminer tous les deux.

Je me retournai alors pour leur faire face encore une fois. Diego saignait toujours de la jambe et son sang avait tĂąchĂ© une bonne partie du tapis sur lequel il Ă©tait affalĂ©. Camila prenait son frĂšre dans ses bras en lui chuchotant doucement qu’il allait survivre et que tout allait bien se passer. Ses pleurs trahissaient sa panique intĂ©rieure.

C’était un tableau pathĂ©tique, presque touchant.

Cependant, je me souvins que ces deux-lĂ  restaient des criminels, et qu’ils avaient commis des actes horribles. Tuer un enfant devant ses parents comme punition pour un retard de paiement Ă©tait monnaie courante pour eux, aussi insignifiant que de se laver les mains ou d’enfiler une veste.

Ils restaient des pourritures. Et les pourritures, c’est mon travail de les Ă©liminer.

Alors que les frĂšre et sƓur tentaient de se rassurer futilement l’un et l’autre, je rangeais mon pistolet et pris ma machette, idĂ©ale pour ne pas gaspiller de munitions et aussi brutale dans son apparence que dans son usage rĂ©gulier. Aucun des deux ne me vis venir, jusqu’à ce que la lame ne traverse la poitrine de Camila par derriĂšre.

Les pupilles de Diego rĂ©trĂ©cirent plus vite que le corps de sa sƓur n’était tombĂ© au sol. Le sang qui coulait encore en lui ne fit qu’un tour, rĂ©duisant encore plus ses chances de survie, et le faisant hurler le prĂ©nom de sa dĂ©sormais dĂ©funte jolie petite sƓurette.

Pendant un instant, je me questionnais quant Ă  l’utilitĂ© de mettre un terme aux souffrances du mort-vivant, qui n’était plus qu’une rĂ©serve de rage, presque vidĂ©e de son fluide vital. AprĂšs tout, je pouvais le laisser mourir doucement, brĂ»ler Ă  petit feu par la colĂšre et la douleur.

Mais ça voudrait dire que la prime pouvait m’échapper. Alors, par prĂ©caution, je me devais de l’achever. Je fit tournoyer ma lame dans ma main en m’approchant de lui. L’angoisse prenait peu Ă  peu ses quartiers dans son esprit au fur et Ă  mesure qu’il me voyait prĂ©parer sa fin inĂ©vitable.

"EspĂšce de tarĂ©, t’es un malade ! ÂĄVete al infierno, perro sucio!"

"Fais de beaux rĂȘves."

Et d’un seul coup, je tranchai sa gorge. Il ne fallut que quelques secondes avant que sa respiration douloureuse ne se fit plus entendre. Le tapis entier commença Ă  prendre une teinte Ă©carlate.

Net et prĂ©cis, comme j’aime.

Je rangeai la machette dans son Ă©tui pour sortir un dernier outil, indispensable Ă  mon mĂ©tier, afin de ramener une preuve du travail bien fait : mon tĂ©lĂ©phone. Pas de photo, pas de salaire. Nombreux sont les types qui se ramĂšnent la fleur au fusil, prĂ©tendant avoir tuĂ© un grand nom du crime, ou alors qui se font voler le mĂ©rite par un type plus prĂ©cautionneux. Ce soir, personne ne viendra voler le fruit de mes efforts, car les deux tĂȘtes des jumeaux morts Ă©taient dĂ©sormais immortalisĂ©es dans ma carte SD.

AprĂšs cela, je quittais enfin le bĂątiment, Ă  la poursuite de Martis, et bien dĂ©cidĂ© Ă  obtenir les informations qui, jusqu’ici, se montraient bien difficiles Ă  obtenir, ainsi que le reste de la prime que je convoitais. Il y avait intĂ©rĂȘt Ă  parler, autrement j’allais faire un malheur.

********************************************************

La nuit commençait lentement à se profiler, et le danger augmentait au fur et à mesure que les rÚgles de bienséance disparaissaient. La journée avait été fructueuse et nous pouvions nous assurer de beaux jours jusqu'à la semaine suivante.

“Mon gars, je suis crevĂ©... On se fait un cafĂ© ?”

“Tu parles comme s'il Ă©tait tard.”

“Il est presque dix-neuf heures ! Regarde ces cassos, ils vont dĂ©jĂ  user les bars avant de se finir en boĂźte de nuit.”

“Écoute, on ratisse encore un peu et on rentre. Mais tu sais que ça rapporte plus d'emmerdes qu'autre chose que de zoner le soir.”

L'ambiance linĂ©aire et morose des rotations pendulaires avaient laissĂ© place Ă  la jeunesse un peu plus vivante et imprĂ©visible, bien qu'il fĂ»t aisĂ© de deviner qui allait dĂ©clencher une bagarre cette nuit ou qui vomirait aprĂšs avoir bu pour compenser un mal-ĂȘtre. La foule devenait un danger plutĂŽt qu'un refuge.

“Nan mais regarde, ça va ĂȘtre vite vu, euh... attends
”

“T'inquiĂšte pas va, je suis pas pressĂ©. T’es pressĂ© toi ? T’as l’air pressĂ©.”

“Me fous pas la pression ! Tiens, regarde-le, lui !”

Au bout du doigt de Malo, à quelques dizaines de mÚtres de nous, un homme habillé d'un trench-coat noir et des lunettes de soleil s'éloignait de nous. Clairement, il l'avait pris au hasard histoire de rester un peu plus longtemps, avant de me refaire le coup deux minutes aprÚs. Il avait du mal à mettre fin à nos "sessions d'enrichissement".

“Fais un effort s'il-te-plaüt, si ça se trouve ce gars là s'est juste perdu. À la rigueur, je lui montre la direction vers la gare la plus proche.”

“Aller, juste un dernier ! Tu prends face.”

“Non, je prends pile. J'ai pas envie d'y aller. J’le sens pas ce type.”

“Comme tu veux !”

Et c'est ainsi que je me lançais, sans le savoir, vers un avenir difficilement imaginable. Ce genre de rĂȘve qu'on nourrit quand on est gosse, tant que la vie ne nous a pas encore assĂ©nĂ© tous ses coups bas, et qu'on croit que tout est possible, pourvu qu'on travaille dur. Ici, tout dĂ©pendait uniquement de la chance.

********************************************************

J’arpentais les rues, le regard fixe. À cette heure-ci, il y avait encore un trafic dense, je devais donc me frayer un chemin entre les passants pressĂ©s, m'efforçant de ne pas perdre de temps. Chaque Ă©paule percutĂ©e, chaque marche brusque pour Ă©viter une collision, m'irritait davantage. J'avais l'impression de nager Ă  contre-courant dans cette marĂ©e humaine, et cela m’énervait au plus haut point. Je hais la foule. Cette masse informe et irritante, empiĂ©tant sans cesse sur ton espace personnel, cet anathĂšme de la tranquillitĂ© que je haĂŻssais au plus haut point.

Je soupirais alors et commença Ă  traverser la foule en diagonale, dans le but de m’éloigner de cet espace Ă©touffant. C’est alors que je fus lĂ©gĂšrement bousculĂ© par quelqu'un. Je tournai la tĂȘte pour dĂ©couvrir un jeune homme d'une vingtaine d'annĂ©es, visiblement un peu gĂȘnĂ©, qui s'excusa aussitĂŽt.

"Oh, pardon, dĂ©solĂ© m'sieur’, murmura-t-il timidement."

Je ne rĂ©agis pas, me contentant de le fixer par-dessus mes lunettes pendant un bref instant, avant de reprendre mon chemin sans un mot. Du coin de l'Ɠil, je le vis peu Ă  peu se fondre dans la masse, disparaissant de ma vue.

Rien qu’à sa dĂ©marche et Ă  sa façon de parler, je savais quel genre de personne il s’agissait : une victime. Il semblait si fĂ©brile que sa prĂ©sence mĂȘme en ce bas monde Ă©tait presque une insulte. Si je n’étais pas pris par le temps et cet ocĂ©an de vie, je me serais amusĂ© Ă  lui faire peur.

Heureusement pour lui, j’avais mieux Ă  faire. Kane Ă©tait ma prioritĂ© absolue. Ce type Ă©tait du genre prĂ©voyant et s’assurait toujours d’avoir une issue de secours en cas de pĂ©pin, et c’était pour cette raison que je devais le retrouver rapidement. Penser au pire, c’était digne des militaires. Malheureusement, ils avaient tendance Ă  avoir un sacrĂ© Ă©go et Ă  ne se fier qu’à eux mĂȘme. C’était une faiblesse Ă©ventuelle que je pourrais utiliser Ă  mon avantage.

AprĂšs plusieurs minutes Ă  nager Ă  contre-courant dans l’allĂ©e principale, je pu enfin me libĂ©rer en empruntant une rue qui allait me mener droit vers la cachette de ma proie. Enfin, je pouvais profiter d’un air qui n’avait pas Ă©tĂ© maltraitĂ© par des milliers de poumons, en trĂšs mauvais Ă©tat dans certains cas. Le brouhaha Ă©tait restĂ© avec la foule et la pression humaine s'attĂ©nuait.

Enfin un peu de calme
 Je pouvais dĂ©sormais me diriger vers l’appartement de Kane avec dĂ©tente.


Texte publié par AlexeiSerov, 5 mai 2024
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