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Le monde de Tazégo

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9: Des plaines enneigées

(Narrateur)

(Tioros)- Ça fait des jours qu'on marche. On a peine pu boire de l'eau de la riviĂšre, mais pas une seule fois on a mangĂ©.

Sanbom, remarquant l'agacement de Tioros, fronça les sourcils, et lui répondit directement:

(Sanbom)- Ouais... mais tu ne trouves pas que quelque chose cloche ?

(Tioros)- Quoi ?

Les deux réfléchissaient d'une maniÚre distincte et approfondi, l'un regardant ses pieds; et l'autre fixant l'horizon devant lui.

(Sanbom)- Hmm... d'aprĂšs toi ?

(Tioros)- Q-quoi ??

Tioros sentait quelque chose lui aussi, et le fait est que, Sanbom ne déniait à parler, le faisait ressentir un tantinet anxieux.

(Sanbom)- Les animaux... on est en plein dans une plaine, et il n'y a aucune bĂȘtes ! Pas mĂȘme un loup, ou un lapin !!!

Il ne pensait pas du tout Ă  ça, et fut extrĂȘmement surpris, puis, passa rapidement Ă  autre chose. Sanbom soupira, et reprit ou il s'Ă©tait arrĂȘtĂ©:

(Sanbom)- Tu vas pas me dire qu'on les a fait fuir dans un périmÚtre de 100 km ??!

(Tioros)- Impossible. MĂȘme les prĂ©dateurs face Ă  la non connaissance des humains ne fuiraient pas autant.

(Sanbom)- Ok, ok. Mais qu'est-ce qu'on fait ? Et n'oublies, Tioros, je ne suis qu'un homme blessé pour le moment, alors compter sur moi pour chasser un gros gibier, c'est peine perdue.

Tioros regarda d'un air incrédule Sanbom, et pointa son doigt:

(Tioros)-On a qu'Ă  avancer Ă  la fin de cette maudite plaine, et aprĂšs on avisera. On a quoi encore comme trajet ? Une bonne heure, voire trois quarts d'heure si on marche vite.

(Sanbom)- Mouais. Tachons de pas crever de faim...

(Tioros)- Et si on ne croise pas d'animaux ?

Le géant regarda alors Tioros, pénétrant son regard, et devint sérieux, il dit:

(Sanbom)- Le seul moyen de survivre, serait de retourner en arriÚre, et d'aller chasser de l'autre cÎté, mais est-ce que ça ne voudrait pas le coup de...

(Tioros)- Oui... de ?

Ses yeux devinrent agressifs, grossissant l'orbite et la pupille au contact de Tioros, qui lui, ne sentait pas venir le danger. Sanbom avait probablement une faim d'ogre, et menaçait par sa présence imposante le pauvre petit Tioros.

(Tioros)- Euh...

Il comprit tout de suite ce que voulait dire son ami.

(Sanbom)- Je n'ai jamais mangĂ© d'ĂȘtre humain, et toi ?

Il essuya ses gouttes de sueurs imaginaires, perlant son front (mouillé imaginairement, par des gouttes de sueurs imaginaires), et lùcha un soupir.

(Tioros)- Franchement t'exagÚres ! Parle avec un débit de parole encore plus faible la prochaine fois !! Et par pitié... choisis mieux tes mots.

Sanbom ria, sa petite blague avait fonctionné. Il l'avait fait exprÚs à cent pourcent. Mais son ton redevint sérieux, et il s'adressa de nouveau à Tioros:

(Sanbom)- Pour répondre à la question de tout à l'heure, je pense qu'aller au bout des plaines est une bonne idée, comme une mauvaise idée. Ne crois-tu pas que quelque chose cloche dans ces plaines ? Je ressens comme une présence menaçante, et toi ?

(Tioros)- Je n'ai pas autant un instinct surdĂ©veloppĂ© comme toi, mais peut-ĂȘtre...

Sanbom, ne sachant pas la suite de ses propos, dit d'un ton ironique:

(Sanbom)- Haha, tu as un instinct encore plus grand que le mien, je suppose. Excuse-moi...

(Tioros)

J'étais à deux doigts de faire une boulette. Heureusement, et c'est aussi ironique que son ton, mais c'est lui qui m'a sauvé de mon mensonge. Je ne devrai pas garder ce secret davantage. Comment...comment juste est-ce que je pourrai aborder ce sujet-là ? C'est pas comme si je pouvais dire " Bonjour Sanbom, d'une façon incroyable et mystérieusement débile, je peux me transformer en loup-garou !! ah, au fait, il n'y avait pas que Trudam, il y a avait l'ogre fantomatique en plus dans le combat, hahaha, désolé j'ai menti "

HAHAHA !!!

Je me sens inutile. Tant pis, c'est maintenant ou jamais.

(Tioros)- Sanbom, il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit.

Sanbom, ne s'attendant pas du tout à une révélation, s'assis dans l'herbe gelée, et montra un signe d'écoute à son ami:

(Tioros)- J- je peux me transformer en loup-garou ! J'ignore le pourquoi du comment, et j'ai l'impression que ma vie est burlesque, mais ne crie pas !!! D'accord ?! Je pense avoir assez d'énergie pour me transformer: c'est quelque chose que je peux ressentir, en moi. C'est particulier, en effet... Descend avec moi si tu veux, mais je risque de te distancer.

(Sanbom)- Q-q-quoi...

(Tioros)- J-je vais chercher du gibier Ă  chasser, je reviens vite !!!

(Narrateur)

Tioros se précipita comme promis en bas de la plaine glissante. Sa transformation, contrÎlé par rapport à la premiÚre fois, le réconforta que davantage dans son optimisme à convaincre Sanbom de sa non-dangerosité.

Sanbom, toujours éberlué, se mit en route avec l'objectif de le rattraper. Il était plus dans un esprit de compétition pour trouver le premier gibier, que dans une tentative désespérée de comprendre ce qu'avait baragouiné Tioros le fourbe.

Et de toute façon, depuis l'arrivĂ©e de Tioros, il avait mis un point d'honneur sur le fait d'accepter quelconque situation; il considĂ©rait le fait de comprendre tout par la logique comme une perte de temps. Non pas qu'il Ă©tait bĂȘte, au contraire, il Ă©tait loin de l'ĂȘtre, mais parfois, tenter de rendre logique une chose, n'avait pas de sens, et ce qui n'est pas logique pour soi, peut souvent faire l'objet de bizarrerie, allant-mĂȘme jusqu'au dĂ©goĂ»t ou Ă  la haine.

Tioros traversait les plaines de Tevars Ă  une vive allure, et ne semblait pas Ă©puisĂ© du tout. Cependant, il remarqua que ce que l'ogre lui avait infligĂ©, ne s'Ă©tait pas guĂ©ri. Il devra certainement restĂ© plusieurs fois sous cette forme afin de se rĂ©tablir. Ce qui ne le dĂ©plaisait pas, mais qui deviendrait vite redondant Ă  la fin. Il rĂ©flĂ©chissait en mĂȘme temps que son sprint, mais ne put parvenir Ă  une solution.

Il arriva finalement en bas de la plaine. Il prit une courte pause, scrutant les environs Ă  la moindre trace d'ĂȘtre vivant, mais rien. Uniquement un dĂ©sert de solitude arpentait les plaines de Tevars. Seuls quelques arbres, plantĂ©s Ă  la va vite par d'anciens humains, faisaient office de repĂšre pour Tioros.

Et c'est reparti ! De ses pattes agiles et souples, il bondit droit devant; sa rapidité était stupéfiante, et elle étonnait Sanbom, qui de loin, ne voyait qu'une silhouette de louveteau en train de courir.

Son pelage était noir foncé, déteignant en blanc sur son torse duveteux, avec des pointes de blancs et de marrons. Une de ses pattes, possédait une particularité: elle était bleu et rouge. Un cerceau de forme abstraite, entourant la couleur bleu comme dans une cage, acteur et la fois soupçon du réel, il faisait beaucoup penser à la personnalité bizarre et excessive du jeune homme. Sa fourrure, ébouriffée, gardait le jeune garçon dans une couverture permanente, et maniable.

L'air Ă©tait frigorifiant. Encore plus que tout Ă  l'heure. Tioros l'avait bien compris. Il s'arrĂȘta, constatant que quelque chose errait dans cette plaine, remarqua les traces de pas au sol, et commença la traque.

Une bĂȘte dĂ©moniaque et aussi sadique que les ogres, a sĂ»rement dĂ» tuer tout les animaux, pensa t-il. Pourtant, aucune trace de pas indiquant la prĂ©sence d'autres animaux, n'avait Ă©tĂ© aperçu par le jeune louveteau.

Pendant ce temps, Sanbom, éternua trois fois de suite; il n'était pas encore descendu, détestant les pentes. Et sa condition physique, ne l'avantageait pas.

Il est malade, mais rien de grave, seulement un petit rhume. Son nez et ses oreilles un peu rougeùtres purent en témoigner (ainsi que sa morve).

Il décida enfin d'entamer une descente. Il chuta, glissant le long de la plaine, évitant un ou deux rochers qui aurait pu l'assommer pour un siÚcle ou deux, puis, arriva tout en bas, furax et heureux.

(Sanbom)- Plaine de merde...

En plus du rhume, des blessures, quelques écorchures vinrent s'ajouter à son palmarÚs impressionnant (mais chiant à supporter).

Et quand à ce petit loup fourbe, lui, continuait sa traque. Il en savait désormais un peu plus, ou du moins, avait une piste à propos de la disparition des animaux.

Une minute ou deux l'eut suffit. Il put apercevoir une chose bleue, se mouvant. Mais une fois arrivĂ©e devant, il constata avec tristesse que les traces s'arrĂȘtaient.

A la place, un forĂȘt minuscule, s'Ă©tendait sur quelques kilomĂštres. Mais une particularitĂ© qu'il Ă©tait clair de souligner, et qui a d'ailleurs fais tiquer Tioros, c'Ă©tait la couleur des arbres:

Ils Ă©taient bleus et blancs, Ă  la fois comme de la neige et de la glace. C'Ă©tait probablement l'endroit d'oĂč venait l'air frais, se dit-il. Il reprit la traque, et quelques minutes plus tard alors que toute espoir semblait perdu, il l'aperçu enfin !

Un singe Ă  fourrure blanche, pareil Ă  la neige qui couvrait le sol. Il Ă©tait aussi petit que les singes en forĂȘts, mais il Ă©tait clair que ce singe n'avait rien de normal. Et plus il s'enfonçait dans la forĂȘt de glace, plus il ressentait un froid terrible. Son corps, sous forme de loup-garou, commençait Ă  prendre froid.

La créature, l'avait évidemment remarqué, elle aussi, elle prit donc le soin de fuir. Tioros voulant à tout prix ramener de quoi se nourrir, le prit en chasse.

La neige ralentissait les pattes de son loup, il allait devoir grimper tout comme le singe aux arbres, s'il voulait l'attraper. Il grimpa, et se rendit compte de la difficulté à grimper, et surtout à y rester. Il n'avait jamais vu de glace, ou de neige, auparavant, mais ce qu'il ne savait pas, c'était à quel point cela pouvait glisser.

Il tenta malgrĂ© tout de sauter d'arbre en arbre comme le singe, mais mĂȘme l'agilitĂ© de son loup, ne lui suffit pas Ă  surmonter la forĂȘt de glace. Il glissait Ă  chaque fois, prenant des risques encore plus Ă©levĂ©s que le dernier, de se vautrer tĂȘte la premiĂšre, la truffe en plein dans la neige, elle-mĂȘme complice du singe.

Et comme il s'y attendait, il perdu de vu sa proie. Pouvait-il encore vraiment le considérer comme une proie ? Il n'avait pas vu de pouvoirs émaner de lui directement, mais il influençait pour sûr, son environnement.

Il reprit une marche plus tranquille, mais étrangement, le froid... devenait encore plus glaçant qu'auparavant.

Et c'est lĂ  qu'il aperçut ce maudit singe Ă  fourrure blanche ! Il bondit sur lui, mais le singe, malgrĂ© tout surpris par Tioros, parvint Ă  s'enfuir de peu, distançant le jeune homme, en grimpant aux arbres, pris au piĂšge dans la glace. Il courut du mieux qu'il l'eut put, et lorsqu'il se rendit compte que le froid partait plus vite, qu'il n'Ă©tait censĂ© arriver si il se rapprochait du singe, il finit par se maudire lui pour son incompĂ©tence, et arriva dans ce qui semblait ĂȘtre un village abandonnĂ©e.

Sanbom n'avait aucune idĂ©e d'oĂč pouvait ĂȘtre Tioros. Et il s'Ă©tait Ă  peine remis de sa chute. Il se remit alors en route, et Ă©galement en quĂȘte de le retrouver. Il ne sut pas par quel cĂŽtĂ© Ă©tait passĂ© son ami, il se fia Ă  son jugement et son instinct, et prĂ©tendit qu'il se trouvait certainement tout droit.

L'herbe commençait à geler sous les pieds de Sanbom. Mais lui, contrairement à Tioros, n'avait aucune fourrure, juste un petit veston en peau de daim, mais qui ne ferait pas l'affaire lors de son expédition glaciale.

Aussi, la nuit commençait Ă  tomber. Sanbom commençait sĂ©rieusement Ă  dĂ©sespĂ©rer. Il rumina quelques insultes face Ă  la situation; il n'en voulait absolument pas Ă  Tioros pour son histoire de loup machin chouette. Et arrivant Ă  la lisiĂšre d'une forĂȘt, il remarqua que les arbres venaient il y a peu d'ĂȘtre dĂ©geler. Il rebroussa chemin, s'appuyant contre un arbre difforme en raison du terrain escarpĂ©, et s'assit dessus pour essayer de passer la nuit.

Il avait l'impression que la Lune le fixe. Il ressentit comme un moment de lĂ©ger malaise, puis, passa Ă  autre chose. Il avait froid, et rien que de penser Ă  cette forĂȘt, il n'avait qu'une idĂ©e en tĂȘte: rebrousser chemin. Il prit donc de quoi se faire un feu, ramassant les quelques branches un peu humides de l'arbre, et grĂące au silex il Ă©tait sur le point d'allumer un feu, mais il se rendit compte aussi d'autre chose; un autre feu de camp, plus ancien, Ă©tait situĂ© Ă  quelques mĂštres de lui. S'Ă©tant senti stupide pour ne pas l'avoir remarquĂ©, il vit aussi ce qui restait de l'arbre Ă  cĂŽtĂ©, un petit tronc. Il ne sait pas de quand datait tout ça, par contre, et il en avait la certitude, des gens Ă©taient venus avant lui.


Texte publié par CrocBourbie, 2 juillet 2024
© tous droits réservés.
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