*TW : violence, meurtre (comme indiqué sur sa fiche de présentation, cette histoire est déconseillée aux moins de 18 ans)*

5 novembre 2059 – Los Angeles

Les instructions étaient claires. Le plan fourni semble exact au détail près. Les caméras tournent en boucle ; la stratégie que j'ai mis des mois à élaborer a fonctionné à la perfection.

Je fais défiler les lignes de code. Le mot de passe n'a pas été difficile à craquer grâce aux indices fournis par cette étrange IA. Je me demande qui l'a programmée. Sans doute quelqu'un d'assez haut placé chez Johnz Corporation pour avoir accès à autant de données sensibles.

Je reste figé de stupeur devant le document que je viens de dénicher. Ma recherche n'aura pas été vaine. Si je me débrouille bien et si mon mystérieux informateur ne me lâche pas, je tiens mes preuves. Je démarre le téléchargement, fébrile.

Un léger bruissement détourne mon attention. Je plonge de justesse pour éviter le tir qui explose l'écran devant moi. Je dégaine mon arme tout en roulant sur le côté pour me mettre à couvert derrière l'armoire de bureau. Je pensais pourtant avoir désactivé les sécurités avec succès. J'avais tout minuté à la seconde près. Qu'est-ce qui a mal tourné ?

Toutefois, je jubile intérieurement en serrant la clé USB dans mon poing. Le 100% exhibé sur le terminal avant l'attaque ne m'a pas échappé. Si je parviens à m'en sortir… Non. Je dois m'en sortir. Pour lui faire payer tous ses crimes. Il ne peut pas en être autrement. Je tire à l'aveuglette, histoire de montrer que je ne plaisante pas. J'ai étudié le plan par cœur. Je connais toutes les échappatoires.

La grille d'évacuation est tout près. En couvrant le bruit avec une nouvelle salve, je la retire et m'engouffre à l'intérieur. À gauche. Puis encore à gauche. Puis à droite. Mon rythme cardiaque accélère à mesure que la sortie se rapproche. Je suis attentif au moindre son tout au long de ma progression. Si je ne me dépêche pas, il y a des chances que je finisse en passoire.

Enfin arrivé où je le souhaitais, je tends l'oreille. Quelques pas qui s'éloignent, puis le silence. D'un geste vif, sans lâcher mon graal au creux de ma paume moite, je pousse la grille et sors en douceur du conduit. Il ne me reste plus qu'à me glisser au dehors, par la fenêtre basse, et je serai tiré d'affaires.

J'atterris avec souplesse à l'extérieur. Cependant, lorsque je me relève, il se tient devant moi, coupant court à mon illusion de liberté. J'esquisse un geste pour tirer, mais il est plus rapide. Un éclair argenté. Le son étouffé par un silencieux. Une douleur fulgurante me transperce et je m'effondre.

J'ai échoué... Pardon, mon fils.

Un rictus de dédain déforme les traits de mon bourreau. Ses iris couleur émeraude luisent étrangement à la lueur de la lune. Alors que ma vision se brouille, je le vois s'approcher de moi, tel un serpent prêt à enserrer sa proie. Je ne sens même pas la douleur quand il écrase mon poignet pour forcer mes doigts à s'ouvrir et récupère la clé que je tenais toujours fermement.

– On se retrouvera en enfer, Johnson.

Cette réplique où je laisse couler toute ma haine me déclenche une horrible quinte de toux. Il se contente d'un rire sarcastique. Ma difficulté à respirer et le goût ferrugineux dans ma bouche ne me laissent aucun doute quant à mon état. Finalement, il pointe le canon de son arme droit sur mon front.

– Quel dommage... En voulant jouer les héros, tu es tombé tout droit dans mon piège. Tu vois, je sais faire preuve de clémence, alors je vais abréger tes souffrances. Repose en paix, Aaron Stone.