Lundi 1er juin 2070, 1h30 - Marseille, planque de Rev
Je chéris cet instant auprès de ma bien aimée, conscient que cette quiétude ne durera pas. Troublant la sérénité ambiante, un gargouillement retentit.
– Désolée… Ça doit faire plus de vingt-quatre heures que je n'ai rien avalé !
Effectivement, je n'ai rien mangé non plus depuis notre mésaventure et ma faim se réveille aussi. Je me libère doucement de son étreinte.
– Je dois avoir quelques trucs à grignoter. C'est pas le grand luxe mais de mon côté, je pourrais avaler n'importe quoi !
Elle se redresse sur le lit en gloussant, approuvant du chef. Seules les lumières de l'extérieur filtrant à travers les interstices de la porte et du toit nous éclairent. Je distingue sa silhouette svelte dans la pénombre.
Si parfaite…
Sorti de ma rêverie par un nouveau grondement qui provient de mon propre estomac, j'appuie sur l'interrupteur pour ouvrir le placard et trouver de quoi nous nourrir. Lorsque je me retourne avec un sourire triomphant, des nouilles instantanées dans une main et des barres énergétiques dans l'autre, je la surprends en train de me contempler. Il est vrai que je n'ai pas pris le temps de me rhabiller.
– Alors comme ça, on se rince l'œil ?
Loin de paraître gênée, elle me sourit d'un air entendu et se lève pour me piquer un en-cas, sans hésiter à me voler un baiser au passage.
– Il faut dire que la vue est plutôt sympa !
– Le beurre et l'argent du beurre…
– Avec le crémier en plus, ajoute-t-elle en riant.
Réprimant la nouvelle vague de désir qui m'envahit, je pars avec un sourire béat vers la salle d'eau pour remplir la bouilloire, puis entreprends d’enfiler mes vêtements pendant que l'eau chauffe. Soudain, alors que je me redresse un peu trop vite, les vertiges me reprennent, plus prégnants que les fois précédentes. Une violente nausée me prend aux tripes. Je perçois le hoquet de surprise de Dynah derrière moi.
– Dam ! Qu'est-ce qui se passe !?
Incapable de lui répondre, je prends conscience que je suis tombé à genoux. L'angoisse dans sa voix m'interpelle tandis que ses bras m’enveloppent pour m'aider à me relever. J'ai envie de la rassurer mais je m'en sens incapable. Le seul son qui daigne sortir de ma bouche s'avère être un râle de douleur.
– Viens, je vais t'aider, il faut t'allonger !
Je me laisse faire, titubant. Un voile noir m'empêche d'y voir clair. Je sens ses gestes tremblants quand elle m'installe sur le lit, plaçant un coussin derrière ma nuque. Le brouillard se dissipe et ses traits crispés par l'inquiétude se dessinent devant moi.
– Jay… Appelle Jay, dis-lui… Fanny.
J'articule difficilement. Mon crâne me semble sur le point d'exploser. Mon corps me paraît appesanti. J'ai l'impression de revivre ces horribles sensations d'il y a dix ans. Dynah m'aide à porter un verre d'eau à mes lèvres mais un haut le cœur m'empêche de boire.
– Ils sont médecins ? s'enquiert-elle avec un timbre plus aigu qu'à l'accoutumée tout en agrippant mon comtech.
Elle me le tend pour que je le déverrouille, je peine à bouger mes doigts gourds tout en murmurant :
– Fanny, oui…
Mes paupières sont lourdes comme du plomb. Alors que ma conscience me quitte, j'entends au loin de violents coups frappés à la porte.
Non…

| LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
|
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
3334 histoires publiées 1460 membres inscrits Notre membre le plus récent est Edelweiss44 |