15 août 2059 – aux abords de Marseille

– Mais t'es complétement cinglé ! Tu vois bien qu'il étouffe !

Marius me jette un regard noir. Juché sur le torse de son pote, il s'affaire à retirer la troisième bestiole. Ils se sont encore fourrés dans une drôle de situation et une fois de plus c'est moi qui paie les pots cassés !

– Fais-moi confiance, je sais ce que je fais, grogne-t-il.

Effectivement, l'horrible chose tombe au sol et je retiens un haut-le-cœur. Jay émet un drôle de gargouillement lorsque mon frère se relève.

– Fais attention quand même, j'y tiens…

Marius expire bruyamment en réponse à ma réplique avant de commencer à s'attaquer à la créature suivante. Son attitude m'agace. Est-ce ma faute si leur nouvelle expérience d’urbex à la noix a mal tourné ? C'est sûr, ils n'auraient pas pu anticiper que cette ruine glauque au milieu d'un marais serait infestée de sangsues venimeuses modifiées !

– Tu veux le faire à ma place peut-être ?

Je réprime un hoquet d'horreur. Même si j'ai l'habitude de voir du sang de par mon choix d'études et l'exercice illégal de mon domaine de prédilection, j'ai toujours eu la phobie de ces mini vampires ambulants.

– Tu sais bien que j'ai peur de manier ce genre de trucs ! Et j'ai pas envie de lui faire mal.

Mon frère ricane, ce qui a le don de m'énerver encore plus. J'ai hâte qu'il en finisse et que mon labo soit débarrassé de ces machins répugnants.

– Alors tais-toi et laisse-moi faire, au lieu de me mettre la pression.

Heureusement que je connaissais la formule de l’antidote et que j'avais tout ce qu'il fallait en stock. Mon frère a pu l’administrer à temps à son ami. Les conséquences auraient pu être bien plus graves s'ils étaient arrivés un peu plus tard. Pourquoi faut-il toujours qu'ils se mettent en danger ? Je maugrée pour montrer mon mécontentement :

– Si tu t'y prenais un peu mieux aussi…

Il baragouine un juron. La dernière bestiole lui saute dessus et s'accroche à son épaule.

– Aïe ! Voilà t'es fière de toi ?!

Ni une ni deux, j'attrape la tapette à mouche à proximité et frappe de toutes mes forces, arrachant un cri de fillette à mon frère. En sueur, je m'empresse d’écraser l'immonde petite limace sous ma botte. L'air de rien, je retourne poser mon arme improvisée à sa place.

J’avise le tableau pittoresque qui s'offre à moi. Jay se redresse en gémissant lamentablement. Marius se masse l'épaule en chouinant. J'aperçois presque les larmes de crocodile perler au coin de ses yeux. Je soupire d’exaspération devant cette image de la virilité suprême.

Ces hommes… Pires que des gosses !