Lundi 1er juin 2070, 5h25 - Marseille, planque de Rev
Je somnole encore tandis que Jay pianote sur son comtech. Ça doit faire au moins deux heures que les filles sont parties. L’exclamation de mon oncle me sort de ma torpeur.
– Rev, mais c'est quoi ce bin’s !?
Je tourne mon regard vers lui et l’observe lire à toute vitesse, les yeux écarquillés sur son écran. Qu’est-ce qui lui prend ?
– ‘Tain… T'as foutu quoi, encore ??
Il me colle son comtech sous le nez, s'affalant sur son siège en passant une main dans ses cheveux avec un air atterré. Un vrai tragédien… J'attrape l’appareil et l'éloigne de mon visage pour y lire le gros titre.
“Johnz Corporation, game over ?
Preuves à l’appui, nous venons d'apprendre que Donovan Johnson en personne serait l'organisateur des Gladiateurs Matriciels, jeux matriciels illégaux et mortels donnant du fil à retordre à la police matricielle depuis des mois.â€
Un sourire étire mes lèvres. Mon coup de maître a porté ses fruits. Johnson est démasqué et il ne doit pas en mener large. Je laisse même échapper un rire à la lecture de la question qui clôt l'article, accompagnée d'un croquis représentant un gladiateur en armure classique.
“Mais qui est donc ce mystérieux Revenge ?â€
Cependant, Jay interrompt ma lecture des hypothétiques réponses en m'arrachant des mains ce qu'il m'a prêté. Il souffle bruyamment, rouge comme une écrevisse. Je ne l'avais jamais vu aussi en rogne.
– Et ça te fait rire, toi !? Tu joues avec le feu ! s'exaspère Jay.
– Non, j'ai mis en œuvre la première étape de ma vengeance.
– Quand vas-tu arrêter tes conneries ? Avant de finir par y laisser ta peau ??
– Jay, je fais pas ça à la légère, j'ai un plan, ok ?
– Comme toujours, les plans fabuleux de Monsieur Revenge ! clame-t-il en gesticulant. Mais au cas où t'aurais oublié, ça fait déjà deux fois que Johnson réussit presque son coup, et tu sais ce qu'on dit de la troisième ! T'as retrouvé la femme que t'aimes, tu crois pas que ta vengeance sera accomplie si vous vivez heureux, tranquillement tous les deux ?
– Il ne nous laissera jamais tranquilles. Nous serons traqués sans cesse ! Et avec Dynah, je suis sûr de gagner contre lui.
– Parce qu'en plus tu comptes l’impliquer ? Puis c'est bien connu, assassiner une célébrité c'est la meilleure des choses à faire pour être tranquille, désapprouve-t-il.
– Je compte pas l’assassiner, juste le discréditer assez pour qu'il ne puisse plus rien attenter contre nous. Sans sa corpo, il n'est rien.
– Et s'il lui arrive un truc, à ta chérie ? T’y as pensé, à ça ?
Sa question me laisse perplexe. Dans l'élaboration de ma stratégie, Dynah a une place prépondérante, mais je n'ai jamais songé à la placer au devant du danger. Après tout, son père est notre ennemi et, même si je le sais capable du pire, je ne crois pas que le meurtre de sa fille soit dans ses plans.
Si tout se passe comme prévu, rien ne peut lui arriver. Le tintement d'une notification résonne. Jay laisse échapper un nouveau juron. Il semble paniqué, cette fois. Un mauvais pressentiment m'envahit.
– Qu'est-ce que c'est ?
Il commence déjà à s'agiter, récupérant ses affaires et le pistolet qui traîne sur la table.
– Un message de détresse de Fanny. Mais toi, tu bouges pas d'ici, c'est clair ?
Les battements de mon cœur se font erratiques, tambourinant dans mes tempes pour m'apporter une bonne migraine carabinée.
Comment pourrais-je rester sans rien faire si Dynah est en danger ?
– Et tu vas me laisser seul ici ? Je fais quoi s'ils viennent me chercher ?
Jay hésite un instant, fronce les sourcils, puis finit par annoncer son verdict :
– Quarante-huit heures de repos. Tu m'auras pas comme ça. Tu restes tranquille, je me suis bien occupé de la porte et le drone est lié à ton comtech. Au moindre signe dehors, tu files, mais autrement, tu restes bien sagement dans ce lit. C'est clair ?
Je serre les dents mais ne rétorque rien. Au fond, je sais qu'il a raison.
– Et s'il te plaît, pour une fois, écoute les conseils de tonton Jay ! ajoute-t-il avant de prendre la poudre d'escampette.
Le grincement strident de la porte, le cliquetis du cadenas, puis l'insupportable silence. Je ferme les yeux à m'en fendre les paupières.
Pourquoi est-ce que je les ai laissées partir seules ?

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