Dothee rentre chez elle. Elle traverse des rues qu’elle ne connaît pas encore ; cette ville est toute nouvelle pour elle. Elle tourne au coin d’un bâtiment, puis fait demi-tour avant de comprendre que finalement, non, c’était bien par là qu’elle devait passer.

Au pied d’un platane, elle s’arrête. Lève la tête. Derrière ses lunettes, d’aucun saurait ce qu’elle scrute vraiment, ni à quoi ressemble ce bout de visage masqué. De quelle couleur sont ses iris, porte-t-elle du maquillage, que raconte son regard ?

Ferme-t-elle les paupières quand la brise chaude s’engouffre dans sa longue robe verte et décoiffe son chignon ? Ou bien, les garde-t-elle ouvertes pour contempler le jeu du soleil dans les feuilles de l’arbre ? Tend-elle l’oreille pour capter le psithurisme et le chant des oiseaux ? Arrive-t-elle à faire abstraction des bruits mécaniques et du crépitement du goudron chaud ? Se délecte-t-elle des picotements de chaleur sur ses bras rougissants ou, au contraire, déteste-t-elle la sensation de moiteur qui cannibalise ses cellules ? Se souvient-elle, qu’en dessous de ses verres teintés, ses taches de rousseur se trouvent exacerbées, constellant ses joues de mille et une étoiles brunes ? Pense-t-elle à ses cheveux roux dans lesquels des reflets ambrés se frayent un chemin vers la lumière ?

À ce moment, il n’y a qu’elle et la ville qui savent.