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Les Roses de Duléro

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tome 1, Chapitre 17 « Ella Faureval » tome 1, Chapitre 17

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Glossaire disponible dans le prologue

Cycle des Sphères

Année de la Huitième Sphère

Ronde du Reflux des Sables

Farel 3 - Noxen

Eldan caressa du bout des doigts les pétales de la rose noire avant de se redresser. Il saisit le poignet d’Ella. Elle ne protesta pas. À quoi bon ? Il était trop tard pour reculer. Elle avait profané une tombe, franchi une limite.

D’un geste, Eldan tendit sa main libre, paume vers le sol. Une brume épaisse s’en échappa, engloutissant leurs traces, effaçant toute preuve de leur passage. Ella fixa ce brouillard mouvant, partagée entre fascination et malaise. Elle l’avait vu à l’œuvre, mais le vivre était tout autre.

Sans un mot, il la guida hors du cimetière, jusqu’au sentier.

Après quelques pas, elle s’arrêta. L’arbre sous lequel elle aimait se percher se dressait devant elle. Un refuge. Un ancrage. Elle n’avait plus envie d’avancer. Plus envie de fuir. Sa voix trembla d’une accusation qu’elle peinait à formuler.

— Pourquoi ?

Eldan tourna lentement la tĂŞte vers elle.

— Pourquoi l’avoir empêchée de rejoindre Fénora ?

Sa voix se fit plus dure.

— N’avait-elle pas déjà assez souffert ?

Il haussa un sourcil.

— Crois-tu que la souffrance donne droit à autre chose qu’à l’oubli ?

Un frisson remonta l’échine d’Ella.

— Je l’ai sauvée.

— Tu l’as condamnée à errer éternellement.

— Je lui ai offert la liberté.

Sa voix était calme et tranchante, comme une lame bien aiguisée.

— La liberté ? rétorqua Ella, incrédule. Elle ne peut plus parler, ni s’orienter, ni même exister.

— Et qu’aurait-elle trouvé dans Fénora ?

Elle ouvrit la bouche, sans répondre.

— La paix… le repos, souffla-t-elle.

— Non. L’oubli.

Son ton si sûr, si froid, sema le doute en elle.

— Tu crois que Fénora est un sanctuaire, mais c’est une dissolution. Ce qui y entre n’en revient jamais.

— C’est normal… C’est l’au-delà.

— Non. C’est un gouffre. Un puits sans fond. Tu crois que la mort est un passage, mais c’est un effacement.

Eldan fit un pas vers elle.

— L’Éthéra est une errance. Mais au moins, les esprits y sont encore eux-mêmes. Dans Fénora, il ne reste rien. Ni souvenirs. Ni identité. Ni âme.

— Tu dis ça parce que tu as peur de mourir.

Un éclat amusé brilla dans ses yeux rouges.

— Oui. Mais pas de la mort… de l’oubli.

Un silence s’installa. Puis il ajouta :

— La seule chose qui rattache un esprit à Quenara, ce sont ses souvenirs. Les perdre, c’est cesser d’exister.

— C’est pour ça que tu profanes les morts ? Pour voler leurs souvenirs ?

— Pour comprendre.

— Comprendre quoi ?

Il s’approcha encore.

— Dis-moi… Que s’est-il passé quand tu as mangé l’organe de Rose ?

Elle tressaillit. Ne voulait pas y penser.

— Tu as vu, n’est-ce pas ? Tu as ressenti sa fin. L’instant où elle a quitté son corps.

Elle resta muette.

— Chaque être meurt différemment. Certains s’accrochent. D’autres se dissolvent. Certains restent prisonniers de leur peur. Chaque dernier instant contient une clé.

— La clé de quoi ?

Il ne répondit pas. Il voulait la pousser à bout.

— Qu’as-tu appris de Rose ?

Elle voulut répondre, mais aucun son ne franchit ses lèvres.

— Tu l’as vue mourir, n’est-ce pas ?

Ses yeux rouges brillaient sous la lueur froide du réverbère.

— Tu as ressenti son dernier souffle. Son ultime espoir. Sa lutte.

Les images revinrent. Rose, luttant contre une force invisible, s’accrochant à un monde qui la rejetait.

— Elle… elle ne voulait pas partir, murmura Ella.

— Et pourtant, elle est partie.

— Elle n’a pas eu le choix.

Eldan esquissa un sourire.

— En es-tu certaine ?

— Elle s’est battue… et elle a disparu. Pourquoi ?

— Parce qu’elle a oublié comment rester.

Un silence s’abattit.

— Oublié ?

— La mémoire est une ancre. Sans elle, il ne reste rien.

— Ça n’a pas de sens. Les esprits de l’Éthéra oublient peu à peu leur vie à Quenara, et pourtant ils restent.

Elle s’accrochait à cette idée.

— Ils restent parce qu’ils ont encore quelque chose à perdre.

Un frisson la parcourut.

— Tu persistes à croire que Fénora est un sanctuaire, reprit Eldan.

— C’est ce qu’il est.

— Prouve-le-moi.

Elle voulut répliquer, mais se tut.

— Tu n’as jamais parlé à une âme passée dans Fénora, pas vrai ?

Elle baissa les yeux.

— Moi non plus. Personne ne l’a jamais fait. Parce qu’ils ne reviennent pas. Ils cessent d’exister.

Sa gorge se serra.

— Comme je te l’ai dit, ce n’est pas un paradis. C’est une dissolution.

Ses paroles résonnèrent comme un coup de tonnerre.

— Dans l’Éthéra…

Elle se répétait, consciente de s’accrocher à un fil ténu.

— Oui, les esprits disparaissent lentement. Le temps les grignote, les efface. Mais dans Fénora… tout disparaît d’un coup.

Un souffle de vent accompagna les mots d’Eldan. Sa voix, plus basse, plus tranchante :

— Ma mort n’efface pas. Elle consume.

Ella tremblait.

— Ce que tu cherches… ça ne changera rien.

— Au contraire. C’est la seule chose qui change tout. C’est la clé.

— La clé de quoi ?

Elle n’arrivait pas à comprendre.

— De ce qui fait qu’un être ne disparaît pas. À l’instant où l’âme quitte le corps, il y a un choix. S’accrocher… ou céder.

Un vertige la saisit.

— À ce moment précis, la frontière entre Quenara et l’Éthéra est plus fine que jamais.

La vérité derrière ces mots ne pouvait signifier qu’une chose.

— Tu veux comprendre comment ne jamais partir.

— Exactement.

Il s’arrêta devant elle, comme pour lui confier un secret.

— J’ai découvert que ce n’est pas le corps qui meurt en premier. C’est l’âme.

Son souffle se bloqua.

— Si l’âme ne meurt jamais… alors l’immortalité devient possible.

Elle resta pétrifiée.

— Rose voulait vivre. Elle s’est battue. Pourtant, elle s’est effacée. Pourquoi ? Parce que la mémoire est instable. Parce que le temps efface tout. Moi, je refuse cet effacement. Je veux inscrire mon existence au-delà du temps. Me lier à Quenara de façon indélébile.

L’immortalité… Un but qu’elle croyait illusoire. Mais Eldan…

— Tu maîtrises au moins deux pouvoirs principaux. Pourquoi chercher l’immortalité alors que tu peux vivre plus de vingt-cinq Cycles ?

— Cinq-cents Années… ce n’est rien. Un répit. Pas une solution.

Son regard rouge sang la transperçait.

Et si… c’était possible ? Elle effleura sa marque noire.

Un verset d’un vieux manuscrit lui revint :

— Le savoir ne réside pas dans la parole fugace ni dans l’encre périssable, mais dans la chair même de l’être. Il s’ancre dans les os, murmure dans le sang, sommeille au creux des organes où se gravent les mystères du monde…

Eldan, surpris, l’écouta réciter La Chair du Savoir.

— Seule la substance du corps conserve la vérité intacte… termina-t-elle.

— Tu connais les principes nécromanciens ?

— Quelques-uns.

Elle haussa les épaules.

Un silence.

— Pourquoi cette rose sur la tombe ?

Elle voulait fuir ses tourments.

— Elles sont le symbole de mon travail.

— Que signifie la noire ?

— L’emblème de la fin absolue. J’insuffle de bons souvenirs aux morts pour apaiser leurs tourments.

— Tu ne crois pas au repos éternel, pourtant cette rose en témoigne.

— Il existe plusieurs formes de repos.

Il ne répliqua pas.

— De combien de roses te sers-tu ?

— Huit.

— De quelles couleurs sont-elles et quelle est leur signification ?

D’un haussement d’épaules, il accepta.

— La rose rose pour la nostalgie et les souvenirs doux-amers est réservée à ceux qui ont eu une vie qui m’a touché ou que je respecte. La rose rouge incarne la puissance et ma passion pour la nécromancie dédiée à ceux qui m’apportent une grande source de savoir.

Ella l’écoutait attentivement, fascinée.

— La rose jaune symbolise la trahison, le danger ou un avertissement destiné à mes ennemies ou ceux qui m’ont trahi.

Avait-il des ennemies ? Ella réalisa qu’elle ne connaissait rien de lui. Il semblait solitaire et renfermé. Peut-être n’est-ce qu’un masque.

— La rose bleue pour les cadavres desquels j’ai échoué à obtenir des informations.

— C’était le cas du synergiste.

— Oui, il avait un pouvoir principal d’eau qui était défensif.

Ella acquiesça et le laissa poursuivre.

— La rose blanche représente l’innocence perdue et la pureté sacrifiée.

Ella baissa les yeux, méditant sur ses paroles et leur portée.

— Elles sont destinées à ceux ayant connu une mort tragique ou injuste.

Le portrait de Rose s’imposa dans son esprit. Et avec lui, ses derniers instants de vie.

— La rose violette témoigne du respect que j’ai pour les personnes au grand pouvoir. Pour ceux que je considère comme des égaux.

Le silence s’ensuivit, emportant Ella dans ses pensées.

Elle se sentit plus légère. La signification de la rose noire déposée sur la tombe de Rose avait apaisé sa culpabilité. Légitimant presque son acte.

Enfin, Eldan demanda :

— Cherches-tu encore à briser ta malédiction ?

Elle resta muette.

— Je voulais ton aide… mais après ce que j’ai vu, ce que je sais… je…

Elle n’acheva pas.

— L’immortalité n’est pas un don céleste. C’est une porte. Et la clé existe.

Ella ouvrit la bouche. Rien.

Tout ce qu’il avait dit… faisait écho en elle. Rose. Son dernier souffle. Sa peur. Son souvenir vacillait déjà. Elle porta la main à sa marque noire.

Elle avait tout sacrifié pour fuir la mort. Pourquoi s’arrêter maintenant ?

— Tu hésites encore.

Son regard intense la sondait.

— Si tu crois encore que la mort est une délivrance… pars. Tente ta chance. Mais si une part de toi sait que j’ai raison… alors, cesse de fuir.

Elle releva les yeux.

— Ce n’est pas si simple…

— Si. Ça l’a toujours été.

Un long silence.

Elle n’avait plus rien à perdre.

Sa malédiction, son passé, son innocence… tout cela était déjà derrière elle. Ce qui l’effrayait le plus, ce n’était pas Eldan ni ce qu’il faisait. C’était la possibilité qu’il ait raison.

Elle inspira profondément. Elle n’était plus celle qui avait quitté les Veilleuses du Chant de Vie ni celle qui avait erré sans but après son bannissement.

Elle était autre chose.

Elle leva la main et serra celle d’Eldan.

— J’accepte de te suivre.


Texte publié par Aihle S. Baye, 6 aoĂ»t 2025
© tous droits réservés.
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