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Of Potions and Riffs (Severus Rogue X OC)

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tome 1, Chapitre 33 « Le Testament de Salazar » tome 1, Chapitre 33

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Winter demeura plusieurs secondes clouée sur place, saisie par la vision en face d’elle de la silhouette imposante et impériale du basilic qui, sans un bruit, disparaissait à l’intérieur du visage de pierre qu’elle avait fini par associer à Salazar Serpentard par déduction. Ses paupières papillonnèrent plusieurs fois pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas. Son corps entier était parcouru d’un engourdissement étrange, ni léger ni lourd, celui qui s’emparait de ceux qui venaient de voir la mort les frôler de peu.

Au bout d’un moment, elle parvint à revenir à la réalité et à surmonter la sensation de flottement. Ses jambes longues et fines la portèrent jusqu’à la bouche taillée dans la roche. La jeune femme dut sauter pour se hisser au niveau de la lèvre figée dont le bord arrondi glissant ne rendait pas l’escalade très aisée. Heureusement pour elle, les concerts endiablés à bondir sur scène derrière son clavier pour enflammer les foules sur des riffs électrisants lui avaient conféré à force une détente respectable.

Enfin, après avoir enjambé la structure, Winter se laissa glisser de l’autre côté. Elle longea un couloir obscur à l’aveugle, s’orientant à l’aide des bruits de frottements émis par les écailles du corps serpentin devant elle.

Puis au bout d’un moment, ses yeux s’agrandirent d’incrédulité quand elle arriva dans une grande pièce circulaire immense éclairée faiblement par deux lanternes centrales à la lumière bleutée magique qui s’allumèrent à son arrivée. Le basilic se positionna au centre, à nouveau enroulé sur lui-même et la tête cornue tournée vers son invitée. Sa langue fourchue sortait de sa bouche à intervalles réguliers dans le silence le plus absolu, dans un mouvement presque hypnotique.

La musicienne s’autorisa à relâcher à moitié sa vigilance pour observer la salle secrète creusée à même la roche.

Partout au sol jonchaient des ossements anciens de créatures méconnaissables. Winter reconnut cela dit des restes solides très vieux de strangulots du Lac Noir, pour en avoir manipulé des organes en cours de potion à plusieurs reprises. La cave avait tout d’une tanière de monstre. Les restes étaient disposés de manière à la fois anarchique mais aussi presque esthétique dans leur effet visuel dissuasif. Bien que l’odeur du cadavre dans cette partie de la Chambre des Secrets s’était estompée, elle fut remplacée par une étrange effluve âcre d’œuf pourri qui constitua une nouvelle mise à l’épreuve olfactive pour la jeune artiste. Il ne fallut pas longtemps à Winter pour comprendre que l’endroit n’était nul autre qu’un nid de basilic.

Le serpent la fixait toujours de ses yeux jaunes sans ciller lorsqu’il prit la parole de sa voix douce et sifflante :

« - SSSCECI EST LE VÉRITABLE VISAGE DE LA CHAMBRE DES SECRETS. CONSSSTRUITE PAR SSSALAZAR SSSERPENTARD EN PERSSSONNE IL Y A MILLE ANS. »

Il se tut et observa la réaction de la sorcière. Winter murmura à voix basse, presque gênée par son propre écho.

« - Il a abrité un basilic ici pour…se débarrasser des Nés-Moldus, n’est-ce pas ? »

Le monstre inclina lentement la tête.

« - LORS DE LA FONDATION DE SSSCE CHÂTEAU, SSSERPENTARD SSSE TROUVA EN DÉSACCORD SUR LA QUESTION DES SORCIERS NÉS-MOLDUS FACE AUX TROIS AUTRES SSSORCIERS FONDATEURS. EN APPARENCE, IL PLIA, FEIGNANT D’ABANDONNER SSSES CONVICTIONS. MAIS ICI, DANS LES PROFONDEURS, IL GRAVA CE SSSOUVENIR INDÉLÉBILE. IL Y LAISSA L’ÉCHO DE SSSON DÉSIR LE PLUS CHER, ATTENDANT QU’AU FIL DES SSSIÈCLES PARAISSE ENFIN L’HÉRITIER DIGNE DE L’ACCOMPLIR. »

Winter écouta, les doigts serrés sur sa baguette à s’en blanchir les ongles, retenant une émotion d’écœurement et un sentiment de contestation ravivés en elle. Elle ne put s’empêcher de répliquer de manière sarcastique :

« - Oh, je suis sûre qu’il serait enchanté par ma présence ici alors, étant donné toute l’impureté de mon sang. »

Elle dégagea une mèche de son visage avec agitation avant de demander d’une voix méfiante et incertaine, toujours en Fourchelangue :

« - Pourquoi tu me dis tout cela ? Tu n’es pas censé perpétrer ses envies de génocides de moldus ? »

Le basilic ne réagit aucunement face à l’ironie soudaine de la jeune femme qu’il laissa glisser sur son épiderme squameux comme une ombre.

« - LES BASILICS NE NAISSSENT PAS INFÉODÉS À UNE CAUSE, AUGURE. ILS LE DEVIENNENT. PAR CHOIX. SSSCEPENDANT, ILS SSSONT BEAUCOUP PLUS MALLÉABLES AUX PREMIERS SSSOUFFLES… »

Soudain, la masse écailleuse se remit en mouvement. La voix reprit, plus basse, dans un venin de curiosité :

« - DIS-MOI, WINTER…SSSAIS-TU COMMENT AI-JE ÉTÉ ENGENDRÉ ? »

Et à ces mots, les flammes bleues dans les lampes frémirent, puis grandirent d’un seul coup, projetant dans toute la pièce une lueur écrasante sur la roche sombre, probablement du basalte dans cette partie de la chambre.

Winter recula d’un pas sous l’effet de surprise, les talons de ses chaussures claquant sur le sol. Elle leva les yeux en l’air et découvrit les parois de l’antre qui étaient plus hautes de plafond qu’elle ne se l’était imaginé. Mais ce n’était pas tout. Celles-ci, soudainement, s’illuminèrent d’elles-mêmes d’un tapis de petites flammes, se révélant être en fait parcourues d’une centaine de cavités de tailles identiques, creusées à même dans la pierre d’un gris foncé absorbant.

Chaque renfoncement dans la mosaïque d’alcôves contenait une petite bougie allumée par magie ainsi qu’un objet étrange, complètement inattendu : un petit œuf noir, figé dans une glace qui ne paraissait pas naturelle et ne fondait pas à proximité de la bougie. La disposition, rigoureusement reproduite dans chaque cavité, avait tout d’une forme de rituel ou d’un acte obsessionnel, d’une expérience interdite menée avec la ferveur méthodique et maniaque d’un alchimiste dément.

Winter s’approcha lentement d’une cavité, à la hauteur de sa poitrine, avec un mélange de fascination et d’horreur.

« - C’est…un œuf…de…poule ? »

Elle parla s’en même s’en apercevoir en observant la curieuse mise en scène. Le basilic demeura silencieux, son regard luisant la fixant avec inertie froide, comme s’il ne voulait pas lui donner toutes les clés tout de suite.

L’œuf devant elle, congelé par ce qui semblait être un sort Glacius amélioré, était noirci jusqu’à l’os de sa coquille. Par endroits, la surface s’était fissurée, laissant suinter une lueur huileuse sous la fine couche de givre. La puanteur bien que d’une toute autre nature que celle d’avant, n’était pas moins insupportable.

Winter recula d’un pas, détournant la tête.

« - …Errk…Qui peut bien avoir l’idée de congeler des œufs de poule pourris ? »

Son regard plein de dégoût revint vers le majestueux reptile.

« - Ne me dis pas que tu es sorti de ça ? »

Le basilic répondit de sa voix caressante :

« - LA NAISSSANCE D’UN ROI SERPENT N’OBÉIT À AUCUNE LOI DU MONDE VIVANT. SSSC’EST UN ACCIDENT DU SSSORT, UNE CONJONCTION INTERDITE ET PRESSSQUE IMPOSSIBLE. QUAND UN ŒUF DE POULE SE CORROMPT SSSUFFISAMMENT LONGTEMPS DANS UN LIEU SSSATURÉ DE MAGIE, IL ARRIVE QU’UN ANCIEN ROI SERPENT LUI INSSSUFFLE SA SEMENCE. SSSI LA COQUILLE ENDURE CETTE INTRUSION, ET SI UN CRAPAUD VEILLE SUR LUI ASSSEZ LONGTEMPS POUR TROMPER LA MORT, ALORS L’ŒUF SSS’OUVRE… ET JE NAIS. »

Winter fut saisie d’un frisson de curiosité morbide, à la fois captivée et dérangée. Elle passa sa main dans sa nuque pour tenter de conjurer le trouble.

« - Alors, cette pièce… C’est une salle d’incubation géante ? Tous ces œufs sont…de futurs basilics ? »

Le serpent esquissa un mouvement souple et long de son corps jusqu’à une dizaine de cavités, de loin semblables aux autres en apparence.

« - APPROCHE, AUGURE. »

Winter le suivit, encore profondément perturbée par la proximité d’une telle créature à côté d’elle. En arrivant face aux trouées, quelque chose la frappa. Les œufs concernés n’étaient plus soumis au sort Glacius. Certains étaient craquelés, un liquide noirâtre s’étant répandu et ayant séché jusqu’à contaminer la cire blanche de la bougie. Et pour l’un deux, il ne restait plus que quelques morceaux de coquilles. Winter comprit aussitôt, ses yeux alternant entre le basilic et ces derniers que cet œuf avait éclos.

« - Ces œufs…ils ont été ensemencés ? », demanda timidement Winter, dévorée par l’envie de comprendre.

Le basilic inclina légèrement la tête.

« - SSSCECI EST L’ŒUVRE D’UN JEUNE MAGE ENIVRÉ D’AMBITION QUI A TENTÉ DE SSSUIVRE LES PAS DE SSSON ANCÊTRE. MAIS LA GRANDEUR NE SSSOUFFRE PAS L’IMITATION. SON DESSEIN NE VIT JAMAIS LE JOUR. »

Winter fronça les sourcils, interloquée par les paroles cryptiques de la créature.

« - Ce n’est pas Salazar Serpentard qui a voulu faire éclore ces œufs ?

- SSSERPENTARD A FAIT ÉCLORE JADISSS LE ROI SSSERPENT DONT LA SSSEMENCE A SSSERVI À MA CONCEPTION. CELUI QUI EN SSSCE MOMENT MÊME REPOSE, DÉFAIT, DANS LA CHAMBRE DES SECRETS. »

La compositrice ouvrit les yeux, profondément surprise en réalisant que si le premier basilic tué par Harry Potter avait connu Salazar Serpentard, il avait probablement vécu des siècles, la fondation de Poudlard datant du Moyen-Âge. Elle regretta de ne pas avoir pu feuilleter plus en détail L’Étreinte du Regard Mortel de Phineas Drelmort qu’elle avait trouvé à la Réserve mais que Rogue avait toujours gardé avec lui depuis. Plus elle en apprenait sur les basilics, plus elle se surprenait à brûler d’envie d’en savoir plus sur ces créatures constituant pourtant aux yeux de tous des abominations de la nature. Peut-être était-ce son goût pour la transgression, pour sortir des sentiers battus, même en dehors de l’art ?

Et subitement, elle se rendit compte d’autre chose :

« - Mais…à part Serpentard et moi aujourd’hui, il n’y a eu qu’une seule autre personne de cette maison qui est venue ici, n’est-ce pas ? »

Le reptile géant l’écouta sans jamais cligner des yeux, semblant apprécier mettre à l’épreuve continuellement les capacités cognitives de Winter. Cette dernière murmura, en manquant presque de trébucher verbalement sur le nom par vertige et malaise :

« - …Voldemort est venu ici. Il a commandé le premier basilic. Il a forcément découvert cette pièce. C’est donc lui qui a tenté de faire éclore plusieurs œufs. »

Le cerveau de la musicienne cavalait à tout allure alors qu’elle tentait de reconstituer le puzzle.

« - Pourquoi seulement dix œufs ? Pourquoi pas tous ? Et pourquoi dis-tu qu’il a échoué si…tu existes ? »

- SSSCELUI QUE TU CRAINS ET NOMMES AINSI ÉTAIT PLUS JEUNE QUE TOI QUAND IL DÉCOUVRIT L’EXISSSTENCE DE CET ENDROIT ET LES INTENTIONS DE SSSON CRÉATEUR. IL ÉTAIT, COMME TOUS LES SANG-CHAUDS JUVÉNILES, PLEIN D’IDÉAUX. IL VIT EN CES ŒUFS LA POSSIBILITE D’ENGENDRER UNE ARMÉE ENTIÈRE DE ROIS SERPENTS OÙ IL SERAIT EMPEREUR PARMI LES ROIS. »

Le serpent tourna la tête et reprit ses ondulations lentes et hypnotiques dans la pièce.

« - IL ÉCHOUA. SSSALAZAR LUI-MÊME N’AVAIT RÉUSSI L’EXPLOIT DE FAIRE NAÎTRE UN BASILIC QU’UNE SSSEULE FOIS. »

Il leva son immense tête écailleuse couronnée de cornes.

« - PARMI CES ŒUFS, NUL NE SSSAURAIT DIRE À L’AVANCE LEQUEL PORTE LA VIE. PEUT-ÊTRE TOUS. PEUT-ÊTRE AUCUN. CERTAINS SSS’ÉVEILLENT UN INSTANT, PUIS MEURENT AUSSSITÔT. ET QUAND LA MAGIE CONSSENT ENFIN À RESPIRER DANS SSSCETTE UNION INSSSTABLE, IL FAUT ENCORE QU’UN CRAPAUD SSS’Y ATTARDE. LE JEUNE JEDUSOR N’AVAIT NI PATIENCE…NI FLAIR. »

Winter s’attarda un moment sur les œufs décongelés et abandonnés de la main d’un jeune Voldemort qui n’était à l’époque encore qu’un adolescent. La scène lui paraissait surréaliste.

« - Il aurait choisi ces œufs-là en pensant qu’ils étaient…activables magiquement dans leur stade de pourriture, aurait tenté une fécondation avec le basilic de Serpentard et aurait abandonné le projet parce que rien ne s’est produit ? »

Le monstre ne répondit rien mais son silence résonna comme une approbation. Il s’autorisa même un bâillement lent et impressionnant, sa mâchoire articulée reptilienne se déboîtant lentement, révélant une ouverture démesurée typiquement ophidienne et des crocs capables de fendre la pierre.

Winter sursauta presque, prise de court par le mouvement soudain. Elle n’avait jamais totalement baissé sa garde. Sa voix, presque trop mélodieuse pour le caractère sinistre de la pièce, résonna jusque dans les cavités.

« - Mais si ce n’est pas Voldemort qui t’a fait éclore, comment es-tu né ? Depuis quand ?

- LA FARCE DU HASARD, AUGURE. MON ŒUF, ABANDONNÉ DE L’HÉRITIER DE SERPENTARD FUT LE SEUL À SURVIVRE À L’INSÉMINATION ET À L’ÉPREUVE DU TEMPS, PLUS ROBUSSSTE QUE LES AUTRES. JUSSSQU’À CE QU’IL Y A DOUZE LUNES, UN CRAPAUD ERRANT SSSUBITEMENT S’Y INTÉRESSE ET VIENNE LE CHOYER RÉGULIÈREMENT. »

Douze lunes. Approximativement un an. Winter laissa échapper malgré elle un rire nerveux et percutant à l’idée qu’une créature magique aussi dangereuse qu’un basilic ait pu éclore en catimini toute seule dans les fondations de l’école dans le dos de Dumbledore et des professeurs et que malgré cela, le directeur avait affirmé en septembre à la cérémonie de répartition qu’il n’y avait nul endroit plus sécurisé que Poudlard dans le monde des sorciers.

« - C’est…presque dantesque, comme histoire. », souffla-t-elle bas, « Et comment un crapaud aurait-il pu venir ici ? Il y a des connexions ici avec le Lac Noir ? »

Le museau effilé et ossifié du basilic se tourna vers un coin de la pièce anodin en apparence, où il n’y avait que des gravats et aucune cavité dans le mur.

« - AUTREFOIS VEINE SSSOUTERRAINE RELIÉE, AUJOURD’HUI EFFONDRÉE. LES CRAPAUDS DE L’EXTÉRIEUR NE VISITENT PLUS CET ENDROIT DEPUIS DES SSSIÈCLES, COMME ILS LE FAISAIENT JADIS À L’ÉPOQUE DE SSSERPENTARD. »

Winter se dirigea avec curiosité vers l’ancienne galerie condamnée et sa main caressa distraitement une roche sombre. Elle réfléchit. Le batracien ne pouvait donc…que provenir du château. Il aurait pu se déplacer avec sa taille dans les mêmes interstices qu’utilisent les vers nécrophages pour arriver dans la Chambres des Secrets même si son entrée principale avait été scellée depuis deux ans.

Tout prenait sens progressivement. Mais malgré tout, une question restait toujours en suspens. Elle s’humecta les lèvres, un peu vacillante, avant de la formuler à voix haute :

« - Tu me révèles tout ça depuis tout à l’heure. Tu me parles depuis des mois. Tu m’as fait venir ici. Tu ne vas pas me faire croire que tu n’attends rien de moi maintenant ? »

Un claquement de langue sec et reptilien rebondit sur les parois. La paire d’iris dorées inexpressives se rapprocha de Winter les narines ouvertes du seigneur serpent étant désormais à portée de main face à elle.

« - TRÈS JUSTE AUGURE. TOUT SSSCECI N’ÉTAIT QU’UNE MUE AVANT L’ACTION. JE T’AI APPELÉE POUR UNE SEULE FIN : M’AIDER À QUITTER CE SSSANCTUAIRE. »

Cette fois, Winter eut l’impression que le sol se dérobait sous ses pieds. Elle manqua de s’étouffer avec un hoquet coincé entre le rire et la panique.

« - Pardon ? …Tu veux…sortir ? »

La requête lui apparut aussi inattendue que presque burlesque. Une créature immense, puissante, mortelle, engendrée dans le silence des profondeurs, faisait appel à elle, simple auteure compositrice et sorcière néophyte pour…découvrir le monde en surface.

« - Mais…pourquoi ? »

Le mot parut presque enfantin, naïf dans sa prononciation, et pourtant il ne l’était pas.

« - LE SSSEIGNEUR DES TÉNÈBRES IGNORE ENCORE MON NOM…MAIS LE TEMPS FINIRA PAR LUI SSSOUFFLER MON ODEUR. JE NE RAMPERAI PAS DEVANT LES HUMAINS - PAS MÊME DEVANT LUI. LE DERNIER ROI SERPENT EST MORT POUR AVOIR PRÊTÉ SSSA LANGUE À UN MAÎTRE. MOI, JE NE PRÊTE MES CROCS QU’AU DESTIN. »

La jeune femme fut étonnée de ne pas avoir identifié elle-même directement la raison. Un basilic ferait une arme redoutable et Voldemort n’en était pas à son coup d’essai avec la tentative de manipuler et contraindre des créatures magiques. Mais le simple fait que même qu’un monstre aussi puissant choisisse la fuite et l’ombre, bien que très reptilienne dans l’état d’esprit, face au sorcier dont tout le nom faisait trembler tout le monde magique, lui arracha un frisson d’angoisse le long de son corps. Le pouvoir de Voldemort devait vraiment être incommensurable.

Winter se pinça les lèvres et finit par incliner la tête d’un geste volontaire.

« - C’est d’accord. Je n’ai aucune idée de comment je vais m’y prendre mais…je t’aiderai. Il va tout de même falloir que je trouve une sacrée opportunité. Le seul moyen de sortir du château pour toi est de passer par les toilettes de la tour est et…de le traverser entièrement. C’est quasiment impossible sans se faire repérer. »

Sa lèvres inférieure joua avec ses incisives, tic nerveux qu’elle pouvait avoir parfois lorsque quelque chose coinçait en pleine session de composition, lorsqu’un accord ne voulait pas lui venir, ou dans des situations comme celle-ci qui semblaient inextricables.

Elle se souffla à elle-même sur un ton ironique :

« - J’ai déjà libéré un quatuor de dragons au nez et à la barbe du Ministère de la Magie, alors faire circuler illégalement un basilic à Poudlard ? …Je ne vois pas ce qui pourrait mal se passer. »

L’intéressé ne réagit pas, non pas parce qu’il ne comprenait pas le sarcasme mais parce qu’il y était toujours aussi insensible. Il releva la tête et reprit sa circulation lente et prédatrice dans la pièce.

« - SSSOIT. ALORS ICI JE PATIENTERAI. NE ME DÉÇOIS PAS. »

La conversation se referma de manière sèche mais sans brutalité. Lentement, les lumières des alcôves s’éteignirent. Et les deux lanternes bleues au milieu de la pièce faiblirent à leur tour. La longue silhouette serpentine disparut progressivement dans la pénombre et Winter se retrouva même à devoir se diriger rapidement vers le petit couloir menant à la bouche de la statue, avant de ne plus rien voir autour d’elle.

Il n’y eut aucun au revoir, aucune formule de politesse.

En deux temps trois mouvements, Winter fut à nouveau dans la salle principale de la Chambre des Secrets. Elle revit la carcasse de l’ancien basilic. Certains vers nécrophages étaient déjà de retour à leur banquet, la faim l’ayant emporté bien vite sur le principe de précaution.

La sorcière choisit de ne pas s’attarder. Elle commençait à sérieusement saturer sensoriellement et à se sentir vraiment oppressée. Le retour dans les galeries se fit au pas de course, les mouvements de Winter, faiblement éclairée de sa baguette dans le noir, ressemblant presque à des sauts de parcours d’obstacles erratiques. Elle anticipa davantage cette fois les débris minéraux, les stalactites au plafond et les restes de conduites tordus et oxydés.

Puis, enfin, elle retrouva la conduite principale, toboggan géant qui remontait directement vers les sanitaires des filles. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Rogue l’attendait-il encore en haut ? Combien de temps s’était écoulé depuis qu’elle était en bas ?

« - Wingardium Leviosa. »

Son corps se mit à léviter et, ne pouvant maintenir en même temps le sort de lumière, elle remonta le long de la tuyauterie en se guidant à tâtons avec sa main libre. Enfin, elle aperçut une faible lueur. Elle rompit le sort et se hissa en dehors du trou qu’elle avait fait apparaître un peu plus tôt au milieu de la rotonde des lavabos encore écartelée : l’entrée de la Chambre des Secrets.

Winter s’étire les membres un peu endoloris une fois sortie de la canalisation. Elle rompit le sort d’Oculumbra qui l’avait protégée du regard du basilic tout du long. Ses pieds foulèrent la grille d’évacuation des eaux. Et aussitôt, elle le chercha du regard.

« -…P…Professeur ? »

Seules les gouttes régulières d’une chasse d’eau dysfonctionnelle dans une des cabines de toilettes lui répondit. Même l’insupportable Mimi Geignarde n’était pas revenue.

Winter esquissa quelques pas vers la sortie de la pièce, le silence étant assourdissant tant il était empli d’une absence.

Sa main, anormalement tremblante de tension émotionnelle après ce qu’elle venait de vivre et ce qu’elle aurait voulu retrouver, se déposa sur la poignée de la porte et l’ouvrit lentement. Les appliques du couloir du deuxième étage dessinèrent sur son visage un éclat chaleureux et réconfortant après le décor lugubre et morbide qu’elle avait affronté.

Sa gorge se serra. Il était parti. Comme une ombre. Sans un mot pour lui prouver le contraire, qu’il avait veillé, qu’il avait eu un imprévu.

La lune était encore haute dans le ciel derrière les vitraux du château. Il lui restait encore probablement quelques heures de sommeil. Alors, profondément triste, Winter, se dirigea en traînant des pieds vers le dortoir de Serpentard dans les cachots. Elle était imprudente. Elle ne vérifia même pas que les couloirs étaient vides et praticables à chaque bifurcation, chaque escalier.

Et alors qu’elle arrivait au niveau du mur de pierre nu s’ouvrant sur la salle commune de Serpentard au son du mot « Sang-Pur » qu’elle abhorrait, des éclats de voix la retinrent. Elle traversa un petit corridor sombre et s’arrêta dans un angle où elle ne pouvait être vue. La première voix, masculine, dotée d’un accent de l’est, était nue, enveloppée d’une peur panique animale.

« - Severus. Ne le sens-tu pas ? Elle se renforce chaque jour. »

Une voix grave, calme, lisse comme une lame et immédiatement reconnaissable répondit :

« - J’avais cru être parfaitement clair, Igor. Cette conversation est close depuis le bal de Noël. »

Un bruissement de cape rembourrée laissa deviner à Winter un geste nerveux.

« - C’est encore plus marqué maintenant. Il va se produire quelque chose. Je le sais. C’est…proche !

- Si tu n’as rien de plus substantiel pour me déranger en plein milieu de la nuit pendant ma ronde, je te suggère expressément de regagner l’aile réservée aux visiteurs du tournoi et d’y demeurer jusqu’à nouvel ordre. »

Un claquement de porte brutal, probablement le bureau de Rogue, retentit. Puis des pas, dans la direction opposée à celle de Winter. Ceux d’Igor Karkaroff, le directeur de Durmstrang, qu’elle n’avait pas mis longtemps à identifier.

Elle s’approcha furtivement du bureau du Directeur de Serpentard à son tour, le cœur battant. Elle hésita longuement à frapper, le poing lâche suspendu devant le bois de la porte. Mais la peur du rejet, déjà tapie en elle, l’enraya. Elle redoutait trop d’en goûter à nouveau l’amertume.

Alors, la musicienne rebroussa chemin, interdite et le regard vague, ses pas la menant à son dortoir de manière automatique.

Ce qu’elle ignora, c’est que quelques minutes plus tard, un professeur de potions regagna les sanitaires du deuxième étage, furieux d’avoir été interrompu et se haïssant de céder malgré lui à l’inquiétude et à ce trouble qu’il méprisait.


Texte publié par NoxND, 25 octobre 2025
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