Scène 1 - L'abri académique
Une fois entré dans le bunker, je fus accueilli par les quatre soleils artificiels surplombant l'académie, qui brillaient au-dessus de ma tête, féroces et implacables. L'intensité de la lumière me contraignait à cligner des yeux et à les plisser afin d'éviter une brûlure. Le ciel naturel n'était ici qu'un rêve ; cet univers avec ses soleils synthétiques l'effaçait de l'existence. Il n'y avait pas de brise, pas de chaleur, pas même l'ombre d'un véritable rayon de soleil. La lumière du jour restait figée à midi, s'assombrissant en un crépuscule atténué vers vingt-et-une heures chaque nuit. Nous les appelions alors « les quatre lunes » — une sombre imitation d’un vrai coucher de soleil qui ne venait lamentablement jamais.Â
Je finis par distinguer les tourniquets habituels, mes yeux s’habituant peu à peu à l’éclat. Devant eux, des élèves de tous âges défilaient, leur présence discrète se fondant dans le bourdonnement mécanique des portiques de sécurité. Je me dirigeai vers la file la plus courte, progressant lentement tandis que les scanners automatiques scrutaient chaque élève silencieusement avec efficacité. Ceux-ci s’appuyaient sur les boucles d'aurore enroulées autour de chaque poignet afin d'identifier chaque porteur autorisé à passer. Un élève plus grand m’obstruait la vue. Son attitude désinvolte contrastait avec le flot de silhouettes avançant avec une certaine détermination. Une fois les derniers élèves passés, je pouvais voir la scène académique, le seul et unique décor routinier différent dans ma vie, se dévoiler une nouvelle fois à mes yeux.Â
L’école se révélait au-delà des barrières, un complexe tentaculaire sans équivalent dans l'ensemble du complexe d'abris. C’était le seul établissement scolaire de toute la cité souterraine. Plus qu’une simple académie, elle représentait le cÅ“ur battant de notre civilisation. Le lieu où le savoir, la discipline et la survie étaient inculqués aux générations futures. Les murs gris et métalliques monotoniques du bunker s’effaçaient ici face à l’ordre structuré et rassurant du campus. Des allées s’étendaient dans toutes les directions, menant à différentes sections. Toutefois, le site était calme. Les entraînements n’avaient pas encore commencé et les élèves évoluaient avec une lenteur presque timide, leurs conversations étaient rares.Â
Sous mes yeux, l’aile sud s’étalait en un vaste espace ouvert, une rare illusion de liberté au sein du bunker confiné. Une large piste de course encerclait la zone, sa surface marquée de tracés usés par le temps. À l’intérieur de ce périmètre, divers terrains de sport s’étendaient—des agrès de gymnastique oscillaient légèrement au-dessus de tapis moelleux, des structures d’escalade s’élevaient vers le plafond artificiel, et des terrains dédiés à différents jeux de ballon demeuraient vides, leurs filets pendants. Quelques élèves s’échauffaient ou couraient le long de la piste, tandis que d’autres se regroupaient près du dôme de l’arène de simulation, ses portes renforcées restant closes pour le moment. Quelques structures éparses—vestiaires, entrepôts et un poste de surveillance—délimitaient les abords, en attente du début des activités de la journée.
À ma gauche, l’aile ouest plus petite que les autres se distinguait par ses petits bâtiments colorés. Leurs murs ornés de fresques représentaient des forêts, des rivières et une faune disparue depuis longtemps de la surface. Des rires d’enfants en bas âge, bien qu'étouffés, résonnaient dans l’air alors qu’ils interagissaient avec des projections holographiques lumineuses, leurs petites mains traçant des lettres et des chiffres en suspension. Mais la technologie était loin d’être parfaite : les images vacillaient et se déformaient par moments, trahissant brièvement l’usure des projecteurs, qui peinaient à maintenir leur clarté. Des éducateurs en uniformes bleu profond se déplaçaient avec aisance parmi eux. Ils guidaient doucement par leurs voix, un contrepoint apaisant au bourdonnement continu des dispositifs d’apprentissage. Nous quittions cette zone en général vers l'âge de 4 ans grâce aux capsules fournissant un apprentissage des langues parlées au moins deux fois plus rapide.Â
Juste à côté se trouvait un immense réfectoire, son agencement ouvert parsemé de tables soigneusement alignées et de longs comptoirs où des distributeurs automatisés attendaient, inactifs, le premier repas de la journée. Une odeur subtile de grains conservés et de repas enrichis en nutriments flottait dans l’air, rappelant la gestion industrielle rigoureuse des ressources alimentaires dont nous disposions. Quelques élèves de tout âge avaient déjà pris place, assis en silence ou échangeant sur le cours de la nuit passée ou leurs projets dans la journée à venir. Les grandes parois vitrées en hauteur affichaient des paysages apaisants en perpétuel changement—des forêts, des océans, des ciels ouverts—destinés à donner une illusion d’espace dans ce monde souterrain confiné.
Au-delà de l’aile sud, l’aile nord s’étirait en une série uniforme de structures empilées, toutes identiques en forme et en taille. Les bâtiments formaient une symétrie dont l'oppression était atténuée par des peintures bleu clair et vives dégageant une impression de rigidité. Ici, il n’y avait pas de séparation rigoureuse par âge—l’avancement dépendait du niveau et des capacités plutôt que du temps passé à étudier. Les élèves avançaient à un rythme régulier, leurs expressions neutres, leurs voix feutrées. Tandis qu’ils se concentraient sur l'étude théorique et les matières essentielles—langues, histoires, civilisations, sciences, mathématiques, ingénierie...Â
À ma droite, l’aile est formait une continuation de l'aile nord, ses structures plus grandes et interconnectées. Bien qu’elles évoquassent aussi des blocs résidentiels colorés, leurs proportions étaient différentes, optimisées pour la fonctionnalité plutôt que l’habitation. Contrairement au design de l’aile nord, ces bâtiments étaient pratiques, construits dans un souci d’efficacité plutôt que d’esthétique. Des passerelles reliaient les structures à plusieurs niveaux, formant un réseau dense de couloirs et de plateformes qui me donnaient une impression de chaos.Â
Malgré sa réputation de centre d’apprentissage avancé, la technologie y était fonctionnelle sans être révolutionnaire, privilégiant des méthodes éprouvées à des innovations de pointe. À l’intérieur, les élèves perfectionnaient leurs compétences dans diverses disciplines, notamment la médecine, l’ingénierie et l’agriculture.
Debout à l’entrée, je pouvais tout embrasser du regard—le calme ordonné des apprentis, la quête incessante du savoir et la formation rigoureuse façonnant la prochaine génération. Ce lieu était bien plus qu’une école. C’était le cÅ“ur même de la survie de la colonie.Â
Ma boucle d'aurore vibra légèrement au passage du tourniquet puis mon regard fut attiré vers l’écran holographique qui flotta aussitôt dans l'air. Il affichait une carte détaillée du campus. Un marqueur lumineux pulsait au centre et désignait ma destination assignée : un petit amphithéâtre de l'aile nord.
A mon arrivée, seule, une fille vêtue d'une combinaison à la teinte jaunâtre et des cheveux bruns couvrant ses oreilles attendait déjà . Elle me parut plus jeune alors je pris l'initiative de la saluer, puis reçus la même réponse avant que le silence ne s'installât. Sa frange retombant jusqu’à hauteur de ses yeux ne me permettait pas d'en distinguer la couleur. Quelques longues minutes passèrent avant que je me décide à ouvrir la bouche :
— Moi, c'est Yuki, et toi ?
Elle leva la tête, ce qui me permit de mieux la distinguer, pour me répondre:
— Li... Liora...
Ses yeux ambrés allaient de pair avec ses cheveux, mais les rougeurs de ses joues trahissaient sa timidité.
La porte s'ouvrit, interrompant notre début de conversation qui avait averti le conseiller de notre présence.
— Enchanté, jeunes gens. Je vais vous guider pour la journée.
Je remarquai le sourire attendu d'un guide bienveillant manquant sur son visage et il dit après une pause courte:
— Vous êtes tous les deux là . Entrez.
Je pris l'initiative. Nos chaussures grinçaient sur le sol, amplifiant l’austérité que projetaient les sièges vides de l'amphithéâtre, une sensation qui se réverbérait sur les murs.
Le conseiller nous fit asseoir juste devant le pupitre.
— Vous êtes ici aujourd'hui parce que l’école a estimé qu'il était temps pour vous d'explorer les métiers susceptibles de vous convenir et de servir la communauté . Nous sommes conscients que cela paraît soudain et rapide à votre âge mais je vous assure qu'il y a bien une raison à tout cela.
Il nous expliqua que nous devions obtenir nos accès avant de nous rendre à l’abri-archive 42. Là -bas, nous assisterions à une séquence virtuelle, puis passerions un entretien individualisé. Ensuite, nous serions libres de mener nos propres recherches pour le reste de la matinée, afin de réfléchir à notre avenir.
— Vous aurez accès à des connaissances qui ne figuraient pas dans vos cours habituels. Veuillez ne pas vous perdre dans les méandres de l’information et concentrez-vous sur ce qui pourrait réellement vous aider à vous orienter. Je vous conseille de profiter du trajet pour vous préparer à un éventuel choc.
J'étais resté bouche bée, suspendu entre curiosité et appréhension, dans une atmosphère devenue encore plus coupante après les derniers mots du conseiller, qui semblaient annoncer une révélation inévitable. Un coup d’œil à ma voisine me révéla une posture trahissant sa timidité. Avait-elle écouté ces derniers mots ?
— Maintenant, je vais vous demander de venir jusqu'à mon bureau et de poser vos boucles d'aurore sur ce réceptacle, un par un, afin de les mettre à jour et d’obtenir vos accès.
Il confirma qu'il n'y avait pas de confusion en scannant nos visages, puis il reprit :
— Yuki Delmar.
Je m'exécutai, posai ma main sur la silhouette dessinée lui ressemblant. Mon bracelet clignota de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel pendant quelques secondes, avant de retrouver sa teinte grisâtre habituelle.
— Vous pouvez sortir et m'attendre devant l’amphithéâtre.
Le nom de Liora Sibéline furent les derniers mots atteignant mes tympans avant de refermer la porte derrière moi.
Scène 2 - Voyage en groupe
Je ne m’attendais pas à trouver le couloir occupé par deux étudiants plus âgés en pleine discussion. Je reconnus le jeune homme à la peau sombre aperçu plus tôt à l’entrée, mais ce fut la fille, aux traits caucasiens et au joli sourire, qui réagit la première. C’était une voisine plus âgée, Éléa. Nous avions partagé quelques entraînements matinaux.
— Oh ! Bonjour Yuki ! C’est ta première orientation ?
Son inquiétude me sembla naturelle, bien qu’elle ne mâchât pas ses mots et n'hésitâta pas à montrer ses courbes avec une pose de vainqueur comme quoi elle avait grandi. C’était sa façon à elle de détendre l’atmosphère.
Le jeune homme s’introduisit avec une aisance étonnante :
— Andy CHAAAA-LAA.
Il avait un sourire franc et une prestance tranquille qui me fit momentanément oublier les inquiétudes liées à la présentation future.
Il portait un sac, chose rare dans ces lieux, qui paraissait lourd. Sa solide carrure lui permettait sans doute de transporter ce que je n’aurais même pas pu soulever.
Que pouvait-il bien transporter dans ce sac ?
Liora et le conseiller sortirent de la salle.
— Bonjour Andy, Éléa! Vous êtes tous là sauf la retardataire habituelle qui nous rejoindra sur place! Nous pouvons partir.
En chemin, notre discussion se porta sur les expériences de chacun. J'appris qu'Andy souhaitait rejoindre l'extérieur, mais les conseillers ne voulaient pas qu'il gâchât ses compétences oratoires dans un métier le menant à l’extérieur du complexe souterrain. J’aurais pensé que sa carrure lui aurait peut-être facilité l’accès, mais il fallait vraiment être parmi les meilleurs dans certains domaines.
Éléa, quant à elle, s’intéressait aux soins des malades. Sa mère avait été victime d’un accident et avait subi des blessures graves à la suite d’une exposition aux radiations. Cela avait influencé son choix. Au travers de ses expériences, elle cherchait à s’ouvrir une voie où elle pouvait aider les gens.
Liora, quant à elle, resta silencieuse pendant tout le voyage.
Scène 3 - L'abri-archive 42
— Ça en jette, hein, les petits ? dit Andy.
— Voici les archives, jeunes gens. Andy, Éléa, faites comme d’habitude pendant que je présente les lieux aux nouveaux. Je vous verrai individuellement à une table proche de la salle numéro trois.
— Entendu.
— Compris.
Cet abri était une merveille technologique. Bien que plus petit que l’abri-académique, il dégageait une atmosphère plus feutrée, presque confidentielle.
Au lieu d’être composé de bâtiments, il s’organisait autour d’une vaste pièce circulaire à plusieurs étages, comme si nous étions à l’intérieur d'une tour, avec un large espace permettant de voir tous les niveaux depuis l'entrée.
— Liora, Yuki, veuillez me suivre et ne pas vous perdre. Les archives se divisent en trois sections. Au centre se trouve la galerie d’artefacts. C'est sombre mais vous y trouverez surtout des vestiges récupérés de l’ancienne civilisation, retraçant l’histoire et la science de l’humanité.
Elle baignait dans une lumière bleue extrêmement faible, presque irréelle, comme si l’espace refusait de se révéler. Aucune forme distincte ne se laissait discerner, sinon des silhouettes vagues, floues, dont l’immobilité renforçait l’étrangeté. Mon regard tentait de percer l’obscurité, mais rien ne s’offrait vraiment à lui. Une sensation diffuse, mêlée d’excitation et d’appréhension, m’envahit. Ce que contenait cette zone, je l’ignorais — mais je sentais qu’il ne s’agissait ni de livres, ni de données. Quelque chose, là -bas, m’attendait. Sans bruit. Sans nom.
Pour l’instant, nous longions le côté gauche de la salle. Une lumière ambiante tamisée, presque naturelle, éclairait suffisamment pour distinguer d’innombrables rangées de livres imprimés, qui s’alignaient dans un silence presque pesant.
— Tout autour se trouvent les archives papier. C’est une bibliothèque de toutes les connaissances littéraires que nous avons pu récupérer à l’extérieur. Les étages en sont des extensions. Très peu sont nos créations car nous utilisons principalement le format numérique et nous privilégions l'espace de stockage pour ce qui est déjà matérialisé. De plus, nous sommes pas en mesure de produire du papier de façon massive.
Entre les rayons, des fauteuils de lecture étaient disposés avec soin, accompagnés de tables, créant une ambiance de concentration studieuse. Certaines étagères étaient des vitrines scellées, sans doute pour en préserver le contenu.
L’odeur délicate du papier avait rempli mes narines, et je me surpris à ralentir le pas.
Je me retournai, remarquant que quelqu’un manquait.
Liora s’était arrêtée devant une étagère et prit un livre, avant d’en effleurer les pages délicatement, d’un mélange de respect et de curiosité.
— Tu es déjà venue ici ?
— Non… Je ne pensais même pas que les livres existaient encore. Pas en vrai. Pas comme ça.
C’était la première fois qu’elle s’exprimait depuis notre arrivée. Elle referma le livre d’un geste rapide, comme si elle venait de se rappeler notre présence. Était-ce le choc silencieux d’un retour à la réalité… ou autre chose ?
— Vous ne pouvez pas lire toutes les œuvres directement, reprit le conseiller, mais vous pouvez chercher celles qui vous intéressent grâce aux tablettes empilées sur les tables. Elles vous permettront de consulter le contenu de tous les livres, y compris ceux protégés. C’est une vieille technologie, mais votre boucle d’aurore permet aussi d’enregistrer les références pour une consultation future, ici ou dans un terminal compatible à l’extérieur.
Liora leva légèrement la tête, manifestement intriguée. Le conseiller remonta ses lunettes avant d’ajouter :
— L’accès à l’information est gratuit et facilité, mais nous avons besoin de science. Quelqu’un qui s’intéresse au contenu des livres sera forcément apprécié dans certains domaines.
Quelques portes de métal, parsemées de LED, se détachaient nettement des bibliothèques. L’une d’elles, marquée du numéro trois, attira mon attention.
— C’est ici que vous allez regarder une séquence virtuelle. Les informations qu’elle contient sont un facteur important à prendre en compte pour votre avenir. Ensuite, nous poursuivrons avec de courts entretiens individuels. Installez-vous dès que la porte s’ouvre.
Le conseiller marqua une pause avant d’ouvrir la porte. Son visage laissait transparaître un soupçon de remords, mais il reprit, comme s’il n’avait pas le choix :
— J’espère que vous êtes prêts. La réalité ici-bas peut se révéler atroce et choquante.
L’intérieur était tourné vers la modernité. Une demi-douzaine de sièges, adaptés aux formes du corps, étaient disposés en cercle. Des formes géométriques au sol indiquaient la présence d’un mécanisme.
Liora souffla à voix basse, le regard tourné vers les fauteuils :
— On dirait un endroit pour... s’oublier.
Son ton était neutre, mais je ne savais pas si elle plaisantait ou si elle disait ce qu’elle ressentait vraiment — ni même si ses mots m’étaient destinés.
Je tentai un sourire, sans succès. Elle, en revanche, semblait plus calme qu’avant.
Assis l’un à côté de l’autre, un demi-socle de verre se referma sur nous et les lumières s'eteignirent jusqu'au noir le plus totale et la séquence virtuelle démarra.
Les sièges se replacèrent vers l’extérieur avant de se retourner pour se rapprocher autant que possible au centre de la pièce. Il n'était plus possible de sortir avant la fin de la séquence à moins d'enclencher un système d'urgence.
Contrairement aux capsules, c'était une diffusion consciente avec un contenu statique tel un film, seulement, cela restait une histoire comme si on la vivait en direct dans toutes ses dimensions, mais un hologramme projeté au milieu nous servait de guide avant de nous immerger sans rupture dans le monde virtuel de façon à ne pas se sentir étourdis.
Il fut un temps où la Terre regorgeait de ressources. L’humanité franchissait les dix milliards d’individus, la technologie galopait, les rêves d’unité mondiale devenaient enfin crédibles.
L’humanité avait peut-être évolué mais elle restait humaine. Et la discorde, comme toujours, trouva sa place dans les interstices du progrès. Mais la guerre ? La guerre ne change pas. Elle ne meurt jamais.
Et lorsque ses crocs se referment, elle ne laisse rien derrière.
Derrière les promesses scientifiques — médecine avancée, IA consciente, exploration spatiale — se cachaient des projets plus sombres : armes autonomes, manipulations génétiques, virus expérimentaux, production de nourriture toujours plus tordue. Les États faisaient mine de collaborer. En réalité, ils se préparaient.
Un espionnage, une fuite, une erreur ? Nul ne sait exactement. Mais un matin, sans préavis, le monde brûla.
Ce jour-là , il n’y eut ni vainqueur, ni guerre. Juste une extinction en direct.
En moins d’une journée, les bombes tombèrent. Les satellites chutèrent. Les villes disparurent. Les communications s’éteignirent. Le ciel lui-même sembla se refermer.
Seuls survécurent ceux qui, par peur ou par hasard, avaient déjà rejoint les abris.
Je sentis la pression monter. À côté de moi, Liora, plus jeune que moi, glissa sa main sur mon bras, instinctivement. Et même avec une maturité plus avancée, nos cœurs restaient aussi sensibles que juvéniles.
La planète n’était plus qu’un désert irradié. Les océans s’évaporèrent lentement. La vie en surface s’éteignit. Pour des siècles. Peut-être plus.
Des années plus tard, dans les ruines muettes de la Terre, quelques survivants parvinrent à se rassembler. Ainsi naquit une fragile lueur dans le néant:
Solineris — La lumière renaissant à travers la ruine.
Plus jamais un seul homme au pouvoir. Le Conseil des Superviseurs fut créé : une fonction civique unique, attribuée une seule fois, aléatoirement, dans chaque abri pour un temps très court et n'attribuant aucun avantage.
Une intelligence artificielle en gérait l’équilibre, évaluait les aptitudes, surveillait les dérives et au moindre doute laissait la place au changement.
Notre monde s’arrête désormais à ces murs. Le reste n’est plus que ruine, poussière et souvenirs mais la reconquête et la renaissance ne sont qu'une question de temps et de science.
Le visionnage prit fin, et la lumière revint progressivement. L’extérieur me semblait bien plus dangereux que je ne l’avais imaginé auparavant. Mais les urgences furtives de mon père, et les situations vécues dans les abris de temps à autre, m’avaient préparé à contenir un éventuel choc.
Liora remarqua son geste et me lâcha. Nous avions tous les deux le feu aux joues. Elle ne devait pas avoir idée de ce qui l’attendait, mais les images étaient suffisamment brutales pour causer un traumatisme… et comme je reprenais seulement mes esprits, je ne pouvais que l’observer silencieusement…
Le conseiller, ayant remarqué l’état de Liora, me fit signe d’attendre mon entretien à l’extérieur de la pièce. Je repris conscience des lieux où je me trouvais. Je retirai doucement sa main et lui indiquai que tout était fini, puis je m’exécutai sans attendre.

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