Dans la pièce, Aaron perçoit un changement subtil mais indéniable. Il ne saurait dire en quoi précisément, seulement que l’air semble s’être alourdi, chargé d’une tension diffuse, comme si son hôte venait de remonter sur scène.
Il ferme les yeux, inspire longuement afin de saisir au mieux l’ambiance puis demande à voix basse :
“ Et ensuite, Heath ? Que s’est-il passé ?
- Ensuite ? Eh bien, si tu connais cette émission tu devrais le savoir. Mais à la lueur de ton regard, je constate que tu l’ignores. Voici donc ce qu’il s’est passé.
Nous passions en dixième position sur vingt-six candidats, avec seulement trois minutes pour convaincre. Pendant que nous attendions dans les coulisses, des bruits étouffés nous parvenaient depuis la scène : les voix enjouées des animateurs, les acclamations de la foule, le déroulé rythmé des prestations précédentes.
Autour de nous, tout était bien plus calme. L’ambiance joyeuse et amicale qui régnait durant les répétitions avec les autres participants n’était plus qu’un souvenir. Les techniciens couraient en tous sens à l’arrière, enchaînant décors et ambiances dans un ballet invisible mais précis. Le temps, lui, s’effilait lentement, seconde après seconde.
Nos regards, fixes, se perdaient dans nos propres reflets, comme s’ils cherchaient à s’y retrouver une dernière fois.
Il n’y avait plus de place pour l’hésitation.
Le silence, juste derrière le rideau, n’était qu’un masque tendu sur la foule.
Puis, une voix retentit dans nos oreillettes :
— Cinq secondes.
Nos regards se croisèrent. Mon cœur se serra d’une appréhension mélangée à de la joie. Je fis un hochement de tête à Rhoda. Les lumières s’allumèrent et le rideau s’ouvrit.
Lorsque les premières notes retentirent, toute tension s’envola. Devant la foule, dans un décor presque identique à celui de notre université, Rhoda se mit à chanter et mes notes retentirent dans l’espace.
Libérés de toute tension, nous vivions notre art comme jamais auparavant.
La foule, tout d’abord silencieuse, commença à frapper des mains au rythme de la musique, puis au refrain une ovation avait commencée. Prise dans l’ambiance Rhoda descendit du décor et s’approcha de la foule, grisée, je la suivit mon instrument à la main. Ensemble, nous avons traversé la scène en forme de "i", gagnés par l’énergie de la salle, happés par les regards.
Les dernières notes retentirent et la foule nous acclama de plus belle. Nous eûmes à peine le temps de la remercier que les lumières s’éteignirent. Nous quittions la scène, les yeux brillants, le cœur battant, rayonnant de joie.

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