CHAPITRE 1 : UNE MISE À LA RETRAITE VOLONTAIRE

Que vais-je faire de ma vie ? Ma femme vient de me quitter. Mon plan de retraite m'invite à quitter mon emploi, ce à quoi j'acquiesce. Spécialiste en méthodes de recherches et avec toute l'expérience que je viens de vivre dans les files, tout en demeurant parfaitement incognito, je me dis que je devrais compléter mes revenus de retraité en proposant mes services comme détective privé. Évidemment, pour éviter l'impôt, je vais faire cela privément sous un pseudonyme. Je pourrais m'appeler Jean Quète. Faisons une recherche sur Internet. Oups ! je ne peux pas. Il y a déjà un détective qui porte ce nom. Bien sûr, ce n'est qu'un personnage dans des livres pour enfants, mais il faut tenir compte des droits d'auteur. On me connaîtra donc sous le pseudo de Jenquet.

Je m'installe

Un divorce coûteux et une ordonnance judiciaire m'obligent à quitter le domicile ex-familial. Je délaisse ma ville pour migrer dans un village internationalement connu de ses 1234 habitants : St-Jean-D'Épîles. Vivement un bled où tout le monde se connaît, s'entraide et partage ses émotions sans aucune muraille de gêne, ayant souvent les mêmes gènes. Une nouvelle vie débute pour moi.

Le village ne comporte qu'une rue principale portant le nom de Rue Principale. Elle est l'épine dorsale où confluent quelques artères secondaires cabossées où résident les résidents. Une petite église sans curé, une école buissonnière comportant deux classes élémentaires, un hôtel nommé Le Repère qui me servira de repaire et un bordel La Poule Mouillée au premier étage de l'hôtel. Leurs font face : le bistro À la Pointe du Couteau l'édifice municipal abritant la mairie et la gendarmerie puis le vieil édifice du journal La Dépêche.

À peine installé au second étage de l'hôtel, j'y rencontre mon voisin de chambre un certain Hocquet, jeune journaliste dans la vingtaine au journal La Dépêche, qui se hâte de prendre de mes nouvelles pour ses nouvelles. Grand gaillard à l'allure insignifiante, ce qui se confirme dès l'ouverture de sa bouche qui énonce des propos décousus. Cheveux blonds hirsutes qui n'ont pas connu le shampoing récemment, lunettes rondes cachant des sourcils soucieux et reposant à demi sur un nez aquilin. Grassouillet et mal vêtu, ce type m'apparaît sympathique. Découvrir pire que soi vous valorise. Une amitié naît illico. Hocquet m'apprend que très jeune il avait appris à écrire mais peinait à bien lire. Au fil de toute sa formation primaire il rêvait de devenir journaliste. Il entra au journal très tôt comme camelot puis plus tard il fut attitré au ménage des bureaux et promu comme commissionnaire. Depuis peu, on lui confie parfois la rédaction d'articles sur les faits divers. Un contact important qui pourrait m'être utile dans mes enquêtes.

Le lendemain de mon arrivée au Repère, je fais connaissance de Chiquita, une charmante demoiselle de 20 ans qui en paraissait 20. Spécialisée dans les services de massage érotique au bordel La Poule Mouillée, j'en suis tombé follement amoureux malgré les 35 ans qui nous séparaient. Un coup de foudre nullement partagé. J'ai compris également qu'elle logeait dans la chambre en face de la mienne. La pudeur m'empêche d'en faire une description trop détaillée mais ses seins jaillissaient allégrement d'un bustier rose camouflé sous une blouse transparente. Un bijou plaqué or surmontait son nombril. Une minijupe couvrait à peine la courbure de ses fesses dodues et appétissantes. Des longues jambes en émergeaient pour se prolonger jusque dans des escarpins haut perchés. Je pense qu'elle a les yeux bleus et les cheveux d'un blond tout surnaturel.

Pendant les 25 années qui ont suivi mes péripéties cubaines, j'ai accepté toutes sortes d'enquêtes que les autres enquêteurs refusaient de prendre vu leur peu d'intérêt. Évidement, j'ai été en quête d'enquêtes. Pour m'assurer de combler ce besoin, je les ai toutes acceptées gratuitement ce qui n'a pas augmenté mon capital financier. Je ne me suis jamais rendu compte que leurs comptes-rendus déridaient mes confrères et que personne ne les prenait au sérieux.

Si vous vous attendez à lire des péripéties policières, arrêtez votre lecture ici. Ce serait un crime de continuer et une occasion pour moi d'enquêter sur ce crime. Par contre, si vous avez encore un peu d'imagination, la suite devrait vous intéresser.