Ce n’est qu’au bout de plusieurs secondes après le départ des agents que Patty explose, plus qu’énervée par les derniers évènements. Elle est rapidement rejointe dans son argumentaire par Zoé et Emmett. Ils hurlent après personne et après tout le monde, mais surtout après Oliver.
— C’est qui Oliver ? demande Simon.
— Le futur ex-mari de Kyle. Tu vois qui est Kyle ?
— Oui, il vient souvent. Je savais pas qu’il était marié.
— Ils sont en instance de divorce, et ça ne se passe pas très bien. Ça ne m’étonne pas vraiment qu’il soit derrière cette histoire. C’est un vrai connard.
— Je ne comprends pas ce que ça lui apporte d’avoir fait ça… marmonne Lily à côté de moi, le regard dans le vide.
— Il veut juste emmerder Kyle, dis-je. Et nous deux pas la même occasion. C’est chez nous que Kyle venait quand l’autre connard le frappait, c’est grâce à nous qu’il a réussi à sortir de son emprise.
— Vous pensez que Pierre a quelque chose à voir là -dedans ? se demande Simon à voix haute.
Je n’ai pas l’occasion de lui répondre, mon téléphone vibre dans ma poche. Kyle. Je décroche et met le haut parleur.
— Kyle ?
— T’as trouvé Lily ?
— Je suis là … dit-elle doucement. Je vais bien.
— Ceci est un mensonge, ma chérie. Tu le sais. Mais je suis content que Gray t’ai trouvé.
— Kyle ! s’exclame Zoé en s’approchant. Il est où ton ex, j’ai deux-trois choses à lui dire.
— Zoé ? Mais vous êtes où ?
— Cookie Dough, précisé-je. La police vient de partir, il y a eu des dégradations et plusieurs personnes s’en sont pris à Lily, Patty et Simon.
— Kyle, je vais buter ton ex, déclare Zoé.
— Oui, oui. Faudra faire la queue, y a Gray avant toi. Je ne sais pas où il est, je l’ai pas vu depuis des semaines. Si vous allez porter plainte, dîtes le moi, je témoignerais que je le reconnais sur la vidéo. Il est hors de question qu’il s’en sorte une nouvelle fois.
— Tu vas porter plainte, boss ? demande Simon.
Lily porte son regard sur son jeune employé, mais ne répond pas. Elle n’est pas complètement avec nous. J’échange un signe de tête entendu avec Zoé puis approche le téléphone de mon visage.
— Kyle, on en reparle, OK ? Lily a besoin de se reposer pour l’instant, je te rappelle.
Je raccroche après la réponse de Kyle.
— Je vais ramener Lily, dis-je à l’intention de son père et d’Emmett. Je reste avec elle, ne vous inquiétez pas…
— Appelle-nous s’il y a besoin de quoi que ce soit, déclare Patrice. On va prendre des photos avant de remettre tout en place ici.
— On s’occupe de tout fermer, boss ! Tu peux compter sur nous !
Je remercie et salue Patty, Simon, Zoé, Patrice et Emmett avant d’emmener Lily à travers la cuisine et jusque dans ma voiture. Je l’oblige à me lâcher la main lorsqu’elle est installée sur le siège passager, mais elle la reprend dans la sienne dès que la voiture est démarrée et sur la route. Heureusement que je conduis une automatique.
Ce n’est qu’une fois assise sur le canapé, dans son appartement, que Lily sort de l’espèce de transe dans laquelle elle était.
— Gray… ?
— Oui, qīn’à i de ? dis-je en rangeant nos vestes dans le placard de l’entrĂ©e, avant d’aller m’installer Ă cĂ´tĂ© d’elle sur le canapĂ©.
— Je suis obligée de porter plainte ?
Je savais qu’elle n’allait pas vouloir.
— Rien ni personne ne t’y oblige, Titi. Mais je pense que ça serait mieux qu’on porte tous les deux plaintes pour diffamation et atteinte à la vie privée ou je sais pas trop comme ils appellent ça. Et que toi tu portes plainte pour les dégradations qui ont été faites à la boutique. Ne serait-ce que pour l’assurance.
— Mais si on porte plainte, il vont devoir se pencher sur le mariage et sur l’héritage et ils vont faire le lien !
— Et il ne vont rien trouver du tout, qīn’à i de. MĂŞme si, effectivement, ils font le rapprochement entre le fait qu’on se marie en catimini et la date limite du testament, il est impossible de prouver qu’on n’est pas un vrai couple. Je te l’ai dit, c’est qu’ils ont du temps Ă perdre s’ils essayent de prouver que tu n’es pas la femme de ma vie.
— N’en fais pas trop, Rominet. Ça va se voir que tu mens, si tu dis ce genre de chose en public.
— Ce ne serait pas un mensonge…
— Qu’est-ce que tu racontes, souffle-t-elle en évitant mon regard.
— Lily… dis-je en glissant une mèche de ses cheveux derrière son oreille pour attirer son attention. Ce ne serait pas un mensonge.
Je réussis à accrocher son regard. Ses yeux sont grand ouverts, surpris et je crois un peu effrayés. Elle ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais aucun son ne passe ses lèvres. Je peux presque voir le défilement de ses pensées dans l’expression de son visage. Je n’ai pas bien choisi mon moment. Je le sais ; elle est angoissée par les évènements de tout à l’heure, par les déclarations d’Oliver et Pierre en ligne. Elle a peur de perdre l’héritage de son grand-père, et moi j’arrive avec ma déclaration et mes sentiments. D’aucun elle ne veut, j’en suis conscient.
— Je…
Je souris, secouant la tête de gauche à droite pour empêcher son propos. Je ne sais pas ce qu’elle va me dire, mais ce n’est pas la priorité.
— Pardon, Titi… Ce n’est pas le moment pour ça. Je n’attends aucune réponse de ta part… Si elle peut apaiser tes peurs concernant l’avenir de Cookie Dough, c’est amplement suffisant pour moi. Ce que je te propose, c’est que tu ailles prendre un bain pour te détendre et on discutera de la marche à suivre pour la suite une fois que tu seras sortie, OK ? Je vais faire couler l’eau, hm ?
Je dépose mes lèvres contre son front, puis me lève. Un poids se cale dans mon estomac, mais j’essaie d’en faire abstraction. Mes états d’âme ne sont pas importants pour l’instant. Je m’en occuperai plus tard. Je prends une grande inspiration le plus discrètement possible, je ne veux pas que Lily s’en fasse, culpabilise ou je ne sais quoi encore. Elle en serait totalement capable.
— Rominet, retentit la voix de Lily, son ton me stoppant net.
Je l’entends se lever et s’approcher de moi avec aplomb. Lentement, je me tourne vers elle, et je m’oblige à revêtir l’expression joueuse et charmeuse qu’elle me connaît. Celle qui dissimule si bien ce que je ressens dans mon quotidien. Celle qui ne fonctionne jamais sur Lily.
Elle se tient droite, devant moi, mains sur les hanches. Tête haute, elle me toise du regard qui est encore rouge de sa crise de panique de tout à l’heure.
— Titi ?
Elle ne dit rien ; elle m’observe, sourcils froncés. Elle a l’air de débattre avec elle-même.
— Rominet appelle Titi ? pouffĂ©-je doucement. Vraiment, qīn’à i de, ne te prend pas la–
Je suis coupé par sa main agrippant le col de ma chemise, puis par ses lèvres au coin des miennes. Il me faut une bonne seconde pour m’ajuster à la situation. Je fais un pas pour me rapprocher d’elle, glisse mes bras autour de sa taille pour la soulever très légèrement du sol, et je réponds à son baiser comme le junkie que je suis, qui n’a pas eu sa dose depuis des semaines.
Je ne sais comment, nous tournons sur nous-même entrelacés, jusqu’à ce que Lily se retrouve contre l’îlot de la cuisine. Je crois. Je ne perçois plus rien de ce qu’il y a autour de moi, et j’ai oublié comment faire pour respirer. Le corps de Lily fond contre le mien, sa bouche ne quitte pas la mienne et le désir ne fraye tranquillement un chemin jusqu’à mon bas ventre.
— Wǒ Ă i nǐ, murmurĂ©-je contre sa peau.
Les mots me sont venus en chinois. Elle ne les comprend sûrement pas, mais je n’arrive pas à le lui avouer autrement. J’ai trop peur de briser le moment, il a l’air si fragile… Un mauvais mot et Lily pourrait se rendre compte qu’elle n’est pas du tout sur la même longueur d’onde que moi. Que ce que je ressens n’est pas du tout ce qu’elle attend, ce qu’elle recherche.
— Wǒ yě Ă i nǐ.
Quoi ? Je m’arrête et relève la tête. Un immense sourire barre le visage de Lily, puis il s’estompe lentement lorsque je ne réponds pas. Je n’arrive pas à réagir. J’ai peut-être fait un pas en arrière à cause de la surprise. Elle vient de dire qu’elle m’aimait aussi ? J’ai bien entendu ? Je ne suis pas en train d’avoir une hallucination auditive… ?
— Je l’ai mal prononcé ? dit-elle en se redressant. J’ai dit une grosse connerie, c’est ça ? J’aurais dû commencer par les bases, mais j’avoue que j’ai passé quelques leçons pour apprendre les mots que je voulais.
Je prends son visage entre mes mains, caressant sa joue de mon pouce. Elle reconcentre son attention sur moi. J’embrasse rapidement, délicatement son nez du bout des lèvres.
— C’était parfait, qīn’à i de.
Je penche la tête pour continuer ce que nous étions en train de faire, mais je suis stoppé par la main de Lily qui s’écrase contre mon côté, de la même manière qu’elle le fait habituellement lorsque je fais quelque chose qui l’agace ou qui l’embarrasse.
— Pourquoi tu m’as jamais dit que ça veut dire « chérie » ! J’ai galéré à le trouver dans les cahiers de leçon !
— Parce que trouver de nouveaux moyens de t’agacer est ma plus grande passion, Titi, tu le sais bien…, réponds-je tout sourire.
— T’es saoulant comme type, t’es au courant ?
— Oui, je sais. C’est ce qui fait mon charme… et c’est pour ça que tu m’aimes, ajouté-je à voix basse.
Lily me tire la langue, un sourire joueur tirant sur le coin de sa bouche, et j’en profite cette fois-ci pour recapturer ses lèvres et reprendre où on s’en était arrêté. Après une semaine sans l’embrasser, après ces déclarations qui ont fait faire des montagnes russes à mon rythme cardiaque, il est impossible que je survive si elle s’échappe une nouvelle fois. J’ai envie d’elle, j’ai besoin d’elle. Là , maintenant.
Je passe mon bras autour de sa taille, et la porte assez pour pouvoir agripper son genoux de mon autre main. Instinctivement, ses jambes viennent s’enrouler autour de ma taille et ses mains s’accrochent à mon cou. À l’aveugle, je navigue dans le couloir jusque dans sa chambre. Je l’allonge délicatement sur le lit, sans briser la chaîne de baiser sur ses lèvres, dans son cou. Son souffle saccadé et les gémissements qu’elle ne réussit pas à contrôler me poussent à continuer la dégustation de sa peau qui a le même goût de sucre que sa bouche.
— Gray, attends…
À ses mots, je me relève sur mes bras et cherche son regard. Elle ne veut pas ?
Plutôt que de continuer sa phrase, elle se contorsionne pour atteindre la poche arrière de son jean de laquelle elle sort son téléphone portable. Je fronce les sourcils en l’observant. Elle appuie sur le bouton latéral pendant quelques secondes, et l’écran s’éteint complètement. Je ne peux empêcher un sourire puis un rire de s’échapper alors qu’elle plonge la main dans ma propre poche de pantalon pour faire pareil avec mon téléphone.
— Ça va bien cinq minutes de se faire interrompre constamment, marmonne-t-elle en déposant les appareils sur la table de chevet.
Mon éclat de rire s’arrête net quand la jambe de Lily s’enroule autour de ma hanche et presse avec tant de force que mes bras lâchent et je me retrouve sur les coudes, pressé contre son corps qui me semble brûlant. Ou alors ça vient de moi ?
— Concentre-toi, Rominet…, susurre-t-elle contre mon cou.
— À tes ordres, Titi…

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