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Le cheval et la fleur

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Un cheval bai broute tranquillement dans sa prairie, savourant les petites pousses tendres qu’il flaire. La matinĂ©e est fraĂ®che, la rosĂ©e agrĂ©mente les bouchĂ©es, le soleil lui rĂ©chauffe les flancs. Le tout annonce une jolie et paisible journĂ©e. Soudain, une pensĂ©e envahit sa tĂŞte, brisant ce moment de quiĂ©tude. « ImbĂ©cile animal ! Regarde oĂą tu mets tes pattes. » ÉtonnĂ©, le cheval se relève prestement et observe les environs. Il est pourtant seul, aucun de ses confrères ou consĹ“urs n’est près de lui. Qui peut bien lui avoir envoyĂ© cette rĂ©flexion ? « Tourne tes yeux vers le sol et vois venir la fin de ton monde. » Il n’a rien imaginĂ©, quelqu’un lui envoie effectivement d’étranges messages. Fin du monde, que veut dire ce concept ? Il observe le sol Ă  ses pattes et n’y remarque qu’une fleur quelconque. Est-elle vraiment ordinaire avec ses pĂ©tales bleus et ses feuilles rouges ? Sans doute que non, conclut-il après rĂ©flexion. « Animal bourru et ignare, je ne suis pas une fleur comme les autres. » Cette rĂ©plique virulente le fait reculer d’un pas. Il prend conscience que toutes ces pensĂ©es proviennent bien de cette plante assez peu commune. « Fais attention, grotesque monstre ! Tu as Ă©crasĂ© l’une de mes concitoyennes. Ça va, nous sommes coriaces, elle s’en remettra. »

Le cheval revient près de la fleur, reprenant courage face Ă  cet ĂŞtre minuscule dotĂ© de la capacitĂ© de lui transmettre des messages. Il la renifle, elle a une odeur charmante, ou plutĂ´t, encore mieux, savoureuse. « Écarte-toi de moi, sale bĂŞte ! Sache que je suis pourvu de dards vĂ©nĂ©neux que je peux te projeter. Tu trĂ©passerais en quelques secondes si l’une d’elles te piquait. » IncrĂ©dule, mais prudent, il Ă©loigne quelque peu ses naseaux pour l’observer attentivement. Il y a effectivement de petites aiguilles au centre de la corolle. La fleur dit sans doute vrai, mais comment de si minuscules choses pourraient le tuer ? « C’est un poison paralysant. En un instant, ton cĹ“ur cesse de battre et tes poumons de respirer. » Quelle assertion stupĂ©fiante. Il connaĂ®t bien quelques champignons qui ont un effet semblable, mais une fleur ? Il n’en a jamais rencontrĂ© auparavant.

Cette dernière reprend son discours. « Il y a plusieurs millĂ©naires, notre communautĂ© de fleurs avait conquis la planète. C’était une Ă©poque merveilleuse durant laquelle nous contrĂ´lions tous les ĂŞtres vivants. Nous Ă©tions les maĂ®tres de toutes les terres, nous Ă©tions l’espèce dominante. Cependant, tout comme les stromatolites qui ont rejetĂ© tant d’oxygène que leur environnement leur est devenu toxique, notre règne a accĂ©lĂ©rĂ© un refroidissement planĂ©taire provoquant une glaciation. Nous constatons par la position actuelle des Ă©toiles que nous avons Ă©tĂ© en dormance pendant très longtemps, nos semences Ă©tant prisonnières des glaces et du pergĂ©lisol. Maintenant, avec ce rĂ©chauffement climatique, nous sommes libres. Et bientĂ´t, nous recouvrerons notre hĂ©gĂ©monie ! » AgacĂ© par ces rĂ©flexions qui lui emplissent la tĂŞte sans assouvir son estomac, le cheval s’éloigne de quelques pas, loin de cette fleur intrigante et peu courtoise. Il retrouve la paix non loin de lĂ , se penche et trouve de succulentes petites herbes tendres.

Après un bon moment, une de ses consĹ“urs le rejoint, curieuse. La jument constate qu’il reste longtemps au mĂŞme endroit. L’herbage doit y ĂŞtre dĂ©licieux, en conclut-elle. Elle s’approche et se positionne Ă  ses cĂ´tĂ©s, Ă  contresens. Le cheval relève la tĂŞte, se tourne vers elle et s’ébroue avec dĂ©licatesse, acceptant sa prĂ©sence. La jument pointe ses oreilles et lui lance sa queue sur son chanfrein afin d’y Ă©loigner les mouches. D’un commun accord, ils se penchent et broutent. La jument piaffe lĂ©gèrement pour lui signifier qu’elle est ravie qu’il lui permette de partager ces appĂ©tissantes pousses. Il lui rĂ©pond par deux lĂ©gers coups de fouet avec sa queue. « Il y a d’étranges petites fleurs bleues non loin d’ici, » lui envoie-t-il en pensĂ©e. « Vraiment ? » lui demande-t-elle. « Elles baratinent Ă  propos de la fin du monde, » poursuit-il. La jument reste silencieuse, exprimant ainsi son indiffĂ©rence Ă  propos d’un tel sujet.

L’après-midi passe sans Ă©vĂ©nements sous un soleil radieux et un ciel bleu. Comme chaque jour, une fille vient les visiter. HabillĂ©e d’une salopette rouge et d’un t-shirt rose, elle s’avance parmi les herbes avec ses bottes de caoutchouc jaune. Ses cheveux blonds attachĂ©s en fontaine balancent Ă  chacun de ses pas. Avec son visage souriant, elle chantonne une salutation joviale, comme toutes ces autres fois. La jument, heureuse de cet intermède, relève sa tĂŞte et la hoche en faisant quelques pas dans sa direction. L’enfant, Ă  peine plus haut que son garrot, s’approche d’elle en Ă©levant sa main. ArrivĂ©e près de la jument, elle lui câline l’encolure et passe ses doigts dans la crinière. « Quelles merveilles que sont ces petites choses qui nous grattouillent, nous chatouillent, nous caressent ou nous coiffent des tresses, » dĂ©clare la jument avec dĂ©lectation. Elle souffle dans les cheveux de l’enfant et une surprise apparaĂ®t dans l’autre paume : une pomme. Elle la happe avec ses lèvres et la croque avec enthousiasme. La fille chantonne Ă  sa manière en glissant sa main sur son pelage. C’est une suite mĂ©lodieuse d’intonations, remplie de cajoleries, et de laquelle transpirent du respect et de l’admiration. « Cette pouliche humaine est vraiment gentille, » confirme l’autre en s’approchant pour lui quĂ©mander Ă  son tour ces douces attentions. De sa salopette, la fille sort magiquement une deuxième pomme que le cheval savoure. Elle s’exclame en remarquant l’étrange corolle bleue aux feuilles rouges près de leurs sabots et se penche. Elle tend l’une de ses mains pour la cueillir. « Sale bipède assassin ! » s’écrit la fleur en lui projetant ses dards. Celles-ci se logent dans les doigts. La main rougit subitement. L’enfant marmonne d’incomprĂ©hension. Son visage devient très blĂŞme. Elle perd l’équilibre et s’affale au pied des deux chevaux, inconsciente.

AlarmĂ©e par la possibilitĂ© d'ĂŞtre privĂ© de ces jolies petites choses si agiles et affectueuses, la jument lèche cette main toute rouge. « Qu’as-tu fait Ă  notre gentille petite humaine ? » demande le cheval. « J’aime bien entendre roucouler ses rires lorsque je la promène sur mon dos », renchĂ©rit-il. « Elle n’avait qu’à nous laisser vivre. C’est ce qui arrive Ă  tous ceux qui osent nous dĂ©fier ou nous agresser. » Le cheval s’approche de l’enfant pour s’enquĂ©rir de son Ă©tat. Il abaisse ses naseaux pour la sentir. Il remarque que son visage reprend des couleurs et que sa respiration revient Ă  la normale. « Elle semble mieux se porter, » affirme-t-il en soufflant dans sa chevelure. La jument lève la tĂŞte, ses oreilles sont rabaissĂ©es vers l’arrière, et elle secoue sa crinière en hennissant. Furieuse, elle piaffe près de la fleur qui a mis en danger sa prĂ©cieuse petite humaine.

La fleur lui projette ses dards au-dessus du sabot. « Sois foudroyĂ© Ă  ton tour, espèce de quadrupède dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© ! Apprenez, stupides mammifères, qui sont les nouveaux maĂ®tres du monde » s’écrit-elle. Sentant sa patte devenir insensible, la jument se penche et y passe sa langue. Elle frappe le sol Ă  plusieurs reprises et l’effet disparaĂ®t. « C’est une sensation Ă©trange, mais sans ĂŞtre dĂ©plaisante, » envoie-t-elle vers le cheval pour le rassurer. « Comment ? Tu n’es pas saisi, paralysĂ© ? » s’étonne la fleur. La jument fait quelques cabrioles pour lui montrer que tout va bien. « Alerte ! CommunautĂ©, notre poison est obsolète. Ces quadrupèdes y semblent immunisĂ©s, » lance la plante en urgence. « J’ai remarquĂ© plus tĂ´t que cette fleur asociale a une odeur dĂ©licieuse, » rĂ©plique le cheval de façon menaçante. FâchĂ© qu’elle ait attaquĂ© sa consĹ“ur et la gentille petite humaine, il s’abaisse vers elle. Et avant qu’elle puisse se dĂ©fendre, d’un rapide coup de gueule, il l’arrache du sol.

Bien que les minuscules dards se logent dans son palais, il la mâche avec application, savourant la sève sucrĂ©e. « C’est plutĂ´t fibreux et piquant, mais c’est très appĂ©tissant et ça remplit bien l’estomac, » affirme-t-il. « Dommage qu’il n’y en ait qu’une seule, » lui rĂ©plique la jument, déçue. « Il y en a d’autres plus loin, » l’encourage le cheval en faisant quelques pas. Avant de le suivre, elle s’enquiert d’abord de l’état de sa dĂ©licate protĂ©gĂ©e. Elle lui pousse l’épaule avec son museau. La fille baille, se redresse difficilement et s’exprime d’une façon qui semble normale bien qu’un peu inquiĂ©tante. Pauvre petite humaine, elle ne comprend pas ce qui s’est passĂ©, se dit la jument. Plus qu’à l’accoutumĂ©e, elle la trouve plutĂ´t instable sur ses deux frĂŞles pattes. Elle lui propose de monter sur son dos en pliant ses genoux antĂ©rieurs et en se couchant sur le sol. La fille grimpe de manière maladroite et les merveilleuses petites choses s’agrippent Ă  la crinière. La sentant bien en place, Ă©tendue sur son encolure, la jument se relève et trotte pour rejoindre le cheval. La fille perd l’une de ses bottes et lui chantonne comme d’ordinaire lorsqu’elle dĂ©sire quelque chose. RĂ©cupĂ©rer la botte ? Pour quelle raison ? se questionne la jument. Elle exĂ©cute une dĂ©marche sautillante que sa cavalière adore. Elle l’entend rigoler. « Notre gentille petite humaine va beaucoup mieux, » dĂ©clare-t-elle. « J’en suis bien heureux, maintenant assurons-nous qu’elle ne soit plus attaquĂ©e », lui rĂ©plique l’autre.

Puis, insensibles aux pensées de pitié qu’ils reçoivent, les deux chevaux se gavent de savoureuses petites fleurs bleues.

Vilmon


Texte publié par Vilmon, 24 juin 2025
© tous droits réservés.
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