- Crystal ! Dépêches toi, tu vas être en retard !

L'adolescente attrapa son sac à dos et sorti de la chambre en trombe.

- J'arrive, maman !

Elle dévala les escaliers et enfila ses chaussures en quatrième vitesse. Elle n'était jamais arrivé en retard au lycée, ça n'allait certainement pas commencer aujourd'hui !

Lorsqu'elle fut enfin prête, elle rejoignit sa mère dans la voiture. Celle-ci n'attendit pas plus longtemps pour démarrer et partir en direction de l'établissement scolaire.

- Ta soirée pyjama avec Louise est toujours au programme ?

- Oui oui ! Sa mère nous prend toutes les deux après les cours. Ça va être super, j'ai trop hâte !

- Ne faites pas trop de bêtises non plus. J'admire tellement cette pauvre Karen... Vous supporter tout le weekend...

- Heu... Nous supporter ? Tu rigoles ? On est de vrais amours !

Crystal était amie avec Louise depuis ses neuf ans. Autant dire qu'elles étaient comme des sœurs et que les parents de l'une étaient également ceux de l'autre. Rien ne pouvait les séparer, pas même les histoires d'amour un peu douteuses de Lou.

Une fois arrivé devant le lycée, Marie-Lise coupa le contact et déposa tendrement un baiser sur la joue de sa fille.

- Bonne journée ma puce.

- Merci, à toi aussi !

La jeune fille serra brièvement sa mère dans ses bras avant de sortir de la voiture. Direction : la jungle. Qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas pour pouvoir éviter de revenir ici tous les jours... Elle prit une grande inspiration et commença à marcher tout droit pour rentrer dans le bâtiment. Une fois la porte passée, elle n'avait plus qu'à espérer ne pas être percutée par des élèves pressés ou chahuteurs. Elle avait beau avoir bientôt 18 ans, son petit mètre soixante-quatre ne l'aidait pas.

Crystal finit par atteindre son casier saine et sauve, et ne tarda pas à prendre les affaires dont elle aurait besoin pour la journée.

- Tu m'as tellement manquer !!

Elle se senti étreinte par deux bras qu'elle serait capable de reconnaître entre mille.

- Toi aussi !

Elle se retourna pour pouvoir, elle aussi, serrer son amie dans ses bras. Elles s'étaient vu la veille mais une éternité semblait s'être passer entre ces deux moments.

- Ok, j'étouffe là. Lou... J'ai besoin d'air !

La jeune rousse repoussa délicatement son amie et toutes les deux se mirent à rire. L'amour est sensé rendre aveugle, pas mort d'étouffement.

L'adolescente referma son casier avant de prendre la direction de son premier cours.

- Ta mère est toujours d'accord pour ce weekend ?

- Bien-sûr, elle t'adore ! Je me demande même parfois si elle ne m'inciterai pas à t'inviter juste pour te voir...

Crystal pouffa.

- Ne dis pas n'importe quoi !

Elles arrivèrent devant leur salle et rentrèrent pour s'asseoir l'une à côté de l'autre.

Quelques minutes plus tard, le professeur arriva et débuta son cours sur les fonctions exponentielles. Une longue journée les attendait...

A 17 heures, la sonnerie retentit, signe que la torture était enfin terminée. Tout le monde rangea ses affaires et se précipita à l'extérieur.

Les deux adolescentes, qui ne se lâchaient jamais, arrivèrent ensemble devant la voiture de Karen.

- Salut maman !

Louise rentra dans le véhicule, à la place du passager, tandis que Crystal, après un salut poli, s'installa à l'arrière. Passer un weekend chez les Solain était toujours synonyme de pur bonheur et Crystal les considérait vraiment comme une seconde famille.

Après un quart d'heure de route, elles arrivèrent toutes trois à la maison. Crystal ne vivait pas ici, mais elle s'y sentait chez elle. Une serviette de bain et une brosse à dents lui étaient attirées et il en était de même dans sa maison pour Louise. Le plus simple aurait été de faire vivre les deux familles ensemble, mais peu importe leurs arguments, leurs parents respectifs avaient toujours refusé. C'était tout à fait incompréhensible.

Les deux adolescentes ne tardèrent pas à courir dans la chambre pour débattre de la journée. C'était le weekend, alors leurs devoirs pouvaient bien attendre un peu, non ?

[centrer]><><><><[/centrer]

- Les filles, on va se coucher. Ne veillez pas trop tard.

Lorsque Karen eut refermé la porte, Lou reprit là où elle en était.

- Tu ne comptes quand même pas ne rien faire pour tes 18 ans ! C'est une date importante, ça ne nous arrive qu'une fois dans notre vie !

- Oui, comme tous nos autres anniversaire...

Crystal rigola tandis que son amie levait les yeux au ciel en soupirant d'agacement.

- Mais là c'est pas pareil ! À partir de 18 ans tu es libre !

- Lou... Je risque de briser ton petit cœur de fêtarde, mais non, je n'organiserai pas de "grosse teuf" pour mes 18 ans.

Louise lui lança un regard assassin avant de lui jeter un oreiller dessus. Crystal répliqua en lui en lançant un autre et une bataille d'oreillers commença.

Au bout d'une dizaine de minutes, les deux jeunes filles se laissèrent tomber sur le lit, à bout de souffle. Impossible de savoir laquelle avait le plus de crampes au ventre à force d'avoir ris. Il ne leur en fallait pas plus pour être heureuses. Juste l'une à l'autre.

- On devrait dormir. Il est presque minuit et on doit se lever tôt demain pour accompagner ta mère faire les courses.

Louise s'assit en tailleur sur son lit et fit une petite moue boudeuse.

- Tu as raison...

Elle se coucha alors et tapota la place libre à ses côtés, incitant son amie à la rejoindre, ce qu'elle fit sans plus attendre.

- Fais de beaux rêves !

Après que chacune ait éteint sa lampe de chevet, la chambre se retrouva plongée dans l'obscurité. Louise ne tarda pas à s'endormir mais Crystal, comme souvent depuis quelques temps, se tourna de tous les côtés. En ce moment, elle ne se sentait pas à son aise, jamais, peu importe l'endroit où elle se trouvait. Il lui arrivait de faire d'étranges rêves auxquels elle ne pouvait pas s'empêcher de penser durant les jours qui suivaient. Et tous les soirs, elle appréhendait d'en refaire un. Mais aujourd'hui, elle n'était pas seule. L'adolescente se concentra sur la respiration lente et apaisante de son amie. Son souffle était à peine perceptible, juste assez pour savoir qu'elle respirait toujours. La chaleur de son corps était rassurante. Alors Crystal finit par fermer les yeux et sombra dans un sommeil qu'elle espérait sans rêve.

[

b]><><><><[/b]

Les rayons du soleil traversèrent la pièce et allèrent chatouiller le visage de Crystal. Au bout de quelques minutes, elle fut réveillée par ces raies lumineux qui essayaient de s'insinuer sous ses paupières closes. Elle marmonna quelque chose d'incompréhensible en signe de protestation.

Un petit moment passa avant qu'elle ne réussisse à se résoudre à quitter le lit. C'est seulement à ce moment-là qu'elle remarqua qu'il était vide. Elle sortit alors de la chambre, en quête de sa meilleure amie ou d'un quelconque être vivant. Le seul qu'elle rencontra fut le chat, Pin-Pon. Arrivée à la cuisine, elle en profita pour regarder l'heure.

- 10 heures !?

Louise et sa mère avaient dû partir faire les courses depuis bien longtemps déjà.

Crystal alla chercher son téléphone pour envoyer un message à Lou, la prévenant qu'elle était debout et lui demandant pourquoi elles ne l'avaient pas réveiller. La réponse ne tarda pas à arrivée :

> Coucou ma belle. Tu dormais tellement bien qu'on a pas osé... Ne t'inquiètes pas, on rentre pour midi ! À toute à l'heure.

P.S : Fais comme chez toi.

Super...

Elle posa son téléphone sur le comptoir de la cuisine et se prépara un petit déjeuner. Une fois installée devant son bol de céréales, elle y versa le lait et commença à manger. Ses pensées l'emmenèrent droit à ses rêves de la nuit. Une fois encore, elle ne s'en souvenait pas vraiment. Les scènes étaient très floues dans son esprit. En revanche, elle ressentait un sentiment d'angoisse, de danger. Rien que d'y penser, elle sentit un frisson la parcourir.

Pour ne plus y penser, Crystal englouti son déjeuner et alla s'habiller. Avant que Louise et sa mère ne rentrent, elle avait le temps d'aller faire un petit tour, histoire de s'aérer l'esprit. Et la voilà, une petite heure plus tard, marchant dans une rue d'un petit quartier de Saint-Claire. La route était bordée d'arbres et s'était très agréable de s'y balader un jour ensoleillé comme celui-ci. La tête légèrement en l'air pour laisser les rayons du soleil la chatouiller, elle ne vit pas le jeune homme se diriger droit sur elle. Et comme lui croyait qu'elle allait s'arrêter, ils finirent par se rentrer dedans. Il n'y avait pas de solution plus radicale pour sortir quelqu'un de ses pensées.

La jeune fille posa un regard inquiet sur le garçon en face d'elle. Ils devaient avoir le même âge.

- Désolée, je ne t'avais pas vu ! Tu vas bien ?

Il ignora sa question et lui en posa une autre à la place.

- Tu es bien Crystal Marshall ?

Comme elle ne répondait pas, trop occupée à se demander comment il la connaissait, il poursuivit.

- Je prend ça pour un oui. Suis-moi.

Et sans lui laisser le temps de répliquer, il lui attrapa le bras et la tira dans une ruelle.

[centrer]><><><>><[/centrer]

Quatre secondes. C'est le temps exact qu'il avait fallu à Crystal pour sortir de sa torpeur.

- Hé !

Elle tira d'un coup son bras vers elle pour se dégager de l'emprise du jeune homme. Son regard scruta rapidement les alentours et elle comprit qu'ils étaient seuls. Elle ne pourrait compter que sur elle-même pour se sortir de cette histoire.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

Elle avait beau essayer de se montrer sûr d'elle, une pointe d'inquiétude se faisait ressentir dans sa voix et elle recula de quelques pas pour mettre une distance sécuritaire entre eux. L'adolescent soupira, visiblement agacé, et se passa une main rageuse dans ses cheveux châtains.

- Il faut que tu viennes avec moi. Ozirus à besoin de toi.

À cet instant précis, elle eut envie de rire. Cette situation n'avait aucun sens.

- Excuse-moi, mais de quoi tu parles ? Premièrement, je ne connais personne qui s'appelle Ozirus, et deuxièmement je ne vois pas comment je pourrais l'aider ni pourquoi c'est à moi que tu demandes ça. D'ailleurs, tu me connais d'où ?

Il la regarda et, l'espace de quelques secondes, elle crût qu'il allait lui sauter dessus. Pourtant, ses yeux, jusqu'ici d'un vert sombre, parurent s'illuminer. Son visage se détendit un peu et il prit une petite inspiration avant de donner des explications.

- Je me nomme Cole Dabner. Je suis un umililo et...

Il fut interrompu par des éclats de voix. Une fille et un autre garçon du même âge qu'eux s'approchèrent.

- Elle t'as demandé ce que tu lui voulais, pas ta fiche d'identité.

Cole jeta un regard noir en direction de la fille mais celle-ci l'ignora superbement et se tourna vers Crystal.

- Silana, pour te servir.

Elle s'inclina, un sourire amusé sur les lèvres, puis se redressa et pointa l'autre adolescent du doigt.

- Lui, c'est Roy.

Ce dernier balbutia un "Salut" timide et porta son regard vers Cole, qui s'empressa de reprendre ses explications.

- Ozirus est notre monde. Et tu dois nous aider à le sauver.

Crystal commença à rire. Il était tellement sérieux ! Elle n'avait jamais vu quelqu'un l'être autant en faisant une blague. Mais... lui ne souriait pas du tout, et ses deux camarades non plus.

- Attends... C'est sérieux ?

Son regard se posa sur les trois adolescents qui lui faisaient face, à la recherche du moindre signe qui lui confirmerait que tout cela n'est rien d'autre qu'un mauvais tour. Seulement, ça n'était pas une blague et aucun d'eux ne paraissait amusé par la situation.

- Mais... Ça n'a aucun sens, enfin ! Vous êtes en train de me dire que vous venez carrément d'un autre monde ! Sans parler du fait que vous semblez persuadé que je sois la seule capable de le sauver de je-ne-sais-quoi !

Les trois comparses se regardèrent et Roy prit la parole.

- J'imagine à quel point ça doit être dur à croire mais c'est la vérité...

- Et on peut te le prouver.

Cole s'approcha d'elle et continua.

- Rejoins-nous ce soir, à minuit, juste ici.

Crystal resta silencieuse. Il fallait qu'elle parte, qu'elle retourne chez Louise, qu'elle oublie cette histoire. Ces gens étaient fous à lié, il n'y avait pas d'autres explications.

- Je ne sais vraiment pas à quoi vous jouez, mais ça sera sans moi...

Ils auraient pu lui annoncer qu'ils se déplaçaient à dos de dinosaure que ça aurait eu le même effet sur elle. Le problème était qu'ils avaient l'air d'y croire sincèrement. Et c'était ça qui lui faisait peur. Plus que ça même : qui la terrifiait.

Elle commença à reculé. D'abord lentement, d'un pas hésitant, puis quand elle jugea qu'il y avait assez de distance entre eux, elle leur tourna le dos et se mit à courir. Elle n'était pas dans un film, si il lui arrivait quelque chose personne ne viendrait la sauver. Alors, au lieu de tenter le diable, elle prit la fuite avant de ne plus pouvoir le faire. Derrière elle, elle entendit brièvement la voix de Silana "Laisse-la partir". De peur que l'un d'eux ne se mette à la suivre, elle redoubla d'effort et finit par arriver trempée de sueur et les jambes en compote. Quand elle passa le pas de la porte, elle vit une tête qu'elle connaissait bien sortir de derrière le mur de la cuisine.

- Coucou toi !

- Salut, Lou...

Elle était si essoufflée qu'elle peinait à parler.

- Bha alors, qu'est-ce que t'as fait ? C'est pas ton genre de faire des marathons.

Décidant que parler d'Ozirus et du reste n'était pas une bonne idée, quoique Cole pourrait intéresser son amie, Crystal donna la première excuse qui lui vint en tête.

- J'ai pas vu le temps passer. Je me suis dis que vous deviez être rentrés et je me suis dépêchée pour te voir !

L'explication parût satisfaire Louise puisque celle-ci prit une moue attendrie et vint serrer sa meilleure amie dans ses bras.

- Tu sais que je t'aime toi ?

Après un petit câlin, elles allèrent en cuisine pour aider à ranger les courses.

- Cette aprem, c'est piscine et bronzage au programme ! Ça te va ?

- C'est PAR-FAIT !

Et elles continuèrent de vider les sacs tout en papotant. Mais Crystal avait beau rire et parler de leur journée, elle ne pouvait pas s'empêcher de repenser à ce que Cole lui avait dit quelques instants plus tôt. "Ozirus est notre monde. Et tu dois nous aider à le sauver". Ces gens sortis de nul part et leur discours délirant... Elle n'y croyait pas et c'était inexplicable mais quelque chose fourmillait au fond d'elle. Quelque chose qu'elle n'arrivait pas à ignorer.