Je n’avais pas envie d’être là . Au début, c’était juste une idée comme ça, sans véritable fondement, que j’avais l’impression de me faire. Je pensais juste que j’étais trop sceptique à l’idée de venir. Alors, j’étais sortie de chez moi, j’étais venue à cette sortie de classe. Mais en réalité, j’aurais dû écouter mon subconscient. À cause de ça, je souffrais. En silence, certes... De toute évidence, je n’étais juste pas faite pour la société. Bon après tout, ce n’était pas comme si je tenais à ce que ce soit le cas.
— Pourquoi tu fais la gueule ? me souffla mon voisin de droite, comme s’il avait un rang suffisamment nécessaire dans mon existence pour avoir le droit de faire ce genre de remarque.
— En quoi ça te regarde ? lui répondis-je, avant de lever les yeux au ciel.
— Toujours aussi aimable. Je sais pas pourquoi t’as été invitée. Toujours aussi belle, mais toujours aussi reloue à ce que je vois. Bref, fais ce que tu veux, grommela-t-il, avant d’aller porter son attention sur une autre conversation qui avait lieu autour de la table.
Je soupirais en serrant mes poings contre mes genoux. Je détestais les êtres humains… Pourtant, c’était sans aucun doute la seule espèce sur Terre avec laquelle je pouvais tenter de communiquer… Mais bon, si c’était pour tomber sur des cons pareils non merci. C’était sans aucun doute, la principale raison pour laquelle je préférais rester au fond de mon lit dans mon dix-huit mètres carré, pendant que ma promo sortait faire la fête quasi tous les soirs dans des bars, et avait les moyens de se payer des restaurants un midi par semaine. Moi aussi, j’aimerais faire ça… Mais pas avec eux. Ni même avec quiconque d’autre. À moins que je puisse un jour rencontrer des véritables personnes à apprécier. Mais pour l’instant, il n’y en avait pas dans ma vie. Enfin, je n'en avais plus eu depuis ma famille de cœur. Les seules années, où j’aurais pu avoir l’impression d’avoir des gens qui m’aimaient, sont parties en fumée sans que je n’eusse eu l’occasion de voir le temps passé. Tout s’était envolé pour les cieux en un battement de cils… Et moi, j’étais toujours là , à attendre que le ciel m’emporte aussi… Mais de toute évidence, je n’en avais aucunement le droit. Mes seules tentatives s'étaient terminées en échec… Comme si on ne voulait pas de moi… Je n’étais pas choquée cela dit… Qui voudrait d’une personne telle que moi ? Aucun être humain, de toute évidence… Même pas les seuls qui se disaient m'aimer alors qu'ils ne voulussent que mon corps… Enfin, ce n’était pas plus mal pour moi. Ça m’évitait de souffrir autant physiquement que psychologiquement.
— Si tout le monde a fini, on passe à l’activité suivante ! s’exclama une voix en bout de table assez loin de moi, me permettant de constater que je n’avais même pas mangé plus de deux bouchées à cause du stress que me causait le poids du regard de certains…
Un à un, ils commençaient à se lever pour suivre le chef de file. Moi, je n’en avais pas envie… Après tout, rien ne m’obligeait à rester avec eux, n'était-ce pas ? Ce n’était pas comme si j’avais signé un papier attestant de ma présence lors de cette journée entièrement dédiée à renforcer les liens dans notre classe. De toute façon, il était d’une évidence sans faille que je faisais partie des seules qui ne s’étaient toujours pas intégrées au bout de quelques mois. Je devrais même dire au bout d’un an. Mais il n’y avait que les vilains petits canards pour ne pas faire les moutons et suivre ceux qui voulaient fixer les règles. Et tout ce qu’ils avaient pour eux, à part leur popularité, c’était juste de faire les clowns à la moindre occasion qui se présentait. Bref, c’était une grossière erreur d’être venue ici. Je fixais ma part de lasagne. Je ne pouvais pas l’abandonner à son triste sort… J’allais lui tenir compagnie le temps que tout le monde s’en aille, avant de disparaître pour un endroit qui me paraîtra tout bonnement plus intéressant que celui qu’ils s’apprêtaient tous à rejoindre. Enfin, ça se trouve le lieu était génial, mais ils ruineraient sans aucun doute ce moment qui pourrait être bien, voire incroyable. Alors même si on pensait au même, je serais bien, loin d’eux. Et si ce n’était pas le cas, j’arriverais bien à choper l’adresse dans l’une de leurs innombrables conversations en cours. Je soupirais tandis que les derniers quittaient leur chaise, avant d’attraper ma fourchette pour prendre une bouchée de mon plat qui me faisait saliver malgré le fait que j’y avais peu touché.
— Vous ne suivez pas vos amis ? m’interrompit dans ma dégustation une voix masculine dans mon dos.
— Non. Et ce ne sont pas mes amis, conclus-je sans plus, décidant d’ignorer la personne qui était venu casser mon seul moment de réconfort dans toute l’heure et demie que je venais de subir.
— Pourquoi les fréquenter dans ce cas ? reprit-il, comme s’il n’avait pas saisi que mon ton sec était un indice pour que tout échange cesse.
— En quoi ça peut vous regarder ? répliquai-je, un poil toujours plus irritée.
— En rien, il est vrai… Mais vous n’avez pas l’air dans votre assiette. Enfin pas au premier degré bien sûr… tenta-t-il de plaisanter.
Je posais ma fourchette violemment contre mon assiette. Avais-je l’air d’humeur à discuter ou même écouter des blagues ? Je soupirais avant de me lever brusquement. Il m’avait définitivement coupé l’appétit, comme si les autres avant lui n’avaient pas fait le travail. Je ne pris même pas la peine de regarder qui était la personne qui m’avait fait l’honneur de m’enlever toute motivation de me sustenter. J’attrapais mon manteau avant de me diriger d’un pas rapide vers le comptoir à l’entrée qui servait en partir de caisse. Je n’échangeais que des formalités avec la dame qui s’occupait de moi, puis je sortais sans plus attendre dans un simple « Bonne journée ! », accompagner du plus faux des sourires que je pouvais donner. Une fois à l'extérieur, je soupirais de nouveau. C’était sans doute ce que je savais faire de mieux, et personne ne pourrait contredire cela. Par chance, je ne voyais aucune personne de ma promo à l’horizon. Mon absence ne s’était probablement pas fait remarquer et ce n’était pas plus mal comme ça. J’enfilais mon manteau d’hiver bordeaux et fourré lorsqu’un brin d’air frais se glissa sous mon large pull, puis je quittais le seuil du restaurant pour m’engager sur le trottoir de la route principale à quelques pas de là . Aujourd’hui, il n’y avait pas grand monde dehors. J’imaginais que le ciel grisâtre, la légère brume et la menace de pluie devaient en être les raisons. Et au fond, j’aimais ça. On ne me dérangerait sûrement pas, tout comme je ne viendrais pas déranger qui que ce soit avec ma simple existence. C’était le deal parfait. Tout en avançant, je pris le temps d’observer le ciel. Parfois, j’avais envie de me transformer en nuage. Je me disais que la vie était, sans aucun doute, plus intéressante vue de là -haut. C’était un peu comme si on pouvait décider de faire chier les gens avec une petite pluie à intervalles irréguliers pour les entendre râler à en perdre des cordes vocales. En tout cas, je ne faisais pas partie de ces personnes. Au contraire, moi, j’aimais la pluie, le mauvais temps, les orages, les tempêtes. Bref tout ce qui se pouvait être un élément déclenché par les cieux.
— Eh ! Vous pouvez regarder où vous allez non ! Les jeunes d’aujourd’hui, je vous jure ! grommela un monsieur au crâne dégarni avachi sur sa canne qui essayait de marcher sur le trottoir et qui arrivait face à moi.
Je me décalais simplement pour le laisser passer avant de reprendre ma route comme si je n’avais pas vu le jugement dans son regard. Je soupirais une fois qu’il était assez loin. Sait-on jamais, il aurait pu trouver une autre critique à me balancer en pleine face… Je décidais de me concentrer sur ce qui se trouvait à ma hauteur, délaissant ma passion pour ce qui se trouvait au-dessus de ma tête. Je trouverais bien un endroit où me poser tranquillement pour regarder le ciel sans qu’on ne puisse me faire une énième remarque. Surtout que d’habitude, c’étaient ceux sur leur téléphone que l’on médisait, pas les autres, ou moins souvent. Pourquoi avait-il fallu que ça tombe sur moi ? Surtout qu’il aurait eu largement la place pour m’esquiver. Mais bon… C’était ma faute. Je ne la répéterais sans doute pas. Ou du moins, aujourd’hui. Demain était un autre jour et j’aurais sûrement bien oublié celui-ci. À moins que quelque chose d’incroyable ou improbable se produise. Mais c'était sans doute impossible. Même mon petit moment en solitaire dans un de mes endroits préférés ne suffira pas à faire de cette journée un moment mémorable.
— Esa ? Qu’est-ce que tu fais là  ? Tu n’es pas avec ta promo ? Je les ai vu passer y a quelques minutes avant de se diriger vers le grand manège ! m’interrompit dans mon élan une ancienne camarade de classe avant de changer de filière moins de deux ans plus tôt.
— Euh… Disons que je n’avais pas envie de rester avec eux… Ce n’est pas trop ma tasse de thé, ce genre de sortie… bégayai-je, prise de court par cette situation.
— Je ne pensais pas qu’on se reverrait un jour après ce qu’il s’est passé la dernière fois… commença-t-elle à dire en grattant le derrière de son oreille droite, comme à chaque fois qu’elle était gênée. Comment vas-tu depuis le temps ? finit-elle par reprendre comme si de rien n’était, avec un grand sourire souligné par son rouge à lèvre rouge foncé.
— Bien et toi, Lily-Rose ? demandai-je plus par politesse qu’autre chose à la brune aux reflets rouges qui trépignait, montrant une agitation certaine, bien que son visage joliment maquillé voulût la cacher.
— Tout pareil ! Ça… Ça te dit qu’on aille se poser quelque part pour discuter du bon vieux temps ou pas d’ailleurs… On peut parler de ce qu’on est devenu, enfin tout ça quoi… Bref… Comme tu veux hein… Je ne veux pas t’obliger… Surtout que tu fuyais ta promo… C’était sans aucun doute pour ne pas te retrouver en désagréable compagnie… déclara-t-elle, sans manquer de lâcher quelques rires gênés, comme si c’était nécessaire de créer une quelconque situation qui nous mettra davantage dans un mal-être sans nom.
— Je… Pourquoi pas oui ! finis-je par dire plus à contre-cœur que de pleine volonté.
— Parfait ! s’exclama Lily avant d’attraper mon poignet assez fortement et de me tirer dans la rue.
Par chance, on allait dans le sens opposé à celui qu’était en train de prendre un de mes camarades qui tentait toujours en vain des conversations avec moi. Elles se finissaient toujours en monologue puisque je ne daignais pas lui répondre. Après tout, je n’avais pas envie de converser et au bout d’une dizaine de fois à lui faire remarquer, j’avais juste abandonné. Le voir, au loin, revenir sur ses pas ne m’avait donné aucune envie de rester dans le coin, sinon j’aurais fini avec le reste de notre classe sans que je puisse avoir mon mot à dire, cette fois encore… Je soupirais tout en essayant de suivre la cadence de marche rapide de la brune. D’ailleurs, je n’avais pas remarqué avant, mais elle n’était vêtue que de noir et de blanc. Elle qui adorait d’antan le rose, les couleurs pastels, elle semblait avoir bien changé depuis la dernière fois que l’on s’était vu… Je devais bien avouer que ça m’intriguait légèrement, parce qu’en soit son style vestimentaire n’avait pas l’air d’avoir changé : toujours des jupes à froufrous, des hauts à manches bouffantes, des chaussures plateformes et des guêtres en laine.
— Tu sais… Je m’en veux beaucoup pour ce qui s’est passé à l’époque… lâcha-t-elle de but en blanc alors qu’on ralentissait enfin la cadence. J’ai toujours souhaité que tu me pardonnes… Mais vu qu’on n’était plus dans le même parcours, c’était difficile de juste se croiser sur le campus… Alors j’ai laissé tomber, j’attendais juste un jour comme celui-ci où on se croiserait par hasard et où j’arriverai à te convaincre de passer ne serait-ce que cinq minutes avec moi… avoua Lily-Rose, avant de s’engager dans une ruelle toujours en tenant mon poignet.
— On va où ? demandais-je plus intriguée par ça que par autre chose.
— Tu verras… C’est sympa… déclara-t-elle avant de resserrer la pression qu’elle exerçait sur le bas de mon avant-bras, si bien que je sentais la moiteur de sa paume, comme si c’était moi qui la produisait.
J’avais envie de lui faire confiance pour cette fois. Je pouvais mettre de côté le passé. Elle paraissait sincère, juste angoissée par la façon dont je pourrais réagir… Après tout, c’était compréhensible, j’étais celle qui avait coupé les ponts à cause d’une erreur qu’elle n’avait peut-être pas faite exprès de commettre. Elle avait raison, ce n’était pas si mal de pouvoir échanger aussi bien du passé que du présent. Je soufflais, pour relâcher la pression que la ruelle m’avait balancée à la figure. C’était Lily-Rose, je ne craignais rien de plus que des mots violents. Elle ne pouvait pas faire de mal à une mouche. Et puis, il n’y avait trop rien à craindre de cette ville à part des secrets révélés au grand jour au détour d’un ou deux verres d’alcool…
— Je te présente mon endroit favori depuis quelques mois maintenant, déclara-t-elle en prenant le temps de me montrer la devanture qui n’attirerait pas l’œil si on passait sans s’arrêter. Bienvenue à « La dent assoiffée », un lieu pour boire, pas forcément très populaire mais incroyable ! s’exclama-t-elle, tandis que je sentais sa main tremblée sur ma peau.
— Ça a l’air sympa… souris-je lorsqu’elle se tourna vers moi, sans doute pour voir si j’étais partante. J’aime bien les dessins gravés dans le bois de la porte et des contours des vitres. Et la vitrine qui expose plusieurs plantes est assez intrigante. Vraiment, si tu aimes cet endroit, je te fais totalement confiance, je n’ai jamais été bien difficile, tu le sais ! ajoutai-je, en voyant qu’elle avait l’air dubitative concernant mon avis sur son choix.
— C’est parti alors ! conclut-elle, avant de pousser la lourde porte en bois.
— Bienvenue chez « La dent assoiffée » mesdemoiselles ! Puisse votre venue animer l’âme sans vie de cet endroit ! s’exclama une voix grave plus loin dans l’obscurité qui nous faisait face, lorsqu’on mit les pieds à l’intérieur, avant que la porte ne se referme brusquement et que l’on soit complètement plongée dans le noir.
Génial… Je n'aurais peut-être pas dû lui faire si confiance que ça finalement… Mais bon, c’était trop tard pour reculer maintenant… Son pouls s’affolait contre ma peau… Tandis qu’elle resserrait toujours plus la pression sur mon poignet… Je ne saurais dire si elle s’y attendait ou si c’était autre chose qui la rendait à ce point paniqué. Puis, tout à coup, la lumière prit vie autour de nous. On était en premier lieu complètement éblouie. Mais nos yeux finirent par s’habituer. Un grand brun à la peau aussi pâle que les nuages un jour de neige se tenait devant nous dans un costume trois pièces. Sûrement le type qui nous avait souhaité la bienvenue.
— Je m’excuse pour le désagrément, nous avons eu un petit accroc qui s’est assez vite réglé finalement. Je vous laisse, vous installez où vous le souhaitez et je vous apporte dans un instant la carte de notre salon ! déclara-t-il d’un air enjoué avant de nous tourner le dos.
— Suis-moi ! m’ordonna sans plus la brune, comme si elle ne me tirait pas le bras.
On se dirigea vers un coin un peu reculé du salon. D’ailleurs, celui-ci était différent de ce que j’avais l’habitude de voir. Il y avait des tables rondes disposées partout et deux à quatre fauteuils recouverts de tissu en velours bordeaux, ainsi que des accoudoirs en bois gravés comme la devanture. C’était très original et ça donnait en même temps l’impression d’être dans une autre époque. Ce qui était davantage souligné par le tapis écru au sol où se trouvaient des arabesques bleu foncé et, par les bougeoirs sur les murs et les lustres du même genre au plafond. C’était presque le genre d’ambiance que je pouvais aimer en un clin d’œil. Malheureusement, la panique qui semblait gagner Lily-Rose chaque seconde supplémentaire ne m’aidait pas à apprécier l’espace.
— Si tu aimes toujours les chocolats chauds ou les thés, ils font des super boissons ici ! tenta-t-elle de dire d’une traite, ignorant les tressauts que sa lèvre inférieure faisait de temps à autre pour la faire bégayer.
— Tu es sûre que ça va ? finis-je par lui demander, voyant son teint commencé à pâlir, comme si le stress qui grandissait chaque seconde un peu plus n’était plus supportable.
— Je… Je suis… Désolée… Je… commença-t-elle à dire, avant qu’une ombre apparaisse à droite de mon champ de vision.
— Mesdemoiselles ! La carte ! Faites-moi signe quand vous aurez choisi ! déclara un peu fort le serveur, tout en posant deux sortes de parchemin sur la table et dévoilant une main parfaitement manucurée avec des ongles longs et pointus, que je rêverais d’avoir si les miens n’étaient pas mous.
— Tu disais ? interrogeai-je la brune, une fois que le serveur était assez éloigné.
— Nan rien… déclara la brune, en se grattant le derrière de l’oreille avant de se mettre à lire la carte, comme si de rien n’était.
Je soupirais… Je n’avais honnêtement pas envie de lui tirer les vers du nez. Surtout qu’elle avait l’air d’avoir repris un peu des couleurs, peut-être grâce à l’intervention du serveur qui sait. J’espérais juste que ce ne soit rien de bien grave. On n’attendait pas très longtemps avant que l’homme en costume, d’ailleurs bien trop habillé pour un simple serveur selon mon humble avis, ne revienne vers nous pour prendre notre commande et récupérer les morceaux de papier vieilli. Je fixais une fois de plus ses mains, et à nouveau, j’éprouvais une certaine jalousie. J’avais presque envie de lui demander son secret, mais de toute évidence, ça serait bien trop indiscret de ma part. Il s’éloigna en un clin d’œil et je devais bien avouer que je n’eus pas le temps d’essayer un autre sujet de conversation avec Lily-Rose qu’il était déjà revenu avec un plateau et nos deux chocolats chauds. Après quelques échanges de politesse, il disparut de nouveau. Je posai les yeux sur ma voisine de table et elle était déjà en train de boire une gorgée de son mug. Je préférais éviter tout moment gênant supplémentaire et me mis à l’imiter. Non sans, avant cela, avoir constaté la beauté du récipient. Il était blanc nacré recouvert de dessins bleutés. En plus de ça, il avait des fissures partout et des morceaux étaient peints en doré, comme si la tasse avait été réparée pour vivre une deuxième vie. Sans attendre plus longtemps, je portais le rebord à mes lèvres avant d’engloutir une gorgée.
— Alors ? T’en penses quoi ? m’interrogea la brune, levant enfin l’affreux silence qui planait jusqu’alors entre nous.
— C’est vrai qu’il est bon. Il est très léger sur le dessus comme si c’était un petit nuage et épais en dessous. Ça faisait longtemps que je n’avais rien bu d’aussi bon ! m’exclamai-je, avant de laisser un rire gêné quitter la frontière de mes lèvres.
— Tu verras à force, tu te sentiras plus légère, comme si tes maux avaient laissé la douceur du lait et l’amertume du cacao les effacer ! ajouta-t-elle dans un sourire que je détectais comme sincère.
Je lui souriais en retour avant de tremper à nouveau mes lèvres. Franchement, c’était pile le genre de boisson qui donnait envie de revenir là où on l’avait goûté. Même si je devais bien avouer que l’accueil assez étrange, ne donnerait pas forcément envie de remettre les pieds entre ces murs. En tout cas, elle avait raison, on se sentait léger chaque seconde de plus. J’avais l’impression que tous mes problèmes disparaissaient et que je voyageais vers un autre monde.
— Je suis terriblement désolée Esa… Il fallait absolument que j’amène quelqu’un aujourd’hui… Tu étais mon dernier espoir… entendis-je au loin, avant que tout ne s’obscurcisse et que je n’eusse l’impression de planer.

| LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
|
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
3335 histoires publiées 1461 membres inscrits Notre membre le plus récent est Xavier |