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tome 1, Chapitre 2 « La poupĂ©e de porcelaine » tome 1, Chapitre 2

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— Allez ! Avance satanée humaine ! On n’a pas toute la journée pour toi ! Déjà qu’ils nous ont refilé le sale boulot sans raison, c’est pas pour se coltiner une chieuse qui est presque pas fichue de marcher dix mètres sans se péter la gueule par terre ! s’égosilla un type sûrement derrière moi avant de me donner une violente tape entre les deux omoplates, me coupant la respiration l’espace de quelques secondes.

Je soupirais avant de doubler mon allure. Mais à quoi bon ? Je ne voyais même pas où je mettais les pieds. Tout ce que je pouvais faire, c’était suivre la traction qu’on effectuait sur mes poignets dans l’espoir de pouvoir être enfin libérée de tout ça. Du moins, si je pouvais vraiment espérer être au moins libre de mes moyens parce qu’avec tout ce qui se racontait autour de moi, ça en était fini de ma petite vie misérable à faire ce que je voulais. Je l'avais assez bien compris dès que je m'étais réveillée dans l'obscurité la plus totale, fracassée de partout. Au moins, ils pouvaient se réjouir, je ne m'étais pas débattu, je n'avais pas hurlé, ou encore, je n'avais pas tenté de m'enfuir. De toute façon, les films nous montraient assez bien que tout ça ne servait strictement à rien, alors à quoi bon s'entêter inutilement… Je soupirais une fois de plus et ne reçus qu’en réponse mon haleine affreuse à travers mes narines. De toute évidence, je devais remercier le lourd tissu qui me masquait l’entièreté de la tête et donc je ne pouvais me défaire même en la secouant dans tous les sens. J’étais comme prise au piège avec moi-même dans cette situation, en plus de l’être avec ces types dont je ne connaissais pas l’existence avant de me retrouver à marcher sans fin en leur adorable compagnie. Alors que je les entendais pouffer dans mon dos, je manquais de trébucher une nouvelle fois. Sauf que ce n’était pas à cause d’un caillou ou d’une petite crevasse, c’était quelque chose de solide, peut-être du métal… En tout cas, ça faisait un mal de chien et ma grimace affreuse devait assez bien l’expliciter. Heureusement, personne ne pourrait en être vraiment témoin, c’était déjà ça de gagner, j’imaginais… Je me décidais à ignorer la douleur en prenant une grande inspiration, mais celle-ci me fit regretter aussitôt mon choix. Des vapes d’odeurs d’essences et de brûlé me montaient au nez en un rien de temps. Au moins, l’idée de me concentrer sur quelque chose d’autre fonctionnait parfaitement bien. J’étouffais soudainement sous cette épaisse couche de tissu et je n’étais plus capable d’avoir accès à de l’air pur. Je me mis à tousser comme si ma vie en dépendait. J’avais un minimum espoir que les idiots avec moi en eussent quelque chose à faire, mais à quoi bon… J’optais pour retenir ma respiration en espérant qu’on arrive bientôt et que je ne me transforme pas en poisson rouge, mort en l'occurrence, très prochainement.

— Que quelqu’un aille interpeller Rhodine au lieu de pouffer inutilement ! railla une voix grave devant moi, qui semblait tout autant que moi agacer par ces types.

J’avais presque envie de le remercier. Honnêtement, je ne savais même pas ce qui me retenait. Peut-être le fait que je ne savais pas ce dont ils étaient capables de faire, ni combien ils étaient en réalité. J’avais l’impression qu’ils n’étaient que trois, mais ce n’étaient pas mes quelques sens bidon qui allaient avoir raison… Tout était possible et tout pouvait arriver. Alors j’allais juste être reconnaissante à travers mon esprit, sans que rien ne le quitte et ne puisse être entendu. Et ce n’était sans doute pas plus mal comme ça. Non loin de nous, des bruits de coup contre quelque chose de métallique résonnait creux. Ça me paraissait être comme une porte de garage, mais disons qu’il ne fallait pas s’avancer sur ce genre d’interprétation. J’allais juste rester calme et éviter de mourir bêtement asphyxié. Surtout que l’air commençait à se faire très rare autour de ma tête, je devais bien l’avouer…

— Rhodine ! C’est nous ! On a le colis comme convenu ! s’écria soudainement un de types que j’avais entendu rire à maintes reprises de ma personne.

— Tu veux pas réveiller tout le quartier pour les informer tant que t’y es ? se permit d’ajouter son acolyte.

— Vous pouvez pas la fermer cinq minutes vous deux ? demanda le dernier, alias celui le plus proche de moi. Ça fait, je ne sais combien de temps que vous rigolez à gorge déployée, je peux vous garantir que le quartier est déjà bien réveillé. Il suffirait juste d’arrêter d’attirer l’attention sur nous, qu’on évite d’avoir la police sur le dos. Vous ne croyez pas ? Déjà qu’on a tout fait pour être loin des regards, je pense qu’avec la situation actuelle, on est mal barré si les forces de l’ordre débarquent. Alors fermez là un peu ! conclut-il avant de soupirer bruyamment.

— Vous n’avez pas l’air de bon poil, monsieur Dargnant ! s’exclama une voix grave et féminine, après un long grincement métallique suivi d’un grattage de gravier.

— En effet, je me coltine deux idiots de toute évidence… souffla le concerné.

Puis on exerça une certaine traction sur mes poignets, c’était le signe pour me faire avancer. Je grimaçais sous la douleur qui commençait à affluer entre mes mains et mes avant-bras. Mais je n’avais pas le choix de suivre le mouvement. Je sentais sous mes chaussures les cailloux qu’on avait entendu être remués à l’aide d’un lourd morceau de métal. J’eus la sensation de passer entre les personnes qui nous accompagnaient, moi et mon tracteur. Puis une vague de chaleur me frappa de plein fouet, pas quelque chose de doux comme la chaleur de l’été ou d’un chauffage. Ça semblait plus comme quelque chose d’étouffant et ça n’avait rien à voir avec l’air frais dehors. C’était l’opposé total de cette présence glaciale. Et ça n’était pas plus réconfortant. J’avais la vive impression que tout ce que j’avais pu vivre cette dernière heure n’était que le début de quelque chose à laquelle je n’allais absolument pas m’attendre. On continua d’avancer. La lourde porte métallique se referma bruyamment dans mon dos. Ne manquant pas de me faire sursauter. On marchait un moment, puis on s’arrêta un instant. Quelque chose de bruyant s’ouvrit comme par un mécanisme. On tira de nouveau sur mes avants-bras, jusqu’à ce qu’on se retrouve collé à plusieurs dans un espace plutôt serré. Le son se reproduisit. Puis le sol semblait se dérober sous mes pieds. Ça restait qu’une impression, on descendait. Je commençais à trembler de peur. Soudainement, je sentis mes poumons se compresser. Il ne restait plus rien à respirer. N’était-ce pas m’enterrer vivante finalement ? Ça pouvait rester sympa si seulement on m’avait prévenu avant ça, j’aurais pu paraître un peu moins paniquée, même si je me trouvais plutôt calme pour tout dire. Le silence régnait. L’angoisse montait. Sûrement, parce que j’aurais préféré être seule six pieds sous terre, plutôt que d'être entourée d’inconnu sans rien avoir d’autre que leur voix pour les identifier… Ce que je supposais être un ascenseur s’arrêta brusquement, faisant trembler la cage et obligeant les corps à se coller davantage les uns aux autres. Je crispais la mâchoire, c’était tout ce que je détestais : être forcée à être en contact proche avec d’autres. Le bruit métallique reprit de nouveau et on me poussa, sûrement pour sortir rapidement. Ce n’était pas comme si je pouvais prédire cela à vrai dire. J’en soupirais, oubliant même que je commençais à être en manque considérable d’oxygène.

— Messieurs, je vais devoir vous laisser repartir maintenant, commençai à dire la fameuse Rhodine. Comme en convient l’accord sur les transactions bien sûr. Non de moi l’idée que vous ne puissiez pas voir ce qu’il se passe ici. Je vous remercie pour tous vos efforts. Vous n’avez pas besoin de vous en faire pour la suite et vous serez bien évidemment payés.

Je n’entendis rien de la part des types, même pas une respiration. Tout ce qu’il s’ensuivit comme son, ce n’était que cet « ascenseur » dont je n’étais toujours pas sûre de l’existence. Une fois sûrement remonté, ce qui mit un certain temps, la femme attrapa ce qui m’empêchait d’avoir toute emprise sur mes poignets et me trimballa, je ne savais trop où. Il ne faisait ni chaud ni froid. Il n’y avait aucune odeur. Il n’y avait que le bruit de ses talons contre du carrelage, celui de mes pieds qui tentaient de me faire tenir debout avec le reste de force que j’avais, et ma respiration presque impossible qui rebondissait contre le tissu avant d’arriver jusqu’à mes oreilles, me faisant frissonner de dégoût.

— On est arrivé ! Je vais te présenter ta nouvelle maison. J’espère que tu te plairas le temps que tu passeras ici avant qu’on ne t'achète, déclara-t-elle avant de lâcher d’un coup mes poignets, ne me permettant pas de comprendre pour autant ce qui allait pouvoir se passer ensuite. Je me présente, Rhodine Scylla. Pour toi, comme pour tous les autres, c’est mademoiselle Scylla. Je suis la gérante de cet endroit. Ici, c’est un lieu de paix et de formation. Tu apprendras à devenir la parfaite petite poupée de porcelaine qu’on attend de toi. Plus vite, tu correspondras aux critères, plus vite, tu seras libre de la Maison. Tu comprendras aussi rapidement que tu n’as pas le choix de te plier à tout ça. Grand nombre d’humains est passé dans ce genre de lieu avant toi, et grand nombre a été ceux qui n’ont pas su se tenir. Le but, c’est de faire peur et si tu ne respectes pas les lois, tu finiras dévorer vivante. Ce n’est pas la mort que tout le monde rêverait d’avoir, non ? Alors tout ce que je peux te conseiller de faire, c’est de croire que tout ceci est normal. Entourée des autres, tu finiras par oublier où tu pourrais réellement te trouver. Je vais défaire tes liens et retirer ce sac en tissu qui t’empêchent d’être toi. Je compte sur toi pour te tenir à carreau. D’après le dossier, tu ne devrais pas être problématique. En somme, tu seras la parfaite poupée, si tu t’en donnes les moyens. On a beaucoup misé sur toi, ne nous déçoit pas, tu pourrais nous rapporter gros et partir dans un lieu qui ne sera pas une vision d’horreur pour une humaine. C’est compris ?

Je hochais seulement de la tête. Après tout, c’était tout ce que je pouvais faire. Pas une seconde de plus ne se passa sous ce sac. Elle le retira violemment, me permettant ainsi de prendre une véritable bouffée d’air. Je ne perçus pas sur le moment ma difficulté à m’adapter au changement de lumière. J’étais passée de l’obscurité la plus totale, à un éclairage blanc se reflétant sur un couloir tout aussi coloré. C’était à m’en brûler les rétines. Mes yeux pleurèrent tout seul l’espace de quelques minutes, jusqu’à ce que je puisse enfin m’adapter. Pendant ce temps, la fameuse mademoiselle Scylla essayait tant bien que mal de me retirer les cordages qui me servaient de liens. Une fois qu’elle eût réussi, elle se redressa et je fis face à une créature absolument splendide. Elle faisait un peu près ma taille. Elle avait la peau rosée, comme celle des poupées de porcelaine, les cheveux ondulés d’un blond rayonnant et de larges yeux bleu océan. Je n’avais sans doute jamais vu de toute mon existence une personne aussi belle. Elle portait par ailleurs une robe blanche à froufrous au niveau des manches et une sorte de chapeau blanc aux rebords en froufrou bleu. À mes yeux, c’était elle la parfaite poupée dont elle parlait plus tôt. Était-ce même possible d’être aussi joli ?

— Toi aussi, le jour où tu sortiras des enfers et que tu deviendras vraiment la personne que tu dois devenir, tu pourras être aussi jolie que moi, même si tu seras ce qu’on a fait de toi. Puis tu es déjà très belle après tout. Tu n’as rien à m’envier ! me sourit-elle avant de caresser ma joue gauche de sa main droite aux doigts fins et aux ongles longs.

— Je ne suis pas sûre que ça arrivera un jour… Et si je n’ai pas envie d’être une poupée ? osais-je lui répondre sur un ton légèrement malicieux.

— Tu n’as pas le choix, je te l’ai dit. Tu en deviendras une quand même ! répliqua-t-elle dans un sourire qui retira tout once de sanité. Bon, passons à la visite. Ici, nous sommes comme qui dirait six pieds sous terre, même si ce n’est pas vraiment le cas. Tout ça pour dire que si tu as envie de crier au loup, ça ne sert à rien, aucun humain ne pourra t’entendre. Enfin si, il y a tes amis, les autres futures poupées. Et je pense très sincèrement qu’elles ne te laisseront pas faire bien longtemps, déclara mademoiselle Scylla avant de se tourner en m’invitant à la suivre à travers le couloir blanc. Pour faire simple sur ce que tu peux trouver, chacun a sa petite maison ici. Bien sûr, le terme est à prendre avec des pincettes. Ça serait sans doute un peu compliqué d’implanter des centaines et des centaines de maison sous la surface de la terre. On a donc décidé de s’en tenir à un espace suffisamment viable d’un certain périmètre pour chacun et chacune. Tu verras en exemple dès qu’on aura passé la porte devant nous, une poupée qui est là depuis des années et qui a réussi tant bien que mal à tout aménagé selon ses désirs. À vrai dire, il ne pourra plus sortir d’ici, donc on a accepté quelques-uns de ses souhaits. Ensuite -

— Pourquoi il ne pourra plus sortir ? lui coupai-je malencontreusement la parole, lui irisant sûrement le poil au vu de la carrure crispée qu’elle venait de m’offrir.

— Je vais passer sur ce manque de politesse. Disons que même chez des croyants aguerris, nous sommes capables de mettre la main sur des poupées, et il s’avère qu’il ne veut pas suivre nos règles. L’acheteur a donc décidé de le laisser séjourner ici jusqu’à sa mort naturelle et la poupée a accepté de ne pas faire de vague en échange. D’autres questions ? siffla la blonde devant moi.

— Pourquoi a-t-il droit à un traitement de faveur si nous autres sommes destinés à périr ? demandais-je, sans penser une seule seconde que sa question était en réalité sarcastique.

— Il nous aide à la création de nos poupées, c’est tout ce qu’il y a à savoir d’autre. D’après le dossier, tu es quelqu’un de bien silencieuse, il semblerait que notre indic ait fait fausse route… soupira-t-elle avant qu’on se rapproche d’une porte tout aussi blanche que le reste mais à la poignée dorée, ce qui permettait de l’apercevoir.

Le silence se décida à régner entre nous. Et j’imaginais que les choses n’étaient pas plus mal comme ça, je n’avais pas vraiment envie de finir zigouillée avant même d’avoir pu comprendre ce qu’il se tramait ici. N’étais-je d’ailleurs pas trop calme pour la situation qui me faisait face depuis un moment ? Probablement, mais bon… De toute évidence, c’était toujours mieux que de se faire dévorer comme dans les films où des monstres sans aucune contenance se donnaient en spectacle juste le temps d’un repas… On s’approcha toujours plus de la porte. Je pus voir mademoiselle Scylla effectuer des gestes pour que celle-ci s’ouvre. Il était dommage que je n’eusse pas osé regarder, ça m’aurait peut-être permis de sortir d’ici à un moment de mégarde de sa part.

— D’ailleurs, avant que je n'oublie, la plupart des futures poupées qui se trouvent ici ne parlent pas ta langue. Tu le remarqueras assez vite de toute façon, j’espère que ça ne réduira pas trop le nombre de personnes avec qui tu pourrais tenter de former un plan d’évasion, m’avoua la blonde dans un sourire mesquin.

La porte s’ouvrit dans un grincement qui aurait pu me faire saigner des oreilles si cela en avait été possible. Je grimaçais. Au moins, je pouvais faire une croix sur l’idée de m’enfuir par cette voie. Ce n’était peut-être pas si déplaisant que ça de vivre ici. Je n’aurais sûrement pas besoin de tenter de m’échapper. Et puis, je pourrais toujours le faire plus tard, non ? Quand je serais loin de cette forteresse et surtout pas en dessous de la surface. Je poussais un soupir avant de suivre mademoiselle Scylla de l’autre côté de l’ouverture. Elle ne daigna pas regarder si je la suivais alors qu’elle s’était déjà éloignée, et je ne lui en voulais même pas. De toute façon, on savait toutes deux que je n’avais pas le choix, même si je me retrouvais à la traîne. Une fois la porte passée, celle-ci se referma tout à coup. Je sursautais avant d’avancer comme si en réalité, je n’étais pas une chochotte. Ici, le couloir était différent. Pas blanc, comme avant. Non, c’était presque agréable et moins horrible à regarder. Je doutais même que ce fût du blanc à y regarder avec plus d’attention. On dirait un jaune pâle. C’était réconfortant. Je souriais comme une idiote. Bien sûr, c’était censé nous empêcher de partir, alors il fallait tout faire de A à Z. Et ça n’en tenait pas qu’à la couleur des murs, on arriva rapidement de l’autre côté du couloir avec le constat que la porte était encore une fois cachée dans le décor, et une fois de l’autre côté je compris ce qu’elle voulait dire par « Chacun a sa petite maison ici. ». Et effectivement, on commençait par la personne qui ne quitterait sans doute jamais cet endroit.

— Tu pourrais marcher plus vite s’il te plaît ? On n’est pas là pour visiter chaque maison ! s’exclama mademoiselle Scylla plus loin, alors que je m’étais complètement arrêtée devant une réplique presque parfaite de temple Bouddhiste, comme ceux qu’on pouvait voir à la télé.

Enfin, bien sûr, ça restait une copie, j’imaginais bien que ce n’était pas trop possible d’en faire construire un vrai. Mais c’était sans doute suffisant. Devant moi, dans un renfoncement, se trouvait une petite zone couverte de sable et plus loin une sorte de pavillon. Celui-ci était fait de grosses briques grises sur pas plus de deux rangées, de panneaux rouge et rose et d’une sorte de volet vert que je n’avais jamais eu l’occasion de voir avant. Et entre deux murs de la sorte, on pouvait y trouver un petit escalier en pierres grises qui menaient vers un intérieur plutôt sombre de là où je me trouvais. Au moment où je m’apprêtais enfin à lâcher ma contemplation en entendant mademoiselle Scylla taper furieusement du pied, un homme au crâne dégarni sortit de l’espace obscure un balais en paille à la main, vêtu d’un tissu et de claquettes oranges. Sans même me prêter une quelconque attention, il se mit à balayer les grains de sable, ce qui je devais l’avouer m’intriguait fortement.

— Tu vas me suivre maintenant ! déclara la blonde en attrapant mon poignet gauche douloureux et me forçant ainsi à marcher.

Je grimaçais tout en continuant de regarder l’entrée du temple, jusqu’à ce que je ne puisse plus en voir un bout. Tristement, je me décidais à poser les yeux sur la femme qui me trimballait à travers le couloir. Je ne savais trop quoi penser de tout ça. Ne devions-nous pas avoir toutes les raisons du monde de vouloir rester ici ? En tout cas, ne pas pouvoir faire l’espace de quelques instants ce que je voulais six pieds sous terre ne me donnait nullement l’envie… Mais bon, c’était toujours mieux que de se faire attraper en train d’ouvrir la grosse porte dans mon dos… On passa devant quelques portes à droite et à gauche dans le silence de nos respirations et de ses talons qui claquaient le sol avant qu’elle ne s’arrête soudainement.

— Ici, il y a plusieurs étages, pas tant que ça pour qu’on reste assez loin de la surface. Bien entendu, cet étage est réservé aux personnes qui sont là depuis longtemps et à mes quartiers personnels également, donc ce n’est pas là que tu résideras. Tu as peut-être remarqué des portes sur notre chemin, c’est là où se trouve chacune des maisons de chaque poupée résidant ici. Tu as pu d’ailleurs voir en arrivant la résidence de notre plus ancienne poupée que j’évoquais plus tôt avant que l’on arrive ici. On va prendre l’ascenseur pour aller jusqu’à chez toi. Comme je le disais, il n’y en a pas beaucoup, et tu résideras au dernier. C’est là qu’on place les petits nouveaux. Des questions ? m’interrogea-t-elle avant de se retourner en levant les yeux au ciel, comme si elle avait prévu une nouvelle question stupide de ma part.

— Euh oui à vrai dire… Si des maisons se libèrent entre l’étage des nouveaux et ici, et qu’il n’y a plus de place, que se passe-t-il ? demandais-je comme si de rien n’était sans la quitter du regard, comme pour montrer que son agacement me faisait trop peu d’effet.

— On déménage les plus anciens par ordre d’arrivée par rapport aux départs tout simplement, souffla-t-elle avant d’effectuer un demi-tour et d’appuyer sur un carré caché dans le mur jauni devant lequel on s’était arrêté.

— Ça veut dire que… Tout le monde déménage ? supposai-je après avoir rapidement imaginé la galère que cela devait poser.

— Pas vraiment. Il n’y a que des déménagements par étage, et il n’y a pas des dizaines de départs qui se font à chaque fois. De toute façon, il n’y aurait plus rien à déménager si c’était le cas ! pouffa mademoiselle Scylla, avant d’entrer à l’intérieur de l’espace qui venait de s’ouvrir comme par magie sous nos yeux.

— Comment ça ? osai-je demander, la coupant dans son petit fou rire que je ne pouvais sûrement pas comprendre, avant de monter à mon tour dans la cage d’ascenseur dorée.

— Tu comprendras ça par toi-même écoute ! Tu m’insupportes avec tes questions stupides ! Et par pitié, tais-toi un peu, ta voix est affreuse ! soupira-t-elle dans une affreuse grimace qui rida tout son visage d’ange de méchanceté. Quatrième étage s’il te plaît ! se mit presque à hurler la blonde face à moi lorsque les portes se refermèrent dans mon dos.

— Super… soupirai-je à mon tour avant de lui tourner le dos pour faire comme si je ne la voyais plus, j’avais vraiment hâte de séjourner ici avec toute cette gentillesse qui régnait dans l’air.


Texte publié par Hana Kerasi, 4 aoĂ»t 2025
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tome 1, Chapitre 2 « La poupĂ©e de porcelaine » tome 1, Chapitre 2

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