Perdu sur cette île, j’erre,

Comme l’astre de lumière

Du zénith à l’horizon

Caché derrière les frondaisons.

Cette forêt luxuriante

N’est en rien reposante

Et je cherche un abri

Avant que me cueille la nuit.

Soudain, je l’aperçois,

Cette entrée de guingois

Dissimulée derrière des feuillages,

Y entrer ne serait pas si sage…

Mes pas y résonnent déjà,

Réfléchi, je ne le suis pas.

La pénombre m’enveloppe

Mes paupières papillotent…

Puis, sous mes yeux ébahis,

S’étendent au loin, à l’infini,

Des caisses et des butins

À en perdre son chemin !

J’avance avec curiosité,

Avide de découvrir des raretés,

Mon exploration vite récompensée,

Par la vision de ce carnet.

Pourquoi mon attention volatile

Parmi tous ces trésors immobiles

M’a-t-elle mené à m’intéresser

À ces pages toutes rapiécées ?

Vers la sortie je me dirige

Sur le pas, je me fige.

Dans la lumière déclinante,

Mon hilarité sonne, tonitruante.

La vacuité défile sous mes doigts

Des nuances ocre, ivoire, de Troyes

Lorsque soudain, au crépuscule,

Elles apparaissent, minuscules.

Ces lettres manuscrites,

Écrites à la va-vite,

Difficiles à distinguer

Malgré mes sens aux aguets.

Des aventures de pirates,

Des bandits, des frégates…

De vieux loups de mer,

Égarés, au ton amer.

Soudain je m’y reconnais,

Ces mots, sous mon nez…

Mon propre naufrage

Danse entre ces pages.

Et, sans m'en apercevoir,

Hypnotisé dans la lueur du soir,

Je me retrouve prisonnier

De ces lignes sans pitié.

Toi qui me lis

Tiens moi compagnie

Car c'est ici

Que finira notre vie.

Objet étrange : Un carnet dont les pages se remplissent au coucher du soleil trouvé au détour d'une caisse dans la caverne