Par une journée presque hivernale, au beau milieu du mois de novembre, un jeune policier, arrivait dans le commissariat, vide, et s’installait. Il devait avoir commencé sa carrière tout récemment, au vu de l’absence d’objets personnels de sa part. Il semblait d’ailleurs être débordé en termes de papiers.
Alors qu’il s’empressait de faire le rangement, il vit la secrétaire arriver. Il ne manqua pas de la saluer :
« - Bonjour madame.
- Bonjour, monsieur. Comment allez-vous ?
- Ça va. Je débute.
- Je vois ça.
- Comment ça ?
- Au vu de l’état de votre bureau, il n’est pas compliqué de deviner que vous débutez seulement.
- Vous m’avez eu ! capitula le nouveau, non sans esquisser un sourire. Je débute, c’est vrai.
- Avez-vous besoin d’aide ? Je n’ai pas grand-chose ce matin.
- C’est très gentil, mais je crois que je vais me débrouiller. Merci. Bon, j’y retourne. »
Le jeune homme rejoignit son bureau et la secrétaire s’installa à son tour, allumant au passage les ordinateurs. Il faut dire qu’elle était bien plus expérimentée et qu’elle était même proche de la retraite.
Alors qu’elle était sur le point de vérifier les rapports, la porte du bâtiment s’ouvrit, laissant place à un autre jeune homme, en tenue de civil cette fois-ci. Il ne devait pas dépasser les vingt ans, mais il avait l’air dépité, inquiet. La secrétaire s’enquit :
« - Bonjour, monsieur. Que puis-je faire pour vous ?
- Savez-vous où on dépose plainte ?
- Euh, il y a un de mes collègues qui est disponible, et il se trouve dans le bureau au fond. » Elle montra la direction à prendre pour rejoindre le bureau du nouveau policier. Le jeune homme la remercia d’un hochement de tête.
Le nouveau policier, de son vrai nom Alain Dester, était en train de trier les dossiers quand on toqua à la porte. Il dit « entrez » d’une voix forte mais hésitante et la porte s’ouvrit. Le jeune homme qui avait croisé la secrétaire apparut. Le policier le pria de s’asseoir, ce que le citoyen exécuta. Alain ne perdit pas son temps et commença d’une voix calme :
« - En quoi puis-je vous aider ?
- Ce serait pour porter plainte.
- Ah. Euh… Quel est votre nom ?
- Stefan Leroy.
- Très bien. Et la plainte est à l’encontre de qui ?
- A l’encontre de Stefan Leroy. »
En entendant le nommé Stefan prononcer ces mots, Alain parut complètement déconcerté. Bien sûr, il savait que des personnes se dénonçaient elles-mêmes de leurs crimes. Mais pas en déposant plainte et encore moins en début de matinée. De plus, si le jeune officier était nouveau, il savait pertinemment que ce Stefan Leroy n’était lié à aucune affaire. Il eut du mal à le prendre au sérieux, et cela transparaissait dans son visage. Il se ressaisit et poursuivit :
« - D’accord. Quelles sont les raisons de cette plainte ? Qu’avez-vous fait ?
- J’ai porté des propos presque diffamatoires envers trois de mes camarades de lycée.
- Donnez-moi les noms, je vous prie.
- Ashley Fontaine, Julien Vand et Maëlle Legrand.
- Ashley Fontaine, Julien Vand et Maëlle Legrand. De quelle nature étaient ces propos ?
- Diffamatoires.
- Et pour être plus précis ?
- Je ne saurais pas comment vous l’expliquer. »
Alain soupira :
« - Ecoutez, vous venez déposer plainte, d’accord, c’est votre droit. Mais essayez au moins de me dire ce que vous avez dit.
- Je les ai critiqués sur leurs relations amoureuses. »
L’officier se retint de siffler de stupeur et de dépit mais ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, devant tant d’absurdité. Il n’avait jamais entendu de tels motifs pour une plainte, mais l’aura que dégageait Stefan le mettait mal à l’aise. Après avoir retapé les éléments, il imprima la feuille et lafit signer à Stefan. Avant que ce dernier ne quitte le bureau, Alain ne put s’empêcher de quémander des éclaircissements :
« - Monsieur Leroy.
- Je vous écoute.
- Pourquoi vous déposez plainte contre vous-même ?
- Vous tenez vraiment à connaitre la réponse ?
- Si je vous pose la question, oui.
- La réponse est simple : ce que j’ai commis n’est pas dans ma nature. » Et le jeune lycéen quitta le bureau pour aller au lycée, plantant l’officier Dester, ébahi. Il se remit à terminer le rangement de son bureau en se disant :
« Ce gamin me file les jetons. »

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