Tout au long de la journée, Alain Dester passa son temps à ranger, à remplir la paperasse. Des tâches qui lui semblaient bien fortpénibles, surtout qu’il ne s’était toujours pas attaqué à une affaire criminelle. Alors qu’il rédigeait son rapport, la porte s’ouvrit brusquement, ce qui le fit sursauter. C’était son supérieur, le commissaire divisionnaire Timothy Cartner, qui venait voir son nouveau membre :
« - Bonjour, officier Dester.
- Bonjour ! Commissaire Cartner, je suppose ?
- Lui-même. En chair et en os. Vous venez de commencer aujourd’hui ?
- Euh, voui. Pourquoi cette question ?
- A vous entendre, on dirait que vous ne m’avez jamais rencontré jusqu’à il y a quelques secondes.
- Désolé si ma réaction était exagérée, mais je ne supporte pas qu’on vienne sans prévenir.
- Je comprends. Comment s’est passée la journée ?
- Je peux vous dire franchement, commissaire Cartner ?
- Appelez-moi patron, Alain.
- D’accord, patron. Passer ma journée à taper, à écrire et à gérer la paperasse, il n’y a pas pire que ça !
- C’est normal, vous venez seulement de commencer votre carrière en tant que membre des forces de l’ordre. Mais je vous rassure, vous allez bientôt participer à une enquête.
- Mais dans combien de temps, patron ?
- BientĂ´t, mon cher Alain. Quand vous serez prĂŞt.
- Mais quand ?
- A vous de voir. »
Une fois que le commissaire Cartner quitta le bureau, Alain réfléchit à ce qu’il disait. Si, effectivement, tout le monde s’occupait des papiers en début de carrière, on ignorait en revanche quand on serait envoyé sur le terrain. Il préféra laisser ces questions de côté et prépara ses affaires quand le téléphone fixe sonna. Il décrocha :
« - Bonjour, ici la police nationale, je vous écoute.
- Allô ? dit une voix paniquée. Mon fils a disparu.
- Ah ? Comment ça ?
- Il devait être rentré à la maison il y a deux heures, mais il n’est pas revenu.
- Il avait école ?
- Il avait cours jusqu’à dix-huit heures. En temps normal, il me prévient quand il arrive, mais il ne m’envoie pas de SMS, il ne répond pas quand je l’appelle. Je suis inquiète !
- Détendez-vous, madame ! Ça ne sert à rien de paniquer ! Quel est votre nom ?
- Stéphanie Leroy. »
En entendant le nom de famille de la jeune femme, cela fit tilt dans l’esprit d’Alain :
« - Attendez une minute, vous ne seriez pas la mère de Stefan Leroy, non ?
- Si, en effet. Pourquoi ?
- Parce que ce matin, il a déposé plainte.
- Ah bon ? Il ne me l’a pas dit ce midi. Vous pensez pouvoir le retrouver ?
- Ne vous en faites pas, on va retrouver votre fils. Au revoir. »
L’officier raccrocha et s’empressa de voir le commissaire pour lui faire le point de la situation. Le patron déclara :
« - Très bien. On va dépêcher la lieutenante Lagarde et on y va.
- La lieutenante Lagarde ?
- C’est une de nos collègues. Elle est sans doute l’une des plus compétentes dans le commissariat. »
Il contacta la lieutenante Lagarde :
« Rose ? Oui, vous pouvez venir ?C’est une urgence. Oui, maintenant. »
Quelques instants plus tard, la dénommée Rose Lagarde entra dans le bureau du commissaire, se tenant droite comme un I. Elle s’empressa de demander :
« - Quelle est l’urgence, patron ?
- Un gamin n’est pas rentré chez ses parents. On va devoir le retrouver. Tiens, pendant que j’y pense, Alain, selon vous, par où devrait-on commencer ?
- Etant donné qu’il est parti au lycée après avoir déposé plainte, je suppose qu’il faudrait commencer par là .
- Bonne réponse, Alain. On y va.
- Patron, s’enquit Lagarde, c’est quoi, cette histoire de plainte ?
- Je vous expliquerai en chemin, Rose. Là , on n’a pas de temps à perdre. »
Les trois policiers quittèrent le bâtiment et filèrent tout droit vers le lycée de Stefan. Une fois arrivés, ils fouillèrent autour de l’établissement. Ils durent se séparer en trois pour accélérer les recherches. Mais aucun d’entre eux n’était parvenu à le retrouver. Ils se réunirent devant l’entrée :
« - Vous avez trouvé le gamin ? commença le commissaire.
- Non, patron, je n’ai rien de mon côté, répondit négativement Rose.
- Moi non plus, fit Alain. Par contre, j’ai vu un bâtiment désaffecté à côté du lycée. Il faudrait peut-être mieux le vérifier?
- Bonne idée. » acquiesça Cartner.
Les trois policiers se dirigèrent donc vers le bâtiment désaffecté. C’était une maison sombre, délabrée, prête à céder. Ils observèrent d’abord autour et Rose fit une découverte effrayante :
« - Patron, venez par là .
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Ce n’est pas beau à voir. »
Cartner et Alain la rejoignirent et comprirent mieux le regard horrifié du lieutenant : il y avait le corps d’un jeune lycéen, dispersé en plusieurs morceaux, laissant place à un bain de sang. A la vue de cette scène macabre, Alain fut si répugnéqu’il vomit et s’accroupit, comme s’il était attiré par le centre de la Terre. Le commissaire tenta de le rassurer :
« - C’est normal si vous êtes comme ça. C’est la première fois que vous découvrez un cadavre en vrai ?
- V-voui, balbutia l’officier. Mais ce n’est pas ce qui me choque le plus.
- Quoi donc ?
- Ce corps… Ce corps, c’est celui de Stefan Leroy.
- Oh merde ! jura la lieutenante. On appelle du renfort ?
- Appelez surtout le légiste. Et qu’on interdise les accès ! »
La lieutenante Lagarde et l’officier Dester s’empressèrent de bloquer le passage et peu de temps après, le médecin légiste, accompagné de deux autres policiers, arrivèrent. Le médecin légiste s’approcha d’un des morceaux du corps :
« - En effet, ce n’est pas beau à voir.
- Alors, Damian, tu en penses quoi ?
- A mon avis, il a dû faire une chute de tout en haut. » Le dénommé Damian montra du doigt le toit du bâtiment. Dester n’en revenait pas :
« - C’est impossible ! La baraque est trop instable pour monter jusqu’en haut ! Et ça n’explique pas pourquoi il a fini en plusieurs morceaux !
- Pour ce qui est de la hauteur, je peux vous affirmer, officier…
- Officier Dester.
- Bien, officier Dester. Regardez les poutres.
- Euh, je ne vois rien d’anormal, fit Alain mi-figue mi-raisin.
- Concentrez-vous et vous allez mieux comprendre mon hypothèse. »
Alain Dester observa avec une plus grande concentration mais ce fut inutile puisqu’une goutte froide et humide vint tomber sur son képi, ce qui le déstabilisa. Il se rendit compte qu’il s’agissait d’une goutte de sang et regarda en haut. Il voyait effectivement qu’il se situait en-dessous d’une poutre ensanglantée.Le jeune policier prit peur eteut l’impression d’être dans un film d’horreur. Il bégaya :
« - Je-je com-comprends mieux.
- Comme vous venez de le constater, plusieurs poutres sont à la fois abîmées et suffisamment aiguisées pour découper un corps. Et c’est ce qui s’est passé. De plus, vu la façon dont les morceaux ont été dispersés, il semblerait que l’impact avec le sol lui a été fatal. Il a dû se briser comme du verre.
- C’est flippant !!
- Alors un conseil, ne va pas dans son labo, ce n’est pas commode, conseilla la lieutenante.
- Et alors, qu’est-ce que tu peux en conclure ? s’impatienta le commissaire divisionnaire.
- Il est encore trop tôt pour le dire, mais j’ai deux options : soit il s’agit d’un suicide…
- Soit il s’agit d’un meurtre, compléta Cartner.
- Exactement. Bon, si quelqu’un peut porter tous les morceaux, ça m’arrangerait.
- Non merci, ce sera sans moi. » déclina le jeune officier qui vomit une nouvelle fois, au grand dépit de Rose qui fut la seule à aider le légiste. Ils mirent près d’une heure avant de pouvoir dormir, tandis que le médecin légiste disséquait l’enveloppe charnelle de Stefan Leroy. Alain, de son côté, fit un cauchemar, un cauchemar vieux de plus de quinze ans.

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