8. Princesse Sarah
« Père ! Je vais me balader en ville ! », dit la princesse Sarah en faisant une révérence devant son père. Il hocha simplement la tête. La jeune fille sortie de la pièce, âgée d’à peine neuf ans, elle était déjà étonnamment éveillée pour son âge. Coiffée de 2 tresses blondes, elle s’était habillée légèrement comme chaque semaine quand venait le marché. Son père la laissait aller sur le marché parce que son précepteur le lui avait conseillé afin qu’elle puisse s’ouvrir au monde extérieur, voir et comprendre d’autres choses.
Bien sûr, ce n’était pas sans la surveillance d’une escorte de cinq gardes du palais qui se dispersaient, plus celui qui la suivait directement. Aujourd’hui, la rue semblait bien animée. La jeune fille avait l’impression qu’il y avait plus de marchands que d’habitude peut-être, découvrirait-elle des colporteurs d’un autre pays ayant des objets rares en leurs possessions. Elle faisait la collection des choses étranges venant d’autres cultures et d’autres nations. Sarah était une passionnée d’histoire et de culture en général.
« Regarder si vous voyez un étal de livre ou d’objet atypique ! dit-elle au garde à sa droite.
— Bien princesse ! », répondit l’escorte avec respect en s’inclinant, il transmit les ordres aux autres. En général, sa garde rapprochée était constituée de cinq personnes se dispersant dans un rayon de cinq à dix mètres autour de celle-ci et avançait en même temps que cette dernière afin de parer à tout danger. Sarah observait avec assiduité les marchands.
« Vous cherchez quelque chose en particulier, Demoiselle ? demanda le garde toujours à sa droite.
— Oui, je regarde si je vois des marchands dont je ne connais pas le visage, ça sera plus simple pour trouver des nouveautés. » Il se redressa et regarda à son tour, il vit une carriole de marchand qu’il ne connaissait pas.
« Par là -bas, il me semble distinguer un étal marchand que nous n’avons pas l’habitude de voir ! fit remarquer le garde en indiquant une direction à Sarah.
— Bien, allons-y ! » La petite demoiselle avançait d’une démarche étonnamment assurée pour son âge, une gravité forcée, apprise de son statut. Quelles que soient les circonstances, c’est ce que son précepteur n’arrêtait pas de lui dire dès qu’elle ronchonnait ou voulait fainéantiser un moment. Elle le trouvait très agaçant avec ses sempiternelles leçons sur l’importance de l’apparence. Elle s’approcha de l’échoppe, le garde vérifia, le marchand était une femme d’allure ordinaire portant un foulard sur la tête. Il surveilla les alentours en attendant que la jeune fille fasse affaire. Un mouvement de foule soudain le surprit, une vague humaine le privant durant quelques secondes de toute visibilité sur la fillette. Mais une fois la peuplade dispersée, de nouveau il put voir la princesse de dos, ça le rassura. Elle s’avança, le garde la suivit en faisant signe aux autres qui encerclaient la zone pour qu’ils bougent en même temps. Ils s’éloignèrent de la rue principale, la fillette tourna dans une rue. Il accéléra le pas pour la rattraper. Mais… personne, il n’y avait personne dans la rue !
« Princesse ? Le garde regarda autour de lui, un mauvais pressentiment le saisit.
— Trouvez la princesse ! », ordonna-t-il. Ses hommes se dispersèrent à la recherche de la jeune fille. Au bout d’une demi-heure à fouiller les rues autour du marché, l’alerte fut donnée et la ville fut bouclée à toute circulation. Deux garnisons furent détachées pour rechercher de Sarah, en vain.
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« Qu’est-ce que… qui êtes-vous ? Lâchez-moi, sale gueux ! » criait Sarah tandis qu’elle était portée sur l’épaule de quelqu’un, elle ne voyait que le dos de la cape noire, autour d’elle c’était la forêt.
— J’étais en ville… il y a une seconde ! Pourquoi sommes-nous en forêt ? » murmura-t-elle pour elle-même Elle n’eut pas plus de réponses, au bout de quelques minutes, ils se retrouvèrent dans une grotte, la personne en noir la jeta dans une cage d’acier rouillé, et ferma celle-ci à l’aide d’un cadenas.
« Que voulez-vous ? Vous savez qui je suis ? Mon père vous fera empaler pour cet acte ! », gronda-t-elle secouant de toutes ces forces, si faibles soient-elles, la cage posée au sol. La personne de noir vêtu se retourna vers elle, elle allait voir son visage ! Elle s’y prépara rassemblant toute son assurance pour faire face. Le visage de l’homme… ou plus tôt la chose… il n’y avait pas de face, une fumée noire s’échappait de la capuche deux formes d’œil rouge étaient perceptibles à travers celle-ci ! Une sensation de froid glacial émanait de lui. La jeune fille commença à trembler et tomba en arrière « Vous… vous êtes le démon de la légende, le démon sans nom ! Mirage, le vengeur ? balbutiait-elle comme elle put. Il continua à la dévisager.
Elle se souvint du livre de conte que sa nounou lui lisait, une des histoires parlait de la légende de Mirage, une entité venant des tréfonds de la terre, né de la prière des roturiers pour la vengeance envers leur opresseur. Un simple récit populaire parmi le bas peuple.
« Qu’ai-je fait pour mériter votre courroux ? demanda-t-elle tremblante.
— Tu es née dans la mauvaise famille ! », finit-il par articuler dans une voix grave et lugubre, un son d’outre-tombe.
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Le soldat se présenta à la salle du trône accompagné par ces 5 subalternes, agenouillé regardant le tapis rouge sur lequel il se trouvait, une goutte de sueur coula sur sa tempe.
« Explique-toi, soldat ! ordonna le conseiller du roi.
— Nous étions en formation comme à l’accoutumée, nous surveillons toujours de près Sa Seigneurie, la princesse Sarah, elle s’est soudain éloignée de l’axe principal du marché et a tourné dans une rue.
— Et ? s’impatienta le conseiller.
— C’est tout sieur, nous ne l’avons pas trouvé après cela.
— Comment cela peut-il arriver ? demanda une voix sévère et froide qui fit tressaillir le garde, le roi venait de parler.
— Je… je n’ai pas d’explications ni d’excuses mon seigneur ! supplia le garde la tête contre le sol.
— Conseiller !
— Oui seigneur ? répondit celui-ci.
— Faites venir le mage mémoriel, on va consulter leurs souvenirs ! ordonna-t-il.
— Ça sera fait ! »
Au bout d’un quart d’heure, un mage mémoriel arriva au palais royal.
« Vous m’avez fait mander seigneur ? demanda-t-elle au roi en s’inclinant.
— Faites nous voir les souvenirs de ces six-là , ce matin ma fille cadette a disparu, trouvez un indice ! » ordonna-t-il.
La mage s’exécuta et fit venir un cristal dans la salle du trône. Un par un les gardes eurent le front touché, et les images étaient diffusées comme un hologramme au-dessus du minerai de lumière. Tout comme l’avait expliqué le garde, rien ne fut remarqué de plus.
« Seigneur, je crois reconnaître ces trois hommes adossés au mur ! intervint le conseiller en montrant une image.
— Qui sont-ils ?
— Ce sont des rabatteurs du comte Gravache.
— Ces rabatteurs ?
— Oui, le comte a des goûts pour le moins particuliers. Et des hommes de main rabattent pour lui.
— Je vois, vous supposez qu’un noble serait impliqué ? demanda le roi au conseiller.
— Je ne sais, seigneur, mais ceci pourrait être la seule piste que nous ayons, répondit celui-ci en s’inclinant, presque, s’excusant d’avoir accusé un noble.
— Soit… Il ne faut pas vexer la noblesse, faites venir le Premier prince, il ira visiter le comte Gravache. », ordonna le roi d’une voix forte.
Une heure plus tard, une garnison menée par le Premier prince, Auguste dont l’allure et la splendeur n’étaient surpassées que par sa propre vanité, partit en direction du manoir du comte.
Le comte Gravache dont la panse rebondissait à chaque pas, était tout excité en parcourant le couloir d’un pas vif, l’un de ces rabatteurs lui avait dit avoir amené une surprise dans sa chambre. Il entra dans celle-ci, essuyant la sueur sur son front dégradé, il faisait sombre, sans doute que la jeune fille fût timide et ne voulût pas qu’on la regarde, cela lui importait peu, il allait goûter une nouvelle fois une pêche encore pure et frêle. Il se déshabilla laissant tomber son ventre bedonnant avant d’entrer dans le lit.
Le prince s’adressa au majordome d’un ton autoritaire.
« Faites venir le comte Gravache !
— Je suis désolé, le comte a expressément demandé qu’on ne le dérange pas !
— Qu’a-t-il de mieux à faire que de recevoir son prince ? demanda le jeune homme aux cheveux blonds tombant le long de sa nuque.
— Il.. Il est occupé dans… sa chambre…
— Ho ? Le comte préfère dévergonder une donzelle en pleine journée, que de me recevoir ? Je vais aller le sortir du lit ! Montrez-moi le chemin ! », ordonna Auguste.
— Par ici, Monseigneur. », dit le majordome d’une voix hésitante. Le prince suivit le serviteur. Ils arrivèrent devant une porte en bois richement ornée. Le servant s’arrêta.
« C’est ici, Monseigneur… »
Auguste poussa violemment la porte et l’ouvrit sans ménagement. Il découvrit le comte nu, accroché au rideau, sur le lit, une jeune fille blonde allongée sur le ventre.
« Alors ce sont les goûts du comte ? De jeunes demoiselles même pas formées ! remarqua le prince avec ironie ; il s’approcha du lit.
— J’aimerais voir la beauté qui a empêché le comte de venir m’accueillir ! », dit-il en agrippant l’épaule de la jeune fille pour la retourner.
Le prince devint livide.
« Garde ! cria-t-il. Ils accoururent immédiatement dans la chambre.
— Enchaînez-moi cet enfoiré ! ordonna le prince, le visage rouge de colère.
— Mon sieur ? demanda le garde.
— Enchaînez-le immédiatement ! Avant que je ne le pourfende de mes mains ! », cria-t-il en regardant le comte le regard empli de haine.
Les gardes obéirent, le prince recouvrit du drap le corps déjà froid, dont les marques de strangulation étaient visibles, de sa jeune sœur, la princesse Sarah.
« C’est un noble, il ne peut se pavaner nu dans la rue ! intervint le majordome du comte d’une voix tremblante.
— Silence ! ordonna le prince.
— Ce n’est pas un noble ; ce n’est qu’un porc infect, il ne mérite que d’être traîné dans la boue !
— Mon prince je vous jure que je n’ai…
— Silence, mon père sera seul juge ! », répondit le prince, en regardant le comte avec mépris.
Le comte fut traîné dans toute la ville nue comme un ver, enchaîné et poussé par les gardes, tandis que le prince portait délicatement le corps sans vie de sa jeune sœur.
Auguste déposa le corps sans vie de Sarah devant son père qui tomba à la renverse dans son trône.
« Comment… Comment un noble de mon royaume peut-il faire cela à ma fille ? demanda-t-il d’une voix brisée.
— Seigneur, je… commença le comte Gravache pour se justifier.
— Silence ! hurla le roi. Son regard empli de haine regarda le comte avec colère.
— À partir d’aujourd’hui, le comte Gravache est déchu de ces titres, son domaine et ces terres. Tout est saisi par le royaume !
— Mais majesté je…
— Sa femme et ses deux filles seront, quant à elles, vendues comme esclaves au bordel populaire ! le coupa le roi d’une voix froide.
— Je déclare qu’à partir de ce jour, un deuil d’une semaine sera respecté pour la princesse Sarah, ça sera autant de temps que le comte passera à se repentir de son crime dans le donjon des mille pardons ! Il sera exécuté sur place publique, après la crémation de la seconde princesse ! Que l’on avertisse tout le royaume de ces décisions ! s’exclama le roi. Il fixa alors le comte dans les yeux et articula ces mots :
— J’espère que tes souffrances seront pires que l’enfer durant cette semaine ! » Le comte fut emmené pour être torturé dans le donjon des mille pardons, il criait son innocence en vain. Le roi quant à lui devait aller voir la reine pour lui annoncer la nouvelle.
≈
« C’est fait ? demanda Myr, une ombre de tristesse dans la voix.
— Oui, sans souci, donc ce comte c’est celui qui t’a vendu au bordel, c’est bien ça ? confirmai-je.
— Oui, mais ça me fait un peu de peine pour cette fillette, ajouta Myr.
— T’inquiètes pas elle n’a pas souffert, j’ai vite abrégé ces souffrances, le comte n’a rien pu faire avec son corps.
— Oui, mais bon… elle était innocente…
— Elle était de sang bleu, détruire la famille royale fait partie de notre accord ! » Ainsi je mettais fin à la discussion.
Cette enfant aurait sans doute voulu se venger plus tard, et il vaut mieux qu’elle soit la première, la suite n’allait pas être de joie pour la royauté de Budasta.
La semaine suivante, après la crémation de la princesse Sarah, l’ancien comte fut exécuté sur place publique, lynché par la foule avant d’être écartelé à mort.
Deux jours plus tard, un messager de la guilde se présenta au palais, apportant un coffret en bois d’ébène finement ouvragé d’or et de diamant.
« Monseigneur Guiransdill, roi de Budasta, mes hommages. Je suis Rubin, messager pour le compte de l’organisme nommé la guilde. Pour commencer, j’aimerais vous présenter mes plus sincères et plates condoléances pour la perte tragique de votre fille.
— Si vous savez cela, pourquoi venir me déranger, qui y a-t-il d’urgent ? demanda le roi avec lassitude en se massant l’arête du nez.
— Je comprends que le chagrin doit vous consterner… dit Rubin avec une gravité respectueuse.
— Je pense qu’il s’agit d’une affaire assez importante pour retenir votre attention, vous êtes donc convié à une enchère à la cité neutre de Miniarkil.
— En quoi est-ce important ? demanda le roi, intrigué malgré sa douleur.
— L’enchèreur a demandé à ce que les 3 nations limitrophes à la cité soient invitées pour éviter de créer un déséquilibre.
— Ho ? Le roi se redressa, un intérêt nouveau perçant son chagrin.
— La vente aux enchères concernera des munitions pour infanterie technologique. J’ai ici en ma possession des exemplaires qui vous sont destinés pour les tester par vous-même. », dit Rubin en tendant le coffret au roi. Le conseiller s’avança pour le récupérer et l’ouvrant, l’amena au roi.
« Hé bien, ce ne sont que des balles de plomb ! dit le roi en observant les 9 munitions entreposées dans le coffret sur un tissu de soie rouge.
— Elles sont disposées par ligne de trois, sur la première ligne ce sont des balles explosives moyennes, sur la seconde ce sont des balles à nuage empoisonné et enfin la dernière ligne concerne des munitions à impulsion de vent, expliqua le messager.
— Bien, nous testerons et vous enverrons réponse. Quand aura lieu l’enchère ? demanda le roi.
— Dans douze jours au grand hall de la maison des enchères de la guilde à Miniarkil, répondit Rubin, avant de se retirer aprés une révérence.
« Douze jours hein… Pas le temps de pleurer ces proches ! dit le roi pour lui-même, un poids nouveau sur les épaules.
— Faites appeler le deuxième prince, il pourra peut-être se rendre utile pour une fois ! », continua le roi se pinçant le haut du nez, la fatigue commençait à l’envahir…

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