Pourquoi vous inscrire ?
Infty: Arc Istrul World

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/entete.php on line 42
icone Fiche icone Fils de discussion
Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/entete.php on line 48
icone Lecture icone 0 commentaire 0

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/page-principale.php on line 13

Warning: Undefined variable $age_membre in /home/werewot/lc/histoires/page-principale.php on line 16

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/lecture.php on line 11
«
»
volume 1, Chapitre 10 « MĂ©l » volume 1, Chapitre 10

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/navigation.php on line 48

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/lecture.php on line 31

10. Mél

France, grand port maritime de Nantes–Saint-Nazaire.

Dans la section des départs, réservée aux condamnés européens pour le grand portail, les manifestations faisaient rage. Certains citoyens du monde entier voyaient en ce portail non seulement une échappatoire, mais aussi une providence pour l’humanité, et manifestaient, se battaient pour avoir le droit d’y accéder et qu’on arrête de jeter les prisonniers dans le potentiel paradis qui se cachait derrière cette porte.

Un groupe d’une quinzaine de personnes avait infiltré un des navires chargés des transferts. Cachés dans la soute, ils attendaient leur heure. Le navire s’accosta sous la plate-forme de transfert, les militants sortirent, formant un bloc, armé de caméras diffusant en direct sur internet afin d’éviter toute « bavure » à leur encontre. Ils avancèrent tant bien que mal jusqu’aux abords du portail.

« Arrêtez-vous ! Que voulez-vous les jeunes ? demanda un militaire, qui semblait être un gradé.

— On veut passer le portail et vivre dans un monde meilleur ! » répondit Louis avec une assurance teintée d’espoir. Louis était un jeune homme droit et idéaliste, il était considéré comme le chef du groupe par son charisme et sa volonté sans failles.

« On peut difficilement vous y autoriser ! dit le militaire avec une pointe de lassitude.

— On se passera de votre autorisation ; laissez-nous passer ! On filme en direct sur plusieurs sites de visionnage, dans différentes langues, vous croyez pouvoir censurer cela ?

— Vous avez pensé à vos familles ?

— Notre famille c’est nous ! répondit Louis, le regard déterminé. Le groupe continua à avancer doucement, mettant la pression sur les soldats qui formaient un barrage armé et pointant leur canon sur l’équipe de jeunes gens.

— On ne peut pas vous laisser passer, nous sommes responsables de cet endroit, et je ne sais pas ce que vous espérez trouver de l’autre côté, mais je vous garantis que ce n’est pas le paradis… », ajouta le gradé avec une nuance de tristesse dans la voix.

Le groupe de jeunes sortit un paquet d’enveloppes, l’une des filles, une blonde plantureuse, en jeta un vers le gradé. Les militaires surpris regardèrent le paquet de lettres voleter autour d’eux

« Qu’est-ce qu… »

Ils avaient brisé la formation en se dispersant dans tous les sens, ils passèrent l’escouade de l’armée et coururent de tout ce qu’ils purent vers le portail. Les soldats qui avaient reçu l’ordre de ne pas tirer, se déplacèrent à leur poursuite. Sur les quinze jeunes qui avaient pris d’assaut le vortex, il n’en restait que six se précipitant devant le portail, quatre garçons et deux filles.

« Ne faites pas ça, revenez ! cria le gradé, une pointe de désespoir dans la voix.

— Lâchez nos amis ! », répondit Louis même s’il savait que ça ne servait à rien. Louis regarda la caméra accrochée au thorax d’un des garçons qui était avec eux et s’adressa au monde avec une lueur d’espoir dans les yeux.

« Aujourd’hui, nous allons entrer dans un Nouveau Monde, dans un monde qui n’est pas pollué, où il fait bon vivre. Il ne faut pas croire les gouvernements. Nous allons passer ce portail et revenir vous raconter et vous inviter à faire comme nous !

— Ne faites pas ça ! Personne n’est jamais revenu, on ne sait même pas s’il y a quelque chose de… » Les jeunes n’écoutaient plus, ils passèrent le portail, une boule au ventre d’excitation mêlée d’appréhension.

Mélodie, dont le pseudo était devenu Mél, ouvrit les yeux. Elle était allongée dans l’herbe à côté de ces camarades. Ils étaient dans une forêt d’épicéas peut-être, l’herbe au sol était douce, bien verte et confortable. Les autres se réveillèrent au même moment.

« On… On a réussi ! cria Carrie d’excitation, c’est une fille de type caucasien brune aux cheveux courts, assez mignonne.

— On l’a fait ! », dit Louis du haut de ces 1 m 95 qui venait de se relever, un large sourire illuminant son visage.

Une onde d’excitation palpable les traversa. Ce sentiment était si plaisant : le soulagement d’avoir passé une épreuve dangereuse, la curiosité de l’inconnu face à eux, mais aussi l’appréhension de ce qui les attendait dans l’avenir. Il n’y avait plus rien de sûr.

« On va faire un selfie pour quand on rentrera ! », s’exista Rol, le plus costaud du groupe.

Ils se mirent en position. Il y avait donc Louis, le grand aux cheveux noirs ; Rol, un peu plus petit, mais taillé comme une armoire à glace ; Chris, de la même taille que Rol, mais ayant la peau noire et de fines lunettes plantées sur son nez accompagné de rastas épais ; et Nico, le plus petit des hommes du groupe, ayant un excédant d’énergie communicative. En filles, il y avait Carrie, une jolie brune aux cheveux courts ; et Mél, une fille a la coupe longue, châtain foncé, aux yeux verts, de type métis asiatique. Après un moment à se remémorer le feu de l’action sur la base, l’excitation commença à retomber, laissant place à une certaine appréhension.

« Que fait-on maintenant ? demanda Carrie regardant autour d’elle ce bois touffu éclairé par quelques trous dans l’épais manteau de verdure au-dessus d’eux.

— On part en exploration ! », répondit Louis avec un sourire jusqu’aux oreilles, son optimisme contagieux.

Le groupe parti, détendu malgré une pointe d’incertitude, pour l’exploration de ce bois.

« En tout cas, l’air est pur ici », fit remarquer Rol en prenant une grande bouffée d’air frais.

— Oui et… ho, regardez, un lapin », admira Carrie en montrant la boule de poil beige qui les observait de ces petits yeux noirs.

— C’est étrange, il ne fuit pas. Peut-être ne sont-ils pas chassés ici ; que les gens ont pris conscience que manger de la viande c’est le mal ! expliqua Carrie avec une conviction végane.

— Ne recommence pas avec tes délires de végan ! Mais c’est vrai que c’est étrange qu’il ne se sauve pas », intervint Chris, de sa voix grave et posée.

— Je vais aller le chercher, s’il ne s’enfuit pas, on peut, peut-être, le caresser », dit Nico en regardant Mél avec un sourire charmeur. Il en pinçait pour elle, et ça se voyait.

Nico s’avança d’un pas prudent sous le regard inquiet de ses compères. Il s’approcha de la bête qui ne bougeait pas, le fixant de ses pupilles sombre.

« Encore quelques centimètres… et je t’attrape », murmura Nico, une lueur d’excitation dans le regard.

— Attention ! », cria Rol, un pressentiment glacial le saisissant. Nico se redressa brusquement, un cri étranglé s’échappant de sa gorge. Quelque chose lui mordit violemment le cou, le sang jaillissant devant lui en un jet écarlate, tandis qu’une autre douleur lancinante lui déchira le mollet.

« Qu’est-ce que… enlevez-moi ça ! », paniqua-t-il, ses yeux s’écarquillant d’horreur. En quelques secondes, il fut submergé par des boules de poils agressives. Un râle rauque précéda le silence lorsque sa carotide fut sectionnée. Il s’écroula au sol dans une mare de pourpre poisseux qui teintait la terre parsemée d’herbe, tandis que six lapins aux regards injectés de sang commençaient leur sinistre dîner. L’un des animaux se tourna vers le reste du groupe et commença à avancer agressivement, ses crocs ensanglantés en avant, prêts à mordre.

« Merde ! On se casse ! », hurla Louis, la panique tordant ses traits, en tirant Mél par la manche, suivi par les trois autres encore sous le choc de cette vision cauchemardesque.

Ils coururent un moment, le souffle court, afin de semer leurs poursuivants potentiels, s’éloignant à chaque pas un peu plus du centre de l’île.

« Putain ; c’est quoi ce bordel ? hurla Rol à Louis, sa voix tremblant de colère et de peur.

— Qu’est-ce que j’en sais ! répondit Louis sur la défensive, le visage crispé. Un poids de culpabilité commença à peser sur ses épaules.

— Nico… Nico ils… » Carrie se mit à pleurer, des sanglots incontrôlables secouant son corps. Le stress de la situation, succédant à l’excitation extrême de l’arrivée, la faisait craquer.

— Ho putain… ho putain… je veux rentrer chez moi ! pleura Mél, s’écroulant assise au sol, le visage baigné de larmes.

— On va trouver… On va trouver une solution ! dit Louis, essayant désespérément de se rassurer lui-même.

— Calmez-vous tous ! », intervint Chris d’une voix forte et autoritaire, tentant de masquer sa propre peur.

Le silence revint peu à peu dans la forêt, les pleurs et les cris s’estompèrent.

« Le plus important est de survivre ! Je ne crois pas qu’en beuglant comme vous le faites ça puisse nous aider ! Si les lapins sont si dangereux, je n’imagine pas leur prédateur…

— Mais Nico il… commença Carrie, sa voix encore brisée par les sanglots.

— Nico est mort ! coupa sèchement Chris, sa voix dépourvue d’émotion.

— Trouvons un abri pour nous mettre en sécurité avant que la nuit ne tombe », continua-t-il, essayant de rester le plus rationnel possible malgré la situation extrême où ils se trouvaient.

Les esprits avaient repris un semblant de calme. Ils se remirent en route dans la direction opposée aux lapins, cherchant un endroit où se mettre à l’abri pour la nuit.

Au bout d’un jour et demi de marche, dont une nuit sans sommeil, la faim et la soif se faisaient sentir. Pourtant, ils continuaient à avancer et se retrouvèrent à la sortie de la forêt, donnant directement sur une falaise abrupte au-dessus d’un océan dont les vagues s’écrasaient violemment sur les rochers en contrebas. Ils réussirent à trouver un chemin escarpé et descendirent avec prudence sur une plage de galets glissants. Ils découvrirent une grotte à flanc de falaise, dont l’entrée sombre promettait un refuge, et décidèrent de s’y installer le temps de se reposer un peu.

« Tu avais promis qu’on verrait un monde meilleur ! dit Carrie à Louis, les dents serrées et une colère froide brillant dans ses yeux rougis par les larmes.

— Personne ne pouvait savoir…

— Où sont tous tes beaux discours et ton air suffisant de « je sais tout » ? » demanda Rol, sa voix pleine d’amertume se joignant à celle de Carrie. Une querelle éclata, l’être humain ayant besoin d’un responsable à son malheur, et ici le coupable était tout désigné : Louis.

« Arrêtez de vous disputer ! cria Mél, sa voix étranglée par les larmes.

— Vous croyez que ça va ramener Nico ou que ça nous aidera à survivre ? demanda-t-elle, les yeux larmoyants.

— Ouais, c’est bon, je me casse ! dit Rol en sortant de la grotte, claquant des talons sur les galets.

— Attends, je viens avec toi ! » dit Carrie, suivant Rol d’un pas décidé, Chris emboîtant leurs pas. Dans la grotte, il ne resta que Mél et Louis, un silence pesant s’installant entre eux.

« Tu as le droit de m’en vouloir aussi », dit Louis, sa voix empreinte de tristesse.

— Jamais de la vie, ce n’est pas de ta faute », lui dit Mél, ses yeux fixant le sol. Elle avait été secrètement amoureuse de lui durant plusieurs années, et aujourd’hui ils se retrouvaient seuls dans cette situation désespérée. Elle ne savait pas quoi dire et n’osait pas entreprendre une conversation dans le contexte actuel.

« Je vais aller chercher les autres. » Louis venait d’interrompre le silence, brisant la tension palpable. Il se leva et sortit de la grotte laissant Mél toute seule, une vague de solitude l’envahissant. Elle se sentait idiote, il n’y avait pourtant pas de raison objective.

« Lâchez-moi ! »

C’était la voix de Carrie, pleine de terreur ? Mél sortit prudemment de la grotte, le cœur battant la chamade. Un peu plus loin sur la plage, elle découvrit trois hommes à l’allure patibulaire en train de s’en prendre à son amie, allongée sur les galets. Chris semblait avoir été battu et gisait immobile non loin, tandis que Rol était maintenu au sol, une arme à feu braquée sur sa tempe. Louis, les bras en l’air, n’osait pas bouger, son visage exprimant une terreur impuissante.

Que devait-elle faire ? Elle ne pouvait pas rester là, tandis que ses amis étaient en danger. Mais que pouvait-elle faire face à ces hommes armés ? Et que voulaient-ils ? Elle rejeta un coup d’œil, ils venaient d’arracher les vêtements de Carrie, ils allaient la forcer à… ? Si elle y allait, elle serait sans doute battue et violée aussi, elle ne voulait pas !

Elle ne voulait pas que sa première fois soit comme ça, elle ne voulait pas souffrir et mourir… Non, elle ne le voulait pas ! Mél fut prise d’une peur panique et d’instinct décida de s’enfoncer dans la grotte pour se protéger.

Mél se retrouva seule dans cette caverne humide, la faim au ventre. Il faisait si sombre et c’était si silencieux. Elle se recroquevilla contre un mur et sanglota imaginant ce qui se passait dehors.

Le froid la réveilla. Il faisait toujours aussi sombre, où était-elle ? Maman n’avait pas mis le chauffage la veille ? Elle se leva. « Maman ?… Ha oui, c’est vrai. Je ne suis plus dans mon monde, je suis ailleurs. »

Et les autres ? Mél avança à tâtons dans le noir de la grotte, elle réussit à atteindre la sortie. Il n’y avait plus un bruit dehors, elle n’entendait que le son des vagues se brisant sur les galets. Elle entreprit une sortie, la nuit était claire, dans le ciel dégagé de tout nuage Mél remarqua les deux lunes, une grande et bleue et une autre plus petite et de couleur orangée.

2 formes étaient allongées là où s’étaient fait agresser ses amis, elle s’approcha et découvrit le cadavre de Chris totalement défiguré, battu à mort, son corps était gelé. À côté, il y avait une autre forme, elle s’approcha, c’était la dépouille dénudée de Carrie, elle avait reçu des lacérations sur la poitrine, ses bras semblaient être cassés, on lui avait tranché la gorge…

Mél vomit, même si elle n’avait rien dans l’estomac, elle régurgita toute la bile qu’elle put. Mais où était-elle arrivée ? Elle était seule, totalement abandonnée dans un monde si dangereux… Elle entendit un bruit, elle se retourna, de gros oiseaux sombres la regardaient, ça ressemblait à des merles géants avec un gigantesque bec ciselé et une couronne rouge sang sur le haut de leurs crânes. Elle allait encore se faire attaquer ? Elle s’éloigna des gros oiseaux en trébuchant en arrière dans les galets. Elle saisit un galet prêt à le jeter pour se défendre. Les oiseaux l’ignorèrent et se contentèrent de commencer à picorer les cadavres. C’était des charognards…

« Allez-vous-en ! », cria Mél en jetant des galets, mais ceux-ci n’atteignirent pas leurs cibles. Mél s’effondra en larme aux clairs des lunes sous le spectacle carnivore de ses amis se faisant dévorer.

« Aidez-moi… Aidez-moi ; je vous en prie… »

Une fenêtre s’afficha.

! Aide : Voulez-vous activer le guide pour débutant ? !

Mél fut surprise, en arrivant elle avait eu un truc comme ça aussi, mais trop prise par l’excitation, elle n’y avait pas prêté attention.

« Oui »

Myrabella descendit de l’express accompagnée comme à l’accoutumée, par son majordome Charles. Le prince Markés arriva en toute hâte pour l’accueillir, il avait dû batailler dur, pour que son père l’y autorise.

« Ma Dame ! dit-il dans une révérence.

— Prince Markés, c’est un plaisir de vous revoir ! » s’inclina Myrabella. Elle s’était habillée en aventurière, un pantalon de cuir sombre moulant, une veste dans la même matière, à sa hanche, 2 épées courbes qui attendaient d’être dégainées. Charles, quant à lui, toujours habillé en majordome portait un gros sac à dos. Le prince fit signe à une calèche d’avancer. « Avez-vous fait bon voyage ? demanda-t-il.

— Ça peut aller, allons voir votre bien ! dit Myrabella revenant directement aux affaires.

— Bien sûr. Cocher ! », le carrosse parti en direction de l’ouest de la ville, animée comme tous les midis par les marchands allants et venants, les paysans revenants des champs, les ouvriers sortants de leur travail pour aller déjeuner.

Ils arrivèrent au manoir après une visite concise, l’affaire fut conclue avec Markés. Myrabella et son suivant repartirent aussitôt laissant la bonne gestion et le nettoyage du domaine au prince en attendant dix jours, le temps que les esclaves et employés arrivent.

« Bien maintenant que c’est fait, retournons à nos affaires, dis-je à Myr ayant repris sa véritable apparence.

— Il te faut donc de la jusquiame noire ? C’est quoi comme plante ?

— C’est un poison hallucinogène et potentiellement mortel, répondis-je.

— Ho ! Et où trouve-t-on cette plante ?

— Suivant le guide des objets, on doit en trouver sur l’île du portail.

— Ça fait une trotte… tu crois qu’on va pouvoir y aller et revenir en dix jours ?

— J’ai laissé mon fluber sur le bateau qui établit la traversée, mais ça fait déjà longtemps, je ne sais pas si ça marchera.

— Essaye. »

Nous disparûmes de l’express pour réapparaître dans la cale du navire.

« Houa ! Ça fait pourtant un long moment, presque trois ans et ça marche encore ? Tant mieux alors.

— Par contre, y doivent pas faire souvent le ménage si ton fluber est resté si longtemps, fit remarquer Myr.

— Map »

Ma carte s’afficha, on allait en direction de la ville portuaire, ça ne faisait pas si longtemps que le navire était parti de l’île au portail. Je me levais, suivi de Myr. Nous montâmes prudemment les marches et sommes allés sur la poupe. Trois vigiles étaient présents, des étrangers qui voulaient traverser ; comme je l’avais effectué moi-même à l’époque où j’avais récupéré mon Bubulle.

« Que faites-vous là ? me demanda une voix derrière moi.

— On ne fait que passer ! », répondis-je en m’élevant dans le ciel sous le regard médusé des spectateurs tandis que le bateau continuait sa route.

Grâce à l’hélice dorsale, il ne nous fallut pas longtemps pour rejoindre la côte. Il me fallait maintenant localiser la plante.

« Cette île me fait remémorer mes premiers coéquipiers après avoir reçu ma puce », se souvint Myr d’un air nostalgique. Nous nous dirigeâmes vers El Virqu.

J’entrai dans la bibliothèque.

« Bonjour ! dis-je poliment.

— Ho ! si ce n’est pas une surprise, que me vaut cette visite de courtoisie ? me demanda le vieil homme.

— Je vous ai rapporté quelques livres de mes aventures et je recherche aussi une plante, peut-être pourriez-vous m’aider ? », lui demandais-je.

Une fois que j’obtins la localisation, nous partîmes par les airs. Il nous fallut plus d’une journée pour arriver à la falaise de l’extrémité de l’île. Alors que nous nous approchions de notre destination, une bête céleste, un griffon à poil long nous attaqua, je dus me poser en catastrophe sur la plage, poursuivie par la grosse bestiole.

Cela faisait sept jours que Mél s’était réfugiée dans la grotte. Elle avait pu apprendre pas mal de choses grâce à l’interface, mais la nourriture manquait. Elle avait bien réussi à trouver quelques baies, mais rien de plus… Le soir tombait encore une fois, le lendemain elle irait dans la forêt pour trouver de la nourriture. Elle essayait de s’auto convaincre depuis plusieurs jours. Mais, chaque fois, la peur de rencontrer des brigands qui la violeraient et la tueraient ou, ces maudits lapins carnivores qui la boufferaient la retenaient sur la plage de galets. Elle se prépara pour passer une nouvelle nuit dans le noir et le froid de la grotte, mais il valait mieux être dans la grotte et avoir froid que dehors et se faire attaquer par une bête. Elle entendit des voix à l’extérieur, elle s’approcha de l’entrée pour écouter sans se montrer.

« Je t’avais dit de ne pas voler si haut ! grondait une femme.

— Ho, ça va ! C’était pour gagner du temps, occupe le pendant que je prépare mon sort.

— C’est ce que je fais, mais il va bien finir par s’énerver »

Un rugissement se fit entendre. Mél frissonna, c’était grave et rauque, ça devait être un sacré monstre. Elle avait eu raison de rester cachée, mais elle se demandait quand même qui étaient ces gens et contre quoi ils se battaient, elle décida d’oser jeter un regard. Une femme ? Ou plutôt, un fantôme féminin était en train de tourner en rond pour occuper une sorte de lion énorme doté d’ailes et d’un bec de toucan ou quelque chose comme ça. Il avait des longs poils au reflet roux sous la lumière orangée de la petite lune. À côté, il y avait un homme habillé d’un jogging sombre qui semblait préparer quelque chose.

« C’est prêt, je lance ! », cria-t-il.

Un éclair sortit de sa main électrocutant la grosse bête qui s’effondra. Le fantôme mit ses mains sur l’emplacement où aurait dû être ses genoux.

« Et voilà, je suis épuisé, et j’ai faim ! gronda-t-elle encore.

— Arrête de râler, de toute façon, il va faire nuit, on cherchera demain. », l’homme s’approcha du corps du monstre.

« Ça te dit du griffon pour le dîner ? Demanda-t-il.

— Je n’ai jamais goûté, mais je mangerais du vicelard s’il n’y avait que ça ! répondit-elle.

— Je te rappelle que tu n’es pas supposée manger.

— C’est de ta faute !

— Ma faute ? Et en quoi ? demanda l’homme qui semblait sortir des couteaux de son inventaire pour commencer à couper la bête.

— C’est toi qui as voulu que je garde mes réflexes de vivante, et de mon vivant je mangeais beaucoup, c’est mon espèce qui veut ça ! La nourriture d’ici n’est pas assez nutritive pour nous, alors on doit manger beaucoup !

— OK… OK c’est bon… je coupe la viande ; va allumer le feu ! répondit l’homme.

— Bubulle ! », continua-t-il une forme ronde apparue à ses côté, un slim ? Une bestiole que l’on voit dans les films de fantaisie, mais après tout c’est possible. Elle avait bien une interface qui lui parlait. Ils vont manger de la viande ? Elle avait faim, mais elle ne les connaissait pas, et un homme avec des pouvoirs étranges, accompagné d’un fantôme est-ce que ça ne serait pas trop dangereux pour elle ? Elle s’assit prés de l’entrée, juste pour continuer à regarder ce qui se passait dehors. Une longue hésitation se fit sentir en elle, mais son ventre lui faisait mal, elle allait mourir si elle continuait comme ça…

« Bubulle !

Le slim apparut à côté de moi.

— Nettoie-moi ça sans toucher à la viande, juste la peau et les poils ! », dis-je.

Je regardais le slim faire son repas, je sentais un regard derrière moi, j’activais la map et fis un repérage, il y avait quelqu’un qui semblait immobile dans la falaise un peu plus loin. Il faudra que je continue à surveiller, pour le moment, il n’a pas l’air hostile. Myr revint avec du bois.

« Je le fais où ? me demanda-t-elle.

— Là, c’est bien !, répondis-je.

— T’es sur ? Y a… me dit-elle en montrant la direction de la falaise.

— Oui, j’ai vu, affirmais-je.

— OK alors je… Myr remarqua Bubulle.

— Bubulle, ne laisse pas de ta morve sur ma viande hein ! Sinon je t’enfoncerais une plume dans le dôme et tu devras rester comme ça une semaine entière ! cria-t-elle.

Bubulle sembla effrayé par cette idée, car il frémit faisant des vagues sur son corps flasque.

Je soupirais

— Toi et la discrétion… tu veux que ça se passe comme le mois dernier ? demandais-je excédé.

— Ha, le mois dernier… Pas de ma faute si les vers de pierre sont sensibles aux voix aiguës, si j’avais su je n’aurais pas parlé ! répondit-elle gênée.

— Bubulle a fini. Je vais couper la viande ; allume le feu au lieu de jacasser ! Bubulle va jouer un coup dans la mer, ça fait longtemps que tu ne l’as pas vue, dis-je au slim qui se mit à ramper pour rejoindre l’océan.

10 minutes plus tard, le feu éclairait doucement la plage, tandis que les brochettes de viande de griffons avaient été façonnées.

La cuisson lente commença, pour que la chair reste tendre. L’odeur envahit notre voisinage.

Sur ma map, je vis le point orangé de notre observateur bouger, il venait un peu vers nous puis faisait demi-tour, et ça 3 ou 4 fois de suite.

Je soupirais.

« Bon, tu viens ou pas ! cria Myr

— On a de la bonne viande par ici ! continua-t-elle

— Qu’est-ce que tu fous ?

— Si c’est la faim qui le travaille, autant le nourrir ! Pis au moins, je pourrais discuter avec quelqu’un de normal ! », me répondit-elle en tirant la langue.

Je soupirais de plus belle, mon spirituel n’en manquait pas une…

« Excusez-moi… », dit une voix frêle et féminine derrière nous.

C’était une jeune fille très jeune même. À peine quinze ans à vue de nez, elle était crasseuse, typée asiatique. Elle tremblait de froid et semblait avoir peur de nous.

— Allez, viens te réchauffer et manger, dit Myr.

— Myr je…

— C’est qu’une gamine Mac ! Laisse-la manger avec nous ou je t’en voudrais ! sermonna-t-elle.

— OK… OK de toute façon y a bien plus de nourriture qu’on pouvait en manger… dis-je, désespéré par le comportement de mon spirituel.

— Je devrais être habitué depuis le temps, continuais-je pour moi-même.

— Je vais refaire des brochettes ! », ajoutais-je en me levant.

« Comment t’appelles-tu ? » demanda Myr à la jeune fille qui tremblait toujours malgré la chaleur du feu.

— Mél… » répondit-elle d’une voix à peine audible.

— Tu es toute seule ?

— J’étais avec des amis… mais… ils sont morts… » dit-elle en éclatant en sanglot.

— Calme-toi, tu es en sécurité ici, dit Myr en la prenant dans ses bras pour la réchauffer.

Je les observais sans rien dire. Encore des mammifères… faibles et émotionnels. Myr avait beau être un esprit, elle conservait certains traits de son vivant.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Myr d’une voix douce.

— On… on voulait voir le nouveau monde… on a passé le portail… des lapins… ils ont tué mes amis… » raconta Mél entre deux hoquets.

Nouveau monde… le portail… des lapins tueurs… Ça ne pouvait être qu’un groupe de nouveaux. Encore des idéalistes qui pensaient que ce monde était un paradis.

« Et ces hommes sur la plage ? » demanda Mél, ses yeux s’écarquillant de peur.

— Quels hommes ? » demanda Myr, son ton devenant plus froid.

— Ils… ils ont… ils ont fait du mal à Carrie et à Chris… et ils voulaient faire du mal à Rol et à Louis… »

Je me levai. Des humains qui en violentent d’autres… rien de nouveau sous le soleil. Mais s’ils s’en prennent à des nouveaux, ça signifie qu’ils ne sont pas loin du portail. Et si le vortex est proche…

« Myr, garde-la. Je vais faire un tour », dis-je en me dirigeant vers l’océan.

— Mac, fais attention ! » me cria-t-elle.

Je plongeai dans l’eau et nageai en direction du large. Bubulle n’était pas loin, il nageait tranquillement en attendant mon ordre.

« Bubulle, tu sens des odeurs de beaucoup d’humains dans cette direction ? » demandai-je en pointant l’horizon.

Le slim fit une vague avec son corps flasque, elle sembla pointer une direction.

« Emmène-moi », dis-je.

Bubulle se mit à nager rapidement dans la direction indiquée. Il ne nous fallut pas longtemps pour apercevoir une côte. Des lumières brillaient au loin. De la civilisation.

« Reste en arrière », dis-je à Bubulle en ralentissant.

Nous nous approchâmes de la côte discrètement. Des voix se firent entendre.

« Alors, vous avez trouvé les autres ? »

— Non, Boss. On a juste chopé deux des gamins la semaine derniére. Les autres ont dû se barrer.

— Des gamins ? C’est tout ce que vous avez ramené ? Je vous ai dit de ramener tout le monde ! »

Je m’approchai un peu plus. Une petite plage éclairée par un feu de camp. Trois hommes autour du feu.

« On les a envoyés sur le continent, Boss, ils rapporteront toujours un peu. »

— On attend les autres. Ils auront peut-être de la chance. »

Je restai immobile, observant la scène. Des esclavagistes. Des étrangers qui profitent de la faiblesse des nouveaux arrivants.

« Bubulle », murmurai-je.

Le slim se rapprocha silencieusement.

« Occupe-toi de celui de gauche. Sans faire de bruit », ordonnai-je.

Bubulle se liquéfia et rampa discrètement vers l’homme désigné.

« Myr avait raison. Encore des mammifères… »

Je sortis mes poignards volants. Il était temps de faire un peu de nettoyage.

Mél, toujours tremblante, accepta la couverture que lui tendait Myr et commença à manger lentement les brochettes de griffon. La chaleur du feu et la nourriture commençaient à la calmer.

Sur la côte, Bubulle avait englouti silencieusement l’un des

esclavagistes. Il ne restait plus que sa puce et quelques objets

sans valeur. Je récupérai le composant.

Les deux autres hommes discutaient près du feu, ignorant le danger qui se rapprochait.

« Alors,

t’as vu la gueule du nouveau ? Un vrai pleurnichard ! »

— Ouais, et la blonde ? Pas mal ! Dommage qu’on n’ait pas eu le

temps de s’amuser un peu plus…

Je lançai un de mes poignards volants. La lame trancha la gorge du parleur avant qu’il n’ait pu finir sa phrase. Ses yeux s’écarquillèrent de surprise et de douleur tandis qu’il s’effondrait en silence.

Le dernier esclavagiste se leva brusquement, son arme Ă  la main, cherchant la menace.

« Qui est là ? »

Je restai immobile dans l’ombre, le deuxième poignard prêt.

L’homme paniqua et tira au hasard dans la nuit.

« Mauvaise décision », murmurai-je avant de lancer mon arme. La lame se planta en plein cœur de l’esclavagiste, qui s’écroula sur le sable.

Je récupérai les puces des esclavagistes. Encore deux composants de plus pour ma collection.

« Mac ! Tout va bien ? » cria la voix inquiète de Myr au loin.

« Nickel »,

répondis-je en retour.

Je me retournai et me dirigeai vers la grotte, Bubulle rampant tranquillement à mes côtés. Encore une nuit agitée en perspective.


Texte publié par Arnaud, 7 aoĂ»t 2025
© tous droits réservés.
«
»
volume 1, Chapitre 10 « MĂ©l » volume 1, Chapitre 10

Warning: Undefined variable $data_id in /home/werewot/lc/histoires/pages/navigation.php on line 48
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
3334 histoires publiées
1460 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Edelweiss44
LeConteur.fr 2013-2025 © Tous droits réservés