12. Une princesse si gentille.
« Hum… il va falloir accélérer le plan, annonçais-je.
— Pourquoi ? demanda Myr assise sur le fauteuil de la chambre.
— Le roi a envoyé Auguste chercher un mage mémoriel à l’académie magique.
— Et c’est dérangeant ?
— Ils seront bien plus sur leurs gardes une fois que le démon Mirage sera découvert.
— On est prêt pour la suite ?
— Oui sans souci. Tiens, je te laisse enregistrer tes souvenirs pour la princesse. », dis-je à Myr en lui tendant un cristal mémoriel.
≈
La reine seule dans sa chambre, les rideaux tirés, le regard dans le vide. Elle avait perdu deux de ses enfants, il ne lui restait que sa fille aînée maintenant. Pourquoi a-t-il fallu que sa vie soit ainsi faite ? Elle avait été obligée d’épouser un roi qu’elle n’aimait pas, pour le bien de son royaume… un mariage de convenance pour un accord de royauté… puis ce roi eut un enfant avec une autre femme. Elle dut accepter de le considérer comme son fils… c’était l’aîné, pourtant ce n’était qu’un bâtard. Alors pourquoi l’enfant légitime avait-il toujours été si rejeté par son père ?
Cette vie n’est que misère. Elle avait perdu deux de ses enfants, elle devait tout de même continuer à survivre pour sa fille restante.
La reine était plongée dans sa dépression quand on frappa à la porte.
« Entrez ! dit-elle sans même tourner la tête.
— Ma reine, le roi m’envoie pour vous escorter ! transmit le garde prosterné devant elle.
— M’escorter où cela ? demanda-t-elle en se retournant.
— Il craint une attaque contre Sa Majesté, il désire que vous empruntiez le passage secret de la tour ouest avec votre fille afin de vous mettre à l’abri », déclara le garde.
— Il faut que je prenne des affaires et…
— Le roi a certifié que tout ce dont vous aviez besoin se trouve à votre destination », précisa le garde.
— Bien, allons chercher ma fille », répondit la reine en se levant et sortant de la chambre suivie par le garde.
La reine et la princesse suivaient le garde dans la tour, éclairée à la torche. Les couloirs sombres en pierre taillée du bâtiment ouest n’étaient pas un endroit très rassurant.
« Mon mari, le roi, ne m’a jamais parlé d’un passage secret dans le donjon aux mille pardons ! dit la reine pour rompre le silence.
— C’est un passage normalement à accès militaire, ma reine », répondit le garde.
Ils arrivèrent à un croisement, devant une porte de bois épaisse. Des gémissements remontaient des deux autres couloirs.
« C’est juste après cette pièce », annonça le garde en ouvrant la porte et laissant passer la reine et la princesse.
Elles découvrirent une pièce où trois croix de bois étaient mises en place. Sur le sol, des traces de sang séché, des instruments de torture sur les établis. Une femme était attachée à une des croix. Elles sentirent une piqûre dans leurs cous et perdirent connaissance.
La princesse fut la première à ouvrir les yeux. Elle s’aperçut être attachée à la croix, bras et jambes écartés. Devant elle se trouvait une femme rousse aux longues oreilles.
« Non… non c’est impossible ! murmura la princesse tandis que sa mère émergeait.
— Bien, vous voilà toutes les trois réveillées.
— Toutes les trois ? demanda la reine en s’apercevant être attachée.
— De quel droit osez-vous ! continua-t-elle en s’insurgeant.
— Silence ! intervint une voix sombre et profonde derrière elles.
— Oui toutes les trois ; à votre gauche se trouve la matrone d’un certain bordel en ville, la concubine de Son Altesse le roi, et aussi la mère du premier prince », précisa Myr.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda la reine rouge de colère.
— Silence j’ai dit ! répéta la voix derrière elles tandis qu’un chiffon volant venait se mettre dans la bouche de la reine comme par magie.
— J’ai une chose à régler avec chacune de vous. Je vais commencer par celle qui a fermé les yeux. Vous, ma reine, qui malgré le fait de me voir si souvent passer dans les couloirs du palais complètement défiguré et amoindrie n’avez jamais levé le petit doigt pour que cela s’arrête », rétorqua Myr en fixant la souveraine, qui venait de la reconnaître.
— Ensuite, il y a vous, la tenancière du bordel qui m’avez offert à votre fils comme un trophée de chasse, tout ça parce que je ne suis pas humaine ! dit-elle en fixant la femme brune élégante dans une robe rouge attachée et bâillonnée à la croix.
— Et enfin, vous la princesse si douce, vous souvenez-vous de ce que vous m’avez fait subir dans cette pièce ? »
Elle fit un signe négatif de la tête, les yeux implorants.
« Je vais vous rafraîchir la mémoire ! » dit Myr en tendant son cristal mémoriel tandis que derrière Myr une silhouette noire sortait de la salle.
Myr était entravée par ces attaches de métal qui la faisaient saigner aux poignets et aux chevilles, nue sur la croix en bois. Le prince Auguste, face à elle, se préparait encore une fois à la torturer. Tout à coup, quelqu’un entra dans la pièce ; c’était la jolie princesse blonde, un air si innocent. Elle la regarda froidement puis s’approcha de son frère.
« Pourquoi m’as-tu fait venir dans un coin si lugubre ? demanda la jeune fille à son frère. – Tu vois cette chose attachée à la croix.
— Cette fille ? Oui et bien ? Demanda-t-elle.
— Ce n’est pas une humaine, alors on ne peut pas la considérer comme fille, mais plus comme une femelle d’un autre peuple.
— Je comprends pour l’instant », réfléchit la princesse en attendant la suite.
— Vois-tu ; on me l’a offerte, alors j’ai voulu m’amuser avec et l’ai un peu abîmée.
— Oui comme à chaque fois », certifia sa sœur en haussant les épaules.
— Sauf que celle-ci… au bout de deux jours, je l’ai récupérée du donjon des gladiateurs et tu ne devineras jamais !
— Quoi ?
— Elle n’avait plus aucune égratignure de ce que je lui avais fait. – Ho ? » La jeune fille s’approcha de Myr l’air intéressé.
Elle la gifla.
« Comment t’appelles-tu ? » N’obtenant pas de réponse, elle la gifla plusieurs fois avant que son frère ne l’arrête.
« En fait, elle est muette, elle n’a pas de langue. – Comment le sais-tu ? demanda-t-elle.
— C’est quand je l’ai obligé à me…
— Ho, je vois… » Elle eut un petit sourire coquin et se baissa pour prendre le sexe d’Auguste dans sa bouche. Une fois la petite gâterie finie, la princesse lui demanda.
« Donc pourquoi voulais-tu me la montrer ?
— Je me suis dit qu’en ce moment avec le précepteur qui est tout le temps sur toi, tu dois avoir besoin d’un antistress, je te la prête si tu veux.
— Vraiment ?
— Oui, tu vas voir, c’est rigolo les bruits qu’elle fait, regarde ! », dit-il tout en récupérant un des fers qui chauffait à rouge. Puis il pressa le fer contre un des tétons de Myr qui hurla de douleur ; mais n’ayant pas langue… le son sortait déformé.
« Ha oui ! Tiens, fais voir que j’essaye ! » La jeune fille la tortura, lui brûlant un téton, puis le visage. Elle prit une pince et lui arracha les ongles, doucement, tandis que Myr, les larmes sèches s’écoulant sur ses joues brûlées, continuait de hurler de douleur. Pour finir, elle prit une petite scie à os rouillé sur la table, l’enfonçant lentement dans le vagin de Myr, jusqu’au bout, jusqu’à transpercer l’utérus, puis d’un coup sec, arrachant les chairs et les tissus, elle éventra l’être torturé qui perdit conscience. Et tout cela sous le regard amusé de son frère, le prince Auguste. Deux jours plus tard, Myr fut à nouveau attachée à la croix, et la princesse, stupéfaite par la guérison miraculeuse, recommença à la torturer… et ceci pendant plusieurs semaines de suite sous le regard bienveillant de son frère.
« Te souviens-tu maintenant, princesse ? » Demanda l’Estrayante.
Elle regarda sa mère qui semblait choquée par ce qu’elle venait d’apprendre sur sa fille.
« Pitié… je te demande pardon, je ne savais pas à l’époque, pitié ! supplia la demoiselle.
— Pourquoi devrais-je avoir pitié de vous trois ? demanda-t-elle. – Je suis déjà morte, je vous laisse avec le démon vengeur qui se chargera de ma vengeance ! », déclara Myr en s’évaporant sous le regard éberlué des trois femmes attachées.
La porte s’ouvrit, une silhouette noire sans visage les regarda de ces yeux rouges.
« C’est… C’est impossible… Mirage, le vengeur… » murmura la princesse, la seule qui n’était pas encore bâillonnée.
« Entrez, messieurs », annonça la voix rauque et sombre de la silhouette brumeuse.
Une vingtaine d’hommes sales et mal habillés entrèrent dans la pièce. Ils regardaient les trois femmes avec des airs pervers sur le visage.
La reine réussit à recracher son bâillon, elle supplia.
« S’il vous plaît pas ma fille ; laissez-la partir ! Elle est encore pure !
— Allons ma reine ; il ne faut pas être si égoïste. Il y a vingt-deux hommes, tous condamnés par la cour royale à subir la mort par torture. Ça ne fait que sept chacune. Ne soyez pas avares sur les petits plaisirs », répondit Mirage en sortant de la pièce, laissant les trois femmes aux mains des prisonniers heureux de pouvoir goûter du sang bleu avant de mourir.
« Nous ne la trouvons pas mon roi ! déclara le garde.
— Hum… ce n’est pas grave », répondit le roi en faisant signe au garde de partir.
Pourtant il aurait bien eu besoin de se réconforter dans les bras de sa dulcinée…
Comment allait la reine ? Sans doute mal, elle avait perdu 2 de ses enfants. Peut-être devrait-il faire un effort envers elle dans ces circonstances ?
Il se décida et se leva de son trône. Les allées étaient très silencieuses, sans sa fille la plus jeune, toujours joyeuse et curieuse de tout, et son fils qui sans cesse avait ce regard d’envie et de jalousie envers son grand frère, mais qui animait les couloirs en faisant hurler ces servantes de plaisir sadomasochiste !
Il se souvint de l’époque où, petits, les deux frères jouaient ensemble. Qu’avait-il pu se passer pour que les choses dégénèrent ainsi… Enfin, maintenant, il ne lui restait plus que son fils et une princesse.
Il frappa à la porte de la reine. « Très chère, êtes-vous là  ? Je rentre », dit-il en essayant d’avoir un ton doux. Il faisait très sombre dans la piéce. Il alluma une lampe en appelant, mais il découvrit une chambre vide. Une lettre était posée sur la table ronde au pied du lit.
Il l’ouvrit :
« Cher Roi. Je me permets par la présente de vous offrir toutes mes condoléances pour votre jeune fille étranglée, votre fils torturé par ces servantes comme il les torturait, ainsi que pour votre femme, votre fille aînée et, bien entendu, votre concubine favorite qui n’ont reçu que la vengeance de ces gens condamnés à tort par votre justice.
Cordialement,
Mirage. »
Le roi pâlit. Il courut dans le couloir en appelant les gardes. Le palais fut retourné pour trouver les trois femmes. Finalement, elles furent découvertes dans une des salles de torture du donjon des mille pardons. Le roi regarda sa femme, sa fille et son amante dénudées, des traces de sperme partout sur leur peau autant que les bleus et les ecchymoses qui les recouvraient. Elles avaient été brûlées au fer rouge aux parties intimes de leur corps et au visage ; on leur avait coupé des doigts et arraché des dents. Toutes les trois étaient méconnaissables. Le roi s’approcha de la croix la plus à gauche et pleura en silence en prenant la main froide de sa concubine.
Les corps des prisonniers furent retrouvés tous morts d’empoisonnement, tout comme les servantes dans la chambre de Markés.
Le lendemain, le roi se retrouvait seul dans la salle du trône. La rage et la colère le nourrissaient ; il attendait le retour de son fils avec le mage mémoriel pour enfin savoir ce qui se passe dans le palais. La porte de la salle du trône s’ouvrit. Le roi vit apparaître 3 nobles qui se prosternèrent devant lui.
« Je ne suis pas d’humeur, repassez un autre jour ! ordonna le roi.
— Nous ne pouvons accéder à votre requête, mon seigneur. Il s’agit d’un sujet de la plus haute importance et confidentialité », répondit l’un des trois nobles.
— Parle ! dit le roi en faisant signe aux gardes de sortir de la pièce.
— C’est au sujet de l’assassin, mon seigneur », continua l’un des nobles. Le roi se leva de son siège et se précipita pour entendre ce que ces hommes avaient à dire.
— Le prince Auguste avait raison, mon roi », intervint l’un des nobles.
— Le prince ? » demanda le roi tandis qu’un des nobles passa dans son dos. Il sentit une douleur aiguë le saisir. L’un de ces vassaux jeta un poignard sur le conseiller qui s’écroula sans vie.
Le roi commençait à voir flou, du sang coulait de sa bouche. Il distingua une silhouette entrer dans la salle du trône et reconnut la voix d’Auguste.
« Bien joué, messieurs. Prenez ces quelques pilules d’augmentation de pouvoir fabriquer par notre alchimiste, elles devraient vous rendre plus puissants, je vous en donne ma garantie ! Maintenant, quittez la capitale, je vous ferais appeler et vous nommerais à des postes importants dès que je serais couronné », dit la voix du prince Auguste.
— Merci, votre majesté », répondirent les trois nobles avant de sortir de la pièce.
— Sale traître ! murmura le roi tandis que le prince, qu’on ne pouvait voir que flou, s’approcha.
— C’est toi qui les as tous fait tuer ? demanda le roi sentant ses dernières forces l’abandonner.
— Oui, c’est moi ! répondit une voix sombre et rauque. Dans un dernier sursaut, le roi ouvrit les yeux et vit une noirceur sans visage le fixer de ces iris rouges.
— Mirage… pourquoi…
— La faute des enfants doit être assumée par leurs parents, très cher roi de cette nation en déclin. Dans moins de trois jours, votre fils aîné périra, les nobles de tout le pays seront sans doute lynchés et la République vous envahira, il n’y aura plus de royaume ! Il n’y aura plus de dynastie ! C’est la vengeance qui m’a été demandée.
— Toute… ma vie… pour rien… », le roi arrêta de respirer. L’ombre de Mirage disparut de la salle du trône tandis que des gardes entraient dans la pièce découvrant le roi et le conseiller tous deux morts.
Ils partirent aussitôt à la poursuite des nobles qui étaient entrés peu avant et les retrouvèrent deux heures plus tard, morts dans leurs carrosses qui filaient vers la campagne.

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