14. Et après ?
Quatre mois s’étaient écoulés depuis la chute du royaume de Budasta.
Mél, portant un masque, rentrait après avoir mené une mission de chasse aux loups pourpres à dents de fer. Elle arrivait aux abords du lac sur lequel le manoir avait été disposé. Prenant une barque, elle le traversa. En cette fin de journée, il reflétait le rouge du coucher de soleil.
« Je suis rentrée », dit-elle en déposant son épée et son masque à l’entrée du manoir.
— Bienvenue », répondit Myr en apparaissant devant elle.
— Ça a été ?
— Oui, ne sois pas si inquiète, j’ai bien évolué, tu sais, je peux terrasser quelques loups pourpres sans souci.
— Ho, excuse-moi ! Mais tu es comme ma fille, alors je m’inquiète pour toi, ma petite Mél », lui fit-elle remarquer en faisant semblant de se vexer.
— Tiens, je t’ai ramené des brochettes de créons des roches ! répondit-elle en tendant 5 bâtons de viande encore fumantes.
— Génial ! dit Myr en saisissant les brochettes et commençant déjà à en dévorer une.
— Où est Mac ? demanda la jeune fille.
— Il est dans le jardin, il m’a dit avoir fini les réglages », articula difficilement Myr.
— On ne parle pas la bouche pleine… »
Mél se dirigea vers le jardin.
« Mac ! – Ha de retour ? Ça a été ? Tu as pu avoir ta prime ? », demanda-t-il.
Il était toujours aussi froid, c’est quelque chose qui ne changeait pas. Il n’était pas méchant ni gentil d’ailleurs, juste quelqu’un de très froid avec tout ce qui est vivant. Mél soupira, elle s’y était habituée depuis le temps.
« Oui pas de souci. Myr a dit que tu avais fini les réglages ?
— Oui, on va pouvoir décoller ! dit Mac.
— C’est prévu pour quand ?
— Ce soir normalement, on doit juste finir de s’occuper de notre invité puis on décolle.
— Très bien », répondit Mél en s’éloignant de Mac, encore occupé avec un petit objet cylindrique. Il avait créé un composant magique qui permettait, une fois planté dans le sol, de créer un champ de force diminuant la masse, permettant ainsi de faire voler ce qui était pris dans le filet magnétique. Il y avait eu quelques problèmes de stabilité, alors il avait fallu qu’il modifie le circuit magique pour obtenir la stabilité nécessaire à un vol. Les cylindres étaient directement rechargés par les flux d’éther qui circulaient dans l’air, ce qui permettait d’avoir des objets ne demandant pas de recharge ni d’entretien. Mac avait aussi installé d’immenses hélices rotatives comme celle qu’il avait pour voler. Ces hélices seraient alimentées de la même manière que les cylindres, sauf en cas d’accélération, où ce serait à Bubulle de s’en occuper. Mél appela son spirituel, un griffon doré, elle le caressa et lui donna de la viande crue.
« L’invité ; hein… », elle ne l’avait jamais vu, juste entendu parler par Myr et Mac, sans doute pour éviter de trop l’exposer à la vengeance de Myr.
~~~
« Myr ? appelais-je.
— Oui ? répondit l’Estrayante en apparaissant à côté de moi.
— Allons nous occuper d’Auguste.
— OK ! », dit-elle devenant sérieuse et sombre.
Je nous téléportais directement dans le cachot, sans porte ni fenêtre, où était allongé le prince amaigri. Sur le sol, recouvert par Bubulle, son corps avait été lentement rongé par le slim, cellule par cellule, provoquant ainsi d’horribles souffrances. Il avait fait plusieurs arrêts cardiaques à cause de la douleur. Mais Bubulle avait reçu l’ordre de le maintenir en vie. Du coup, à chaque fois que le cœur du jeune homme lâchait, des influx électriques le réanimaient, et ceci continuellement depuis des mois.
« Bonjour, prince ! Vous êtes bien moins élégant maintenant, si je puis me permettre », dit Myr d’une voix moqueuse.
— Sal… salope ! murmura Auguste qui semblait n’avoir plus beaucoup de voix à force de hurler depuis tant de temps.
— Cela fait quatre mois. Réjouis-toi, Auguste ; aujourd’hui, c’est l’heure de ta délivrance », dis-je.
— Pourquoi… pourquoi toute ma famille et mon royaume ? articula difficilement le prince à l’agonie.
— Cette question t’obsède ? demanda Myr.
— Pour te répondre, la souffrance elle-même n’est pas que physique. Et puis, ta famille était un tas de dégénérés, le monde vivra bien mieux sans eux ! Au fait, veux-tu des nouvelles de ton héritage ? Ton royaume ? », continua-t-elle. Le prince n’avait plus la force de répliquer.
« Hé bien, ils ont organisé une élection, et tu ne devineras jamais, c’est un gueux qui a été élu comme président de la République de Budasta, lié par fédération à l’empire républicain frontiste. Ils en ont profité pour réécrire les livres d’histoire. En décrivant correctement ta famille, ces déjantés ! » Elle se mit à rire.
— Ainsi se finit la dynastie lubrique des Guiransdill, dans la merde de ce cachot, rayée de l’histoire !
— T’es… qu’une… cinglée… dit le prince.
— Permets-nous d’assister à tes derniers instants, prince stupide ! » déclara Myr, un sourire de délivrance aux lèvres.
Je fis un signe et Bubulle accéléra sa digestion dans les derniers cris d’agonie et les pleurs finaux du prince. Au bout d’une dizaine de minutes, le silence se fit dans le cachot. Je récupérais la tête du prince. Je lançai le sort d’illusion et me téléportais. J’apparus dans la salle du nouveau sénat de Budasta. Les sénateurs présents se turent, craignant ma venue.
« Je vous ramène celui que vous avez considéré comme fugitif ! dis-je en jetant la tête du prince sur le sol neuf de la pièce dans un bruit sourd. Que vos dirigeants se souviennent de ceci : l’abus de pouvoir n’apporte que la vengeance ! Et quand cela advient, je détruis tout ce qui créait cette supplication à mes oreilles. Alors, soyez sages dans vos décisions, sinon nous devrons nous revoir, peuple de Budasta ! », déclarai-je de ma voix sombre et lugubre, dévisageant chaque personne présente dans l’assemblée avant de disparaître comme j’étais venu.
« Je croyais que ce n’était qu’une histoire, mais c’est réel ? demanda l’un des députés.
— C’est la tête d’Auguste Guiransdill, le premier prince ! » annonça l’un des sénateurs s’étant approché de la masse informe au sol.
La nuit était tombée sur le lac. Je regardai Mél et Myr.
« Prêtes ?
— Allons-y », répondirent-elles en chœur.
— En route pour la cinquième cité ! » Dis-je en activant les cylindres. L’île où se trouvait le manoir s’éleva doucement au-dessus de l’eau, puis au-dessus des arbres de la forêt qui nous entourait. Au niveau de la première couche de nuages, elle se stabilisa. Les hélices se mirent lentement à tourner, nourries par l’énergie de Bubulle pour le démarrage. Le manoir commença à avancer lentement, puis un peu plus vite, jusqu’à trouver sa vitesse de croisière.
« Depuis le sol, les gens ne verront qu’un nuage ; rien de plus », précisais-je.
« C’est quoi ça ? demanda Mél.
— De quoi ? dis-je en regardant dans la direction qu’elle montrait, mais ne voyant rien.
— C’est comme une colonne de lumière bleutée venant de s’élever dans le ciel, du mana peut-être ? », répondit-elle. Elle était la seule à voir ce flash bleuté qui s’élevait à l’horizon grâce à son œil de vérité. Je touchais son front pour avoir une vision de ce qu’elle voyait grâce à la magie mémorielle.
« En effet, c’est étrange, on dirait que ça s’élève de la montagne noire non ? dis-je à Myr qui, m’étant connectée, voyait par mes yeux.
— Peut-être bien. »
Je souris, l’avenir est encore plus incertain !
« Pourquoi souris-tu ? me demanda Mél.
— Quelqu’un ou quelque chose vient sans doute de naître. »
~~~
Dans une grotte au sud de la capitale de Budasta, un enfant, d’une dizaine d’années, les yeux larmoyants, dont les vêtements étaient en lambeaux, était assis, éclairé par les clairs de lune. Il tenait fermement une épée dans ses bras. Sur cette épée, le blason de la famille Guiransdill scintilla de rouge sous la lune sanglante.
« Père ! », murmura-t-il, une larme à l’œil.
~~~
Istrul, une femme à la peau sombre, aux cheveux verdoyants flottant dans son dos, était une déesse unique, ayant trois cercles d’argent voletant derrière ses omoplates. Elle regarda sa table de jeu, zoomant et dézoomant sur son monde, observant et gérant les prophètes pour guider les peuples. Tout à coup, une notification apparut devant elle, telle une parole biblique pouvant être lue dans l’air.
« Un dieu unique désire s’installer sur ce monde, une compétition aura lieu. »
Elle serra des dents.
« Ça fait déjà le quatrième qui me défie depuis que j’ai pris ce monde… j’aurais peut-être dû prendre une position de dieu indépendant au lieu de dieu unique… j’aurais eu moins de soucis… », se plaignit-elle en s’allongeant sur son lit luxueux.
« Affiche-moi les informations sur le concurrent », ordonna-t-elle. Un texte apparut dans les airs.
Tokvielle.
Dieu unique,
hermaphrodite.
106e marque du quatrième cercle d’argent.
13 678 victoires, 3984 défaites.
Elle regarda les informations et se roula à nouveau dans son lit, la tête enfouie dans son oreiller.
« Voilà un ennemi embêtant… j’ai bien fait de prévoir mon héros… » Un long soupir se fit entendre.

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