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volume 2, Chapitre 9 « Le maĂ®tre du QI » volume 2, Chapitre 9

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8. Le maître du QI

Assis sur ma cockatrice, je suivais la route poussiéreuse qui s’étirait vers le sud-sud-est. Le vent marin, humide, charrié depuis les côtes, soulevait parfois les plumes de la créature, dévoilant la chair épaisse de ses flancs.

Cela faisait combien de fois, déjà, que je traversais ce continent ? Combien de vies, de morts, de fuites ? Et chaque fois, ils finissaient par me retrouver. Eux. Ces démons d’un autre monde.

Ce n’était plus une coïncidence.

À chaque retour dans le passé, ils apparaissaient. Jamais tout de suite, non… toujours après quelques années.

Mais invariablement dans le nord, dans la forêt de Gruaig, à l’endroit exact où j’étais mort la première fois.

Et invariablement, ils suivaient ma trace. Comme si, malgré le décalage temporel, ils me pisteraient dans les mailles mêmes du temps.

Pourquoi ?

Combien de fois avais-je essayé de leur poser cette question, dans les secondes qui précédaient ma mort ?

Mais aucune réponse ne m’avait jamais été donnée.

Seulement ce regard… Ce regard brûlant, fixe, comme s’ils attendaient quelque chose de moi. Quelque chose que je ne pouvais pas encore leur offrir.

Je passais mes journées à chercher une réponse dont j’ignorais la question.

Une énigme sans énoncé. Une punition sans crime connu.

Plus je fuyais, plus je m’éloignais de la forêt de Gruaig.

Et cette fois, ma destination se nommait Broven. Une cité portuaire oubliée, dans le royaume de Tristania.

Jamais encore je n’y avais mis les pieds.

Combien de jours s’écouleraient avant qu’ils ne me retrouvent ici ?

Et si je descendais encore plus loin, vers le sud, au-delà des terres connues ?

Je me grattai le cuir chevelu, nerveusement.

Toutes ces questions me pourrissaient l’esprit.

Mais pour l’heure, il me fallait simplement un toit.

Broven se révélait modeste. Une ville construite avec les moyens du bord, entourée de remparts ocre à peine plus hauts qu’un homme.

Le sable, sans doute, avait été compressé en blocs grossiers.

Le garde à l’entrée, affalé contre sa lance, me lança un regard éteint mais ne m’arrêta pas.

Pas de contrôle. Pas de formalités. Juste la mer, la poussière, et la fatigue.

Les rues étaient vivantes, bruyantes, étroites.

Les maisons, de la même matière que les murailles, semblaient se fondre dans la couleur du sol.

Je longeais l’artère principale à dos de cockatrice, en évitant les cris des marchands, les étals surchargés, les enfants errants.

Je finis par repérer l’enseigne d’une auberge. Une silhouette peinte maladroitement sur une planche de bois pendait à une chaîne rouillée.

J’entrai.

« Une chambre, s’il vous plaît. »

La jeune femme au comptoir leva les yeux, surprise peut-ĂŞtre par ma mine, ou par mon manteau poisseux de sable.

— « Combien de nuits ? »

— « Dix. Pour commencer. »

Elle me tendit une clé de fer noircie.

— « Deuxième Ă©tage. Salle de bains commune, au fond du couloir. »

La pièce était étroite, presque étouffante, mais propre.

Un lit de corde, une table, un coffre.

C’était tout ce dont j’avais besoin. Un endroit pour… attendre. Réfléchir.

Mais attendre quoi ? Qu’ils viennent encore ?

Ce n’était plus une option.

Il me fallait de la force.

Je m’étais formé aux armes, bien des fois.

À la lame, à la lance, au fusil à silex…

Mais à chaque cycle, à chaque retour, à chaque affrontement… je tombais.

Toujours.

Alors à quoi bon continuer à apprendre les arts d’un monde qui ne les a jamais conçus pour contrer eux ?

Je me laissai tomber sur le lit, bras en croix. Le plafond semblait plus bas que jamais.

« Ce n’est pas le moment de broyer du noir… » soufflai-je à voix haute, comme pour conjurer mes pensées.

Je ressortis.

La cockatrice dormait dans l’étable attenante, plumage replié, torse vibrant au rythme d’un souffle profond.

Je descendis dans les ruelles, le soleil couchant teintant les murs d’or terni.

Les cris des commerçants étaient remplacés par les effluves du soir.

Je m’achetai une brochette – viande inconnue, couleur caramélisée, odeur alléchante. Je croquai dedans à pleines dents.

Un cri.

— « Eh, vieillard ! File ton fric si tu veux pas te faire dĂ©monter ! »

Je me retournai.

Au fond d’une ruelle sombre, trois hommes barraient le passage à un vieil individu.

Le plus massif – une sorte d’homme-loup aux griffes sorties – venait de faire un pas en avant.

Le vieil homme, un Rainevars à la peau pâle, ne broncha pas.

Il portait une toge d’un bleu délavé, maintenue par une corde rouge nouée à la taille. Ses bottes montaient jusqu’aux genoux, de cuir sombre et usé. Un petit chapeau rond, crème, couvrait partiellement sa tête chauve.

Ses oreilles étaient percées d’anneaux larges comme des bagues d’arène, déformant les lobes.

Mais c’était son regard qui me frappa.

Il ne tremblait pas. Il ne suppliait pas.

Il observait.

Comme s’il enregistrait une donnée.

— « Dernière chance, le vieux ! T’as des dents ? »

Le Rainevars soupira. Lentement, il leva la main.

Non pas pour supplier, mais pour tracer un signe étrange dans l’air, presque imperceptible.

Je fis un pas dans la ruelle, sans trop réfléchir.

Ce vieillard n’avait rien d’un homme ordinaire.

Et j’avais… comme un pressentiment.

Le vieil homme ne bougea presque pas. Il pencha légèrement le buste sur le côté, esquivant sans effort, et tendit sa paume.

Un souffle sec.

Le choc fut brutal.

L’homme-loup vola à travers la ruelle comme un pantin désarticulé, s’écrasant contre un mur dans un craquement d’os. Un cratère se dessina dans la pierre, encore vibrant du choc.

Le deuxième n’eut pas le temps de réagir.

Une tranche de la main, nette, claqua contre sa gorge. Il tomba, convulsant.

Le dernier se figea, tremblant, les yeux écarquillés. Le vieil homme apparut devant lui sans un bruit, leva un doigt, et toucha doucement son front.

L’homme s’effondra, inconscient.

Je n’avais pas bougé. La brochette encore dans ma main, suspendue en l’air comme si le temps lui-même avait figé ma réaction.

Le combat avait été si rapide que mes pensées n’avaient même pas fini de se former.

— « De… la magie ? » soufflai-je.

Le vieillard se tourna vers moi. Ses yeux m’analysèrent d’un regard si perçant qu’il sembla percer ma peau pour fouiller mon âme.

— « Non. Pas de magie. Du QI. » rĂ©pondit-il d’une voix posĂ©e.

— « Du QI ? Qu’est-ce que… ? » soufflai-je, encore figé.

Ce pouvoir… cette violence silencieuse, sans éclat, sans sortilège, qui balayait les hommes comme des feuilles mortes. Était-ce cela la force que je cherchais depuis tant de cycles ? Une puissance sans dépendance, sans emprunt au monde ? Une force véritable, qui naît de l’intérieur…

Le vieil homme tourna vers moi son regard d’acier voilé par les ans. Il m’observa, longuement, comme s’il sondait mes entrailles, ma chair, mes souvenirs. Je sentis quelque chose en moi vaciller, comme si son regard grattait les parois de mon être.

— « Veux-tu apprendre ? » demanda-t-il d’une voix grave, posée.

— « Oui ! Je le veux ! » lançai-je sans réfléchir, comme un cri du cœur. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance. J’avais besoin de cette force. Pour survivre. Pour comprendre. Pour lutter enfin à armes égales contre mes chasseurs.

Mais il ne bougea pas, ne sembla pas impressionné par mon ardeur. Il répondit avec la même sérénité, une lassitude ancienne dans la voix :

— « Ne sois pas si impulsif. Le QI n’est pas un art qu’on saisit par le désir seul. Il exige patience, rigueur, concentration… et une discipline quotidienne. Là où la magie puise dans l’environnement, le QI vient de soi. Il provient d’un noyau intérieur, un organe spirituel que l’on appelle dantian. Seras-tu prêt à en assumer la lenteur, le travail, l’austérité ? Seras-tu capable de t’oublier pour le forger jour après jour ? »

Je baissai un instant les yeux, puis les relevai, le souffle court mais décidé.

— « Je… je le serai. »

Je mentais peut-être. Ou peut-être pas. Mais cela n’avait pas d’importance. Si ce n’était pas dans ce cycle, ce serait dans un autre. J’avais l’éternité pour essayer. La seule chose que je n’avais pas… c’était le luxe d’abandonner.

Nous quittâmes la ville à pied, sans un mot. Dix kilomètres plus loin, après avoir traversé des bois de pins rachitiques et des plaines agricoles aux couleurs délavées par le soleil, nous parvînmes à une falaise. Là, sur un promontoire battu par le vent et baigné de lumière rougeoyante, se dressait une masure de chaume. Solennelle dans sa simplicité. Elle semblait hors du temps.

— « Ici j’habite. Ici tu vivras. À partir de maintenant, tout commence par les bases, » déclara-t-il en désignant la cabane.

Je ne savais pas pourquoi il avait accepté. Peut-être qu’il avait lu quelque chose en moi. Peut-être qu’il s’ennuyait. Peu m’importait. C’était ma seule chance.

— « Entre. Allume le feu. »

L’intérieur était nu. Une pièce principale, un foyer au centre, percé d’un conduit de terre. Une simple table, des réserves rudimentaires. Trois portes. Pas de chaise. Pas de confort. Une cellule d’ermite.

Je posai mon baluchon et m’approchai du foyer. Je sortis une bille alchimique de feu, prêt à l’enclencher.

— « Non ! N’utilise pas ça. Ici, on fait à l’ancienne. »

Il me tendit deux pierres brunâtres aux relents de soufre.

— « Je… je ne sais pas m’en servir, » avouai-je, honteux.

— « Ah, la jeunesse… Toujours pressée, toujours dépendante de l’artifice. Regarde bien, je ne le ferai qu’une seule fois. »

Il frotta les deux pierres dans un geste rapide. Une gerbe d’étincelles s’élança, puis une flamme vive naquit dans le bois. Il se redressa.

— « Ce sont des pierres de mana de soufre. Elles contiennent une parcelle figée du monde. Mais tant que tu n’en tires pas d’énergie, elles dorment. Cent ans. Mille ans. Tant que tu n’absorbes rien. »

— « Mais… si je dois utiliser du mana pour les activer, alors comment faire sans puiser dans le monde ? »

Il sourit légèrement, presque triste.

— « C’est là que commence la différence. Le QI ne vient pas du monde, il vient de toi. Il est le fruit de ton propre dantian. C’est ton mana, façonné dans la douleur, lentement, goutte après goutte. »

— « Mon propre mana ? » répétai-je, confus.

— « Oui. Ton essence vitale. Ton souffle intérieur. Quand ton dantian sera formé, tu pourras cultiver ton QI. Il ne sera pas emprunté. Il ne flétrira pas ce monde. Il t’appartiendra – entièrement. »

— « Mais ne serait-ce pas plus simple de puiser le mana ambiant pour nourrir ce dantian ? » demandai-je, trahissant ma soif de raccourcis.

Le regard du vieillard se durcit.

— « Impossible. Ce qui n’est pas né de toi ne peut y demeurer. Injecter du mana étranger dans ton dantian, c’est comme verser du poison dans ton propre sang. Et plus encore… Ce serait voler Istrul. Consumer son essence, comme les mages le font, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une carcasse stérile. »

Je restai silencieux. Une part de moi comprenait. Une autre… résistait. Je hochai la tête.

— « Je comprends. Enseignez-moi. »

Il me jaugea longuement, puis fit un geste.

— « Alors commençons. Pour savoir si tu es apte, je dois tester ton potentiel. »

Il tendit la main vers moi, l’approcha de mon bas-ventre. Une lumière bleutée, vaporeuse, se forma dans sa paume. J’eus un frisson.

— « Ne résiste pas. »

Je fermai les yeux.

La lumière entra en moi.

Au début, ce fut tiède. Une chaleur douce s’installa dans mon ventre, puis gagna mes organes. Mon foie. Mon estomac. Mes intestins. Mes poumons.

Puis… elle s’intensifia.

Elle devint incendie.

Je suffoquai. Mon souffle brûlait ma gorge. Ma chair hurlait. Je me recroquevillai au sol, incapable de bouger, incapable même de crier. Chaque fibre de mon être semblait se consumer dans un silence absolu. Puis tout bascula dans le noir.

[Inconscience]

J’ouvris lentement les yeux. Mes paupières étaient lourdes, mes muscles raidis. J’étais vivant. J’étais toujours ici.

Pas de retour dans le passé. Pas de résurrection. Pas encore.

Je n’étais pas mort.

Je me redressai lentement. J’étais dans une pièce nue, aux murs tapissés de livres. Un simple sofa me soutenait. Le vieil homme était là, dans l’ombre, assis.

— « Tu as survécu. Ton dantian existe. Le plus dur commence maintenant. »

Je restai silencieux. Le feu dans mes entrailles n’était pas encore éteint. Mais quelque chose… quelque chose avait changé.


Texte publié par Arnaud, 7 aoĂ»t 2025
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volume 2, Chapitre 9 « Le maĂ®tre du QI » volume 2, Chapitre 9

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