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volume 2, Chapitre 11 « Lulu » volume 2, Chapitre 11

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10. Lulu

Quatorze ans en arrière.

[Inconscience]

Le néant céda.

Yeolset ouvrit les yeux, un vertige brutal lui broya le crâne. Sa vision se résumait à des ombres et des traînées de lumière sale. Il était allongé… sa peau collait à la pierre, glacée et humide.

Quelque chose de brillant fendit l’espace devant lui, droit vers son visage. Par réflexe, il roula sur le côté. Un fracas métallique jaillit contre le mur dans une gerbe d’étincelles.

Sa vue se précisa.

Un homme, la trentaine, massif, vêtu d’une armure de cuir trop serrée et tâchée de suie, brandissait une épée à double tranchant. Il le toisait avec cette expression typique des pillards : la certitude d’un meurtre facile.

Yeolset soupira.

Encore.

Il ne comptait plus les fois où il s’était réveillé dans cette scène.

Il bondit.

Sa main se referma sur la tête du bandit, ses doigts s’enfonçant dans la chair avec une précision surnaturelle. Il projeta le crâne contre le mur. Un craquement. Un râle.

D’un geste, il fit tournoyer l’épée de l’homme – trop lourde, mais efficace – et l’enfonça dans la cloison, transperçant à l’aveugle la silhouette haletante dissimulée derrière. Un hurlement étouffé vibra dans la pierre, puis plus rien. Une plainte, à peine humaine, avalée par le bois et le sang.

Yeolset resta un instant immobile, le regard perdu. L’odeur du métal, du sang, de la sueur. Le goût du cuivre sur sa langue. Tout cela, il le connaissait par cœur.

« Je suis encore revenu ici… »

Il passa la main dans ses poches – les artefacts de soin étaient là. Les fioles, les pilules, un peu d’or. Pas de poignards, cette fois.

Il récupéra l’épée encore fichée dans la cloison, songeur.

« Cette fois, je ne vais pas perdre de temps. Mél… Son père est une arme vivante. Avec eux, peut-être qu’on pourra encaisser ce qui vient. Peut-être. »

Trois ans plus tard

La jungle suintait. L’air était lourd, saturé de brume et de sang.

Un cri fendit le silence.

— Attention derrière toi !

Lulu, silhouette écarlate dans le chaos verdoyant, fit jaillir sa rapière dans un éclat humide. L’arme s’enfonça dans la gorge boursouflée d’un créon, qui s’écroula dans un spasme convulsif.

Je me retournai aussitôt et plantai ma lame dans l’œil du dernier lézard. Le souffle court, je l’essuyai d’un geste lent, presque désabusé. La langue du monstre serpenta encore un instant dans le vide avant que sa tête ne s’ouvre en deux sous son propre poids.

Un calme moite s’abattit.

— Tout le monde est vivant ? demandai-je d’un ton las.

Depuis près d’un mois, notre équipe s’était soudée par l’instinct de survie. Ce premier test d’entrée à l’Académie n’était rien d’autre qu’un purgatoire déguisé : un mois entier d’épreuve, abandonnés sur une île isolée, infestée de créatures affamées, sans eau ni vivres.

— Yep ! grogna Crok en aidant Seta à se relever.

— Aucun problème, répondit Mathieu en rechargeant son arbalète, les yeux toujours aux aguets.

— Je vais bien, dit Lulu, le visage éclaboussé de sang, avec ce sourire étrange qui lui collait trop bien à la peau.

Je balayai les ruines de notre camp du regard : les abris arrachés, les sacs éventrés, les cadavres encore fumants des créons.

— Regardez-moi ce foutoir… Ces saloperies ont encore démoli tout le camp.

— Ouais, mais bon, ils viennent de se porter volontaires pour le dîner, lança Seta avec un sourire carnassier.

— Moi, je rêve d’une bonne pinte. Froide. Amère. Sans bestiole à l’intérieur, grogna Crok en ramassant une gourde éclaboussée de bave verte.

— On approche de la fin, déclara Mathieu avec une pointe d’espoir dans la voix.

— Tu crois ?

— L’épreuve devait durer un mois. On est au vingt-neuvième jour.

Un soupir collectif s’échappa.

— Putain, je vais pouvoir revoir mon lit ! s’écria Seta.

— Tu veux dire ton nouvel oreiller improvisé ? dis-je en jetant un regard moqueur vers Crok.

Un silence gêné. Deux regards fuyants. Un peu de rouge sur les joues.

Le lendemain, à l’aube, un cercle de téléportation s’activa à quelques pas de notre campement. Des glyphes pâles ondulèrent dans l’air chaud, avant d’exploser en une lumière blanchâtre.

Il était temps de rentrer.

La touffeur verte de l’île s’effaça dans un souffle. À sa place, la cour blanche de l’Académie nous accueillit, étincelante sous un soleil implacable.

Le contraste était brutal. Ici, pas de créatures. Pas de faim. Juste la pierre et le silence.

On n’était pas propres. Pas glorieux. Mais on était debout.

Un instructeur noir de pied en cap leva Ă  peine les yeux de son carnet.

— Groupe douze, au complet.

Nous rejoignîmes les autres survivants. Certains étaient déjà là, hagards, d’autres allongés sur des civières. Beaucoup évitaient de se regarder. Encore moins de parler.

Puis la voix du professeur Malcorne résonna dans la cour.

— À l’appel de leur numéro, chaque chef d’équipe se présentera devant le Mage Mémoriel. Vos souvenirs seront examinés pour évaluer les performances de votre groupe, vos décisions… vos erreurs.

Derrière lui, un cercle magique attendait. Le mage, masqué, immobile, semblait peser déjà nos âmes.

— En attendant, les autres peuvent se diriger vers les bains ou les cafétérias. Ceux qui survivront à l’évaluation mériteront peut-être un repas.

— Allez-y, dis-je à mon groupe. Je vous rejoins après le jugement.

Une heure plus tard

— Groupe 12, Mélodie D Vel, annonça Malcorne d’une voix ferme.

— Voilà, dis-je en avançant dans la tente blanche, au cœur du cercle d’évaluation.

Cinq mages étaient assis autour, leurs visages à moitié cachés par des capuchons sombres. Au centre, une chaise attendait, froide et immobile.

— Chaque mage va examiner le comportement et les capacités de chaque membre de ton groupe, expliqua Malcorne en me faisant signe de m’asseoir.

Je pris place, fermai les yeux, et laissai mon esprit s’ouvrir. Les mages plongèrent dans mes souvenirs, scrutant les moindres fragments de notre survie.

Quelques secondes plus tard, ce fut terminé.

— Bien, Mlle D Vel, commençons l’inspection des cristaux.

Devant eux, cinq cristaux brillaient faiblement, révélant en leur cœur les exploits de chacun. Les attaques, les fuites, les blessures, les victoires et les erreurs se déroulaient en silence.

Dix minutes passèrent sous l’œil impassible du professeur Malcorne, qui examina chaque détail avec froideur.

Puis il me tendit les notes, gravées dans la pierre.

Je sortis de la tente, retrouvant mes compagnons qui patientaient devant la cantine.

— Vous faites quoi ? demandai-je.

— On voulait manger ensemble, mais les cafétérias sont séparées : classe supérieure d’un côté, fantassins et mages de l’autre, expliqua Seta, un peu dépitée.

— Pas de souci, répliquai-je avec un sourire. On peut tous manger à la cafétéria de la classe supérieure.

À ces mots, Lulu, Crok et Mathieu sautèrent de joie. La récompense de nos efforts sur l’île de l’archipel céleste était là : tous promus en classe supérieure, seulement trois mois après la sélection.

Après le repas, je savourai un bain brûlant, lavant la sueur et la poussière accumulées.

Puis vint le retour en classe.

Nous étions tous les cinq réunis, serrés dans les rangs froids de l’amphithéâtre, prêts à affronter la suite.

— Tssss, que font ces roturiers ici ? lança un noble en nous dévisageant avec un dédain palpable.

— Qu’ils retournent dans leurs classes ! cracha une nobliau, le regard dur.

— Franchement, cette académie devient n’importe quoi. Je vais demander à père de discuter de cela avec le directeur ! s’insurgea Octave, juste derrière nous.

— Si tu veux, répondis-je en haussant les épaules. Lulu et Mathieu se faisaient tout petits, mais Crok, lui, restait aussi indifférent que d’habitude.

— Silence ! Levez-vous ! tonna soudain un garde, faisant irruption dans l’amphithéâtre.

— Saluez ! ordonna-t-il, alors qu’Élodie entrait, silhouette élégante, impassible.

— Vous pouvez vous asseoir, dit-elle d’une voix calme.

Elle balaya la salle du regard, son regard s’attardant sur les nobles qui dévisageaient mes compagnons.

— Je sens certaines réticences, commença-t-elle. Sachez que ceux promus en classe supérieure l’ont été pour leurs compétences et leurs talents, quelle que soit leur origine. Nous ne faisons que récompenser les meilleurs.

Un murmure s’éleva, mêlé à des regards sceptiques.

— Quand les membres de vos équipes atteignent le niveau requis, il est naturel qu’ils soient transférés. Sinon, ce serait un gâchis, continua-t-elle, insistant sur chaque mot.

— Oui, mais Mademoiselle, accepter des roturiers ainsi… souffla Octave, méprisant, en désignant mon groupe.

— Et alors ! l’interrompit la vice-principale, le ton dur.

— Vous avez de la chance qu’il n’y ait pas de rétrogradations pour les nobles, sinon certains d’entre vous seraient descendus chez les fantassins ! lança-t-elle froidement.

Un silence tomba, certains nobles baissant la tête, déstabilisés.

— Croyez-vous que l’évaluation ne concerne pas les nobles ? Que cette épreuve de survie était un test pour vos esclaves ? Je suis mécontente de certaines équipes. Si cela ne tenait qu’à moi, je vous aurais tous rétrogradés, dit-elle en scrutant la salle.

— Être chevalier, c’est faire preuve de vertus, de courage et d’entraide. Si vous n’êtes pas capables de cela, comment aiderez-vous ceux qui souffrent ? C’est là l’essence même des chevaliers : défendre le peuple contre l’oppression. Pour cela, il n’y a aucune frontière.

Elle fit une pause, pesant ses mots.

— Méditez là-dessus cette semaine. Vous avez tous une permission. Ce sera tout. Que les nouveaux élèves et leurs équipes restent ici.

Une fois les nobles partis, il ne resta plus que trois groupes dans la salle.

— Bien, félicitations pour vos promotions, dit la directrice avec un sourire doux mais ferme.

— Cette semaine, les élèves promus devront suivre des cours pour être à niveau avec la classe supérieure.

— Les membres déjà inscrits peuvent prendre congé. Rendez-vous demain à 7 heures ici même. C’est tout.

« C’était un peu effrayant… » murmura la timide Lulu.

— Ce n’est rien, les nobles de la classe vont s’y habituer, la rassura Seta.

— Je sens que ça va être dur pour Crok, dis-je.

— Pourquoi ? demanda Mathieu.

— Eh bien, la mise à niveau dont la vice-directrice parlait, c’est sans aucun doute l’étiquette… dis-je.

— Ah, oui en effet… dirent-ils en cœur avec un hochement de tête.

— Je suis tout à fait capable avec l’étiq… Quoi ? demanda Crok sous les rires de notre groupe.

Après des au revoir tristounets pour Seta, nous sommes partis prendre notre semaine de congé à l’archipel céleste, pour voir Myr, mais aussi pour raconter le résultat de l’épreuve de survie à notre maître, Sir Mitchel de Régnos. Lulu retourna au dortoir pour filles tandis que Crok et Mathieu prirent possession d’une chambre dans celui des hommes.

Lulu avançait d’un pas léger, portée par une lueur d’espoir. Le rêve qui l’avait animée depuis toujours était à portée de main : devenir chevalière. Ce titre, elle le voulait pour défendre son village natal, ses habitants loyaux qui avaient tant sacrifié pour elle. Mais au-delà de cela, elle aspirait à protéger tous ceux qui souffraient sous le joug cruel des nobles impitoyables, ceux qui régnaient sans cœur sur des terres de misère et de peur.

Alors que ses pensées vagabondaient sur le visage de ses parents, souriant à l’idée de leur annoncer enfin cette victoire, une voix glaciale fendit l’air derrière elle.

— Tiens, tiens, voilà la petite roturière qui ose prétendre s’asseoir parmi nous.

Lulu se figea. Elle n’aperçut que l’ombre d’un homme dans la pénombre, puis un coup violent lui déchira la nuque, la plongeant dans l’obscurité.

La douleur revint bientôt, insidieuse, terrible. Allongée sur le sol froid, nue, les poignets liés durement dans le dos, elle sentit la terre rêche sous ses joues humides de larmes. Des silhouettes se pressaient autour d’elle, des mains brutales la saisissaient, des corps l’écrasaient. Les cris étouffés, les souffles rauques, le bruit des vêtements déchirés et des chairs meurtries remplissaient la nuit. Le viol s’abattait sur elle comme un orage de feu et de haine, chaque geste violent déchirant plus qu’un simple vêtement : son âme, son innocence, sa confiance en un monde juste.

Elle tenta de se débattre, mais chaque effort était reçu par un coup, un étranglement, un pincement cruel. La douleur physique était abyssale, mais plus encore, c’était le poids de l’abandon, de la trahison, qui l’écrasait. Pourtant, au milieu de cette tourmente, une pensée persistait : Mél, Seta, Mathieu, Crok… ses compagnons, ceux qui avaient fait éclore en elle la force, la confiance, l’espoir. Leur présence était comme une étoile pâle, vacillante mais bien réelle, au cœur de l’océan noir de sa souffrance.

Quand le silence enfin tomba, que ses bourreaux s’éloignèrent en ricanant, Lulu resta allongée un instant, tremblante, brisée. Puis, d’un effort surhumain, elle se redressa, ramassant ses vêtements déchirés pour couvrir son corps meurtri. Son reflet dans une flaque boueuse lui renvoya l’image d’une femme brisée, son visage marqué par des larmes séchées, du sang, et une douleur sourde qui irradiait de ses entrailles.

— Bande de pourriture, murmura-t-elle entre ses dents serrées.

La haine bouillonnait en elle, mais Lulu savait que la colère seule ne suffirait pas. Ces nobles impunis, protégés par leur rang, continueront à s’en prendre à elle, à d’autres comme elle, si elle ne fait rien.

Les jambes tremblantes, le corps meurtri, elle prit une décision. Elle marcherait jusqu’aux bureaux de l’administration, porterait plainte, réclamerait justice. C’était sa seule arme contre l’injustice, le seul combat qu’elle pouvait mener désormais.

Alors qu’elle avançait, une voix masculine la fit sursauter.

— Lulu ?

Elle se retourna vivement, le regard empli de méfiance, prête à se défendre.

Un jeune homme brun aux yeux verts, vêtu d’un uniforme de classe supérieure, s’approcha doucement.

— Je ne te veux aucun mal. Que t’est-il arrivé ? demanda-t-il avec douceur.

Sur la défensive, elle protégea son corps encore blessé, évitant son regard.

— Des nobles m’ont… fait ça, souffla-t-elle à peine.

Le garçon serra les poings, sa colère silencieuse emplissant l’air.

— Ces salauds ! Viens, on va porter plainte, ça ne peut pas rester impuni.

L’espoir, fragile mais tangible, monta en elle à ses mots. Peut-être n’était-elle pas seule.

Ils marchèrent côte à côte, Lulu boitant sous le poids des blessures, jusqu’aux limites de l’académie. Puis, soudain, Martin s’arrêta pour refaire son lacet. Lulu, pressée de ne pas s’attarder, continua seule.

— Lulu ! cria-t-il en sortant brusquement une épée.

Elle se retourna, le cœur battant la chamade, entre peur et incompréhension.

— Pourquoi ? Tu es à la solde des nobles ? demanda-t-elle, trahie.

— Non, ce n’est pas contre toi. C’est une vengeance contre les D Vel. Toi, tu n’es qu’un dommage collatéral.

Le coup de lame fendit l’air, transperçant sa poitrine.

La lumière s’éteignit dans ses yeux.

Lulu s’effondra sur le sol, son dernier souffle emportant avec lui ses rêves brisés, son espoir consumé par la cruauté d’un monde sans pitié.

Je tenais la missive de l’académie entre mes mains tremblantes. Chaque mot inscrit sur ce parchemin semblait tailler un sillon brûlant dans ma poitrine, comme si un poignard invisible se retournait en moi. Une crampe douloureuse s’ancrait au côté droit de mon poumon, me coupant le souffle. Mes yeux, dépourvus de tout masque, laissaient couler des larmes silencieuses, trahissant une douleur sourde et profonde.

— Seta ! criai-je, la voix étranglée par le chagrin.

Elle accourut aussitôt, toujours en maillot de bain, les joues légèrement hâlées par le soleil. Me voyant en larmes, elle ne posa pas de questions. Sans un mot, elle m’enlaça, essayant d’apporter un peu de chaleur dans ce froid glacial qui s’était abattu sur moi.

— Qu’est-ce qu’il y a ? murmura-t-elle, tandis que je sentais la présence calme de Myr entrer dans la pièce.

— C’est Lulu… Elle… elle a été assassinée, sanglotai-je entre deux hoquets.

Seta resta silencieuse, mais le poids de la nouvelle faisait peser une atmosphère lourde, presque suffocante, dans la pièce.

Le lendemain, nous étions de retour à l’académie, sous un ciel bas, chargé d’un pressentiment funeste.

— Toutes nos condoléances, dit Élodie d’une voix froide, son regard s’attardant sur moi et le reste de mon équipe.

— Comment cela a-t-il pu arriver ? rugit Mathieu, la colère vibrant dans ses mots.

— L’académie n’est-elle pas censée être un refuge, un lieu sûr ? s’indigna Seta, les yeux perçants.

— Calmez-vous, je vous en prie, dis-je d’une voix ferme, tentant de tempérer la tempête qui montait.

Le silence retomba lentement, comme une chape de plomb.

— Cela n’aurait jamais dû arriver… souffla la vice-directrice, le visage marqué par l’amertume.

— Expliquez-nous, demandai-je, ma voix trahissant un mélange d’effroi et de détermination.

Élodie soupira, comme si prononcer ces mots lui arrachait le cœur.

— Lulu a été violée, puis poignardée à mort.

Un frisson glacial parcourut la salle. Tous nos regards se tournèrent vers elle, cherchant une explication, une justice impossible à atteindre.

— Et les mages mémoriels ? insistai-je, le poing serré à en blanchir les jointures.

— L’assassin a méthodiquement détruit le cerveau de la victime avec sa lame avant de disparaître. Les mages n’ont pu rien faire, répondit-elle, la voix emplie d’un sombre regret.

Nos poings se crispèrent, les mâchoires se serrèrent. Le silence se fit lourd, chargé d’une rage contenue.

— Normalement, c’est à la famille de rapatrier le corps, mais la famille de Lulu n’en a pas les moyens, expliqua la vice-directrice, la voix pleine de compassion glaciale. Nous vous demandons donc de lui rendre un dernier hommage en l’accompagnant chez elle.

Elle déploya une fiche de mission sur la table, ses yeux ne quittant personne.

— Son village est à plus d’un mois de voyage à dos de monture, situé dans la région périphérique de la cité de Drasdoy, au royaume d’Estroyis.

Elle tendit un petit anneau d’un métal sombre, finement ouvragé.

— Voici l’anneau de conservation. Son corps y est scellé. Remettez-le au chef du village. Je compte sur vous pour cette mission.

Un silence lourd suivit sa déclaration, tandis que chacun de nous réalisait la gravité de la tâche. La douleur de la perte se mêlait à la dureté d’un monde qui ne laissait aucune place à la faiblesse.

Un jeune homme blond, vêtu d’une toge ocre usée, s’avança lentement dans la forêt dense. Derrière lui, un groupe de Vicelards le suivait, silencieux et vigilants, leurs yeux scrutant l’ombre mouvante des arbres, à l’affût du moindre signe de menace. Le jeune homme passait son regard perçant sur le sol jonché de feuilles mortes et les troncs moussus, cherchant les traces des humanoïdes qui les avaient attaqués sans prévenir.

Soudain, il aperçut une silhouette se fondant dans la pénombre – un être sinistre portant une armure rudimentaire de bois et un masque grotesque, évoquant plus un cauchemar qu’un guerrier. Sans un bruit, il leva la main, canalisant une énergie invisible et froide. L’ennemi s’effondra, foudroyé par une mort brutale et silencieuse, sans le moindre cri.

Les Vicelards qui l’accompagnaient éclatèrent en cris de triomphe et se précipitèrent vers le cadavre. Rapidement, à l’aide d’outils grossiers en pierre taillée, ils commencèrent à démembrer la dépouille, leurs gestes brutaux arrachant chairs et os dans un éclat de sauvagerie primitive.

Le jeune homme tourna la tête, son regard cherchant d’autres présences hostiles dans la forêt étouffante, mais le silence et l’immobilité régnaient à nouveau, comme si le danger s’était momentanément dissipé.

— Tu aurais pu au moins me montrer le chemin, murmura-t-il avec une pointe d’amertume, adressant ses paroles à une entité invisible. Je ne sais pas quelle volonté suivre, Istrul.

Un soupir s’échappa de ses lèvres tandis qu’il s’enfonçait plus profondément dans l’obscurité sylvestre, seul avec ses doutes et ses incertitudes.


Texte publié par Arnaud, 7 aoĂ»t 2025
© tous droits réservés.
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