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volume 2, Chapitre 22 « Souvenirs de vérité » volume 2, Chapitre 22

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Chapitre 21 – Souvenirs de vérité

La guerre n’avait pas cessé. Elle avait simplement changé de visage.

Miniarkil, la cité libre, n’était plus qu’un bastion retranché. Les murailles vibrantes de magie étaient noircies par les cendres, les places commerçantes jonchées de débris et de cadavres. Les bombardements des îles flottantes ennemies — ces plates-formes aériennes dérobées à la technologie magique de l’archipel céleste — ne cessaient que pour laisser place à de nouvelles vagues d’assaut au sol. Les assiégeants venaient des profondeurs, des portails dissimulés dans les marais, ou simplement du ciel.

Les civils avaient été évacués en grande partie vers l’île du Portail, mais ceux restés, soldats ou mages de soutien, luttaient dans un enfer quotidien. Les cloches d’alerte sonnaient sans répit, et les nuits n’avaient plus de silence. L’air sentait l’ozone, la chair brûlée, et l’eau noire des égouts débordait jusqu’aux artères centrales de la ville.

Mél, Crok, Seta et Mathieu combattaient en première ligne depuis plusieurs jours. Leurs visages étaient couverts de suie et de sang, leurs corps en souffrance. Seta avait une entaille profonde à l’épaule, mal refermée par un mage de guerre trop pressé. Crok tenait encore sa lance, mais son souffle sifflait. Mathieu, stoïque, semblait avoir vieilli de dix ans en une semaine. Mél, elle, puisait dans les derniers restes de sa magie de création pour maintenir des murs de pierre ou des leurres, mais chaque sort pesait comme une trahison de son propre corps. Leur cohésion tenait, mais de plus en plus par instinct de survie que par foi.

Ils n’étaient pas seuls. Sur les murailles, des cohortes d’archers, de mages élémentaires et de soldats en armures usées tentaient de repousser les assauts. Parfois, un cri montait. Un nom hurlé. Puis plus rien. Le vacarme reprenait, comme un pouls chaotique battant contre les pierres fatiguées de Miniarkil.

Un matin noyé de brouillard, Myr descendit des hauteurs de la tour d’observation. Elle semblait changée. Son regard, d’ordinaire doux et concentré, avait gagné en dureté. Sa peau, presque translucide, vibrait faiblement d’une lueur verte.

— Je l’ai sentie, dit-elle à voix basse, alors que Mél la rejoignait à l’écart de la ligne de front. Irriate. Elle m’a envoyé un message depuis la Cinquième Cité.

Myr, en tant qu’Estrayante, était déjà morte. Mais la mort ne coupait pas tous les liens. Née dans le monde oublié des Estrayan, elle faisait partie de ces survivants venus d’un autre univers, d’un monde abandonné par les dieux. Ils avaient fui à travers un portail vers Istrul, emportant avec eux leurs connaissances magiques. La Cinquième Cité, sur le continent d’Uruel, était leur œuvre. C’est là que vivait Irriate, une magicienne puissante, connue pour sa capacité à entrevoir les plans des dieux.

— Elle a vu la fin, murmura Myr. Une convergence. Pas une guerre. Pas un désastre. Quelque chose de plus profond. Comme si le monde... cessait de respirer.

Mél ne répondit pas. La fatigue l’empêchait de comprendre. Mais quelqu’un, non loin, avait entendu.

Yeolset.

Il s’était figé. Ce nom, Irriate. Il ne l’avait pas entendu depuis l’une de ces anciennes temporalité. Depuis la chute originelle de Miniarkil. Une époque effacée, réécrite, dont il ne parlait jamais.

Mais là, dans le froid matinal, entre deux salves de feu, ce nom le rattrapait.

Son regard croisa celui de Myr à travers la brume magique. Elle le fixa longuement, sans mot, comme si elle savait.

Puis elle détourna les yeux.

Le souffle de Yeolset se fit court. Une pulsation étrange courut dans ses veines, comme un battement étranger, discordant. Il ferma les yeux. Des souvenirs, ou peut-être des échos d’un futur possible, affluaient comme une marée noire sous son crâne.

Il ne comprenait pas encore. Mais quelque chose en lui venait de se fissurer.

La lumière était insupportable.

Yeolset se redressa dans un monde de blancheur totale, une plaine de cendres pâles s’étendant à l’infini sous un ciel blanc, sans soleil ni ombre. Il n’y avait ni vent, ni bruit, ni chaleur — juste un silence parfait, trop parfait, oppressant. Comme si l’univers retenait son souffle.

Il ne savait pas depuis combien de temps il était là. Ni pourquoi il ne ressentait ni faim, ni douleur, ni émotion. Il était vivant. Il en avait la certitude. Mais cette vie n’avait rien d’humain.

Puis une voix résonna. Douce. Mielleuse. D’une beauté ancienne, dangereuse comme un couteau dans la soie :

— Te souviens-tu de ce que tu étais, Yeolset ?

Tu n’étais qu’un pion.

Meurs en roi.

Le sol sembla frémir sous ses pieds nus. La lumière se fit plus crue encore, comme si même l’air voulait le dissoudre. Et alors il apparut.

Tokvielle.

Suspendu au-dessus du sol, tel un ange blasphémé. Son corps androgyne était enveloppé d’une robe de soie blanche aux broderies d’or et de dentelles anciennes. Ses longs cheveux turquoise cristallin flottaient dans l’air immobile, et autour de lui gravitaient lentement quatre cercles d’argent, chacun gravé de symboles changeants, vivants, vibrants.

Son visage… C’était un visage de beauté divine. Ni homme, ni femme, ni même sexué. Un masque de perfection éthérée, sans sourire mais empli d’une compassion terrible, comme celle d’un chirurgien disséquant un enfant pour son salut.

Yeol mit un genou à terre. Non par révérence, mais par instinct. Quelque chose en lui — quelque chose de très ancien — reconnaissait cette présence.

Tokvielle s’approcha sans marcher, son regard perçant le traversant jusqu’à l’âme.

— Tu n’as pas été ramené, Yeolset. Tu as été reconstruit.

Ton âme a été tissée dans une coquille de vérité inversée. Tu es désormais ce que les autres redoutent : un menteur si parfait que même la mort ne t’a pas reconnu.

Yeol ne répondit pas. Il ne comprenait pas… ou refusait de comprendre. Pourtant, il le sentait. Son corps n’était pas le sien. Ses pensées ne résonnaient pas comme avant. Il ne rêvait plus — il se souvenait.

Un miroir surgit du néant. Haut comme un homme, noir comme un abîme oublié : une dalle d’obsidienne qui ne reflétait pas la lumière, mais l’avalait.

Il s’y vit.

Un être à la peau d’un gris cendre foncé, le visage anguleux, les yeux d’un jaune profond, fendus d’une lueur reptilienne. Une corne unique surgissait de son front, droite et lisse, sombre comme du métal forgé. Ses mains, longues et fines, se terminaient en griffes d’obsidienne. Il n’était plus Yeolset. Il était un démon. Un maréchal.

Tokvielle murmura derrière lui :

— Tu n’es pas un imposteur.

Tu es leur supérieur.

Tu étais né faible, je t’ai donné la forme qui t’était due.

Tu commanderas. Tu ouvriras la voie.

Des souvenirs surgissaient, flous, douloureux. Mél, ses éclats de rire. Crok, fier et loyal. Seta, douce et féroce. Mathieu, sage. Il se souvenait de la lumière de leurs feux de camp, des blessures, des victoires. De ce monde qu’il avait voulu protéger.

Puis vinrent d’autres souvenirs, bien plus récents. Des ordres, gravés dans sa conscience. Une mission. Infiltrer les lignes ennemies. S’approcher. Gagner leur confiance. Attendre.

Et maintenant, agir.

— Le moment est venu, dit Tokvielle.

Tu es notre flèche dans le cœur des mortels.

Ils t’ont cru leur allié. Tu es leur fin.

Yeolset serra les poings.

Une voix intérieure hurla. Une autre chuchota. Mais aucune ne parvenait à couvrir celle du dieu.

Et dans un éclair de lumière inversée, le monde blanc disparut.

Il se réveilla avant l’aube, quand le silence de Miniarkil n’était plus qu’un mensonge entre deux bombardements. Depuis les hauteurs, les îles de l’archipel céleste faisaient gronder leurs canons magiques, projetant vers l’horizon des lances de feu qui striaient le ciel. Le sol vibrait à chaque détonation.

Yeolset s’éloigna sans un mot.

Il marcha à travers les ruelles étroites de la cité libre, le visage couvert de suie, la démarche incertaine. Aucun garde ne le retint. Aucun regard ne se posa sur lui. Il était devenu transparent, comme si le monde refusait de le voir. Comme si même les vivants le reconnaissaient désormais pour ce qu’il était : un spectre d’avant la fin.

Il atteignit une cour abandonnée, à l’ombre d’un vieux temple oublié, en contrebas des plateformes célestes. Là, dans la poussière noire, il s’agenouilla.

Il retira lentement son gant gauche. Sa peau était froide, presque métallique. Il tira une dague courte de sa ceinture et l’enfonça dans la paume de sa main sans un cri. Le sang qui en coula n’était pas rouge, mais sombre, visqueux, traversé d’irisations violacées. Comme un fluide alchimique corrompu.

Avec ce sang, il traça un cercle complexe sur les dalles. Des runes anciennes, qui dansaient lentement à mesure qu’il les dessinait. Certaines semblaient bouger d’elles-mêmes, se tordant avec des angles impossibles. D’autres s’inscrivaient sans qu’il ne les touche, comme gravées par une main invisible.

Il parla.

— Nîras korr, ul’ten az’kael Tokvielle. Ess’raïn. Ess’traaah… UR-KRETHEN.

Des sons horribles, comme des blasphèmes hurlés dans une langue étranglée par la haine. Chaque syllabe semblait gifler l’air, chaque mot écorchait le tissu de la réalité.

Le ciel au-dessus de Miniarkil s’assombrit soudain, bien que le soleil fût levé.

Une brèche s’ouvrit.

Pas dans un mur, ni dans la terre, mais dans l’air lui-même. Une fente rouge, vibrante, profonde comme un cri.

Des éclaireurs, postés non loin, sentirent la secousse magique. Deux mages sensoriels se tournèrent vers la source, l’air blême.

— Quelqu’un… vient d’ouvrir une brèche derrière nous.

Trop tard.

Du portail jaillirent les premiers démons.

D’abord les rampants : de larges créatures insectoïdes aux pattes en dents de scie, hurlant comme des enfants noyés.

Puis vinrent les souffifres — des ombres hurlantes aux mâchoires distendues, capables de posséder un corps vivant par simple contact.

Puis, plus haut encore, les démons ailés, six cornes, deux paires d’ailes déchirées, des crocs et des queues hérissées de pointes noires.

Et enfin… ceux que l’on ne nommait pas. Dix à quinze cornes, hauts comme des maisons, vêtus de manteaux de peau humaine cousue, aux yeux multiples clignotant en cadence avec leur rire.

Ils déferlèrent dans la cité par dizaines, puis centaines.

Miniarkil, cœur de la coalition, devint un champ de cris.

Les arrières de la défense s’effondrèrent en quelques minutes. Des soldats hurlèrent à la trahison, d’autres tombèrent sans comprendre. Certains fuyaient en appelant leurs familles. D’autres, plus fous ou plus braves, se jetèrent dans le combat, lame au clair, pour défendre des rues déjà perdues.

La magie des défenses intérieures s’activa trop tard. Des barrières protectrices explosèrent. Des bâtiments s’effondrèrent. L’odeur du sang, de la cendre et du fer remplit l’air.

Et Yeolset, au milieu de la brèche qu’il avait ouverte, resta debout.

Sa main saignait encore, mais son regard était fixe. Résolu.

Il était l’ouverture. Le poison dans la plaie.

Et son peuple, enfin, l’avait rejoint.

Yeolset se tenait au sommet d’un pan de mur écroulé, dominant une des grandes places intérieures de la cité. Une brume sombre s’élevait de ses épaules, comme une vapeur glacée échappée d’un rêve mauvais. Autour de lui, l’air vibrait d’une magie trop ancienne, trop impure.

Il leva un bras, lentement.

Un silence surnaturel se fit.

Sa voix retentit, déformée, comme répercutée par mille gorges mortes.

— Je suis Yeolset. Celui qui a traversé la mort. Celui qui a vu la vérité.

— Je suis le fléau qui précède le choix. Rendez-vous… ou mourez.

Des murmures parcoururent les lignes.

Puis des cris.

— Trahison !

— C’est un démon !

— Il était des nôtres !

Certains soldats coururent vers lui, hurlant de colère. D’autres se figèrent, incapables de croire ce qu’ils voyaient. Les officiers hurlaient des ordres contradictoires : contre-attaquer, tenir la ligne, se replier. Personne ne savait plus à qui obéir.

Dans ce chaos, Mél le vit.

Et son monde se figea.

— Yeol ! hurla-t-elle.

Elle se mit à courir, ses jambes glissant sur les pavés ensanglantés, les débris, les cadavres encore chauds. Son cœur battait à tout rompre. Ce n’était pas possible. Il n’avait pas pu…

Crok bondit à ses côtés, lame levée, prêt à le pourfendre. Son regard n’était plus que fureur.

— Il est foutu ! C’est un traître, Mél !

Mais Seta le retint, agrippant son bras de toutes ses forces.

— Attends ! On ne sait pas…

— Regarde-le ! hurla Crok. Il pue le mensonge !

Mathieu, à quelques pas, restait figé. Une main sur son bâton, l’autre serrée contre sa poitrine. Il murmurait des mots incompréhensibles, comme s’il priait ou tentait d’effacer ce qu’il voyait.

Yeol, là-haut, observait.

Ses yeux jaunes brillaient dans la lumière du feu.

Et sa voix retomba sur eux, calme comme la tombe :

— La vérité n’a pas besoin de compassion. Elle est.


Texte publié par Arnaud, 7 août 2025
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