Épilogue

Tokvielle, aux longs cheveux turquoise cristallins et au visage fin, pouvait tout aussi bien passer pour une femme que pour un homme. Habillé d’une robe de soie ornée de dorures et de dentelles fines, quatre cercles d’argent flottaient derrière lui.

Il se tenait assis face à la déesse Istrul.

Elle, à la peau sombre et aux cheveux verdoyants flottant doucement, avec trois cercles d’argent derrière elle, mordillait nerveusement sa lèvre inférieure, ses yeux brûlant d’une colère contenue après la perte de deux continents.

D’un coup sec, elle frappa la table d’ébène.

Une fissure déchira la planète miniature qui reposait là, séparant net le continent restant du reste des terres désormais perdues.

Cette faille gigantesque restait béante, l’eau ne s’y infiltrant pas, laissant dans l’ombre de la planète un gouffre de danger.

Le dieu juge, silhouette imposante dans la pénombre, fronça les sourcils à cette vue, soupira, puis parla d’une voix grave :

« La manche s’achève ici. La suite de la bataille reprendra demain. Que les dieux se préparent. »

Sans un mot de plus, il se détourna et s’éloigna, laissant planer un silence pesant.

Tokvielle, les yeux brillant d’une lueur d’amusement glacé, esquissa un sourire :

« La partie ne fait que commencer, chère Istrul. »

Il se servit un verre de vin dans un godet d’or et de diamant, puis, tout sourire, s’éloigna de la déesse, seule face à sa défaite.