Options du Défi : taille 750 mots, avec les mots elfe, indifférence, vert
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Chipe-Grelot se faufila sous le sapin, en essayant de ne pas trop faire tinter les clochettes de son costume doré. Le jour se levait déjà et chaque seconde passée ici risquait de les faire découvrir.
Quelle galère !
Son repérage hier soir avait pourtant été parfaitement mené. Tout avait été observé, mesuré et préparé pour cette fameuse nuit. Il n’y avait pas le temps pour la moindre anicroche, tout devait être nickel. Aucune brique de Lego sur le sol. Les chaises, bien rangées contre la table. Le verre de lait et les biscuits, en évidence.
Et maintenant, alors que Niklaas était passé et poursuivait paisiblement sa tournée ?
Une ca-tas-tro-phe.
Sous le sapin, les paquets formaient une presque-tour des plus impressionnantes. Les éclats pétillants des guirlandes et des boules multicolores illuminaient avec délicatesse tous les emballages recouverts de dessins joyeux.
Pourquoi une presque-tour ? Mais parce qu’Étoilune était tombée avec le dernier paquet et restait coincée dessous, voyons ! L’apprentie elfe débutait cette année et son excitation lui avait fait perdre l’équilibre.
Chipe-Grelot tendit l’oreille et stoppa net dans son élan. Le parquet grinçait sous les pas pressés de petites gens. Les enfants ?
Nom d’une houppette givrée ! Matthieu et Éléna arrivaient déjà !
Le lutin retint son souffle et ses clochettes. Il se cacha derrière une grosse boule blanche et duveteuse puis risqua un coup d’œil. Les deux enfants trépignaient d’impatience à l’entrée de la pièce en attendant leurs parents. Vite !
Le plus silencieusement possible, Chipe-Grelot recula. Il n’avait jamais été aussi proche d’enfants et son cœur battait à toute allure. Il entendit Étoilune l’appeler. Il se fâcha :
— Chut, fait moins de bruit, ils vont nous entendre ! Ne bouge pas, j’arrive.
— Pas bouger, je sais faire : je te rappelle que je suis coincée !
Chipe-Grelot contourna la presque-tour et la vit enfin. Un gros paquet bleu laissait tout juste dépasser deux petits chaussons rouges et blancs. Les pieds remuaient avec énergie : débutante peut-être, mais avec sa fierté, quand même ! Étoilune était en colère contre elle-même. Elle s’était laissée surprendre par ce paquet mou qui lui avait échappé des mains. Elle avait tenté de le rattraper et était tombée avec.
— Tu nous as mis dans un sacré pétrin ! Comment je vais te sortir de là , moi ?
Le lutin ne vit rien d’utile autour de lui. Alors il plaça ses mains sur le côté du cadeau. Allons, tous ces chocolats et sucres d’orge l’avaient rendu plus fort, non ? Dans une gigantesque inspiration digne du plus fort des vents du Nord, il mit toute son énergie pour pousser le paquet. Qui se déplaça légèrement, permettant à Étoilune de libérer sa tête.
Il recommença et le paquet bougea encore un peu plus. Ses clochettes tintèrent en rythme et Chipe-Grelot entendit le silence. Pourquoi les enfants ne se chamaillaient-ils plus ?
Étoilune regarda Chipe-Grelot.
Chipe-Grelot regarda la porte.
La porte les regarda.
Enfin… pas la porte, mais Éléna et Matthieu, les yeux rivés sur eux. Leurs visages rayonnaient d’un fabuleux sourire resplendissant.
— Fichtre guirlande, ils t’ont entendu ! Manque plus que les parents !
— Oh Oh Oh ! Stop, c’est pas moi qui suis tombé, hein !
Étoilune s’était relevée. Elle géra la remarque de son compère avec une élégante indifférence et lissa soigneusement sa robe pailletée.
Chipe-Grelot reprit les choses en main et attrapa la sienne :
— Allez, viens, il faut filer !
Sauf que… Ils étaient cernés.
Matthieu devant la fenêtre, Éléna barricadant la porte.
C’est alors qu’une petite voix souffla :
— Sauvez-vous.
Avec un clin d’œil, Matthieu ouvrit légèrement la fenêtre et poussa un gros paquet devant pour la rendre accessible. Puis il alluma l’enceinte et un chant emplit la salle.
… Vive le vent, vive le vent,
Vive le vent d’hiver,
Qui s’en va sifflant, soufflant
Dans les grands sapins verts…
De son côté, une Éléna complice discutait des milliers de cadeaux rêvés, retenant efficacement ses parents.
Étoilune et Chipe-Grelot se regardèrent, stupéfaits. Ni une ni deux, ils hochèrent la tête pour remercier les enfants. Trois tintinnabulements plus tard, ils étaient dehors, bondissant d’un flocon à l’autre pour rejoindre le traîneau de Niklaas qui décrivait des cercles dans le ciel.
Sa poupée dans les bras, Éléna regardait sous le sapin, encore émerveillée. Matthieu la rejoignit et se mit à genoux à côté d’elle.
— C’est notre secret, hein ?
Sous les branches, la poudre enchantée vibrait encore avec le chant, et le vent d’hiver traçait toujours un fin sillage de petits pas scintillants jusqu’à la fenêtre…

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