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deux — magnolia blanc

Magnolia sp.

• PERSEVERANCE | DETERMINATION •

TJ ferma les yeux à nouveau et tenta de se concentrer sur la musique qui résonnait dans son casque, mais plus rien ne faisait sens. Tous les instruments se mélangeaient dans un chaos confus qui embrumait son cerveau et le rendait somnolent. Un bâillement lui échappa, si profond que ses yeux larmoyèrent. Il allait avoir besoin de plus de caféine dans les veines s’il voulait venir à bout de cet essai. Beaucoup plus de caféine.

Il étira longuement ses bras au-dessus de sa tête et se leva en grognant. Ses jambes fourmillaient, lourdes d’avoir été si longtemps recroquevillées sous une table aussi minuscule, et sa colonne vertébrale émit un craquement offensé, lui reprochant sa posture voûtée depuis des heures. Il aimait habituellement travailler dans un café, mais ce projet pour son cours de théorie de la musique rendait la chose bien moins agréable. Il détestait cette matière. Analyser toutes les règles et les détails dans une composition était pour lui parfaitement inutile. De plus, écouter la même musique en boucle des heures durant rendait son labeur plus ardu encore, comme répéter un mot le vide de son sens. Il embrassa du regard les feuilles dispersées sur la petite table ronde, la pile de livres en équilibre précaire près du bord, les stylos éparpillés çà et là. Il souffla. Du café. Il méritait plus de café.

Il contourna avec précaution sa petite table et s’avança vers la caisse. De larges baies vitrées emplissaient la salle de la lumière du jour, réhaussant le velours vert des banquettes. Dans un coin, l’âtre d’une cheminée perpétuellement éteinte débordait de plantes vertes. L’odeur réconfortante du café fraîchement moulu et des pâtisseries sucrées emplissait l’air. Les clients réunis autour des petites tables discutaient. Des étudiants, pour la plupart. Leurs sacs à dos encombraient le peu d'espace libre entre les tables. TJ les observa un instant en silence, son casque attendant patiemment autour de son cou qu’il revint à ses devoirs. Pour une fois, ne pas être enfermé dans sa bulle avait du bon.

Le jeune homme derrière la caisse lui offrit un large sourire en le voyant s’approcher. Un badge épinglé sur son polo noir indiquait ARNAUD en lettres fines.

— Laissez-moi deviner. Un autre grand café, noir et sans sucre ?

TJ hocha la tête poliment et lui tendit un billet froissé.

— S’il vous plaît. Le plus grand format possible.

Il récupéra sa monnaie et alla s’installer à l’autre extrémité du comptoir pour attendre sa commande. Une fille qui semblait tout juste majeure s’activait devant les machines pour réaliser les boissons, sa longue tresse rousse se balançant dans son dos à chacun de ses mouvements.

Il s’agissait déjà de son troisième café de la journée. Son sommeil était déjà régulièrement troublé par des cauchemars, alors il prenait volontiers le risque de faire une insomnie. Au moins, il pourrait continuer à plancher sur son essai pour le finir avant la semaine suivante.

— TJ ?

Il se retourna pour faire face à un homme de grande taille, dont le visage rond lui était familier. Il reconnut sans peine l’inconnu qu’il avait aidé deux jours plus tôt chez le fleuriste. Comment s’appelait-il, déjà ? Owen ?

L’automne était déjà bien avancé, et les températures commençaient à sérieusement chuter. Pourtant, il ne portait qu’une chemise à manches courtes dont le motif était… peu commun. Une dizaine de carpes japonaises nageaient sur le tissu bleu clair. Jaunes, orange, blanches, noires : elles s’enroulaient autour de son corps en un ballet figé. Si ses goûts vestimentaires s’avéraient discutables, TJ devait avouer que cela s’accordait parfaitement avec sa personnalité.

— Je ne pensais pas te revoir si tôt. Comment vas-tu ?

Le ton chaleureux de sa voix fit bégayer TJ.

— Je— Bien, je vais bien. Comment vont les œillets ?

— Ma mère les a adorés. Merci encore.

Quelque chose à propos de cet homme troublait TJ, mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Peut-être était-ce simplement parce qu’il n’était pas habitué à côtoyer de tels rayons de soleil. Sérieusement, n’avait-il pas des crampes aux joues à force de sourire si grand en permanence ? Ou peut-être était-ce dû à cette impression qu’Owen était déjà presque un ami, bien qu’ils n’aient que très peu discuté. Sa joie de vivre était si contagieuse qu’elle donnait envie de graviter autour de lui pour en bénéficier par procuration.

Alors qu’il cherchait un moyen de continuer la conversation, l’intervention de la jeune barista le sauva.

— J’ai un grand café pour TJ et un thé glacé pêche-framboise pour Owen.

TJ attrapa son gobelet et haussa un sourcil moqueur.

— Un thé glacé, vraiment ?

— N’essaie même pas de changer mon avis sur le café, tu n’y arriveras pas. Profite de ton amertume tout seul, je préfère les boissons qui ont bon goût.

Son éclat de rire attira quelques regards. TJ se força à rediriger son attention vers la table qu’il occupait pour ignorer la sensation de chaleur qui se répandit dans sa poitrine en l’entendant rire ainsi.

— J’étais installé là-bas, tu veux venir t’asseoir une minute ? Si tu n’es pas pressé, bien sûr.

Il fronça les sourcils à la vue de ses devoirs éparpillés.

— Je crois que j’aurais bien besoin d’une distraction, soupira-t-il plus pour lui-même qu’à l’intention d’Owen.

— Avec grand plaisir.

Pourquoi son sourire était-il si communicatif ? TJ se dépêcha de rejoindre sa table en ignorant du mieux possible ce que lui soufflaient ses pensées ; notamment que cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas volontairement passé du temps avec quelqu’un plutôt que subi une interaction sociale. Cela ne lui ressemblait pas. Il adressa intérieurement une prière à un Dieu — en lequel il ne croyait pas — qu’Owen ne remarquât pas son malaise.

Alors qu’ils s’installaient, TJ rassembla ses devoirs sur le côté et en profita pour étudier l’autre homme à la dérobée. La petite table du café paraissait encore plus minuscule sous ses avant-bras robustes. Sous l’éclairage chaud du fleuriste, l’autre soir, il n’avait pas remarqué la couleur de ses yeux. TJ songea brièvement à de la mousse sur un tronc d’arbre : si l’extérieur de ses iris était brun, la lumière du soleil faisait ressortir des éclats verts autour de ses pupilles. Le même vert profond que les banquettes du café, celui d’une feuille de chêne au beau milieu de l’été. Ses cheveux retombaient en ondulations souples sur son front. Leur teinte blonde tirait légèrement sur le roux. Une fine barbe de trois jours recouvrait sa mâchoire.

— Qu’est-ce que tu fais avec tout ce papier ?

TJ ajusta sa position sur la banquette en évitant soigneusement le regard de son interlocuteur. La proximité de leurs genoux sous la table le forçait à adopter une position inconfortable pour ne pas le toucher.

— Des devoirs, répondit-il en se forçant à rester concentré sur leur conversation. Un essai long et ennuyant. Enfin, je ne devrais pas me plaindre. J’ai au moins pu choisir les chansons sur lesquelles je travaille, mais c’est fastidieux. D’où le besoin évident de caféine.

Il porta son gobelet à ses lèvres pour appuyer ses propos et but une longue gorgée. Face à lui, une lueur intéressée s’alluma dans les yeux d’Owen.

— Des chansons ? Tu étudies la musique ?

TJ hocha la tĂŞte.

— Je suis censé analyser en détail quelques chansons pour mon cours de théorie de la musique et écrire quelque chose comme vingt pages dessus. J’en suis à cinq et je n’en peux déjà plus. Le prof aurait pu nous imposer les morceaux ; il a été plutôt sympa.

— Et qu’as-tu choisi ?

— The Celestial Leopards.

Owen se fendit d’un large sourire.

— Mais non ! J’adore The Celestial Leopards. Je crois que c’est bien la première fois que je rencontre quelqu’un qui les connaît aussi. Tu sais qu’ils passent en concert ici la semaine prochaine ?

TJ se laissa nonchalamment aller contre son dossier, un sourire au coin des lèvres.

— Evidemment. J’y vais avec mon frère.

— J’y vais aussi ! Depuis le temps que j’attends qu’ils passent dans le coin, je ne pouvais pas les manquer.

Sentant son sourire s’agrandir face à la joie d’Owen, TJ sirota à nouveau son café le temps de se ressaisir. Il n’avait pas l’habitude de montrer autant d’émotions devant un inconnu. Il décida de changer de sujet.

— J’ai assez parlé, à toi de raconter ta vie.

— Je ne crois pas que ma vie soit plus excitante que des études de musique.

TJ faillit le couper pour le contredire, mais tint sa langue.

— J’ai fait mes études dans un domaine bien plus classique, reprit Owen. J’ai fini mon diplôme en éducation il y a trois ans.

— Tu sembles affreusement jeune pour un prof.

— Je n’ai que vingt-six ans, effectivement. Mais mes élèves ont moins de dix ans. Niveau différence d’âge, ça va. Pas trop de soucis de discipline.

— Je suis sûr qu’ils t’apprécient. Tu as l’air d’être un gars bien, tu dois être gentil avec eux.

Owen rit et prit un air curieux en croisant ses mains sous son menton.

— Je fais de mon mieux. On dirait que tu parles d’expérience. Tu avais de mauvaises relations avec tes enseignants de primaire ?

— Regarde-moi, répondit cyniquement TJ. Je fréquentais une école privée peuplée de vieux vampires religieux, tu vois le genre. Ça n’a pas été une expérience franchement agréable pour le petit rebelle que j’étais déjà.

— Je veux bien te croire.

Ils échangèrent un sourire complice et à nouveau, TJ ressentit le besoin de retourner à son café. Owen consulta sa montre et fronça les sourcils.

— Mince, je dois vraiment y aller.

Il sembla sur le point de se lever, mais se rassit immédiatement. TJ fronça les sourcils.

— Et si on échangeait nos numéros de téléphone ? On pourra se retrouver plus facilement au concert la semaine prochaine. Je peux t’emprunter un stylo ?

— Oh. Oui, bien sûr.

Il tira une feuille vierge de son tas de devoirs et en découpa deux morceaux. Il tendit l’un des deux à Owen avec un stylo et entreprit d’écrire son propre numéro de téléphone sur l’autre.

— Tu auras le mien aussi, comme ça.

— Parfait. On se voit la semaine prochaine, alors ! Ça va être fou.

Owen et son sourire radieux disparurent sans laisser le temps à TJ de répondre. Il jeta un coup d’œil au bout de papier laissé en plan sur la table, sur lequel dix chiffres inintelligibles avaient été notés à la va-vite.

— Super, maugréa-t-il pour lui-même à voix basse. Je ne peux même pas le lire. Il ne pouvait pas le rentrer directement dans mon téléphone, comme une personne civilisée ?

Ce fut seulement alors qu’il réalisa qu’il venait de donner son numéro de téléphone à un parfait inconnu. Un parfait inconnu qu’il n’avait même pas l’intention de draguer. Un parfait inconnu qui pourrait bien s’avérer être un tueur de chatons. La pensée le fit rire et il secoua la tête en reposant son casque sur ses oreilles. Owen semblait bien loin du tueur de chatons. Il monta le volume un poil plus fort que nécessaire pour arrêter le flot de ses pensées et se remit au travail. Cet essai n’allait pas s’écrire tout seul, et il n’avait de toute façon pas d’autre choix que d’attendre qu’Owen envoyât un message en premier. Ce qui, il en était sûr, serait le cas avant la fin de la journée.


Texte publié par White Acacia, 17 septembre 2025
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