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Nature sauvage

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AVERTISSEMENTS : Récit contenant des agressions sexuelles, violences sexuelles et propos injurieux liés.

Cela faisait plusieurs jours qu’Andreas avait arrêté de la harceler. Évidemment Sélène ne s’en plaignait pas. Le bellâtre était aussi imbécile que ses cheveux blonds étaient dorés. Malgré le fait que plus d’une jeune fille était déjà tombée dans ses bras, et que d’autres semblaient n’attendre que ça, il était toujours revenu à la charge, jour après jour. Il semblait que, quel que soit le nombre de ses conquêtes, Andreas ne s’arrêterait que lorsqu’il aurait couché avec toutes les filles de la cité. Et il irait probablement à la cité voisine ensuite.

 

Pourtant du haut de ses tout juste 13 ans, Sélène n’aurait pas dû l’intéresser lui qui approchait de la vingtaine. On la disait très belle. De nombreux regards se tournaient vers elle quand elle passait dans la rue et elle n’aimait pas ça. Elle était sage, discrète, on la disait même effacée. Mais elle avait la malédiction d’être trop jolie. Les autres filles la jalousaient. Elle n’avait pas d’amies.

 

Elle n’essayait pas d’attirer l’attention et elle regrettait de ne pas pouvoir être vraiment tranquille. Une prêtresse d’Aphrodite l’avait trouvé si belle qu’elle lui avait dit qu’elle pourrait les rejoindre l’âge venu. Son père avait catégoriquement refusé sans lui demander son avis, même s’il était vrai qu’elle n’était pas intéressée. Les garçons de son âge commençaient à l’embêter un peu aussi, mais ce n’était rien comparé à Andreas.

 

Aujourd’hui heureusement, Sélène n’avait plus besoin de regarder derrière elle pour voir s’il arrivait, ni de se cacher si elle le voyait surgir au détour d’une rue. Depuis qu’il était devenu l’apprenti du bûcheron, Andreas avait changé. Oh, il était toujours aussi arrogant et ses manières étaient toujours aussi brutales, mais il ne venait plus ennuyer la jeune fille. Et les autres non plus d’après ce qu’elle entendait. Il semblait que de mettre des coups de hache dans des troncs avait eu raison de l’insatiable jeune homme.

 

Ces quelques jours de tranquillité avait donné envie à Sélène d’un peu plus d’isolement encore et elle s’était rendue dans la forêt d’Artémis à la recherche de champignons et de baies. C’était un endroit qu’elle aimait particulièrement car ici personne ne venait la déranger. Elle était vraiment seule. Ou presque car, ce jour-là, elle entendit soudain une branche craquer. Craignant une mauvaise rencontre, elle se dissimula vivement derrière un gros arbre.

 

Il s’en fallut de peu qu’Andreas ne la remarque sur son chemin. Tu parles d’une mauvaise rencontre. Elle n’aurait pas aimé qu’il la sache tout près de lui et loin des yeux de la ville. Mais le jeune homme poursuivi son chemin, sa besace sur le dos et sa hache sur l’épaule.

 

Sélène le laissa passer sans bouger mais fut interloquée. Que faisait-il là ? Aucun bûcheron ne venait dans la forêt d’Artémis. On prétendait que la déesse elle-même protégeait cette terre et les arbres qui la peuplaient. En couper un constituerait un crime. Malgré l’aversion qu’elle avait pour lui, la jeune adolescente laissa la curiosité l’emporter et suivit Andreas, non sans laisser une bonne distance entre eux. Ce n’était pas bien compliqué du reste, le butor marchait comme si la forêt lui appartenait et faisait autant de bruit qu’un sanglier maladroit.

 

Au bout de quelques minutes, il déboucha dans une grande clairière. C’en était une depuis peu pour dire vrai. L’herbe et les autres plantes calcinées montraient qu’il y avait eu un incendie. Au centre de la clairière s’élevait un jeune noyer qui avait visiblement été foudroyé. Il était noirci en grande partie et seul un mince côté du tronc ainsi qu’une branche portant encore quelques feuilles vertes subsistaient.

 

Sélène se souvint du gros orage qui avait eu lieu quelques jours plus tôt. Il semblait qu’elle en contemplait les malheureuses conséquences. Mais pour le moment elle ne s’en soucia pas outre mesure. Il ne fallait pas qu’elle soit découverte. Elle se cacha derrière un chêne et observa Andreas s’approcher de l’arbre presque mort. Il s’arrêta un instant lorsqu’il fut presque arrivé au végétal partiellement calciné, posa sa besace au sol, puis reprit son chemin. Allait-il le couper ? Pourquoi ? Ce bois-là ne valait plus rien. Mais en réalité il s’arrêta face au tronc brûlé et s’exclama :

 

- Allez, sors de là !

 

Quoi ? Il l’avait repérée ? Elle était pourtant bien cachée. Sélène ressentit une bouffée de panique en se rejetant contre le tronc. Elle était seule, avec lui, loin de toute aide possible. Elle avait beau être trop jeune, elle savait ce que les hommes pensaient en la dévorant des yeux. Ce que Andreas pensait en s’approchant de trop près quand il la croisait à la fontaine.

 

- Dépêche-toi où je te coupe en morceaux !

 

L’adolescente fut choquée. Il ne menaçait quand même pas de la tuer ? Elle se risqua à jeter un œil. Le jeune homme lui tournait le dos et faisait toujours face au tronc presque mort. Il ne pouvait pas la voir. A quoi jouait-il ?

 

- Tu l’auras voulu.

 

Andreas se déplaça légèrement sur le côté de l’arbre pour trouver un bon angle et leva vivement sa hache.

 

- Attends !

 

Une voix féminine venait de s’élever dans la clairière. Une voix assez faible dans laquelle on sentait très nettement de la frayeur. Sélène fut soulagée de comprendre qu’Andreas ignorait toujours sa présence mais elle s’inquiéta rapidement pour cette inconnue à la voix tremblante.

 

En observant la clairière elle vit une jeune femme sortir du tronc … non … Elle avait dû le contourner depuis l’arrière n’est-ce pas ? L’adolescente avait dû mal voir. Elle n’était pas assez proche pour observer tous les détails et puis elle pouvait être distraite par le fait que l’inconnue ne portait aucun vêtement. La femme tremblait et semblait faible. Elle se tenait au tronc brûlé tout en avançant lentement de quelques pas vers le bûcheron.

 

- A la bonne heure, fit Andreas avec un sourire aussi triomphant que mauvais. Toujours aussi belle ma petite Karya.

- S’il te plaît … aie pitié …

 

La jeune femme parlait d’une voix presque éteinte. Sélène avait du mal à l’entendre.

 

- J’ai de la pitié, répondit le bûcheron avec un air sardonique. Tu es toujours en vie, non ?

 

Andreas s’approcha de la dénommée Karya qui eut un réflexe de recul. Mais cela ne l’empêcha pas d’être brutalement empoignée par le jeune homme et plaquée contre le tronc noir.

 

- Mets-y un peu du tien cette fois-ci, fit-il tout en remontant le bas de sa tunique.

 

Sélène en resta figée d’horreur lorsqu’elle vit le bûcheron se coller contre sa victime, sa hache dans une main et son sexe gonflé dans l’autre. Bien qu’elle ne semblât pas en état de se mesurer à lui, la jeune femme tenta de l’empêcher de la pénétrer en se débattant autant qu’il lui était possible.

 

- Arrêtes de bouger ! Arrêtes !

 

Même si ça semblait peine perdue à la longue, Karya refusait de se laisser faire. Andreas s’énerva et leva soudain sa hache. Sélène ne pouvait pas croire qu’il menaçait de tuer la jeune femme. Mais en réalité il l’abattit sur le tronc calciné. Sa victime lâcha pourtant un cri de douleur et l’adolescente vit clairement une entaille apparaître sur sa cuisse. De la blessure s’échappa un long filet d’un liquide ambré et translucide qu’on aurait pu prendre pour de la sève. Mais il était impossible que ce soit de la sève.

 

Sous la douleur, Karya ne bougeait plus et Andreas en profita pour s’imposer entre ses jambes et la pénétrer violemment, lui arrachant un autre cri.

 

- A chaque fois, fit-il en se mettant à bouger brutalement en elle comme s’il la frappait de son bassin. A chaque fois je dois te rappeler qui est le maître, sale putain des bois.

 

Il lâcha sa hache pour empoigner un sein de la jeune femme qu’il pressait comme un fruit. Karya n’était plus que de la chair à ses yeux, tout juste capable d’émettre des cris et des gémissements de douleur.

 

De sa cachette, Sélène le regardait faire de ses yeux emplis de larmes sans pouvoir bouger. Tétanisée par la peur, elle pouvait ressentir la souffrance de la jeune femme en voyant ses tremblements, ses soubresauts, son regard révulsé. Les ongles qui s’enfonçaient dans la peau du sein de Karya déchiraient sa propre poitrine. Les convulsions du ventre de la victime serraient ses entrailles avec la même force douloureuse. La virilité qui forçait le sexe réprobateur distendait ses chairs intimes avec la même souffrance continue.

 

La jeune fille voulait faire un pas. Elle voulait l’empêcher de faire mal à la jeune femme. Mais elle était incapable du moindre mouvement. Incapable de réfléchir même, à part pour rester cachée, hors de vue.

 

Le supplice de Karya dura quelques minutes avant qu’Andreas ne s’épanche en elle dans un râle puis la libère de son emprise brutale. La jeune femme s’écroula au sol, plus faible qu’elle ne l’était déjà. Le bûcheron se rajusta et reprit sa hache puis sa besace.

 

- A demain, lâcha-t-il en s’éloignant sans la regarder.

 

Sélène, plus dans un réflexe que dans un acte conscient, se plaqua contre le tronc du chêne. Le jeune homme s’en allait dans une satisfaction insouciante et ne la vit pas. Tremblante sur ses jambes, l’adolescente s’écarta de l’arbre et s’aperçut soudain qu’elle avait bloqué sa respiration. Elle reprit son souffle avant de regarder la clairière. Karya était toujours là au sol, sanglotante.

 

Pourquoi était-elle là ? Ce n’était visiblement pas la première fois qu’Andreas abusait d’elle ? Pourquoi était-elle revenue ? De quelle manière pouvait-il l’obliger à venir à ses atroces rendez-vous ? Et cette blessure ? Qui était-elle ? Sélène avait un tourbillon de questions en tête mais elle les ignora. Pour l’instant tout ce qu’elle savait c’était que cette femme avait besoin d’aide.

 

Elle s’avança donc lentement dans la clairière. Elle voulait se précipiter au secours de Karya mais son corps encore vacillant s‘y refusait. Elle essuya les larmes qui coulaient encore abondamment sur ses joues. L’herbe sèche et brûlée craquait sous ses pas et lorsqu’elle fut assez proche de la jeune femme, celle-ci leva la tête avec un regard apeuré. L’adolescente fit de son mieux pour lui sourire tendrement.

 

- Bon … bonjour, balbutia-t-elle. Je veux … vous aider.

 

Mais de la terreur franche passa sur le visage de Karya et, dans un réflexe surprenant pour sa faible constitution, elle se redressa et bondit à l’intérieur du tronc d’arbre.

 

A l’intérieur ?

 

Sélène fut trop estomaquée pour pousser un cri. La stupeur fut néanmoins de trop pour ses jambes flageolantes et elle tomba assise au sol. C’était impossible. Mais elle l’avait bien vu. La jeune femme avait disparu dans l’arbre calciné. Il n’y avait pas de trou. Elle était entrée à l’intérieur du tronc plein.

 

Un choc en remplaça un autre. Une nouvelle vague de terreur s’empara de l’adolescente. Ses jambes tremblaient toujours mais elles furent assez forte pour qu’elle se relève et se mette à courir loin de … de ça.

 

Elle atteignit l’orée de la clairière et se plaqua à nouveau contre le tronc du chêne où elle s’était cachée auparavant. Elle jeta rapidement un œil désespéré pour voir si la chose la suivait. Mais il n’y avait rien. Quoi que soit cette Karya, elle n’était plus là. La jeune fille ne souhaitait pas pour autant attendre de voir si elle allait changer d’avis et voulut repartir.

 

Mais elle ne put se détacher de l’arbre. Elle sentit que quelque chose la retenait au niveau de la taille. La panique la gagna et elle allait pousser un cri lorsqu’une main délicate mais ferme se plaqua sur sa bouche.

 

- Calme-toi petite fille, souffla une voix douce à son oreille. Nous ne te voulons aucun mal.

 

Du tronc qui lui faisait face se dessina le corps d’une femme. L’adolescente se retrouvait plaquée contre l’apparition, les bras de cette dernière la tenant contre elle. La créature qui l’avait capturée lui souriait tristement. Puis elle l’enlaça non plus comme sa geôlière mais avec la tendresse d’une mère, d’une sœur, d’une amie proche.

 

Sélène fut la première surprise de ne pas en profiter pour essayer de s’échapper. Mais sa panique et sa peur disparurent aussitôt. Elle se laissa même aller un court moment à rendre son agréable étreinte à la créature avant que celle-ci ne l’écarte en douceur. L’adolescente s’aperçut alors qu’un petit groupe de jeunes femmes, toutes dans le plus simple appareil, se tenait autour d’elle.

 

- Pardonnes nous de t’avoir retenue, petite humaine, fit l’une d’elle, mais nous avons besoin de ton aide.

- Pardonnes moi d’avoir user de ma magie sur toi, continua celle qui l’avait enlacée, mais il te fallait recouvrer ton calme.

- Je vous pardonne, répondit Sélène qui s’étonnait de pouvoir parler aussi posément. Mais qui êtes-vous ?

 

Si la peur l’avait quittée, l’adolescente restait subjuguée par la beauté de chaque créature qui l’entourait. Son esprit redevenu calme trouva étrange qu’elle ne se sente pas gênée par la nudité ambiante. Tout lui semblait si naturel.

 

- Nous sommes des hamadryades, petite fille, répondit la première créature. Mon nom est Balanos. Nous sommes des nymphes des bois. Chacune d’entre nous vit attachée à son arbre adoré, pour notre plus grand bonheur …

 

En effet, Sélène constata que les jeunes femmes étaient chacune proche d’un arbre distinct.

 

- … et aujourd’hui pour notre malheur.

 

L’hamadryade posa un regard triste sur la clairière. L’adolescente observa l’arbre calciné. Tout était clair dans sa tête rassurée à présent. Voilà pourquoi Andreas la retrouvait toujours ici. Karya était enchaînée à cet endroit.

Sélène se tourna vivement vers les hamadryades. Sa voix trembla sous l’émotion mais elle parla rapidement. Elle devait s’expliquer.

- Je voulais l’aider, je suis désolée. Je n’ai pas pu … Je ne pouvais pas bouger. Je voulais faire … quelque chose … Je ne sais pas …

- Nous savons, l’interrompit doucement Balanos. Apaises-toi, petite fille.

- Tu ne pouvais rien faire, fit une autre hamadryade d’un ton triste. Nous voyons cet homme venir torturer et violer notre sœur depuis des jours et nous ne pouvons rien y faire non plus. Nous avons le pouvoir de protéger nos arbres. Mais nous ne pouvons pas aller à son secours. Elle est si proche et pourtant trop lointaine. Et lui, il a cette sa hache. Nous pouvons le dissuader de nous frapper tant qu’il ignore qui nous sommes. Mais nous ne pouvons rien contre le métal tranchant des humains une fois découvertes.

- Lorsque la foudre a frappé l’arbre de Karya, elle a également blessé notre sœur, reprit Balanos. Même sans notre aide, elle aurait guéri avec un peu de temps. Mais elle a été découverte et n’a plus de forces, de surcroît. Et cet être abject revient la blesser encore et encore. Et nous ne pouvons que la regarder souffrir, dépérir et pleurer.

Pour calme qu’elle fut, l’adolescente n’en ressentait pas moins la tristesse des hamadryades qui se joignait à la sienne. Mais les nymphes avaient évoqué la possibilité qu’elle leur vienne en aide. Et elle se sentait plus déterminée que jamais

- Qu’est-ce que je peux faire ?

- Nous avons la chance que tu sois passée par là, petite fille, lui répondit l’hamadryade derrière elle. Et tu peux mettre fin au calvaire de notre chère sœur.

- Karya avait le moyen d’appeler de l’aide, continua Balanos. Elle avait un cor taillé dans une corne de cerf dorée. Il lui aurait suffit de souffler dedans. Malheureusement, l’homme l’a ramassé après l’orage et la foudre, avant qu’elle ne retrouve ses esprits. Elle lui a demandé de la lui rendre mais c’était une erreur car il en a alors comprit la valeur. Il la conserve toujours près de lui dans sa besace.

- C’est pour ça qu’il l’a posée avant d’atteindre Karya, déduisit Sélène. Pour qu’elle n’ait pas la possibilité d’approcher de la corne.

- C’est cela. Il nous faut la lui reprendre.

L’adolescente se mit à réfléchir. Elle connaissait bien les habitudes d’Andreas malgré le fait qu’il en ait un peu changé ces derniers jours. Mais elle ne vit pas de possibilité de lui prendre la besace ou même simplement de la fouiller. S’introduire chez lui était exclu. Il vivait dans une famille nombreuse et elle ne pourrait jamais passer inaperçu. Son sang se glaçait à la simple possibilité qu’il l’attrape fouinant chez lui. Surtout après ce qu’elle avait vu. À l’extérieur, il gardait toujours le sac sur lui. Entre les passants, les travailleurs et les filles qui minaudaient sur son passage, il était impossible de l’approcher discrètement, encore moins d’ouvrir la besace. Le jeune bûcheron avait beau être un imbécile, elle n’imaginait pas comment elle pourrait l’approcher et le convaincre de la laisser regarder dans son sac. Impossible alors qu’il savait l’importance de ce qu’il y gardait.

Sélène savait qu’il n’y avait qu’une seule solution. L’idée lui faisait horreur mais elle ne pouvait rien envisager d’autre. Un profond sentiment de dégoût lui creusa le ventre et elle fut à nouveau prise de tremblements. À son visage défait et aux larmes qui lui montèrent à nouveau aux yeux, les hamadryades comprirent également pour leur plus grand désespoir. Le seul moment où Andreas quittait la besace, c’était lorsqu’il venait ici.

- Je dois la prendre … Je peux la prendre seulement …

- Quand il attaquera à nouveau notre sœur, conclu sombrement Balanos.

L’hamadryade prit l’adolescente dans ses bras. Elle n’usa d’aucune magie cette fois-ci et la laissa pleurer contre sa gorge, partageant ses larmes.

- Nous savons que tu fais de ton mieux, petite humaine, lui glissa-t-elle doucement à l’oreille.

- Nous te remercions pour ce que tu fais pour notre sœur, lui dit une autre en lui caressant tendrement les cheveux.

Sélène eut du mal à recouvrer son calme cette fois-ci. Lorsqu’elle fut suffisamment apaisée, elle traversa la clairière jusqu’à l’arbre presque mort. Elle posa doucement la main sur la partie épargnée de l’écorce.

- Je suis désolée Karya. Sois courageuse, une dernière fois. C’est bientôt terminé, je te le promet.

Elle ne savait pas si l’hamadryade l’entendait. Elle ne s’attarda pas et revint vers la forêt, salua les autres nymphes puis reparti vers la cité. Elle réfléchit beaucoup en chemin. Elle songea à dénoncer Andreas aux autorités de la ville mais c’était peine perdue. Personne ne croirait aux hamadryades et même si c’était le cas, personne ne la croirait face au jeune homme, coqueluche des environs. Elle était seule et ne pouvait agir que seule.

Elle prit le temps de la marche pour respirer et faire bonne figure. Si on la voyait revenir de la direction de la forêt d’Artémis l’air bouleversée, ça pourrait jaser. Et Andreas pourrait l’apprendre. Il n’était pas assez bête pour ne pas en tirer la conclusion qui s’impose. Heureusement qu’elle évitait les regards la plupart du temps et qu’esquiver les gens lui était naturel. Elle se contenta d’agir de même et de rentrer le plus rapidement possible chez elle. Là, son père fut en colère car elle n’avait ramené presque aucun champignon ni aucune baie. Les voisins l’entendirent hurler longtemps. Sélène passa une nuit horrible.

Le lendemain elle était consignée à la maison. Lorsque son père partit au marché, il était confiant que sa fille ne bougerait pas car elle n’avait pas l’habitude de désobéir. Mais il avait à peine tourné au coin de la rue que Sélène sortit et fila vers le bois. Lorsque son père reviendrait, il entrerait dans une colère noire. Mais elle s’en moquait. Elle n’avait que Karya en tête.

Elle dut se dépêcher car à cette heure-là, Andreas devait déjà avoir atteint la forêt. Elle courait sur le chemin jusqu’à atteindre les premiers arbres. Là, la végétation la forçait à ralentir mais elle se démenait pour avancer du plus vite qu’il lui était possible. Mais au bout d’un moment, elle l’entendit, toujours aussi balourd, toujours aussi crâne. Elle se fit plus discrète et s’approcha encore. Si seulement elle avait la force de lui arracher sa hache et de la lui abattre sur la tête. Mais elle ne devait pas se laisser distraire. L’horreur de ce qu’allait encore devoir subir Karya lui commandait de ne pas perdre la moindre seconde. Elle lui commandait aussi de ne pas échouer.

Le bûcheron ne prêta pas la moindre attention à ce qui l’entourait. Il jouait avec sa hache comme un balancier au moment de passer entre Balanos et ses sœurs. Sélène se doutait qu’elles devaient enrager de ne pas pouvoir l’attraper et se venger. Il s’avança dans la clairière et posa la besace au sol hors de portée de Karya. L’adolescente était arrivée contre le chêne et vit le visage de Balanos se matérialiser pour l’encourager d’un sourire qui restait triste. Sélène lui rendit son sourire incertain et reporta toute son attention sur la clairière.

Elle aurait voulu regarder ailleurs mais c’était impossible. Elle ne devait pas rater le moment d’intervenir. Elle ne laisserait pas l’hamadryade subir Andreas plus qu’il ne fallait. Comme la veille, le jeune homme appela sa victime. Encore une fois elle ne se montra pas. Encore une fois, il fit mine de lever sa hache contre le tronc et, vaincue une première fois, Karya fut obligée d’apparaître. Encore une fois il l’insulta en s’approchant d’elle alors qu’elle le suppliait. Encore une fois elle lui résista. Encore une fois un coup de hache lui entailla l’écorce et la peau avant de n’avoir plus d’autre choix que d’abdiquer.

Au premier cri de douleur, Sélène sut que le moment était venu. Courbée, ses jambes légèrement pliées et ses mains touchant l’herbe noire, elle s’avança en essayant de ne pas faire le moindre bruit. Peine perdue, la végétation encore trop sèche lui donnait presque l’impression d’écraser du verre sous ses pieds. Heureusement, elle était encore trop loin pour que ça se remarque. Elle essaya de repérer des trou dans la flore calcinée, des endroits moins épais où la terre nue apparaissait. Elle devait marcher doucement et poser le pied avec délicatesse pour ne pas produire de bruit trop suspect.

Quant elle ne regardait pas où elle mettait les pieds, elle essayait de fixer les yeux sur la besace. Les gémissement de douleur de l’hamadryade lui déchiraient le cœur. Mais elle était forcée par moment de lever les yeux pour s’assurer qu’Andreas lui tournait toujours le dos. Cela l’obligeait à voir le visage grimaçant de souffrance de Karya. Cette dernière finit par voir la petite humaine dans la clairière. « Courage, tiens bon, juste encore un peu » voulait lui dire l’adolescente qui voyait son regard plein de détresse. Pas à pas, elle s’approchait de son objectif.

Mais elle n’y était pas encore lorsque le jeune homme prit le bout d’un sein de la nymphe dans la bouche, tournant dangereusement la tête sur le côté. Sélène se figea. Un frisson glacé lui remonta le dos. Non ! Elle était si près du but. S’il se penchait trop il la verrait et même si elle atteignait le sac, il serait sur elle avant qu’elle ait pu prendre la corne.

Le cœur de l’adolescente battait plus fort qu’il n’avait jamais battu. Elle retenait ses larmes de rage et de dépit. Si elle bougeait elle risquait d’attirer son attention. Que pouvait-elle faire maintenant ?

Mais soudain des mains attrapèrent le visage d’Andreas et lui relevèrent la tête. Karya posa ses lèvres sur celles du jeune homme et laissa sa langue jouer avec la sienne. Avec ses dernière forces, elle entoura les épaules du bûcheron de ses bras et entoura la taille de ses jambes, l’incitant à contrecœur à la prendre avec plus de forces.

- Ah ! Enfin tu m’acceptes, ricana Andreas. Je vais te montrer ce que tu as perdu tout ce temps.

Il redoubla d’effort dans le corps meurtri de l’hamadryade tout en léchant son cou. Karya lança un regard désespéré vers la petite humaine, la suppliant silencieusement d’arrêter ce cauchemar.

Avec toutes les peines du monde pour retenir ses larmes, Sélène avança à nouveau, profitant que toute l’attention du jeune homme était à nouveau sur sa victime. Un pas après l’autre alors que la nymphe essayait de faire passer ses cris de douleur pour des cris de plaisir, elle s’approcha de la besace. Enfin, elle fut presque à portée de main. Le bout de ses doigts touchèrent le rabat et elle l’ouvrit. Elle vit tout de suite la corne de cerf polie d’un blanc nacrée veinée d’or brillant. En temps normale, elle aurait était fascinée par la beauté de l’objet mais elle n’en avait plus le temps.

Elle saisit la corne et se redressa sur ses deux jambes avant de hurler :

- Andreas !

Pas question qu’il abuse une seconde de plus de l’hamadryade. Surprit, celui-ci relâcha sa victime qui, sans force, s’effondra au sol. Il se tourna pour faire face incrédule à Sélène. Il ne comprenait pas ce qu’elle faisait là jusqu’à ce qu’il se rendre compte de ce qu’elle tenait dans les mains. Il s’élança avec un cri rageur mais elle porta la corne à sa bouche et souffla dedans du plus fort qu’il lui était possible.

Le vent tomba soudain. Les feuilles ne remuèrent plus. Les oiseaux s’arrêtèrent de piailler. Un silence total s’abattit sur la clairière et figea l’assaillant, transi de peur. Sélène aussi fut effrayée mais parce que, dans le dos du bûcheron, elle vit une géante s’avancer. Une femme d’une taille dépassant les arbres se dirigeait vers la clairière. Ses cheveux noirs flottaient dans un vent inexistant. Elle portait une tunique légère sur une peau d’opaline. Dans son dos, on pouvait apercevoir son arme et symbole : l’arc.

La déesse Artémis s’avançait d’un air mécontent ayant reconnu l’appel à l’aide de ses hamadryades. Mais lorsqu’elle découvrit Karya évanouie au sol, la petite Sélène avec le cor dans la main et le bûcheron avec sa hache et son sexe encore en semi érection, on comprit pourquoi elle était, entre bien des choses, vénérée comme la déesse de la nature sauvage.

La sauvagerie furieuse de ses yeux dépassait tout ce qu’on pu imaginer.

D’un geste d’une souplesse et d’une rapidité sans égal, elle prit son arc, une flèche de son carquois et mit en joue le jeune homme qui n’avait plus assez de capacités cognitives pour seulement envisager de fuir. Elle lâcha la corde et une flèche de la taille d’une grosse lance transperça Andreas, le faisant voler sur plusieurs mètres. Il était mort avant de toucher le sol.

Devant une Sélène également incapable de bouger, Artémis repassa son arc dans le dos et se pencha sur Karya. Elle observa les nombreuses cicatrices sur le corps de la nymphe témoins de la violence qu’elle avait subit depuis trop longtemps. Elle contempla chaque entaille, chaque coupure, chaque contusion. La déesse passa sa grande main sur le corps de l’hamadryade et ses blessures disparurent. Karya se réveilla doucement et aperçut Artémis. Elle fondit en larmes en remerciant la déesse. Celle-ci ne dit rien mais posa son regard sur Sélène.

- Elle m’a sauvé, lui expliqua rapidement la nymphe.

Artémis se tourna vers l’arbre presque calciné. Elle plongea ses mains et ses bras dans la terre comme s’il s’agissait de mousse et en retira le végétal avec facilité. La déesse et l’hamadryade s’avancèrent alors vers l’orée de la forêt où attendaient les sœurs de Karya, trépignantes d’impatience.

- Viens avec nous, fit la divinité en passant à la hauteur de Sélène.

Elle avait une voix étrangement douce compte tenu de sa taille. L’adolescente n’eut même pas l’idée de lui désobéir. Elle resta dans leur dos, n’osant pas marcher aux côtés de la déesse. Une fois assez proche des hamadryades, celles-ci purent enlacer et embrasser Karya, pleurant de tristesse pour ce qu’il lui était arrivé et pleurant de joie d’enfin pouvoir la tenir dans leurs bras maintenant que tout était fini.

Artémis replanta l’arbre près des autres sans plus d’effort que lorsqu’elle l’avait déraciné. Elle s’approcha ensuite de Balanos et contempla la clairière brûlée.

- Beaucoup d’hamadryades sont mortes dans l’incendie, constata-t-elle.

- Nous avons perdu beaucoup de sœurs, confirma Balanos. Mais nous n’avons pas perdu Karya, grâce à la petite fille.

La déesse se tourna vers Sélène et l’observa longuement. L’adolescente n’osa pas bouger d’un pouce. C’est à peine si elle se permettait de respirer.

- Je te remercie d’avoir porté secours à ma Karya, Sélène, fit alors Artémis. Mais pourquoi es-tu venue ?

Le regard scrutateur de la divinité semblait voir dans la tête même de la jeune fille. Elle n’osa pas répondre. Elle ne pouvait pas répondre.

- Tu aurais pu rester chez toi. Tu aurais pu oublier tout ça. Te dire que ce n’était qu’un cauchemar. Tu aurais pu vivre ta vie sans te soucier de mes nymphes des bois. Pourquoi es-tu venue ?

Artémis insistait bien que son ton resta doux et calme. Sélène savait d’instinct qu’elle ne risquait rien. Elle ne voulait pas répondre. Les hamadryades se rassemblèrent auprès de leur déesse. Elles observaient la petite fille humaine attendant également qu’elle leur explique. Karya la regardait, sans comprendre pourquoi elle gardait le silence.

Elle ne répondait pas. Alors la déesse répondit pour elle.

Artémis posa ses mains sur les épaules de l’adolescente qui semblait minuscule. Avec une incroyable délicatesse pour de si grands doigts, elle fit glisser les bretelles de sa tunique sur ses bras et fit tomber le vêtement à ses pieds. La déesse observa les nombreuses cicatrices sur le corps de la petite humaine. Elle contempla chaque entaille, chaque coupure, chaque contusion.

Sélène avait compris la douleur de Karya. Elle l’avait ressenti. Elle la connaissait. L’adolescente avait la malédiction d’être trop jolie. Même aux yeux de son père. Elle savait ce que les hommes pensaient en la regardant.

Elle le savait très bien.

Elle avait passé une nuit horrible.

Son père était en colère.

Karya s’approcha doucement. Elle ne pouvait plus avancer car elle serait trop loin de son arbre. Elle tendit le bras pour prendre celui de Sélène et l’attirait doucement vers elle. Elle la serra contre elle.

- Merci Sélène. Laisse-moi t’aider à présent.

La nymphe fit avancer l’adolescente vers Artémis.

- Ma dame, je vous en prie. Soignez aussi la petite fille.

- Telle était mon intention ma douce Karya.

Comme elle l’avait déjà fait avec l’hamadryade, la déesse passa sa main sur le corps de Sélène. Les cicatrices s’effacèrent. La douleur disparut. Mais pas les larmes.

- Comme pour ma Karya, fit Artémis, je ne peux soigner que ton corps. Le reste, seul le temps t’apprendra à le guérir. Peut-être.

- Je l’aiderais, reprit Karya. C’est à moi de la sauver maintenant. Ô ma dame, je voudrais parler avec la petite humaine et vous demander une faveur, si elle est d’accord. Pouvez-vous nous accorder encore un peu de votre temps ?

- Fait, ma Karya. Mais ne t’attardes pas trop. Je dois aussi m’assurer que les citoyens de la ville réapprennent à respecter mes terres et tout ce qui y vit.

L’hamadryade parla donc avec l’adolescente pendant quelques temps. Elles tombèrent d’accord assez rapidement.

Le lendemain matin, devant les murs de la ville, du côté qui menait à la forêt d’Artemis, les habitants découvrirent un gros tas de carcasses d’animaux morts depuis longtemps. Les cadavres pourrissaient au soleil du matin enveloppant toute la cité d’une odeur fétide. En débarrassant les corps, les citoyens tombèrent sur un humain mort, transpercé par une lance qui s’avéra taillée à la manière d’une flèche. Ils reconnurent Andreas et comprirent bien vite qu’il n’y avait qu’une divinité usant d’un tel projectile.

De son côté, Le père de Sélène avait d’abord demandé que l’on organise une battue pour chercher sa fille qui avait disparue depuis la veille. Mais tout le monde refusa d’aller dans la direction de la forêt. Et lorsqu’il eut jeté à nouveau un œil sur le corps d’Andreas alors qu’on lui extirpait à grand mal la flèche divine, il abandonna également toute envie de s’y aventurer. Instinctivement, il sentit qu’une flèche semblable l’attendait là-bas.

Plus personne de la cité ne vint jamais du côté de la forêt d’Artémis. Aux abords de la clairière brûlée qui refleurissait petit à petit, l’arbre foudroyé gagnait tous les jours en vigueur et en beauté. À ses côtés, une jeune pousse de noyer grandissait et serait bientôt d’une grande splendeur car sa nouvelle hamadryade en prenait grands soins.


Texte publié par Darklord, 13 septembre 2025
© tous droits réservés.
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