Une nuit du Moyen-Age, dans une forêt sombre, un bucheron arriva avec son charriot et ses deux chevaux pour chercher du bois. Ses deux chevaux semblaient épuisés par tout le trajet parcouru, et l’homme, qui adorait les animaux, s’était promis de ne faire qu’un passage dans la forêt.

Effectivement, l’hiver arrivait à grands pas et le pauvre homme qui était seul dans sa maison n’était pas loin d’être à court de bois. Et s’il voulait survivre durant les prochains mois, il devait aller à la forêt pour couper suffisamment de bois pour pouvoir se réchauffer pendant tout l’hiver. Ce travail lui prit au total environ une heure, laissant ainsi aux chevaux l’opportunité de se reposer.

Alors qu’il était sur le point de monter sur le charriot, après y avoir posé le bois, il vit soudainement une lueur bleue. Curieux, il s’approcha de la lueur et remarqua qu’il s’agissait d’un feu follet. Mais ce feu follet semblait vivant car il se mit à bouger et à s’éloigner de l’homme. Le bucheron, déterminé à savoir davantage sur cette lueur, la poursuivit à en perdre haleine.

Il était sur le point de céder à l’épuisement lorsqu’il parvint à rattraper le feu follet, à la frontière de la forêt. Ce dernier disparut soudainement. Au début, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi cette flamme bleue avait disparu brutalement. Il y avait certes un peu de vent, mais le feu follet avait eu beau vaciller, il aurait dû disparaître depuis longtemps. En outre, une flamme ne peut pas se déplacer ainsi. Le bûcheron songea donc que le feu follet avait une âme.

Il voulait en avoir le cœur net, et pour cela, il se devait de quitter la forêt et parcourir le royaume.Cependant, s'il était peut-être une personne curieuse, c’était aussi quelqu’un de paresseux. Alors, quand il avait appris qu’il ne lui restait plus beaucoup de bois et qu’il allait devoir en chercher dans la forêt, il était vraiment embêté car il voulait rester chez lui.

D’autant plus qu’il ne voulait pas faire souffrir ses chevaux qui faiblissaient en ce moment, il voulait désormais rebrousser chemin. Mais il ne savait plus où étaient son charriot et ses chevaux. Il prit donc peur, que ce soit du froid, de la solitude ou de la nuit.C’est alors qu’il se rappela du feu follet disparu. Comme il ne pouvait plus retrouver son chemin, il décida alors de continuer sa route.

A la frontière de la forêt, il y avait une plaine. Sombre avec la nuit, certes, mais l’endroit était calme. Alors le bucheron se rassura que tout allait bien se passer. Il fit un premier pas vers la plaine, puis un deuxième, et au troisième pas, il sentit quelque chose bouger.

Il fit donc un pas en arrière et remarqua que sa chaussure était en piteux état, ce qui n’était pas le cas tout à l’heure.D’ailleurs, juste avant qu’il ne retire son pied, il avait senti quelque chose de très chaud et de très sec. Pourtant, la plaine était froide et humide. Il réfléchit donc à ce qu’il allait faire. Il ne pouvait pas retrouver ses chevaux et son charriot, à moins d’un miracle, avant plusieurs jours. Et le temps qu’il les retrouve, ses chevaux mourraient sans doute de faim et de froid. Il se sentait mal pour ses bêtes et il culpabilisait de vouloir le feu follet de plus près. D’un autre côté, quand il voyait quelque chose d’intéressant, il faisait toujours en sorte d’en savoir plus, quitte à aller trop loin. Mais jusqu’ici, il n’avait eu aucun problème.

Il prit donc une grande inspiration et fit son choix : avancer vers la plaine.Il n’hésita pas à faire plusieurs pas et quitta pour de bon la forêt. Il continua le chemin sans vraiment s’arrêter. Mais il n’avait pas eu le temps de continuer son trajet à la recherche du feu follet qu’il en eut très chaud et vit le plus horrible des scènes.

Des arbres déracinés et brulés, des lapins et des oiseaux gisaient sur le sol brûlant et aride, et plus loin, il y avait un véritable bain de sangcontenant les cadavres d’espèces d’elfes.Il eut très peur. Mais il n’eut pas le temps de rebrousser chemin qu’il sentit sa peau s’arracher. Il était en train de brûler et il saignait abondamment.

Puis, il commença à trembler. Ses mains commençaient à se désagréger et il ne fallut pas longtemps avant que son corps ne se désagrège à son tour, et qu’il explose, provoquant une pluie de sang.Alors que le bucheron venait de connaître le pire des destins, le feu follet apparut et finit par déclarer, apitoyé :

« J’aurais peut-être dû lui dire de ne pas franchir la frontière de la forêt. »